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Lise Tremblay
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« J'avais été heureux, comblé et odieux. En vieillissant, je m'en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n'avais pas su être bon. La bonté m'est venue après, je ne peux pas dire quand exactement. »
C'est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié ce chiot, Dan. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour de bon la porte de son grand appartement vide. Ce n'était pas un endroit pour Dan, alors Benoît est allé s'installer dans son chalet du Saguenay, au coeur du parc national.
Mais quand vient un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Parce que Dan se fait vieux et qu'il est malade. Et parce qu'on a aperçu des loups sur le territoire des chasseurs. Leur présence menaçante réveille de vieilles querelles entre les clans, et la tension monte au village...
Au-delà des rivalités, c'est à la nature, aux cycles de la vie et de la mort, et à leur propre destinée que devront faire face les personnages tellement humains de ce roman au décor grandiose. -
Lise Tremblay brosse un tableau du Québec rural d'après la Révolution tranquille, un Québec en pleine effervescence, où de nouvelles valeurs font leur chemin mais où la tradition s'accroche encore. Fine observatrice de l'humain, l'auteur de La Héronnière fait revivre ces années à travers le regard d'une fillette qui sera une adolescente avant la fin de l'été. C'est du grand art [...]. Jamais l'écriture de Lise Tremblay ne nous a paru aussi sobre, minimaliste, épurée. Et concrète. Jamais le regard lucide, et ironique, qu'elle pose sur le monde de livre en livre ne nous a paru aussi authentique [...]. On en vient à penser que La Soeur de Judith pourrait être le livre fondateur de Lise Tremblay.
Danielle Laurin, Le Devoir -
La nuit ce ne sont pas les chaleurs qui me réveillent mais la honte, et cela dure depuis des mois. Le plus dur, c'est que je sais qu'elle est là depuis longtemps. Je l'ai combattue. Il y avait en moi quelque chose de vague, une sorte de malaise. Je le savais mais je compensais par le calme apparent, les vêtements bien coupés, même la langue que je parlais. Une sorte de langue beige, sans accent, sortie tout droit du bon parler français évitant à tout prix l'accent régional dont Éli se moquait. Le soir au souper, il imitait les secrétaires, les étudiants. Dans cet autobus, assise seule derrière le banc du chauffeur comme toutes les vieilles dames, je me rends compte que je n'ai plus la force de lutter contre ma honte, ni celle de lutter contre ma haine.
Les cinq nouvelles qui composent ce recueil présentent une frappante unité. Elles constituent en quelque sorte autant de variations sur une poignée de motifs : la venue de la vieillesse, la rupture amoureuse, la perspective de la mort, chaque fois vécues et profondément ressenties par des femmes.
Cette traversée de ce qu'on conçoit souvent comme le versant sombre de la vie, ce lent et obstiné travail de décodage du renoncement, cet implacable exercice de lucidité, que Lise Tremblay mène à l'aide d'une prose coupante comme un scalpel, agissent sur nous à la manière d'un exorcisme et débouchent, de façon aussi certaine qu'inattendue, sur un profond sentiment de libération, sur une inaltérable sérénité.