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Edouard Morena
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Le paysan nous fascine, entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s'étioler, le paysan est partout et nulle part. Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. C'est cette " paysannerie classe objet " qui est au coeur de ce texte, d'une grande actualité. Début 2024, alors que les manifestations d'agriculteurs s'étendaient à travers le pays, les responsables politiques se sont succédé sur les plateaux des chaînes d'info pour appuyer le mouvement et clamer leur amour du " monde paysan ". De François Ruffin à Jordan Bardella, on défendait " l'exception agriculturelle " française face à la concurrence déloyale de produits étrangers. Cette unanimité autour de la " cause paysanne " renvoie à un rapport particulier entre un " nous non paysan " et un " eux paysan " aux contours flous et protéiformes. Le paysan c'est l'agriculteur, l'habitant des campagnes, le " petit " producteur. Mais c'est aussi la France, la nation, la république. C'est le bon sens, la simplicité, le travail, l'effort, l'enracinement, la nature, la convivialité, l'authenticité, le savoir-faire, la droiture. C'est tout ça à la fois. Le paysan nous fascine. C'est un énigmatique mélange entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s'étioler, le paysan est partout et nulle part. Par-delà les barrages autoroutiers, il est présent dans les publicités pour du jambon et du fromage industriel, il est sur nos pièces de monnaie (" la semeuse "), dans la littérature, dans les discours politiques, et dans les cris de supporters se moquant des joueurs de l'équipe adverse (" paysans, paysans, paysans "). Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. De nos injonctions contradictoires. Au fil des années et des crises, on l'a dépeint en républicain, en réactionnaire, en patriote, en productiviste, en écolo aussi. On l'a voulu de gauche, de droite, sans étiquette. Les paysans, comme le résume Pierre Bourdieu, c'est une " classe-pour-autrui " " sans cesse invités à prendre sur eux-mêmes le point de vue des autres, à porter sur eux-mêmes un regard et un jugement d'étrangers ". C'est cette " paysannerie classe objet " qui est l'enjeu de ce texte.
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À l'heure de l'urgence climatique, les ultra-riches ont mauvaise presse. Des trajets Paris-Londres en jets privés de Bernard Arnault au tourisme spatial de Jeff Bezos, les modes de vie carbonifères des élites économiques sont de plus en plus pointés du doigt. Les actions symboliques, les rapports et les articles de presse se multiplient pour dénoncer leur escapisme. À l'image de ces milliardaires qui, en pleine crise Covid, envoyaient des selfies depuis leurs ranchs en Patagonie ou leurs îles privées aux Caraïbes, les ultra-riches sont accusés de fuir leurs responsabilités.
Or, loin d'être des observateurs passifs et détachés ou des
preppers haut de gamme, les élites économiques sont des acteurs clés du débat climatique international. Elles sont les promoteurs acharnés du capitalisme vert, un projet politique taillé sur mesure et qui garantit leurs intérêts de classe dans un monde en surchauffe.
Ce livre est le premier à en exposer non pas uniquement les mots d'ordre (qui sont déjà assez connus), mais les ressorts, et en particulier les réseaux d'acteurs (ONG, fondations,
think-tanks, cabinets de conseil et autres lobbyistes) qui, au cours des vingt dernières années, ont imposé le capitalisme vert - et les élites qui le soutiennent - comme unique issue " réaliste " face à la crise climatique en cours. -
This book explores how a handful of liberal foundations contributed to establish and orientate the international climate regime. Looking back at the origins of international climate philanthropy and its evolution over the past three decades, the author examines the role of philanthropic foundations in the international climate debate. The research presented in this book shows that foundations, through their grant-making and convening activities, are at the heart of the climate debate. In fact, many credit them with having, through their activities prior to and at the COP, significantly contributed to laying the basis for the Paris Agreement in December 2015.