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Mathieu Belisle
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L'empire invisible ; essai sur la métamorphose de l'Amérique
Mathieu Belisle
- Leméac Éditeur
- Phares
- 8 Octobre 2020
- 9782760965393
Depuis le milieu des années 1990, l'Amérique semble condamnée à aller de crise en crise et d'un effondrement à l'autre, chaque réponse trouvée ne faisant qu'engendrer de nouveaux déséquilibres, à la faveur d'une spectaculaire fuite en avant. Et pourtant, ceux qui misent sur la fin prochaine de l'empire américain se trompent. Ce n'est pas à une chute que nous assistons, ni même à un déclin, mais à une métamorphose. L'empire américain change de nature sous nos yeux, comme un corps secoué de convulsions grotesques qui le font passer d'un état à un autre. C'est une autre dimension de son « être » qui voit le jour ou renaît sous une forme inédite. Grâce au pouvoir des innombrables réseaux qu'il déploie sur le monde comme autant de filets (ou de webs), qui l'enserrent et le retiennent, le nourrissent et le traversent, l'empire est en train d'oeuvrer à sa propre invisibilisation. Il a créé les moyens inédits de s'établir au coeur de notre existence, au plus près de notre pensée et de notre imagination, jusqu'à ne plus devoir être vu. Si bien que le monde est aujourd'hui en train d'« absorber » l'Amérique, de la métaboliser, comme on le dit d'un corps qui assimile un autre corps et en retient les qualités.
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Bienvenue au pays de la vie ordinaire
Mathieu Belisle
- Leméac Éditeur
- Nomades
- 18 Juin 2024
- 9782760970151
Contrairement à ce qu'on croit, la culture québécoise n'est pas dominée par l'idéalisme, mais par le prosaïsme. La recherche de simplicité, l'attention accordée à la présence sensible des êtres et des choses, l'amour pour les situations modestes et les minuscules destins, telles sont les valeurs qui règnent au pays de la vie ordinaire. Il ne saurait être question d'y renoncer, mais de voir le danger d'insignifiance que court toute culture qui n'obéit pas aussi à des idéaux nous arrachant à nous-mêmes, qui ne cherche pas le supplément de sens que procure la contemplation d'un monde autre, perdu ou à venir.
Lecture attentive de la grande et de la petite histoire de ce pays ainsi que de sa littérature, cet essai brosse le portrait de l'homme québécois moyen, dont le défi est de supporter la tension entre Sancho Pança et son maître, entre l'horizon prosaïque et le goût du vertige et de la verticalité. -
Ce troisième livre de Mathieu Bélisle s'inscrit dans le sillage des précédents, qui prenaient la mesure du déficit de transcendance qui afflige notre époque. Mais à l'exercice critique s'ajoute une démarche créatrice qui permet à l'auteur de renouer avec la part tragique de sa sensibilité, de concilier la noirceur et la lumière, l'insignifiance et la beauté. Plus qu'un texte circonstanciel, et sans être un manifeste, cet essai a quelque chose de fondateur.
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Études françaises. Volume 47, numéro 2, 2011
Mathieu Belisle, Isabelle Arseneau, Mawy Bouchard, Yen-Maï Tran-Gervat, Maxime Prévost, Philippe Zard, Mich Biron
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 16 Octobre 2019
- 9782760641402
Si le rire accompagne le roman tout au long de son aventure, c'est qu'il apparaît comme l'un des traits les plus sûrs par lesquels cet art protéiforme puisse être défini. Il paraît clair, en effet, que le roman ne peut pas être caractérisé uniquement suivant les principes qui président à la formation des genres canoniques, c'est-à-dire à partir de critères formels et performatifs, ou alors qu'un tel effort de définition, pour valable qu'il soit, ne parvient pas à cerner la spécificité du genre.
Pour mieux apprécier la nature du roman, il convient de faire intervenir un autre critère, moins concret parce que non formel, mais autrement plus décisif, en ce qu'il tient à une certaine manière de représenter et de concevoir le monde, ou mieux : à un certain esprit, ainsi que l'on nommait jadis l'humour. L'existence d'un tel esprit expliquerait qu'au cours de son histoire, le roman n'ait pas eu besoin de se figer dans une forme précise, qu'il ait pu emprunter à toutes les formes et à tous les discours, qu'il ait pu s'écrire d'abord en vers puis en prose, qu'il ait pu parodier autrui et se parodier lui-même, sans que l'acuité de son regard s'en trouve altérée. -
Au nom d'Albert Cohen est attachée l'image d'une oeuvre inclassable, qui échappe à toutes nos normes, qui bouscule nos habitudes de lecteur. Radicalité comique, lyrique, polémique : on trouve là une façon souveraine et absolument inattendue de renouveler le genre romanesque. Si l'écrivain a affirmé avoir cessé de lire dans la trentaine, son oeuvre est pourtant marquée par ce qui pourrait tenir lieu d'une lutte avec et contre la littérature. Car ses textes regorgent d'allusions, de citations, de parodies, de pastiches, de réécritures parfois dissimulées, parfois affichées, où l'écriture se questionne elle-même dans le miroir de celle des autres. Les études réunies ici auscultent les nombreuses facettes de ce rapport avec la littérature, questionnent le rôle des modèles et contre-modèles, des influences et des inspirations, qui déterminent la manière inédite dont Cohen construit tant son esthétique qu'une éthique de la littérature.
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Un soir d'octobre 2022, la professeure et romancière Catherine Mavrikakis accueille à l'Université de Montréal deux écrivains qui se connaissent à peine: Mathieu Bélisle et Alain Vadeboncoeur. Ils sont invités à parler de la mort, de ce que la pandémie nous a révélé à son sujet, chacun à partir de son expérience, celle de la médecine et des sciences pour Vadeboncoeur, celle de la littérature et des humanités pour Bélisle.
La discussion s'engage, teintée d'humour et de tragique, et passe tout naturellement d'une question à l'autre, traitant des mille et un sujets qui font la vie et donnent un sens à la mort: la famille et la filiation, le passé et le présent, l'amour des livres et des idées, la maladie et l'agonie, les rituels et la religion. Plus tard viendra l'idée de la mise en livre, processus pendant lequel chacun des auteurs affinera et étoffera son propos.
Le dialogue entre Alain Vadeboncoeur et Mathieu Bélisle se lit comme un texte de théâtre. La parole s'essaie, littéralement, les protagonistes hésitent et se reprennent, se contredisent et argumentent, s'amusent et s'interrogent, cherchant avec rigueur et sans complaisance à comprendre la mort et ce qu'elle peut représenter.
Surtout, ce livre fait la preuve que pour donner un sens aux êtres et aux choses, quelqu'un, quelque part, doit parler.