Pouvons-nous gouverner la notion de temps dans notre propre vie? Tout développement culturel nous parle des techniques qui, à différentes époques, ont été produites pour contrôler notre conception du temps et, pour ainsi dire, pour le rendre à nos yeux moins inéluctable. Les images que nous construisons de nous-mêmes dépendent des horizons épistémologiques qu'à chaque fois nous choisissons, et qui varient. Être les démiurges de cette correspondance entre l'être et l'apparaître a été, pour beaucoup des sujets évoqués dans cette monographie, le travail de toute une vie. Mnemosyne o la costruzione del senso, en dix ans d'existence, présente un catalogue raisonné des divers modes d'apparaître du soi en tant qu'auteur de son propre récit de vie, et ce dans la plus grande diversité de médias et de contextes sociaux, dans des paradigmes aussi différents que la science, la guerre ou l'art, et à des positions très diverses sur l'échiquier de l'espace et du temps.
Ce numéro à vocation interdisciplinaire examine le rêve selon divers domaines du savoir et diverses perspectives: le rapport du rêve à la réalité, son origine présumée, interne ou externe, ou la validité même de sa mise en récit. Conformément au programme de l'Observatoire scientifique de la mémoire écrite, orale, filmique et du patrimoine autobiographique, moteur de la publication annuelle de Mnemosyne o la costruzione del senso, ce numéro à vocation interdisciplinaire examine le rêve selon divers domaines du savoir et diverses perspectives: le rapport du rêve à la réalité, son origine présumée, interne ou externe, ou la validité même de sa mise en récit. Il ressort de ces études que le sujet réfl échit sur ses propres songes davantage en regardant vers l'avenir qu'en essayant de comprendre son passé. L'interprétation des rêves selon Freud ou Jung, et les lectures à clé des rêves, voire les expériences des neurosciences, restent désormais à l'arrière-plan. Si les artistes savent en général être habités par leur inconscient et accordent au rêve une place d'honneur, il arrive aussi que des scientifiques attribuent au rêve certaines de leurs découvertes. La littérature, le cinéma, les arts figuratifs ou les mathématiques fragmentent le temps chronologique, dénoncent ou recréent les symboles éculés, posent les souvenirs au même niveau que l'expérience. Bref, ils concrétisent le monde onirique. Bergman, Fellini, Tarkovski, Lynch, Truffaut, de même que des essayistes comme Pachet ou les nombreux écrivains de notre contemporanéité (Élytis, Breton, Michaux, Bauchau et d'autres) ne se racontent pas en distinguant les songes du factuel : ils assument les deux comme une partie active de la vie.