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Francis Démier
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" Le coup fut monstrueux et terrassa Paris. " (Victor Hugo.) Un choc dont la France n'est pas tout à fait remise.Ce fut, comme dans un roman d'aventures, l'opération " Rubicon ". Elle partit de l'Élysée - rive droite - pour fondre sur le Palais-Bourbon - rive gauche. En quelques heures, le président Bonaparte annihila l'Assemblée nationale : les députés de gauche comme ceux du parti de l'ordre furent également frappés. Tout le monde s'y attendait, et pourtant la plupart furent surpris. Comment le neveu de l'Empereur, réputé falot et nimbé de mystères, aurait-il osé ? Il osa pourtant faire son Brumaire à lui. Paris fut rapidement subjugué. En revanche, une partie de la paysannerie, attachée à la République démocratique et sociale, surtout dans le Centre et le Midi, opposa une résistance inattendue, parfois très vive, ce qui permit au pouvoir de se poser en sauveur de la société. Un État autoritaire prit alors en main la réorganisation d'une nation traversée de profondes fractures pour la préserver d'elle-même et ouvrir le temps des " miracles économiques ". La République, elle, n'oublia pas la violence faite alors aux institutions et en tira une leçon politique et morale, qui dure encore : rester vigilant face aux tentations autoritaires et aux menaces contre les libertés, que symbolise toujours " le 2 décembre " de Louis Bonaparte.
Une démarche neuve, rigoureuse et alerte, qui inscrit l'événement dans la durée et l'appréhende dans tout l'espace national, au plus près de la population comme des principaux acteurs, à partir de sources souvent inexploitées. -
La nation, frontière du libéralisme - Libre-échangistes et protectionnistes Français 1786-1914
Francis Démier
- CNRS Editions
- Histoire
- 19 Mai 2022
- 9782271142801
" Liberté au dedans, protection au dehors, tels sont les éléments de la régénération." C'est par cette formule lapidaire, qu'en 1814, à la chute de l'Empereur, Louis Becquey, en charge de la politique commerciale de la France, fixa un cap à la construction d'une nation bâtie sur le socle des richesses matérielles. Le protectionnisme était devenu la ligne générale de la nation. Il avait pris naissance dans un patriotisme révolutionnaire hostile à l'Ancien Régime tenté par le libre-échange. Réponse à la menace d'une hégémonie de l'Angleterre, il appelait à "mobiliser les bras" et conjuguer sans contradiction le culte de la liberté et celui de ses limites.
Loin d'être un obstacle au libéralisme, la ligne de douane a longtemps dessiné l'espace dans lequel les manufacturiers acceptèrent de prendre les risques du marché. Quand elle devint une entrave au développement, l'État, convaincu qu'il n'existait pas d'harmonie spontanée entre les intérêts privés et l'intérêt général, la fit céder au profit d'une ouverture sur le grand large. La Troisième République confondit d'abord le libre-échange avec les libertés retrouvées. Mais, face à la menace du boulangisme et à celle d'une nouvelle mondialisation, elle se rallia au "protectionnisme rationnel" de Jules Méline, condition alors de la cohésion politique des Français et tranchée profonde de la défense de la République.