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Albin Michel
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Paris résistant est le deuxième tome d'une étude de Paris pendant la guerre. Le premier, Paris allemand, décrivait l'emprise de l'occupant sur toutes les activités de la grande ville ; du moins apparemment. En fait, une résistance clandestine est née assez rapidement, spontanée d'abord, encouragée et soutenue par la France Libre et par la Grande-Bretagne ; toujours largement minoritaire dans la population, elle a recruté dans tous les milieux, politiques, sociaux, professionnels, confessionnels.
Henri Michel montre comment elle s'est développée et s'est enhardie en inventant ses modes de combat ; satire de l'occupant, textes et journaux clandestins, collecte de renseignements, solidarité pour les personnes en danger, manifestations, sabotages et attentats, grèves, pour s'épanouir dans l'insurrection d'août 1944. Paris devient ainsi « le plus gros maquis de France ».
En réalité cet ensemble recouvrait plusieurs courants gaulliste, socialiste, communiste et plusieurs types de groupements mouvements, réseaux, partis, syndicats. Ils se connaissaient mal, et coopéraient difficilement. La rupture, toujours latente, ne s'est pas produite, tout le monde reconnaissant l'autorité du général de Gaulle et, en définitive, toutes les parties jouant le jeu de la démocratie. Peu à peu les organismes de la Résistance et leurs services communs ont établi leur siège à Paris, devenu ainsi la capitale d'un pouvoir clandestin qui prendra sans difficulté la place du pouvoir de Vichy, et imposera aux Alliés une libération de la ville plus rapide qu'ils ne l'avaient prévue, et moins coûteuse qu'on l'avait redouté. -
Sous ce titre, c'est en réalité tout le drame de la Pologne entre 1939 et 1946 que Henri Michel étudie. La première à avoir tenu tête seule, à Hitler, ses armées écrasées en quelques semaines de combats, la Pologne est une nouvelle fois occupée par ses deux puissants voisins, l'Allemand et le Russe, et partagée entre eux ; tout oppose Allemands nazis et Russes communistes ; mais une identique hostilité les rapproche, contre la Pologne. Cependant, les Polonais sont unanimes à rejeter ce double asservissement. Sur tout leur territoire, s'est levée et organisée la plus puissante résistance clandestine de toute l'Europe occupée ; elle constitue un véritable « État clandestin ». Un immense effort, une masse de souffrances sans équivalent, pour ne recueillir que les fruits amers de l'ingratitude de l'Histoire
En août 1944, l'insurrection de Varsovie est le point culminant du drame polonais. Exemple unique dans toute la guerre : la population d'une grande ville se soulève, pour affirmer au monde, mais d'abord à ses alliés, que la Pologne vit toujours. Peu aidée par les Alliés, l'insurrection est écrasée par l'occupant allemand ; parvenus sur la Vistule, l'Armée Rouge a assisté, en spectatrice, à la destruction de la grande ville, à la mort de 200 000 de ses habitants, à la déportation de 500 000 autres. Un comportement valeureux, romantique, s'est achevé par un échec tragique.
C'est donc à retrouver les origines de la Pologne actuelle que ce livre nous convie. Henri Michel explique les raisons de l'abandon de la Pologne par les Anglais et les Américains, et aussi celles de l'hostilité de Staline, qui avait dissous le parti communiste polonais en 1938. Il montre comment une poignée d'hommes, dont aucun n'avait l'envergure d'un Lénine, a pu imposer à un grand peuple un système politique, social et économique dont il ne voulait pas. Et il s'interroge sur les chances qui peuvent rester à la Pologne de recouvrer un jour son identité nationale et sa liberté d'action.
Agrégé de l'Université, docteur ès lettres, directeur honoraire de recherche au C.N.R.S., Henri Michel est président du Comité international de la Deuxième Guerre mondiale et directeur-fondateur de la Revue d'Histoire de la Deuxième Guerre mondiale. -
L'occupation de Paris, entre 1940 et 1944, est sans précédent dans l'histoire de la ville, et sans équivalent dans le reste de l'Europe occupée. Au cours du conflit, l'armée allemande a conquis huit capitales étrangères ; aucune ne représentait une aussi vaste agglomération urbaine ; toutes, bien que vassalisées, étaient demeurées la capitale de la nation asservie.
Mais, en France, la capitale provisoire, c'est Vichy. Paris n'est plus qu'une énorme préfecture régionale. Comme l'occupant y a installé tous les services qui lui permettent de régenter, d'abord la moitié, puis la totalité du pays, Paris est devenu, en fait, la « capitale allemande de la France ». Sous ses formes diverses, l'administration allemande est omniprésente et omni-puissante. Rien ne peut être fait qu'elle n'ait décidé ou approuvé : salaires, prix et rationnement des denrées, livres de classe, rédaction des journaux, programmes de cinéma, mesures de voirie, etc.
Si Paris est demeurée une capitale, c'est celle des « collaborateurs » de l'occupant, qui y paradent et y tiennent leurs meetings. C'est aussi la capitale de la vie malsaine née de l'occupation, du marché noir, des profits résultant de la spoliation des juifs, de la vénalité.
Les parisiens ne sont plus chez eux ; réduits à la portion congrue, leur préoccupation obsédante est de trouver le pain quotidien, de lutter contre le froid, de se vêtir décemment. Si la « vie parisienne » qui continue, si le talent et le goût ont encore droit de cité, bien que l'occupant en soit le véritable profiteur, la volonté de survivre de Paris s'affirme dans la préservation de la santé des Parisiens et par la surprenante reprise de la natalité.
Mais, surtout, en contrepoint de la vie officielle et de l'apparente léthargie de la ville, toute une pensée, puis une action, se sont développées dans l'ombre complice de la grande cité ; commencée par une fronde intellectuelle, développée par les sabotages et les attentats, la « résistance » aboutira à un soulèvement qui fera, à nouveau, de Paris libéré, la capitale de la France. Mais cela, c'est le sujet du deuxième tome de cette étude.