Filtrer
Francois Salvaing
-
8 novembre 1942. Les Américains bombardent le port de Casablanca et débarquent au Maroc alors sous protectorat français. Ce même jour, Armand Rouby, employé d'assurances, demande en mariage Agathe Blanc-Bléville, secrétaire à la Compagnie Florale, société de plantes à parfums.
Dix ans plus tard, Armand est administrateur de la Compagnie, et Agathe fière d'avoir donné le jour à trois garçons. Leur ascension sociale, symbolisée par l'édification d'une villa dans un quartier résidentiel, se fera sans accroc.
Mais les fondations de cette famille et de cette maison sont profondément lézardées. Agathe suffoque au foyer entre un mari autoritaire et une mère envahissante, et Armand, que son travail emmène souvent dans l'Atlas ou en France, a le sentiment de plus en plus poignant de devenir un étranger pour les siens. Et surtout la peur, peu à peu, imprègne leurs pensées, les restreint et les assèche. Peur de cette Casa, leur ville dont pourtant ils ignorent presque tout des habitants, sauf de la minorité européenne. Peur de tout perdre, statut et confort, si le Maroc recouvre son indépendance comme le réclament les mouvements nationalistes et le Sultan lui-même. Peur, vertigineuse, de la violence qu'ils voient grandir, en eux aussi, dont se colore l'éducation de leurs enfants et qui ensanglante bientôt les rues, des bidonvilles au marché central. -
Été 1989. Ils ont vingt ans, se croisent dans une forêt d'Autriche. Renate est comédienne et fuit l'Allemagne de l'Est. Vincent, musicien, lui offre son amour et de l'accueillir à Fontenay-sous-Bois, en banlieue parisienne.Seul problème : ses parents, Gilbert et Nuria, militants communistes, ne seront pas forcément ravis d'héberger ce qu'on appelle encore une dissidente.Renate, libre de pensée comme de moeurs, sème vite bien des troubles chez ses hôtes. Et tandis qu'à Berlin le Mur tombe enfin, à Fontenay tous les repères vacillent et une famille se disloque.Vif et tendu, grave mais non sans humour, Un amour au pied du Mur raconte, des quatre points de vue divergents de Renate, Vincent, Gilbert et Nuria, un séisme qui n'a pas fini de livrer ses répliques.
-
« Raoul Salvaing (1925-1987), mon père, entama, à l'âge de la retraite, plusieurs cahiers d'écolier, entreprenant tantôt d'y raconter l'histoire de ses parents ou de sa vie professionnelle, tantôt d'y exposer ses vues sur la démocratie, la femme au foyer, les syndicats, les immigrés, Dieu ou l'administration. La plupart de ces textes renoncent à eux-mêmes. J'en ai tiré cependant un élan d'où sont venus, jumeaux sans l'être, deux livres. Un roman, paru il y a peu, Casa. Et ce récit, où reprenant les pas zigzagants des miens de la Belle Époque à la nôtre, de la lointaine création de l'école publique à Larcat (Ariège) à la récente fermeture de la mine de charbon de Gardanne (Bouches-du-Rhône), j'éclaire à la fois et je creuse mon vertige. Vertige devant ces quelques destinées, à la fois banales et uniques. Vertige devant l'entrelacs d'événements et de rêves, d'horreurs et de routines, d'inventions et de ruines, où elles sont prises et qu'elles contribuent à tisser ce qu'on a coutume d'appeler l'Histoire. » François Salvaing
-
Rapport à la générale
Francois Salvaing
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- L'Instant romanesque
- 8 Avril 2016
- 9782402075435
La générale écoute l'aide de camp. Il raconte les dernières heures du général président alors que le pouvoir l'a quitté. On pensera bien sûr à de Gaulle. Pour la silhouette, le ton. Pour cela seulement : les événements rapportés ici ne prétendent pas à la vérité, à peine à la vraisemblance. Car les statues ne bavardent pas dans les restoroutes avec les serveuses, ne crèvent pas les pneus de leurs gorilles, les statues ne fuient pas leur socle, ne meurent jamais au coin d'un bois.
-
Pays conquis
François Salvaing
- Robert Laffont (réédition numérique FeniXX)
- 10 Novembre 2017
- 9782221211311
François Salvaing le déplore : la France manque cruellement de ce genre littéraire cher au coeur des Américains : le western. Ce n'est pourtant pas faute de conquêtes capables de nourrir l'imagination de ses écrivains. Des conquêtes, il y en eut - il y eut même un empire colonial - mais de westerns, point. Salvaing s'en console mal. Il a voulu combler cette grave lacune. A sa manière. Donc, un matin de 1905, un grand navire touche une plage d'Afrique, qui pourrait être marocaine. Son nom : « Mission de la France ». De ces flancs débarquent dans le plus grand enthousiasme et le plus grand désordre, un général, deux préfets, trois évêques, une armée, des familles, des putains, deux banques, le Progrès. On dresse un camp, on bâtit une ville, puis l'on attend. Quoi ? Que se montrent les indigènes, car - à l'exception d'un gamin nommé Ali et que l'on baptise Paul - on les attend en vain. Que vienne de Paris l'ordre de s'enfoncer dans les terres pour apporter enfin la civilisation à ce peuple invisible. Mais l'ordre ne vient pas et le général Crèvecoeur de Crécy prend un beau jour la tête de son armée et part, le jeune Ali à son côté. L'aventure commence. On s'en doute : ce n'est pas un western orthodoxe qu'a écrit François Salvaing. Le sien est cocasse, et plus et mieux encore.
-
Gilles fait la connaissance de Maud. Quelques mois plus tard, par hasard, il rencontre Matilda qu'il n'a pas vue depuis sept ans. Très vite, il lui parle de Maud, des confidences que lui fait Maud, des questions qu'il se pose sur Maud. Matilda fronce les sourcils : « Pardonne-moi,mais tu devrais éviter cette fille. D'après ce que tu racontes, elle a tout d'une... »
Matilda a l'air préoccupé. Alors Gilles ment.
Cinéaste, Gilles titube entre les scénarios qu'il écrit et les échecs qu'il accumule, l'envie de créer et la tentation de renoncer, la construction amoureuse et d'éphémères dépenses sexuelles. Mais surtout entre Maud et Matilda, qui ne se connaissent pas mais savent l'existence l'une de l'autre, et cherchent confusément à se rencontrer à travers l'homme que chacune, lumineuse à sa façon, aime, soutient et domine.
En équilibre sur sa pointe, le triangle va basculer.
Cruel roman d'amour. Et d'amours multiples, vécues ou rêvées : nos vies ne sont-elles pas souterrainement irriguées, aussi, par les liaisons à côté desquelles nous passons ?
François Salvaing a publié plus de vingt livres depuis 1974. Parmi ses romans, Misayre ! Misayre ! a obtenu le Prix Livre Inter et Parti celui de la SGDL. Chez Fayard, il a publié, entre autres, Le Coeur trouble (2005) et Jourdain (2006) -
La provocation
Regis De Castelnau, Francois Salvaing, Daniel Voguet
- FeniXX réédition numérique (Éditions sociales)
- Notre temps - Tribune
- 12 Mars 2021
- 9782307169345
À Paris, Denain, Longwy, Brest, Cherbourg, en Corse... À l'occasion de grandes manifestations, on a vu se défouler le scénario suivant : Acte I : charges policières, précédées - le plus souvent - de violences dues à des « éléments incontrôlés » ; Acte II : nombreuses arrestations ; Acte III : procès ; Acte IV : condamnation d'innocents. Ce scénario est celui de la provocation. Qui l'écrit ? Avec quelles idées en tête ? Qui s'y oppose ? Qui s'en accommode ? Les auteurs ont assisté, des premières loges ou des coulisses, à plusieurs représentations de cette pièce. Ils racontent ce qu'ils ont vu, ce qu'ils supposent, ce qu'ils craignent : l'Acte V.