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« Durant les derniers mois de sa vie, un thème motivait secrètement Emmanuèle, dont elle me parlait à peine. C'était trop intime, difficilement formulable, même entre nous. Un jour, elle me dit qu'elle désirait écrire sur le bonheur. J'ignore ce qu'aurait été ce livre et je donnerai cher pour le savoir. Cette question du bonheur la hantait, elle la plaçait au coeur de tout. Le simple fait de poser la question prouvait sa force de caractère et son incroyable sérénité. J'en étais bouleversé. "Et toi, tu vas tenir ?" » Un homme écrit sur la femme qu'il a aimée et perdue. Emmanuèle Bernheim était un grand écrivain. Serge Toubiana raconte leurs vingt-huit ans de vie commune, dans un texte où la sobriété le dispute à l'émotion.
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Raconter l'existence d'Helen Scott, c'est ouvrir le livre du rire et de l'oubli : cette femme que plus personne ne connaît aujourd'hui a marqué son entourage par sa fantaisie, son humour, son intelligence. Son destin fut romanesque, mais elle est demeurée dans l'ombre des artistes qu'elle a accompagnés. Serge Toubiana part sur sa trace, et raconte.
Les années d'enfance, avec un père journaliste russe, ayant migré aux États-Unis au début du XXe siècle, expédié en URSS pour couvrir les années révolutionnaires, et qui devient agent double. Une adolescence, dans les années 1930, passées dans divers lycées parisiens, où elle fait les quatre cents coups mais apprend le français. Une jeunesse, pendant la guerre à seconder le réseau de la Résistance française. Des convictions communistes, qui la font recruter par un agent soviétique dans les années 1940.
Et puis, comme une seconde jeunesse, alors qu'elle travaille au French Film Office à New York, la rencontre « coup de foudre » de François Truffaut. Il vient défendre aux États-Unis Les Quatre Cents Coups, qui ont triomphé à Cannes. Débute une amitié fascinante, tendre et torturée, qui durera 25 ans, où Helen Scott devient indispensable (il est « ma truffe », elle est « ma chère Scottie »). Par une intuition, une sensibilité et une gaieté hors du commun, elle fait rayonner toute la génération de la Nouvelle Vague sur les écrans américains - Godard, Resnais et d'autres. Elle participe à la fameuse rencontre entre Truffaut et Hitchcock, à Hollywood, jonglant entre le français et l'anglais, riant aux plaisanteries tout en les traduisant, instaurant une intimité joyeuse entre ces deux géants.
Serge Toubiana, qui est le biographe de Truffaut, passe de l'autre côté du miroir : ces années d'ébullition artistique, mais aussi d'enjeux de carrière, dans un New York bien différent de celui d'aujourd'hui, donnent à ce récit un cadre captivant. Où la grande Histoire est d'abord une histoire de rencontres.
Helen Scott repose au Cimetière Montmartre, à quelques mètres de François Truffaut. -
Le cinéma est intrinsèquement lié au partage dans la communauté éphémère et aléatoire des salles obscures. Serge Toubiana le sait mieux que quiconque, pour avoir dirigé Les Cahiers du Cinéma et plus tard la Cinémathèque française. Dans cette vie consacrée entièrement au 7e art, il revient sur quelques rencontres particulièrement importantes, dans des portraits de cinéastes ou d'actrices ou acteurs qui sont autant de coups de cœur. Du coup, le lecteur voit ses propres souvenirs se réveiller ou sa curiosité s'animer, pris d'un irrésistible désir de voir ou revoir les nombreux films évoqués ici avec enthousiasme et érudition. Ces exercices d'admiration, fondés sur la générosité, suscitent un appétit d'images. C'est le temps de voir.
Journaliste et critique de cinéma français, Serge Toubiana a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et directeur de la Cinémathèque française.
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"L'amour du cinéma se joue dans l'enfance. Pour moi ce furent les westerns, les péplums ou les films comiques avec Jerry Lewis. Mon premier souvenir de cinéma remonte à La strada, que j'ai vu avec mes parents à l'âge de six ans.
Depuis, le cinéma est entré dans ma vie. Il n'en est plus jamais sorti. J'ai grandi avec lui et lui m'a vu grandir.
Les années 60 furent politiques, mais surtout celles de l'éveil aux nouvelles vagues. J'ai aimé les films de Godard, Truffaut, Resnais, Bertolucci, Milos Forman, qui m'ouvraient une fenêtre sur le monde. J'ai mûri avec Antoine Doinel, alias Jean-Pierre Léaud, mon alter ego.
Les années 70 furent des années de formation en fréquentant la meilleure école : celle des Cahiers du cinéma. Aux côtés de Serge Daney, j'ai appris à "voir un film" et à écrire sur le cinéma.
Ainsi j'ai multiplié les rencontres avec des cinéastes, dont je tente de brosser le portrait. François Truffaut, dont le souvenir est intact, plus de trente ans après sa disparition en 1984. Mais aussi Godard, Marco Ferreri, Jean Eustache, Wim Wenders, David Lynch, Scorsese, Clint Eastwood, Maurice Pialat... Les acteurs aussi : Micheline Presle, Alain Delon, Isabelle Huppert, Gérard Depardieu ou Michel Piccoli.
C'est ce parcours subjectif avec le cinéma, de l'enfance à l'âge adulte, dont j'ai voulu faire le récit."Serge Toubiana -
Simenon cinéma
Serge Toubiana, Michel Schepens
- Textuel
- Litterature Beaux Livres
- 22 Octobre 2002
- 9782845970618
Tous les films inspirés par l'oeuvre de Simenon sont ici présents par leurs affiches, souvent multiples pour une même production : au total 144 affiches sont reproduites et scrupuleusement légendées. L'originalité de la démarche graphique de ce beau-livre reposesur la mise en correspondance des affiches avec les couvertures de romans : à chaque fois l'édition originale, et une sélection de jaquettes des livres. Il propose ainsi un voyage esthétique fascinant : la rencontre de ces deux mondes, littéraire et cinématographique.
Pour Serge Toubiana, qui signe l'introduction de cet ouvrage, la relation que Simenon entretenait avec le cinéma ne fut harmonieuse qu'en apparence. Très lucrative, elle fut aussi tumultueuse. Comme si entre Simenon et le cinéma, un rapport de force s'était établi. Les acteurs les plus talentueux du cinéma français, tels que Raimu, Michel Simon ou Jean Gabin, ont incarné ses personnages.
Le romancier a été adapté au cinéma par des réalisateurs prestigieux comme Renoir, Duvivier, Decoin, Autant-Lara, Carné, Melville ou Chabrol. D'ailleurs, l'écrivain eut une grande admiration envers quelques cinéastes comme Chaplin, Renoir ou Bunuel.
En 1960, président du jury du Festival de Cannes, le romancier mit tout son poids dans la balance pour que le jury accorde la Palme d'or à "La Dolce Vita".
Et Simenon devint l'ami de Fellini...