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Eugenie Lemoine Luccioni
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Psychanalyse pour la vie quotidienne
Eugenie Lemoine-Luccioni
- FeniXX réédition numérique (Navarin)
- Bibliothèque des Analytica
- 12 Août 2016
- 9782402150989
La psychanalyse est aussi une philosophie pratique de la vie quotidienne. Cette quotidienneté que Freud a précipitée dans la réflexion philosophique et la recherche scientifique est le nerf de sa révolution. Se perdre dans les fleuves infernaux est certes plus grandiose, mais risque de faire oublier que l'homme se meut à la surface de la terre ; et que sa propre surface lui fait déjà difficulté. Ainsi, cette suite de récits est-elle ouverte par l'histoire de Léa, qui ne sait plus ce que se lever, se coucher ou manger veut dire. Qu'il faille que cela veuille dire, voilà déjà qui ouvre le hiatus du langage. La cure analytique, en tant que pratique de la parole, s'occupe de ne pas refermer le hiatus, mais de le maintenir ouvert au jeu du signifiant, de sorte que le sujet cesse d'être privé de l'autre. Cet autre - toujours autre - sans lequel il n'y a pas de sujet. Car l'individu, le moi, l'ego, tant exalté en un autre temps, est un monstre. Les récits de ce livre racontent l'histoire d'un sujet et de ses avatars : narration pure d'une série d'actes qui, pour s'inscrire dans un ensemble et dans une constellation de personnes, n'en a pas moins pour enjeu un seul sujet à venir dans sa particularité.
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Partage des femmes
Eugenie Lemoine-Luccioni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Le champ freudien
- 4 Novembre 2019
- 9782021271737
Ce livre se veut d'abord clinique - et part d'une série d'analyses de femmes enceintes. Où ce qui s'entend bientôt est : "Que veut une femme ?" - même si l'on s'expose à découvrir qu'elle veut disparaître comme femme. Un tel dit témoigne qu'il est bien vrai que la femme se trouve prise dans les paradigmes systèmes de représentation virils. Fait pathologique ou fait de structure ? En tout cas, cette fragilité expose la femme aux risques de la dépersonnalisation (par l'identification au père ou au frère), du délire mystique (du père à Dieu), et de l'hallucination (la voix). Contre cette partition - celle, aussi bien, de l'accouchement et de toute espèce de pertes -, la femme se réassure dans un narcissisme qui, pour elle, est réparateur : en s'affirmant être elle, même telle que sa mère a pu la concevoir. Bien entendu ce narcissime n'est pas non plus sans danger. L'issue est triple et se ramène toujours à l'acceptation de la loi de la castration : dans la sublimation de la pulsion scopique (la Beauté) ; dans la rencontre sexuelle avec l'homme ; et enfin dans l'enfantement.
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Le rêve du cosmonaute
Eugenie Lemoine-Luccioni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Le champ freudien
- 7 Décembre 2018
- 9791036904554
« L'homme ne peut choir hors de ce monde », disait à Freud l'un de ses amis. C'est pourtant ce que l'homme veut : sortir de ce monde ; entrer dans un autre ; dans l'Autre. Depuis qu'il est sorti du ventre de sa mère, il ne rêve que de cet au-delà vers où monte le ravi de Jérôme Bosch, sous la conduite de l'ange. Nos anges, aujourd'hui, ce sont les cosmonautes, dit Lacan. Nous les avons vus à la télévision crever notre plafond, traverser nos murs, mettre le pied sur la Lune et réaliser ainsi notre rêve. Mais quoi ? La Lune n'est qu'une planète. Certains sont revenus du voyage ; d'autres pas. Les cosmonautes qui ont vraiment franchi le seuil de l'Autre Monde n'en sont pas revenus. Je veux dire que, même ceux qui sont revenus, ne sont revenus que du Même. Cette effraction, ce fut d'abord et primordialement celle de la naissance : moment de rupture où jaillit le cri ; mais il se répétera en ces autres points de rupture que seront la jouissance et la mort où, dans le déchirement de l'espace imaginaire et de l'organisation symbolique comme système clos et leur enclenchement dans le réel, s'annonce la proximité de ce que Bataille appela le sacré ; mais là où Bataille parle de « sacré », Lacan, lui, s'en tient à l'impossible réel. « Les marques de présence » que l'enfant trouve en naissant, et qu'il reçoit comme une réponse à son cri, mettent fin à l'angoisse et instituent, par un malentendu, l'espace du langage et de l'échange, déportant le sujet à venir dans le symbolique. De ce fait, le sujet manque le réel et se trouve divisé entre jouissance et parole. Devra-t-il perdre le langage pour retrouver l'angoisse et le cri ? Est-ce à ce prix que se récupère le sujet ? Il y a peut-être une autre issue possible au tragique dilemme qui nous enferme et dont témoignent douloureusement les écrivains de notre temps. E. L.-L.