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Ben Arès
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Un dépaysement que l'on retrouve jusque dans la syntaxe et le traitement de la langue. C'est à la fois tellurique, foisonnant, charnel, onirique. L'ambiance du pays malgache, le personnage d'Ali et le récit qu'en donnent les écritures croisées de Ben Arès et Antoine Wauters font toute l'originalité de ce texte.
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... aux Dianes, Madécasses des jadis et naguères de l'Ile Memuthias, Cerné, Sarandib, Mascareignes, San Lorenzo, Saint Laurent, Madagascar, l'Ile Rouge, aux Dianes, engeances des Vazimba, premiers arrivants sans doute, de souches indonésiennes, bantoues et africaines, engeances des étreintes en vigueur, premières ethnies qui s' édifièrent, engeances des arabo islamistes, Antalaotsy Antalaotra ces gens de la mer, et leurs langues, écritures et sorabe, et leurs jours, mois fastes ou néfastes,
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J'entends les chants des morts et des vivants, les chants autour des feux d'herbes, aux veilles des exhumations.
J'imprime les sons, voyelles d'une langue comme nulle autre aux étranges variations.
Je me remémore les visages des fillettes, petits garçons noirs, dessinés dans la chambre close de mon enfance.
J'ai toujours su que hier tenait déjà demain écrit sur les lignes de la main.
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Un homme, dénommé l'Étranger, arrive à Tana (Madagascar), le pays d'origine de son fils disparu.
Habité, en dialogue avec lui, il pénètre dans l'antre de l'île Rouge, au bord du gouffre de son passé et de son futur. Il chemine, cherche, observe, s'interroge, poursuit cette quête de la vie et de la mort, de la naissance et des origines. Vers où le mènera-t-elle ?
L'énigme reste entière, car c'est l'intensité de la trajectoire qui importe ici, non la destination, comme si le sel de la vie ne se révélait qu'au moment où l'on a tout perdu. Le monde alors redevient une profusion d'odeurs, de couleurs et de sons, dont l'Étranger se laisse griser jusqu'à l'excès, insatiable d'expériences et d'échanges humains.
Car c'est là toute la beauté de ce livre que de dresser, au-delà de cet itinéraire de vie si singulier, d'éblouissants portraits des habitants malgaches, et des mères en particulier.
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Elle naît limpide aux ruines fermée aux matrices aux murmures elle naît d'une langue de foudre et brûle dans une tornade un débit d'épis sans détours elle naît à fleur de contact à fleur de rosée d'audace à fleur de songes en urgence elle s'épanouit aux voeux de vents d'éveil de vents gonflés en roue libre de secours
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À Toliara et alentours, Malgaches, Karana et Vazaha se croisent, se mêlent et s'emmêlent pour le meilleur et pour le pire. On nage. Dans le cours imprévisible, les remous, la mêlée, parfois hors des flots. On vit en ville comme au village. Dans les gargotes, sur les routes de goudron éclaté et les pistes de sable. Comme chez soi en dur, en tôles ou en vondro. Reclus ou en ribote. On improvise. Aux détours d'un zébu, d'un fou, d'un trépassé ou d'un éloquent soudard. Dans le charivari infernal, le vif des traditions locales, les êtres marchent au charbon ou flottent, dévient malgré eux de foutaises en désespoirs, de malentendus en traquenards ou états de grâce. On se chamaille. On palabre pour un bien commun, un canard qu'on déplume ou un sort venu de nulle part. On s'étripe pour le sel et la terre, on rouscaille, chante la guigne ou la poisse, on s'esclaffe, se dégage, rit de l'homme, la femme qui n'a pas fini d'en voir. Et si au final les genres, les classes, les origines se confondaient pour laisser planer tous les doutes ? Et si, pétris et navigués, dénudés, au lieu de fuir, nous acceptions que tous étions du même cru, de la même trempe, sans distinction ? Qu'il en déplaise à Dieu, aux illustres Aînés, aux arrogants et férus du langage sinistré, il nous est offert de boire la vie jusqu'à la lie, la lune nouvelle et l'art de résonner du tsapiky au soleil de l'amour noir.
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«Dans ces pages, se déroule à perte d'haleine une poésie du flou et de la fluidité, où le sens se cache derrière des voiles et des guirlandes de mots.» (Marlène BRITTA, La libre Belgique, 16 août 2006)