Littérature belge fantastique: les 20 indispensables
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À Champleure, un coin reculé de campagne, Quentin, un traducteur, Anaïs et leurs trois enfants viennent d'emménager dans leur nouvelle demeure. La famille pense avoir trouvé un havre de paix. C'était sans compter la curiosité des voisins, un vieux couple qui s'intéresse à la vie et à l'histoire des nouveaux venus. Au fil des jours s'établit un lien ambigu entre ces personnages, sur toile de fond une légende ardennaise.
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En 1950, lors d'un séjour chez son ami André Decroix, Maurice Carême trouve un soir une méduse échouée sur la plage et la ramène dans l'appartement où il séjourne. De cette découverte banale en soi, va jaillir, comme l'écrit Rodica Pop à propos de Médua, "une fascinante transposition des faits réels vécus par l'auteur et des phantasmes de son esprit".
Doit-on parler d'un aspect inattendu de l'oeuvre? Ce serait méconnaître bien des aspects de celle-ci, ignorer l'homme épris de littérature que Carême fut tout au long de sa vie. Les grands auteurs fantastiques sont légion dans sa bibliothèque. Nous citerons entre autres: Maupassant, Oscar Wilde, Edgar P?, David Garnett dont il relira à plusieurs reprises le roman La femme changée en renard lors de sa longue et hésitante mise au point de Médua commencé en 1950 et terminé en 1976. C'est cette juxtaposition entre le réel et le fantastique qui va l'amener à ce perpétuel re-travail. Maurice Carême est persuadé qu'il faut cadrer l'évidence de la réalité. Celle-ci va lui permettre en même temps cette distanciation parfois fantasmatique, mais obtenue toujours - osons cette métaphore audacieuse! - avec l'artifice du réel. C'est à n'en point douter cette caractéristique qui l'éloigne le plus des contes d'Edgar P ? dont il fut un lecteur passionné.
Faut-il s'étonner en outre de trouver dans Médua ce sentiment de cruauté qui rend certaines pages hallucinantes? Il était déjà présent dans d'autres oeuvres précédentes comme La bille de verre ou Le royaume des fleurs. Maurice Carême confirme seulement dans le roman que republie aujourd'hui son ami Jean-Baptiste Baronian sa fascination pour l'irrationnel, l'étrange, le fantastique, genres où il s'affirme un des écrivains majeurs de sa génération.
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Un amour qui n'en finit pas de mourir, des pas dans les fougères, une ville de Germanie que l'on a peut-être connue, un homme que l'on attend et qui frappe à la porte tandis qu'on agonise. Sept machines à rêver, comme autant d'engrenages musicaux et végétaux, qui laissent au réveil un souvenir fiévreux de mystères inviolés. Premier recueil de nouvelles de Gaston Compère, édité en 1974 par Pierre Belfond, Sept machines à rêver a révélé le talent d'un conteur à l'écriture exacerbée.
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Alors qu'une tempête se déchaîne sur la campagne nocturne, un vieux colporteur se réfugie dans une lugubre bâtisse qu'il croit déserte. Mais une présence se signale, hostile, angoissante. L'esprit du pauvre égaré se laisse envahir par la terreur au point qu'il en succombe. Son meurtrier, cruel sans intention homicide, découvre alors qu'on ne vit pas impunément dans le souvenir de son crime, surtout lorsque le cadavre, qu'on n'ose approcher, se venge, à titre posthume.
Bref roman saturé de tension, Le Cadavre, jamais réédité depuis 1891, permet de redécouvrir le génie macabre d'un oublié des Lettres belges, l'écrivain naturaliste Elslander mort en 1948. Une résurrection pleine de cendres, de poussières et de remugles mais une résurrection très méritée.
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Délaissant le théâtre au profit du conte, Ghelderode écrit avec Sortilèges et autres contes crépusculaires un recueil inquiétant et fantastique. Un des personnages rencontre le diable au coeur de Londres, pendant qu'un autre enferme le démon dans un bocal. Un chat hante le jardin d'une maison étrange et les statues s'animent, se confondent avec le narrateur.
Les ambiances cauchemardesques se côtoient et la Mort se laisse distraire de ses victimes. Ces textes condensent tout l'univers de Michel de Ghelderode dans une prose pleine d'épouvante et de frissons, mais surtout peuplée des lancinantes angoisses du célèbre dramaturge.
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Devenir autre. Vivre à travers une identité différente, un autre corps, les aventures, les passions, les désirs qui nous sont interdits... Ce vieux rêve que chacun de nous a fait un jour, Aline, jeune enseignante à la vie (trop) rangée, le conçoit à son tour en regardant un beau garçon blond, Lucien.
Et l'impossible se produit : une partie d'elle-même, sa part masculine, abandonne son corps de femme pour celui du jeune inconnu. Elle est Lucien et Aline. L'auteur baptise le nouveau personnage Orlanda. Voici Aline entraînée, à la fois témoin et actrice, dans un tourbillon d'aventures, de situations tour à tour enivrantes et drôles, où va se révéler la face cachée de ses désirs...
En hommage à l'Orlando de Virginia Woolf - mais aussi dans une tradition où Si j'étais vous... de Julien Green rejoint le mythe faustien -, la romancière de Moi qui n'ai pas connu les hommes nous convie à explorer les mystères de l'identité et de la sexualité, avec un humour, un sens de l'imprévu et du romanesque qui lui ont valu le prix Médicis 1996.
L'extraordinaire liberté dont fait preuve Jacqueline Harpman lui permet de mettre en oeuvre tous les moyens de la fiction pour arpenter joyeusement et sur un mode picaresque la région la plus obscure de nous-mêmes, où la raison ne pénètre pas.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles.
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Sous une nuit étoilée, en plein Sahara, surgit soudain une cathédrale en pierres translucides dont le narrateur entreprend l'ascension en compagnie d'une femme légère comme l'air et vêtue d'une robe diaphane : Mélusine. Il s'efforce de suivre les traces de cette fée jusqu'au coeur de la vie moderne, où leurs pas croiseront ceux de Charlot et de Merlin.
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Épuisé depuis plus de 20 ans, le premier roman de la terrible Nadine MONFILS (Les vacances d'un serial Killer, Mémé goes to Hollywood, La vieille qui voulait tuer le Bon Dieu, Contes pour petites filles criminelles, Les souliers de Satan.) est ENFIN réédité aux éditions Fragrances.
Le mariage réussi entre une métamorphose kafkaïenne et l'écume des jours de Boris Vian, un peu de romantisme, beaucoup de mystère, des personnages effrayants, des relents d'innocence perdue, un soupçon de perversité, pas mal d'excentricité et surtout des mots qui dansent.
Les jeunes vous diront que c'est « space ». Ceux qui ont connu les expérimentations sous acide dans les années 70 renoueront avec des sensations qu'ils croyaient à jamais enterrées, rien qu'en lisant.
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Le recueil de nouvelles Histoires singulières de Jean Muno paraît en 1979 aux éditions Jacques Antoine. Rapidement saluée par la critique, l'oeuvre vaut à l'auteur le prix Rossel. Les dix nouvelles dépeignent la confrontation au fantastique, au bizarre qui fait naître chez les protagonistes des fascinations et des obsessions conduisant à une transformation irréversible. Jouant sur les di érentes facettes du genre, Jean Muno aborde des thèmes très variés tels le revenant, la peur, la dépossession de soi, la folie, l'Autre, le vampire ou encore la mort.
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Entre l'humour le plus féroce et l'épouvante la plus sombre, chaque texte de thomas owen découvre un repli de l'âme humaine, torturée, terrorisée, à la dérive... À quoi s'ajoutent un art du récit insolite, un sens aigu de la narration, un suspense vertigineux: toutes les qualités nécessaires pour éveiller l'imagination, la provoquer, tenir le lecteur en haleine jusqu'à la chute et lui refuser toute autre échappatoire que celle née du mouvement périlleux de l'intrigue. les oeuvres ont été traduites dans de nombreux pays et l'un de ses textes fut classé, en 1952 - suite au concours du New York Herald Tribune - parmi les «56 meilleures nouvelles du monde». conçu par l'auteur lui-même, Cérémonial nocturne est, par excellence, un livre qui dérange: le livre du trouble et du frisson. aussi, si vous recherchez des sensations à fleur de peau, ce livre est pour vous. sinon, comme le souligne robert margerit, «il est encore temps de fuir»...
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Les contes de Gérard Prévot tournent autour d'un univers fantasmagorique fascinant exploitant tous les modèles du genre fantastique : le fantasme dans le quotidien, l'ombre obsédante, l'amour effroyable, la folie douce, la mort. Le style sobre et aisé, mais teinté de mystère et d'émotion, offre un ressac dans lequel le lecteur s'immerge, se laissant ainsi porter dans un songe où l'on ne perçoit plus la frontière entre réalité et fiction.
La mer du Nord et la Flandre, omniprésentes et pourtant voilées, offrent un cadre nimbé de surnaturel où mythes et légendes, hantant ces territoires, se trouvent mêlés à la vie.
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Un botaniste amoureux de sa plante carnivore. Un curé qui se dédouble dans différents corps. Une femme-orange qui se laisse boire par ses amants. Une société d'esthètes fascinés par les marées noires. Des Indiens d'Amazonie qu'aucun linguiste ne comprend. Entre Marcel Aymé et José Luis Borges, ces quatorze nouvelles où le drolatique se mêle à l'onirique provoquent une joie... dévorante.
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À la fin du XIXe siècle, sentant sa fin prochaine, Quentin Moretus Cassave, un énigmatique vieillard immensément riche, convoque les membres de sa famille. Son testament stipule que pour prétendre hériter de sa fortune, il est impératif de venir vivre à Malpertuis, sa vaste demeure sombre et inhospitalière.
Le dernier survivant sera le légataire universel, sauf s'il reste un homme et une femme : ils devront alors se marier pour se partager l'héritage.
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Quinze nouvelles ouvertes sur le mystère : d'où viennent les inconnus qui envahissent avec désinvolture la maison d'un vieil homme trop seul ? Quel est le mal sournois qui désagrège lentement la vie d'une jeune fille trop tranquille ? Quelle passion inavouée entraîne un couple d'amants dans l'abîme d'un voyage sans retour ? Pourquoi l'affrontement sauvage de dex ombres, une nuit d'orage, à Bacharach, devant le Rhin ? Autant de visions déconcertantes qui, pour être à la fois vécues et rêvées, élargissent le champ du réel et font basculer le lecteur dans un monde secret. Le fantastique y révèle, avec une sorte d'exigence inéluctable, ses cheminements étranges.
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Les corps se transforment, les êtres disparaissent, les lieux mènent vers nulle part, les objets ont d'étranges réactions, les miroirs reflètent des ombres, les squelettes s'animent, les trains ne s'arrêtent plus... 99 contes qui sèment le doute, frôlent l'absurde et sont remplis de mystère. 99 contes à servir glacés, pour provoquer frissons et sueurs froides.
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Pourquoi ne pas croire l'incroyable ? Dans ses nouvelles, Marcel Thiry nous invite à revendiquer avec lui cette liberté fondamentale qu'est le droit à l'imaginaire. Un simple décalage, un écart minime, et soudain le Possible fait irruption dans le réel. Le Grand Possible : face à la mort, peut-être, le jeu d'équilibriste que l'auteur pratique de récit en récit sur les fragiles limites de la vie. Sept nouvelles intimistes ou politiquement chargées, plus ou moins teintées de fantaisie, profondément habités par la relativité de l'espace et du temps, indomptable si ce n'est par la mémoire ou la qualité de présence accordée aux instants.
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L'Usurpateur, c'est l'histoire d'une vie rongée par l'obsession.
A presque cinquante ans, Hans Feldsohn reste fasciné par l'unique événement qui ait marqué sa vie : encore adolescent, il aurait violenté au cours d'une fête costumé un arlequin androgyne. Mais, chose troublante, de ce forfait dont la guerre a effacé la trace, il ne lui reste que de vagues réminiscences. Ambigu et fascinant, ce roman se présente comme une réflexion sur la puissance de l'esprit et les fantasmes qui ébranlent les contours identitaires.
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L'Éternité brève est le deuxième recueil de nouvelles d'Étienne Verhasselt. Et il est encore plus ahurissant que son premier. Étienne Verhasselt est une rareté, un génie littéraire naissant, quelque part entre Cortazar et Quiriny.
En guise de présentation, interview de l'auteur par Étienne Verhasselt :
- Étienne Verhasselt : Donc un deuxième recueil, L'Éternité, brève ?
- L'Auteur : En effet, après Les Pas perdus l'inspiration ne s'est pas tarie.
- E.V. : Donc un deuxième recueil, L'Éternité, brève ?
- A. : À partir du même principe d'écriture, l'étonnement. Je ne prémédite pas un texte, une idée me vient et, si elle me trotte dans la tête durant deux ou trois jours, je sais que je tiens quelque chose : une histoire qui se livrera au fur et à mesure que je l'écrirai et qui me conduira de surprise en surprise. Un vrai bonheur.
- E.V. : Donc un deuxième recueil, L'Éternité, brève ?
- A. : Absolument. Et envisager de publier un second ouvrage a été une expérience radicalement différente. Cette fois j'étais confronté à la question de l'oeuvre. Je veux parler de ma responsabilité vis-à-vis des textes, de moi-même et des lecteurs. Car je ne pouvais plus me contenter de dire innocemment, comme lors du premier geste naïf des Pas perdus, que j'écris pour le simple plaisir. L'affaire était devenue un peu sérieuse.
- E.V. : Donc un deuxième recueil, L'Éternité, brève ?
- A. : Comme vous dites. Et cette question de l'oeuvre était la suivante : ce que j'écris compte-t-il un tant soit peu, publier encore a-t-il un sens ? Eh bien, il me semble que oui. Car mes nouvelles, y compris les plus farfelues, ne sont pas gratuites, elles distillent les frasques continuelles du plus grand foutoir de l'univers, du foutoir par excellence : l'être humain. Mais un foutoir parfois bouleversant d'absurde et de poésie !
- E.V. : Donc un deuxième recueil, L'Éternité, brève ?
- A. : Avec, en préambule, cette déclaration : L'absurde et la poésie sont ici une écume des jours. Ni frivoles ni insouciants, ils emportent la matière tragique et dérisoire de la plupart des vies - l'amour, la solitude, la folie, la mort - pour la confier à l'Imaginaire, où elle se sublime et nous avec elle. Dans ce recueil l'écriture n'est pas autre chose que le creuset propice à cette transfiguration miraculeuse.
- E.V. : En somme : un deuxième recueil, L'Éternité, brève.
- A. : J'allais le dire.
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Élisabeth Caine rejoint Barney, zoologue dont elle est amoureuse, dans la jungle de Bornéo. Il ne l'attend pas, convaincu qu'elle ne pourrait lui faire la surprise d'apparaître en cette forêt nocturne, hostile, peuplée par la tribu des Muruts aux pouvoirs magiques.
Quand elle arrive au camp, c'est une jeune femme surnommée Bébé qui l'accueille. Bien qu'elle soit d'un tempérament diamétralement opposé au sien, cette dernière lui ressemble au physique d'une façon presque effrayante et se présente comme la compagne de l'explorateur. Élisabeth est encore plus troublée quand elle apprend que sa rivale a rencontré Barney dans les mêmes circonstances qu'elle. Se serait-elle enfoncée dans la selve profonde pour découvrir sa part la plus bestiale et la plus innocente à la fois oe
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