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Alain Cabantous
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Histoire du blasphème en Occident ; XVIe-XIXe siècle
Alain Cabantous
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Janvier 2015
- 9782226295866
À évoquer le blasphème, on voit aussitôt surgir tout un monde de marins, de charretiers, d'artisans et de soldats. Jardinieu, palsambleu, morbleu et autres jurons sont à tout propos dans la bouche de ces soudards, fanfarons, athées, anticléricaux, ainsi que les nommes les théologiens et les magistrats.
C'est en rencontrant la répression du blasphème dans les codes disciplinaires maritimes qu'Alain Cabantous, professeur d'histoire moderne à l'université de Paris I-Sorbonne et historien de la mer, a entrepris une enquête systématique sur la parole impie, entre les Réformes et le premier XIXe siècle. Par fidélité au second commandement, « Tu ne prononceras pas en vain le nom de Dieu », une véritable police de la langue veille à la stabilité d'un monde dans lequel sacré et profane sont profondément liés. Révélateurs de la non- ou mal-croyance, de la violence, des codes d'une corporation, le blasphème constitue un fait social qui mobilise la parole et ses usages, les pouvoirs ecclésiastique, politique et judiciaire, les structures et les représentations des sociétés de l'Europe moderne.
Ainsi l'histoire du « péché de langue » rejoint celle des multiples procédures mises en oeuvre pour christianiser l'Occident et adoucir les moeurs. S'il semble s'effacer au XIXe siècle, il n'y a là qu'apparence : la parole blasphématoire témoigne de ce qui, pour chaque époque, demeure sacré. -
Le dimanche, une histoire ; Europe occidentale, 1600-1830
Alain Cabantous
- Seuil
- L'Univers historique
- 28 Février 2013
- 9782021105322
Il y a peu de temps encore, le dimanche s'ordonnait autour de l'église pour les uns, du café pour les autres et de l'inévitable repas dominical pour la plupart. Mais aujourd'hui, citadins et ruraux oscillent plutôt entre temps à perdre et argent à gagner. Et pourtant, quoi de commun en ce début de XXIe siècle entre le dimanche estival d'une grande ville européenne et celui d'un village écossais ou champenois ? Quoi de commun avec ce que l'on croit deviner des rythmes hebdomadaires des sociétés anciennes où le dimanche s'opposait aux six autres jours ?
Alain Cabantous entreprend de mettre au jour les modalités selon lesquelles les sociétés occidentales des Temps modernes, massivement rurales, ont vécu leurs relations au dimanche. A l'appui de nombreuses archives religieuses, judiciaires ou d'archives littéraires, il montre comment le dimanche, à l'origine au cœur de la culture chrétienne, devient progressivement le lieu du " temps libre ", propice au divertissement, à l'oisiveté subversive – et du coup un véritable enjeu de pouvoir : les théologiens et les politiques cherchent à renouveler son sens, quand les individus prétendent en disposer librement... Le dimanche s'impose ainsi surtout comme le révélateur des tensions profondes qui animent les sociétés européennes en termes de temporalité.
A l'heure où la question largement controversée du travail dominical s'impose de façon récurrente dans le débat public, cette histoire du dimanche prend tout son sens. Elle révèle que la propension à s'emparer des repères temporels en modifiant leur sens et leur contenu n'est pas nouvelle, et participe de l'ambition des pouvoirs d'imposer aux populations leur perception de la temporalité.
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Histoire de la nuit XVII-XVIII siècle
Alain Cabantous
- Fayard
- Divers Histoire
- 4 Mars 2009
- 9782213647296
Il nous est difficile, aujourd'hui d'imaginer ce qu'était la nuit au temps de la lumière artificielle rare et chère. Que ce soit à la ville ou à la campagne, c'était un temps mort, un temps inquiétant (le péché, le crime...), n temps improductif. Les sources sur la nuit de la Renaissance à la Révolution sont à la fois multiples et dispersées à l'infini. Il a fallu à Alain Cabantous plusieurs années d'une immense enquête, longtemps conduite à l'aveugle, pour établir quelques certitudes et quelques constantes. La première grande enquête, par un praticien de la « nouvelle histoire », sur la nuit.
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Entre fêtes et clochers : Profane et sacré dans l'Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siècle)
Alain Cabantous
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 13 Mars 2002
- 9782213647302
Sous l'Ancien Régime, dans une société européenne imbibée de religion, encadrée par un clergé puissant mais aussi par des pouvoirs civils étroitement liés aux hiérarchies religieuses, la frontière n'était pas aussi nette qu'aujourd'hui - et encore... - entre le sacré (ce qui ne saurait se discuter et auquel on ne saurait toucher) et le profane (sur lequel l'humain a prise). Mais on ne peut pas dire que le profane ait avancé, au détriment du religieux. Alain Cabantous nous décrit plutôt une évolution, très variable dans le temps et dans l'espace, et analyse admirablement les frontières, mouvantes, des mentalités collectives comme de l'esprit des puissants et des lettrés. Cette étude nous permet de mieux comprendre le monde de nos aïeux.
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Les côtes barbares
Alain Cabantous
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 10 Février 1993
- 9782213647319
Jusqu'au milieu du siècle dernier, les habitants de la plupart des régions littorales furent tenus pour des demi-sauvages rebelles à l'autorité venue du dehors et sur qui l'effort séculaire de civilisation des moeurs n'avait produit que peu d'effets.
Il est vrai qu'ils étaient à peu près coupés de l'intérieur et que leur environnement les différenciait des populations d'une France terrienne qui s'intégrait lentement mais sûrement. Pour une part, ils vivaient d'activités s'apparentant à la cueillette: pêche, récolte du varech et, quand les flots se montraient généreux, récupération de marchandises ou d'éléments de navires venus s'échouer sur les côtes. Tout ce que la mer apportait à ces gens pauvres et frustes était pour eux un don du Ciel: quelques bouts de bois pour se chauffer, un morceau de fer pour fabriquer un outil, une guenille, les grands jours une barrique de vin ou même quelque denrée coloniale à monnayer... Comment demander à ces communautés de croire, comme on voudrait les en convaincre, qu'ils commettent là un péché grave, qu'ils lèsent le roi, c'est-à-dire l'Etat (à qui reviennent en principe les épaves) et se comportent en barbares? La répression, parfois brutale, souvent maladroite, toujours source de malentendus, ne fait que souder davantage encore des populations unies par une solidarité profonde: on refuse de parler et surtout on ment aux enquêteurs, et il n'est pas rare de voir des curés, des seigneurs fermer les yeux _ quand ils ne tirent pas eux-mêmes profit de ces trafics illicites.
De là à diaboliser les gens des côtes et à leur prêter les pratiques les plus inhumaines, il n'y a qu'un pas, qui sera franchi à l'époque romantique par les écrivains et les folkloristes des villes. On assure qu'ils allument des feux la nuit pour tromper les navires en difficulté, qu'ils massacrent impitoyablement des équipages entiers, qu'ils mettent ensuite les cargaisons en coupe réglée... Le mythe acquiert alors une vigueur telle qu'il a encore cours aujourd'hui, même si les historiens ne trouvent rien de tel dans leurs dossiers et même si les plus élémentaires règles de la propagation de la lumière s'inscrivent en faux contre cette fable...
Agrégé d'histoire, docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de l'histoire des sociétés maritimes sous l'Ancien Régime, Alain Cabantous a déjà publié chez Fayard Le Ciel dans la mer. Christianisme et société maritime, XVIIe siècle (1990). -
Le ciel dans la mer ; christianisme et civilisation maritime, XVe-XIXe siècle
Alain Cabantous
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 6 Juin 1990
- 9782213647258
Immense, violente, imprévisible, dévoreuse d'hommes, la mer convie au sacré, et depuis l'aube des temps la religion occupe une place essentielle dans l'existence des gens de mer. Est-il imaginable que leurs conditions de vie, si particulières, n'aient pas d'incidences sur leurs pratiques, voire sur leurs croyances? Peut-on penser que le temps des Réformes _ qui est aussi celui des navigations lointaines _ ait fait d'eux des chrétiens semblables à ceux des communautés rurales ou urbaines? Chez ces hommes séparés de leur famille, vivant dans un cadre et à un rythme si différents, dépourvus de lieux de culte et presque toujours privés de l'assistance de clercs, il semble par exemple établi que le recours aux intercesseurs (Vierge, saints) prenait le pas sur la dévotion au Christ, et que beaucoup de leurs gestes ou de leurs invocations relevaient davantage de la magie que d'un christianisme épuré. Bien d'autres indices encore permettent de déceler une fragilité, une ambiguïté certaines de leurs convictions. L'écho des préceptes et des conduites prescrits par les autorités religieuses leur parvient assourdi, affaibli, avec retard.
Ce n'est pas avant le milieu du XIXe siècle que les Eglises se soucient vraiment d'une pastorale qui s'adresse à eux. C'est alors que se multiplient les paroisses côtières, que se répandent les bénédictions de l'océan et les pardons des pêcheurs morutiers, que les aumôneries navales se structurent durablement.
Mais, ans le même temps, tandis que s'amorce la déchristianisation des sociétés, les conditions techniques de la navigation se modifient, et le danger se fait moins pressant. Dès lors, le christianisme maritime perd une part de son originalité et de son unité, bien que ces mutations soient désormais masquées par l'image du marin fervent et fidèle façonnée par la littérature.
Agrégé d'histoire, docteur ès lettres, Alain Cabantous est chargé de recherche au CNRS. Il consacre ses travaux à l'histoire sociale et religieuse de l'époque moderne, et plus spécialement aux populations maritimes de l'Europe occidentale des XVIIe et XVIIIe siècles. -
De Charybde en Scylla ; risques, périls et fortunes de mer du XVIe siècle à nos jours
Alain Cabantous, Gilbert Buti
- Belin
- Histoire
- 14 Mars 2018
- 9782410013658
La maîtrise du danger, jusqu'à la recherche vaine d'un « risque zéro », est devenue l'une des facettes de la modernité. Jadis, la mer a largement mais étrangement participé à l'appréhension du risque. Ce milieu a constitué pour les périodes anciennes une sorte d'immense réservoir où, aux sources de « la fortune », venait s'adjoindre un ensemble de constructions imaginaires, généralement monstrueuses, comme pour mieux souligner la malignité native du milieu océanique. À la violence des éléments à laquelle devaient faire face ceux qui prenaient la mer, s'ajoutait une inclination logique à le peupler de créatures horribles et diaboliques qui accroissaient l'éventail des aléas jusqu'à celui, ultime, d'être immergé définitivement dans les abysses de ce monde infernal.
De l'imaginaire de la peur aux réalités du risque en mer, les auteurs nous entraînent dans un récit peuplé de naufrages, d'animaux fabuleux, de piraterie, de flibuste, et de la peur de l'autre aussi.