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Editions Boréal
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Dans Les Aurores montréales, Monique Proulx nous a en quelque sorte donné le livre définitif sur la ville. Elle a su y rendre, de façon inégalée, le paysage urbain et toute la faune qui s'y agite. Ce nouveau roman pourrait bien être le livre définitif sur la campagne - sur la « champagne », ainsi qu'on désignait au Moyen Âge tout territoire s'étendant hors de la ville. Avec cette écriture ferme, exacte, chatoyante qu'on lui connaît, Monique Proulx fait éclater sous nos yeux la magie d'un royaume épargné par le développement. Autour d'un lac mythique, au coeur d'une forêt inaltérée, les chevreuils, des écureuils, des insectes et des chanterelles sont les personnages réels de cette histoire sur la vie qui s'échappe, sur l'impermanence de toute possession. Les personnages humains n'en sont pas moins fascinants, réfugiés dans la célébration de la beauté, rejoints malgré eux par la tourmente. Il y a Lila Szach, venue d'un autre âge et d'un autre continent, qui possède la quasi-totalité du territoire et la défend farouchement contre les prédateurs. Il y a Claire, qui tente de tenir en équilibre la réalité et l'imaginaire. Il y a Simon, résolu à aimer tout ce qui est vivant. Il y a le petit Jérémie, sur qui plane les menaces, et d'autres qui viendront joindre leur pas à cette chorégraphie cosmique - la jeune Violette, qui fuit l'horreur suprême, les Clémont, prédateurs de père en fils, Marianne, la citadine irréductible, Marco, le père-enfant. La beauté réussira-t-elle à sauver le monde ? Voilà la question, pressante, qui résonne à travers tout ce roman. Quelle qu'en soit la réponse, la sagesse ne nous ordonne-t-elle pas de goûter sans tarder la salutaire ivresse que procure cette beauté, comme le font les personnages de ce roman et comme Monique Proulx sait si bien nous la faire partager ?
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Coeur est un muscle involontaire (le)
Monique Proulx
- Editions Boréal
- Romans et récits
- 21 Août 2012
- 9782764609606
Florence n'aime pas les écrivains, ces êtres névrosés, et encore moins leurs livres, ces choses corpulentes qui ne sont même pas vraies. Florence, par contre, aime Zéno, et Zéno, lui, aime Pierre Laliberté, ce romancier mythique dont personne n'a jamais aperçu le visage. Et c'est à cause de Zéno que Florence découvre un jour que Pierre Laliberté lui a volé la phrase la plus précieuse qu'on lui ait jamais dite. La voilà donc sur une piste pouvant la mener à cet imposteur qui pille la vie des autres pour construire ses livres.
Dans ce roman mené à la manière d'un polar, Monique Proulx rend un superbe hommage à la littérature et à ceux qui la font. -
Qu'ont en commun l'hassid de la rue Durocher se pressant vers la synagogue, l'artiste qui donne une performance au Quartier des spectacles et la foule au Centre Bell, galvanisée par un but des Canadiens ? Ils ont Montréal. Ils ont la ferveur, l'appel au dépassement qui palpite dans le sol montréalais. Un gisement mystique est bel et bien enfoui sous les artères de Montréal depuis que Jeanne Mance, empreinte d'absolu, est venue il y a plus de trois cents ans et y a laissé son coeur.
Avec ce roman d'aventures multiples et d'êtres intenses, Monique Proulx nous propose une brûlante réflexion sur les liens qui nous unissent aux origines. Laurel, hanté par Jeanne Mance autant que par sa quête d'identité, est celui qui nous guide dans un Montréal hivernal illuminé par sa Nuit blanche, son verglas historique, ses festivals, sa révolution avortée et surtout ses acteurs : Françoise, la matriarche pure laine toujours incisive bien que morte, Markus, qui s'est enfui de sa communauté hassidique, Gaby, qui tente d'enseigner le français à des immigrants vulnérables, Thomas, le scénariste à la dévastation bien camouflée, Guillaume, le prêtre exorciste, Virginie, l'ex-nonne rebelle, Khaled, le restaurateur soufi, Charlie, l'itinérant inuit, Tobi, le Mohawk, chamane à ses heures... Toutes ces voix et d'autres aussi grandes que nature viennent fusionner pour nous livrer une symphonie poignante qui s'appelle Montréal.
« Ce qu' il reste de moi » est l'oeuvre d'une grande romancière au sommet de son art. -
On peut venir au monde à tout âge. Pour Markus, cela se passe au début de la vingtaine, quand il s'enfuit de la communauté fermée qui l'a vu naître et qui l'étouffe. Le voici donc plongé dans le « Frais Monde », dans la jungle urbaine, au risque de se noyer. Il doit s'inventer à partir de rien. Il doit apprendre à se nourrir, à se trouver un toit, un travail. Il doit découvrir tous les codes de la vie libre, dont celui de la séduction, car rien ne l'attire plus que les « Mignonnes » du Frais Monde, toutes plus pimpantes les unes que les autres, toutes déshabillées là où ça rend fou de les regarder.
Ce n'est pas un hasard si Markus se retrouve à aider les plus mal pris de la ville, pas un hasard non plus si Abbie et Raquel, deux vestiges de son ancienne vie, viennent s'échouer chez lui. Car Markus est différent. Malgré son intense désir d'intégration, Markus est dévoré par une flamme qui le pousse à éclairer ceux qui semblent souffrir d'obscurité - et ils sont nombreux. Comment trouver sa place sans perdre son âme? Où se terre la Mignonne ultime, l'âme soeur qui lui fait si cruellement défaut? Et qui est cette ombre bienveillante qui veille sur lui depuis le début, ce vieil homme mystérieux que Markus surnomme « Maître K », et qui se dérobe chaque fois qu'il l'approche?
Cette histoire, c'est Markus qui nous la raconte, en jouant comme un enfant émerveillé avec la nouvelle langue qu'il a apprise. Ce sont les mots et les yeux candides de Markus qui nous dévoilent les désastres ambulants partout, et l'aveuglement du monde libre qui court, qui court pour se fuir lui-même. -
« Ce sont des nouvelles, textes courts et incisifs, tous soigneusement taillés dans l'insupportable banalité des drames et des lieux. Le livre se compare à une petite mosaïque de pierres multicolores. Chacune conserve sa couleur rare et la forme unique de sa froide minéralité. L'ensemble n'en constitue pas moins un vivant portrait de Montréal, une effrayante collection de spécimens humains, un tableau prodigieux de cacophonie et de tristesse nordique [...].
Il faut lire sans hésiter « Les Aurores montréales ». Pour apprivoiser l'atrocité. Pour attiser la fureur. Pour savourer le bonheur d'une écriture souveraine aux portes de la barbarie. Enfin parce que ces nouvelles s'ajustent de manière à former un livre, ce qui n'est pas toujours évident quand on rassemble des histoires dont chacune soutient si facilement sa propre unité. »
Réjean Beaudoin, Liberté