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Alain Farah
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Alain épouse Virginie en la crypte de l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. En apparence, ce sera le plus beau jour de sa vie - de leur vie. Tout le monde est là, les parents de la mariée, la grande amie, les parents du narrateur - Libanais d'Égypte immigrés au Québec il y a trente ans, divorcés depuis vingt, qui ne se parlent plus depuis dix. Mais, à l'approche de la célébration, Alain va plus mal que jamais. Les insomnies sont de retour, l'angoisse et la maladie aussi. Et aujourd'hui, son cousin Édouard, son garçon d'honneur, son frère, perd pied, emporté par la mécanique folle d'un déni aux proportions bibliques.
Alain prie pour que le sort les épargne, pour que ce grand jour en soit un de fête et de guérison. Or un nom resurgit au détour d'une phrase, un nom maudit remonté du fond de sa mémoire, là où gisent la honte et la douleur des années sombres, un nom que rejoignent bientôt une voix, un corps, une histoire. Un fantôme se fait chair, qui a plusieurs visages. Et tout ce qu'on a voulu oublier, tout ce qu'on a refusé de voir, tout ce qu'on a détesté vient réclamer son dû.
Comme on fait son lit on se couche. Car la vie, ya Alain, est un piège qui sommeille dans la prison du temps. Oui, la vie, ya ebni, souviens-t'en, ne dure pas: quelques joies, de grandes peines, mille secrets, mille dangers. -
Un écrivain dédoublé entre deux époques ne se sent bien dans aucune. Nous sommes en 1962, nous sommes en 2012, en même temps, pourquoi choisir. Le problème est ailleurs, et lui aussi est double: on surveille le narrateur jour et nuit, et un psychiatre expérimente à McGill le mind control sur ses patients. Nab Safi, l'oncle du narrateur, en sait quelque chose, mais il n'est bientôt plus là pour en témoigner.
Hanté par des cauchemars énigmatiques, l'écrivain s'enfoncera dans les spirales d'une enquête où se télescopent les lieux et les gens. Une mère trop endettée du ghetto libanais joue son fils aux dés dans un casino improvisé pour se refaire, un veilleur aux allures de minstrel show monte la garde, une Suissesse blonde fait avancer les recherches, les dinosaures reviennent et un drôle de pistolet décidera de l'issue des choses, si on y croit assez.
Nous sommes tour à tour dans le bureau du narrateur à McGill, devant la télé qui diffuse des séries japonaises, à l'intérieur d'une photo d'enfance, aux commandes d'un vaisseau spatial, dans une salle d'accouchement, sur la terrasse d'une villa italienne, dans les profondeurs traumatisantes du Réservoir McTavish, sur le mont Royal, mais surtout autour de Ravenscrag, le manoir lugubre aux trente-six chambres.
Ni roman de S.-F. rétro ni autofiction, Pourquoi Bologne est le roman nouvelle-vague d'un agité du bocal, un livre sur la résilience et la fiction comme remède, sur la nécessité de raconter des histoires pour s'en sortir. -
Quelque chose se détache du port se déplace à travers les expériences, souvenirs et obsessions du narrateur et les transforme en quelque chose comme une méthode, comme un système de survie, de défense et d'invention. Ce parcours prend diverses formes : aphorismes autistes, récits éclair et disjoints, spéculation allusive, littéralisme, lyrisme saboté où le je s'égare. Ces poèmes sont de fait l'énonciation troublée d'un trouble - de vie, de langage, de pensée.
L'écriture s'occupe donc ici de sens comme on s'occupe d'un problème : on ne le règle pas toujours. Elle délivre du sens en le détachant de son objet, et l'en détachant elle le cache. Du sens rusé au point de se piéger lui-même, de se désorienter, et le lecteur avec. Il est donc souhaitable pour arriver à ses fins de lire comme on déjoue des leurres, en ne prenant pas des vessies pour des lanternes (mais pour des vaisseaux). Esquives et stratégies obliques meuvent ce livre, qui font entrevoir en passant les choses qui défilent, du coin de l'oeil. Ce langage, plus cacheté que secret, plus codé que mystérieux, plus machiné qu'inspiré, n'est pas celui de la quête de soi. C'est celui d'une enquête sur ce qu'écrire déplace pour faire aller mieux. On s'en doute, cet art mineur échappe aux sirènes antagonistes de la révélation et du silence poétiques. Traduction d'une langue par elle-même hors d'elle-même, le narrateur va par glissements, par vagues analogiques, par dérives hors de soi, hors du pathos et des maux, mû par le démon de la dérobade et du rébus. Ce qui veut dire : pas de grande prose; pas de bonne poésie. Plutôt, quelques notes maniaques en vue d'une petite santé, comme détachables d'un carnet d'ordonnances : salades, pharmacopée, mots de passe, avec pour instruments principaux le rasoir du barbier, le bureau du douanier, les clés du concierge, le bateau du chef. Et l'écriture, cheval de Troie auto-immune.
Alain Farah adresse aux lecteurs une lettre de joyeux malaise carabiné, dont ce livre est le timbré porteur, cinq ans après sa parution initiale en 2004. S'il est malaisé d'en accuser réception, même pour l'auteur aujourd'hui qui s'en ouvre en préface, on saura quoi et qui accuser - et lui aussi, semble-t-il, qui n'en pense pas moins. -
Considéré dans ce texte: La singularité de l'écrivain. Sa sincérité. James Joyce et son oeil myope. Le fait de porter un costume pour rester libre. Bourdieu en prime time à Tout le monde en parle. La fusion du charnel et du sacré. Les folles images qu'on capterait, si Alain Farah avait en permanence une caméra sur la tête..
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Les écrits. No. 131. Mars 2011
Jean Daive, Emile Martel, Patrick Chatelier, Normand de Bellefeuille, Marie-pascale Huglo, Phili Beck
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 14 Octobre 2015
- 9782924558126
Un numéro de revue ne se construit pas uniquement autour d'un thème, mais aussi à partir d'un ton ou d'une tonalité: d'une clé, comme disent les musiciens. Les textes rassemblés dans cette édition font entendre une certaine hauteur de notes où l'on ressent à la fois une sourde inquiétude, et une ironie grinçante, qui peut aller jusqu'au rire le plus lucide, le plus libérateur. Le portfolio de Christine Palmiéri côtoie ici la prose et les vers de Jean Daive, Alain Farah, Émile Martel, Patrick Chatelier, Normand de Bellefeuille, Marie-Pascale Huglo, Philippe Beck, Nicole Caligaris, Guy Beausoleil, Serge Lamothe, Kim Doré, Patrick Nicol, Jean-François Poupart, François Charron, François Rochon, Cristina Montescu, Jean Royer et Jacques Rancourt.
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Spécial portraits
Serge Bouchard, Veronique Cote, Genevieve Pettersen, David Altmejd, Marie-Claire Blais, Sylvie Drapeau, Emi
- Atelier 10
- Nouveau Projet
- 28 Mars 2016
- 9782897591670
Point de rencontre entre le journalisme, les arts visuels et la création littéraire, le portrait est un espace de renouvèlement infini. Douze collaborateurs-romanciers, dramaturges, journalistes, bédéistes, peintres, anthropologues et photographes-ont exploré cette forme, l'ont revisitée, en ont redéfini les contours.
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Mélanie Joly, Rodolphe Husny, Marc-André Viau: portraits croisés de trois politiciens et, en filigrane, celui de l'écrivain.
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Lettres québécoises. No. 193, Été 2024
Felix Morin, Didier Eribon, Michel Marc Bouchard, Gerald Gaudet, Katia Belkhodja, Nicholas Dawson, Jennifer
- Lettres québécoises inc.
- 16 Décembre 2024
- 9782924360729
Ce numéro 193 explore l'oeuvre de la romancière et poète Caroline Dawson. Sous le thème de « l'écriture et la vie », les textes du dossier, dirigé par l'enseignant au collégial et chroniqueur Félix Morin, aborderont la manière dont les livres de Caroline Dawson changent, touchent ou tout simplement mettent en lumière, par l'écriture, des vies absentes dans la littérature québécoise. Avec des textes de Nicholas Dawson, Michel Marc Bouchard, Jennifer Bélanger, Alain Farah, Katia Belkhodja et Gérald Gaudet, ce numéro cherche à montrer toute la profondeur et la beauté d'une oeuvre qui trouve encore, quatre ans après la publication de « Là où je me terre », un nouveau public.