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Prix
Eleonore Reverzy
-
Études littéraires, vol 52, numéro 3, hiver 2024
Sophie Rabau, Daniel Rudy Hiller, Éléonore Reverzy, Laurianne Thibeault, Chunfeng Wu, Mohamed Chrouh, Anne Isabelle Fran
- Département des littératures de l´Université Laval
- 6 Mars 2024
- 9782925269113
Franchissant librement les époques et les lieux, ce dossier d'Études littéraires explore un
éventail de thèmes : l'allégorie homérique y voisine les allégories hégélienne et goethéenne ;l'on y constate que le réalisme de Bonheur d'occasion est teinté d'engagement, que
Caillois et Pratchett & Gaiman usent de l'uchronie pour susciter la participation du
lecteur ou encore que la fiction policière dans des oeuvres de Wajdi Mouawad et d'Olga
Tokarczuk rencontre le monde animal. Ce sont également différents rapports qui y sont
retravaillés - pensons à celui des lecteurs et des auteurs du XIXe siècle avec le livre ; celui
du protagoniste de La Peste avec la sainteté ; et finalement, celui du sujet lyrique avec le
monde et la matière. -
Portrait de l'artiste en fille de joie. La littérature publique
Eleonore Reverzy
- CNRS Editions
- Histoire
- 22 Avril 2025
- 9782271093820
Le xixe siècle voit le développement sans précédent du commerce de l'imprimé : le capitalisme d'édition, la presse à grands tirages qui s'impose à partir du Second Empire et sous la IIIe République en sont les signes les plus visibles, tandis que le genre romanesque fait reculer théâtre et poésie. Désormais, l'écrivain sorti de la dépendance du mécénat d'Ancien Régime se trouve pris dans un monde concurrentiel, exploité par directeurs de journaux et éditeurs, tandis que s'impose la professionnalisation de ce qui devient un métier, celui d'homme de lettres.
Pour qualifier cet avènement d'un régime démocratique de la littérature, la métaphore de la prostitution littéraire, globalement infamante, est omniprésente dans la critique des années 1830, avant d'être actualisée par les auteurs eux-mêmes. La prostituée devient le répondant allégorique de l'écrivain, et la littérature se fait publique : publique d'abord parce qu'elle se donne à tous, comme les filles désignées par la même épithète, parce qu'elle est
" soumise " et fruit de l'exploitation d'un patron, publique ensuite parce qu'elle recourt à tous les procédés publicitaires et médiatiques, publique encore parce qu'elle se diffuse partout et touche un public qui s'accroît continûment, publique enfin parce qu'elle est bien le produit d'un temps et d'une société qui ne cesse précisément de redéfinir son caractère démocratique.