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Christian Prigent
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Voilà les sexes
Christian Prigent
- FeniXX réédition numérique (Luneau Ascot)
- 26 Novembre 2015
- 9782402374354
« Voilà les sexes » est une sotie : les Fous s'agitent et jouent l'Action du Sexe : accélération des effets de langue « sexuelle », avec dérapages contrôlés et carambolages idiots. Singeries des signes d'Éros. Naufrages des litâneries sexy, sexistes, stéréoedipées. Sur la scène, peinturluré, le totem hilarant du souci sexuel. Dans le langage, une sorte de torsion qui fait surgir la pornographie du fond verbal. En fosse d'orchestre, un rythme obtus, tapant comme un sourd au sac de sons. C'est à lire comme des graffitis. À entendre comme l'orphéon d'un cirque. À regarder comme un défilé de Grosses Têtes et de Nez en carton. À comprendre comme un essai de mise en tableau du ratage sexuel généralisé. Ch. P.
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La sensation de ne pas «être au monde» ne suppose pas qu'il y ait un autre monde, dont nous aurions la nostalgie ou le désir. C'est simplement le prix que nous payons pour parler. Car, parlant, nous tenons le monde à distance et n'avons avec lui d'autre rapport que médiiatisé par le redoublement symbolique. Alors que le monde est en souffrance en nous et notre malaise naît de cette attente frustrée. Mais cette souffrance est aussi la condition de notre aspiration à un rapport fusionnel, prolixe, acharné avec les choses, les corps, la «nature»... La question de la «poésie» est celle de cette habitation paradoxale du mondre par les êtres parlants. Elle dit l'absence du parlant au monde et son effort pour combler l'absence. Elle est travaillée par un rêve d'adhésion au monde (d'où son obsession analogique : comparaisons, métaphores) ; en même temps, elle note, parce que travail de langue, l'expérience vraie du parlant : inadéquation des mots aux choses, obscurité muette du monde, résistance du réel à l'imposition du sens. Âme est l'un des mots les plus galvaudés par la mystique, la littérature, la poésie. C'est que âme est un signifiant pur : le nom de rien. Le nom de ce rien qui s'ouvre dans le monde à chaque fois que la langue s'évertue à le dire. Le nom de l'écart, de la séparation, de la «différence non logique» (Bataille définit ainsi la matière). L'aura insignifiante des choses, infusée dans la langue et la hantant d'une vacuité qui la scande de portées sonores er rythmiques imprenables par le sens. Les poèmes de L'Âme sont des essais d'enregistrement de cette vacuité dont le jeté fait abstraitement bouger, dans le temps d'une journée exemplaire et banale, la diction de quelques choses perçues, de quelques corps aimés, de quelques paysages vus, de quelques bribes de savoirs : dérapages, petites catastrophes du sens, lame de l'âme passée entre le réel et les mots.
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Celui qui parle traite d'une difficulté comique à se dépêtrer de son propre tas, à naître, à parler, à entrer chaque matin dans la vie d'action, de conversation et de profession. Il n'expose pas les tranches de sa vie mais refait en langues sa vie de non-vie et sa vie d'envies : visite des souvenirs montés à l'envers, choses vraies vues par-derrière, baudruches des fictions sur des ciels exacts : voici les jeunes gredins des soleils lointains, les essais d'idylle version bocagère et les mélodrames avec plusieurs dames ; voici les vestiaires pour peaux strip-teasées à fond sur du rien ; voici la gymnastique d'Eros dans des greniers crâniens ; voici le music-hall à fonction critique, le Château des Par-Quatre des parfaites familles, la fête politique sur ses tréteaux en toc ; voici Judith, Nausicaa et leurs avatars ; voici Calypso, Circé, Clélie, Juliette, Pandora ; ciao, Artemisia, woman number one! bonjour, Père Caboche! ça va, Mère Pinard? salut Ferdi Kubler, Louise Brooks et LoIlobrigida! Le monde d'esprit passe dans son train fantôme repeint en idiot sur des toiles foraines. C'est fait pour se muscler la langue : bousculades des souffles, contorsions rythmiques des sites syllabiques, roulement des phrases sur la déflation des scènes ravagées, exercices pour commencer, naître et dire : merci, je vis, j'écris, congé à la folie!
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«Je suis de ces écrivains qu'on dit difficiles, voire illisibles. Ce n'est pas être en mauvaise compagnie. Mais qu'est-ce qu'être illisible? qui en décide? sur quels critères? et qu'est-ce que ce langage littéraire vraiment incompréhensible dont Antonin Artaud nous assurait qu'il était en même temps (voire : pour cette raison) incompréhensiblement vrai? de quelle vérité son obscurité a-t-elle vocation et peut-être pouvoir de nous faire part? À partir de ces questions et au travers de quelques oeuvres emblématiques (Philippe de Beaumanoir, Mallarmé, Artaud, Beckett, Gertrude Stein...) ou symptomatiques des interrogations de notre présent (D. Roche, 0. Cadiot ...), une réflexion sur cet obscur mouvement (la littérature, peut-être) qui route la langue dans la langue et refait à chaque fois, sans issue vers le ciel de l'imaginaire ni vers la terre de la paisible mimésis, la démonstration de notre paradoxal statut de séparés par les mots.»
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Une «phrase», unique, ressassée, scandée de refrains obsessionnels, trouée d'apartés réflexifs et de digressions, enroule un long lamento-bouffe. Son mouvement tente de régler le compte des désirs, des angoisses et des chagrins voués à la figure à la fois tutélaire et défigurée de la mère. Mais la mère, ici, n'est pas, ou pas seulement, la mère biologique : la mère c'est «le tuyau, la paille, le roseau calamiteux par où le monde nous trait, nous tire, nous boit, nous suce et nous crache» ; la mère, c'est «tout ce qui fait qu'on habite la chair ici-bas sur terre comme les autres viandes, mais avec des mots». Du choc langagier naissent les néologismes les plus divers, les reproches les plus amers, les plus drôles surtout, les apartés réflexifs... sans jamais de pause, la pensée constamment en éveil. Au fil de la phrase passent des scènes fugaces, des personnages vite perdus de vue, des dialogues ahuris, des méditations burlesques, des bribes de poétique tordue : une autobiographie fantasmée, tournée en confusion, emportée dans une vitesse de catastrophe comique.
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Les écrits. No. 135. Août 2012
Monique Deland, Luc C. Courchesne, Madeleine Gagnon, Christian Prigent, Louise Warren, Frederic Marcotte, Thierry Di
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 14 Octobre 2015
- 9782924558089
Les poèmes, récits, carnets, drames et aphorismes ici rassemblés décrivent l'espace de liberté dont la vie de l'esprit a besoin pour s'épanouir. Qu'il s'agisse des carnets de Jean-Paul Michel ou d'André Major, des réflexions narratives de Madeleine Gagnon ou des fragments méditatifs de Louise Warren, c'est toujours d'un apprentissage de la liberté qu'il est question. Cette aire de jeu s'épanouit aussi dans les poèmes hautement satiriques de Christian Prigent, les proses proliférantes de Frédéric Marcotte, les vers kafkaïens de Thierry Dimanche ou l'inquiétante dramaturgie d'Olivia Rosenthal, entre autres. Un souffle vital qui se propage aussi par les oeuvres de Massimo Guerrera, l'artiste invité de ce numéro.
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Six jours sur le Tour
Christian Prigent
- FeniXX réédition numérique (Editeurs évidant)
- 29 Octobre 2015
- 9782402358378
« Je me souviendrai de ce Tour des Tonitruances : pin-pons, sirènes, klaxons, oratorios d'autos, d'hélicos, de radios, de bravos. De plus en plus forzando, fortissimo. Puis du Tour de Silence, quand la course passe : frrrt des roues, schhhhhtttt des rayons, petits cracs oniriques des dérailleurs. Vingt secondes. Ils sont passés. Trou de silence chuinté dans le chaos casseroleux. Émotion. Yeux frottés. Plus rien. Les collines, caressables. L'herbe, comestible. Les vaches aux yeux de Nausicaa. L'indifférence douce. La vie. » Dans la chaleur des étapes alpestres, pressé par la foule familiale, abasourdi de klaxons et haut-parleurs, Christian Prigent a évoqué sur France Culture six soirs durant ses impressions du Tour de France 90 - bonhomie du public, motards fatigués, champions à pied, stridence des couleurs - avec en surimpression sa passion d'enfant pour les Tours anciens et un salut aux poètes vélocipédistes, Jarry, Perec. « Six jours sur le Tour » a été établi à partir de cette chronique de juillet.
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Être moderne, est-ce être illisible ?
Christian Prigent
- FeniXX réédition numérique (Noria)
- Les cahiers de Noria
- 17 Janvier 2020
- 9782307360148
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Une élégie
Christian Prigent
- FeniXX réédition numérique (Carte blanche)
- Muro Torto
- 3 Février 2023
- 9782307594918
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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«J'ouvre un dossier rassemblé par mon père. Il souhaitait écrire (il ne le fera pas) l'histoire d'un crime : sa mère a lavé naguère le sang des draps où s'égoutta l'égorgée Mona. J'essaie à mon tour. Je n'y arrive pas. L'écriture repousse l'échéance du crime. Le livre grossit d'être ce repoussoir. Ça prend une journée, de laudes à complies : diversions, digressions, cauchemars pour rire, pseudo-prémonitions, ruminations en stagnation, péripéties moches. L'enfance, au galop. Vues sur sites chromos. Passages d'accessoires et de personnages : pinceaux, balayettes, poules, vaches, cochons, vélos, 2 CV, hyènes et fromages, untels et quidams, coquins et lascars. Même Louis Guilloux, Rik Van Steenbergen et Louison Bobet. Plantée au milieu : Grand-mère, totem volubile des haines et des amours. Puis, vite fait, à vêpres, le crime : Trochon tue Mona. Et Grand-mère est morte : fin du jour tragique.»
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Soit un effet de cadrage (analyse, théorie) ; et, en creux dedans, justifié par et le tenant ouvert, l'ironie d'un noir lumineusement opaque (poésie). L'un avec et contre l'autre, indissolublement. Petits mouvements d'écriture dans ce dispositif alterné. Pour voir comment ça marche. Et ce que ça dit du complexe de nommable et d'innommable dit expérience. Scénario : 1) ouverture (peinture et poésie : Daniel Dezeuze et Paul Scarron) - 2) bref acte en vers - 3) intermède : Paul Verlaine et les mères - 4) final voix off pour dénouer.
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Christian Prigent sous-titre son livre «Roman en vers», et de fait il s'agit à la fois d'un roman, d'un roman autobiographique dans la veine des derniers livres de l'auteur (Demain je meurs, Grand-mère Quéquette), et d'un livre de poésie. Soit une journée à la plage, du «petit lever» au «nocturne» final, en passant par «pique-nique» et «petit quatre-heures». Des personnages passent (parentèle, filles convoitées, déités en stage dans des marines rococo). Des événements ont lieu (idylles, marées noires, footing, noyades). On dialogue sur quelques points de morale et d'esthétique. C'est donc du roman (quoique tué dans l'oeuf). Mais en vers. Ces vers sont métrés (mais impairs, non mélodiques), rimés (même si souvent par acrobaties bouffonnes) et distribués en quelques centaines de quatrains.
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«Hier, j'étais né ; demain, je meurs», souffle la Voix qui sort du lit d'agonie. Entre cet hier et ce demain : une vie, celle du père. Qui raconte cette vie est qui entendit murmurer la Voix. Scènes, vignettes, tracés d'émotions, poussées d'interprétation, visions en vitesse, conversions bouffonnes. Temps : une demi-heure en gros, à vélo. Espace : deux kilomètres. Décor : Bretagne, années 1950. Fond d'Histoire : la guerre d'Indochine, l'affaire Henri Martin, Budapest 1956, les communistes, André Marty, Thorez, Staline. La Chienne du Monde parle. Le monde aboie fort. On file pas chronique, engrène pas annales en ordre de maillons : on mixe, on bricole, on pétrit sa boule avec du déchet de biomachin ou de chronotruc. Et puis : roule cette boule, enroule les cadences, enchaîne véloce - et va la musique !
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«J'ai écrit les premiers mots d'Écrit au Couteau sur un carnet de vengeances. C'était pour répondre à la violence de tels de mes proches contre un précédent livre de moi. Ça a dessiné des sortes d'épouvantails répulsifs, avec des signes gravés dessus au couteau : invectives, anathèmes, dévotions, épitaphes. Programme : encore mieux plus mal dire (Beckett). Matériau : le sexuel animalique mécanique épidermique épidémique. Action : hymne farcesque à l'abjection, pantomime érotico-macabre, rites du ratage de la langue qui y colle sa bêtise. Rien d'autre que les palinodies d'un baroud pour rien : qui mime la quête d'un langage vrai, sait pourtant qu'il n'y en a pas (de langage vrai) - et, du fond du parler faux (bien réel, lui) qui nous cerne, rit de ce savoir et rit du même coup de soi - de soi tenté par la volonté de n'en rien savoir.»
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Ce volume rassemble d'une part, dans une version complétée et réorganisée, six ensembles de poèmes parus entre 1982 et 2001 dans des éditions désormais rares ou épuisées ; d'autre part deux suites jamais publiées (Le Voyage d'Italie et Un poète/Un peintre). Il retrace donc un parcours poétique d'une vingtaine d'années que croisent ici et là les réflexions sur la poésie développées dans Ceux qui merdRent ou À quoi bon encore des poètes? Pour l'essentiel, ces textes reprennent, sous des angles divers, une interrogation sur l'énigmatique «motif» qui fait qu'il y a du «poème» (une langue segmentée, sonorisée et scandée - c'est-à-dire violemment «artificielle») plutôt que rien (la mutité) ou le tout «naturaliste» des proses qui veulent épouser le relief du monde.
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La réflexion que propose cet essai part de quelques événements récents comme l'affaire Rushdie et la profanation de Carpentras qui révèlent le désarroi de l'intelligence dans notre société face à la nomination du «mal». Simultanément, on peut constater une réelle marginalisation des «grandes irrégularités du langage» de la littérature qui relevaient traditionnellement de cet enjeu. Le discours dominant d'aujourd'hui est celui d'un «humanisme» sommaire, renaissant de la ruine des grandes idéologies. Cet idéalisme ignore la conscience «tragique» que l'expérience artistique ravive au contraire à tout coup. D'où la violence de ce que l'on pourrait appeler la «surprise du mal» pour un corps social symboliquement démuni. Ceux qui merdRent tente d'analyser cette situation, ses origines, ses conséquences dans la littérature actuelle, telle ou telle des réponses que les écrivains contemporains tentent d'apporter. Sont ainsi évoqués les ambiguïtés d'une lettre de Céline, l'apothéose officielle de René Char, Francis Ponge de la rage de l'expression à l'âge de la répression, les hésitations de Georges Perec, la grande rhétorique de Denis Roche entre poésie et photographie, l'eros dionysiaque de Pierre Guyotat, la «crise» de la poésie, les tranches de vie trop bien découpées de Claude Simon ou de Michel Leiris. Quel sens peut avoir aujourd'hui le fait d'écrire, d'entrer dans l'invention d'une langue? Qu'est-ce, pour un écrivain, qu'être «moderne», dans l'afflux d'un présent insensé, après la mort des avant-gardes et la fin des utopies? Qu'en est-il de ceux qui, dans la tradition de Rabelais, de Sade, de Rimbaud, de Bataille ou de Queneau, maintiennent l'exigence de faire merder, ou plutôt, comme aurait dit Jarry, merdRer la beauté convenue, la pensée pré-pensée et les «chromos» de l'humanisme contemporain? Christian Prigent tente de montrer le travail de ces questions dans les oeuvres de Valère Novarina, de Jean-Pierre Verheggen, d'Hubert Lucot, d'Olivier Cadiot...
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À quoi bon encore des poètes? Quel sens (et en particulier quel sens «social») a encore le fait d'écrire de la poésie? À quoi servent ces formes peu communes, inhabituelles, inutiles? Que signifie cette obstination apparemment hors champ d'écrivains peu lus, d'éditeurs titubants et de lecteurs hagards? De quoi témoigne la poésie? Quel usage en faire? Ou plus simplement pourquoi y a-t-il ça plutôt que rien, c'est-à-dire le tout-venant qui occupe les boutiques et les tréteaux médiatiques? Ce petit livre pose toutes ces questions en ne ménageant personne ni soi-même.
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Stock, 1708-1981 : trois siècles d'invention
Christian De Bartillat, Alain De Gourcuff, Marc Prigent
- FeniXX réédition numérique (Christian de Bartillat)
- 12 Décembre 2018
- 9782402645232
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.