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Pour clore son nouveau recueil de contes, Marcel Schneider, éternel admirateur d'Hoffman et de Jean-Paul Richter, explique ainsi sa prédilection pour ce genre : « A une époque de réalisme exaspéré, de naturalisme à outrance, il semble que le conte, et surtout le conte de fées n'intéresse plus personne. Voilà une excellente raison pour en composer. Quand on a toujours été à contre-courant, il convient de faire ce que personne ne fait. Le conte merveilleux me sert d'antidote contre le désenchantement cruel de notre époque. » Tour à tour tragiques, émouvants, réjouissants ou fantaisistes, ses contes nous font voyager en féerie, au royaume d'enfance. Les souverains régnant sur d'étranges palais, les sorcières, les magiciens, la faune des créatures des forêts qui peuplaient les contes du XVIIè siècle, Marcel Schneider les ressuscite. Dans une langue riche et poétique, il recrée l'univers du merveilleux et revisite les mythes séculaires à l'aune de notre modernité.
La quête d'Un Lambeau de nuit est un écho de celle de Peau d'âne ; Le Roi Ourson et ses rougeoyants apparaît comme une variation autour de l'Histoire de Blondine de la comtesse de Ségur... Mais à travers des histoires souvent dépourvues de morale, l'auteur nous invite également à interroger l'histoire récente et la force persistante du mythe. Les Jours de féerie qu'il égrène s'ouvrent sur l'ici et l'ailleurs. -
On a beau se défendre contre l'horreur du monde, elle finit toujours par vous gagner. Mais les écrivains, surtout quand ils ont le goût du fantastique, savent lui résister mieux que d'autres : la poésie doit sécréter d'offensifs anticorps. Avec Marcel Schneider, la guerre et ses calamités rentrent dans le rang de l'imaginaire, la Forêt Noire reste la terre d'élection du romantisme, malgré les S.S. qui rôdent ; les Vosges gardent leur mystère en plein conflit, l'Alsace sa sensibilité singulière, la Prusse son aura païenne, et même la Turquie lointaine, la Cappadoce, ou l'Angleterre, échappent aux blessures de l'histoire, quand un romancier les contemple à "la lumière du Nord", celle du rêve, des miracles, des rencontres et des aurores boréales. De Fribourg au château d'Oubli, en pays cathare, de Koenigsberg à Constantinople, avec un petit détour par le Marais de Nicolas Flamel et les Halles de Ravaillac, c'est un Marcel Schneider insolite qui promène ici sa curiosité, un instant retenue par les ravages du réel. Mais on ne tarde pas à le retrouver tel qu'en lui-même son talent nous l'a rendu familier, conteur aérien de songes et de visions, où sans doute se cachent les seules réalités qui valent encore en ce monde un peu d'attention.
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L'apparition de la rose
Marcel Schneider
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- L'Instant romanesque
- 12 Décembre 2018
- 9782402310789
Au cours d'une excursion dans les Vosges, un homme jeune mais déjà marqué par la guerre et ses premières amours découvre un village au pied du Petit Ballon où il croit qu'il va reprendre goût à la vie. Le village est surmonté par les ruines d'un château fort dont seule subsiste une tour. Il identifie cette tour au souvenir de son ami mort et cet ami lui apparaît comme pour lui confirmer cette intuition. La propriétaire de l'auberge où il a pris pension lui révèle qu'il existe dans le pays une variété très rare d'églantine, la rosa wasserburgica. Cette rose symbolise à la fois l'amour de la femme et le souvenir de la mère. Il faudra des circonstances exceptionnelles pour qu'il prenne possession de cette rose et l'offre à la femme que, sur l'injonction de son ami, il s'apprête à aimer.
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Comment peut-on être Châtelain aujourd'hui ?
Marcel Schneider
- Hachette (réédition numérique FeniXX)
- 18 Mars 2019
- 9782706223280
Quand l'Occident rayonnait de son plus vif éclat, Montesquieu posait la question fameuse : « Comment peut-on être Persan ? » tant il semblait inconcevable que la lumière ait jamais pu venir de l'Orient. Aujourd'hui dans notre société égalitaire, où l'uniformité est de règle, où la prééminence de l'économique écrase et nivelle tout, on peut se demander avec la même stupeur que les contemporains de Montesquieu devant les Persans : « Comment peut-on être châtelain ? ». Prestigieux et encombrants legs du passé, les châteaux semblaient définitivement condamnés par notre temps. Mais la jeunesse pour avoir éprouvé l'inhumanité de la vie citadine, l'incertitude devant l'avenir, se tourne de plus en plus vers un passé perçu comme réserve de forces vives, charge magique de poésie. Tout se passe comme si les vieilles pierres possédaient une vertu mystérieuse du fait même de leur ancienneté. Le mot château a toujours donné carrière à l'imagination. « Quel esprit ne bat la campagne ? Avouons-le avec La Fontaine, nous rêvons tous d'être châtelains. Et nous le sommes tous dans la mesure où nous n'avons pas perdu notre âme puisque Sainte Thérèse d'Avila appelle « château de l'âme » le refuge inexpugnable de notre liberté intérieure.
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Jean-Jacques Rousseau et l'espoir écologiste
Marcel Schneider
- Pygmalion (réédition numérique FeniXX)
- 30 Novembre 2018
- 9782403033885
A l'heure où les écologistes tirent la sonnette d'alarme, à l'heure où l'opinion commence à leur témoigner quelque attention, l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau ne laisse pas de nous étonner par la modernité de son propos, l'actualité de ses préoccupations. Deux siècles après sa mort survenue en 1778, il demeure le champion de l'ordre naturel, de la liberté intérieure et de la dignité de l'homme. Grâce à Marcel Schneider voici une nouvelle approche de sa vie, une nouvelle lecture de ses fameux écrits sur la nature et le bonheur. Relire les plus belles pages des Confessions, de La Nouvelle Héloïse, des Rêveries d'un promeneur solitaire, c'est découvrir que Jean-Jacques Rousseau vit en nous aussi bien par ses inquiétudes et ses espoirs, que par sa soif de bonheur et de liberté. C'est comprendre aussi toute l'intensité de l'amour qu'il a eu pour les hommes, même en s'éloignant d'eux, en dépit d'une fuite éperdue de solitude en solitude. Combien proche est la voix qui s'adresse à nous par dessus les siècles. Avec quelle conviction passionnée elle nous invite à revenir à la nature, à l'aimer, à la protéger. Avec quelle fulminante véhémence elle nous met en garde contre les facilités apparentes d'un progrès matérialiste qui simplifie notre vie pour mieux l'anéantir. Écoutons, avant qu'il ne soit trop tard, la voix d'un ami, et d'un frère. Il y va de notre survie, de celle de l'espèce humaine et du monde.
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La belle Hollandaise
Marcel Schneider
- Presses de la Cité (réédition numérique FeniXX)
- N'avouez jamais
- 12 Juin 2020
- 9782258186668
Le lieutenant Serres de Saint-Clair, grièvement blessé, achève sa guérison à l'hôpital du Gros-Caillou, à Paris. Il y voit Napoléon, son idole, et celle qui va devenir l'amour de sa vie, la comtesse de Villemareuil. Pendant les campagnes qu'il fera, de 1810 jusqu'à l'entrée des Alliés à Paris en 1814, pour conserver sa fidélité de coeur, il s'adonne aux amours vénales ; malheureusement, il en prend le goût exclusif. Quand il retrouve Mme de Villemareuil, les années de séparation ont rendu la comtesse plus vulnérable, mais si Saint-Clair continue de l'aimer, il ne la désire plus et il s'en va rôder sous les galeries du Palais-Royal. Il rencontre là celle qui causera sa perte, une fille que sa beauté épanouie et son origine flamande ont fait surnommer la Belle Hollandaise. Assassinée dans la soirée du 14 novembre 1814, Saint-Clair, son dernier visiteur, fut inculpé, traduit en Conseil de guerre... Il protestait de son innocence. Était-il le meurtrier ? Telle est l'énigme du cruel procès que rouvre ce livre. Sur un fond d'épopée, c'est l'histoire d'une pure passion traversée par une liaison ignoble ; et c'est, dans les annales du crime, les débuts éclatants de Marcel Schneider, maître du fantastique.
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Au théâtre de la mémoire, les acteurs ont tous le même âge : celui d'une jeunesse que le souvenir a préservée. Et c'est miracle d'y suivre le petit Michel, enfant sage d'une famille fantasque, où l'on vit, avec la désinvolture de la vraie liberté, les passions, les élans, l'héroïsme ou l'imprévisible. A travers l'immédiat avant-guerre, l'Occupation, la Résistance et les années qui suivront. Michel va connaître le plaisir ensoleillé de la Provence, la poésie d'une vieille maison du Marais, l'amitié mystique d'un extravagant camarade illuminé, les étonnements du service militaire, le romantisme d'une Allemagne à peine échappée à ses démons. Autant de mondes dangereux et divers, terres de songe que l'adolescent a traversées dans l'enchantement de l'innocence...
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Vous qui habitez sur une étoile , dit un jour François Mauriac à Marcel Schneider, signifiant par là qu'il menait une existence à part, sans se mêler de rien. Il est bien vrai que celui-ci a toujours vécu dans un monde parallèle, témoin peu attentif à ce qui se passe dans la réalité.
Sur une étoile raconte une histoire d'amour singulière : amour pour un pays, l'Alsace, considéré comme un royaume de féerie dont l'auteur est un prince dépossédé et pourtant comblé. Par choix comme par atavisme, Marcel Schneider a cherché un refuge imaginaire dans l'Alsace de ses souvenirs d'enfance, l'Alsace des forêts et des légendes dont il décrit l'histoire à sa façon. Au lecteur de juger si cette Alsace-là est pure chimère ou si elle détient une vérité profonde, ce qui pour nous équivaut à l'éternel. -
Nul ne sait le prénom de l'enfant prodigue, mais pour Marcel Schneider, connaisseur du mystérieux, il s'appelle Augustin, comme l'auteur des Confessions, et c'est la veille de Noël qu'il fait à Mme Delaccour, sa mère, le cadeau de revenir dans la petite ville de l'Est, où elle l'attend depuis des années. Veuve à la suite d'un étrange accident d'avion, elle s'est confinée dans la vie dévote, tandis qu'Augustin cherchait au loin la révélation d'un bonheur différent, trouble, aventureux, et qu'il n'a sans doute pas trouvé. En apparence, chez les Delaccour, rien n'a changé. Tolie et Firmin, le vieux couple de domestiques, continuent de mener la maison avec la même fidélité bourrue et le fils prodigue se coulerait peut-être à nouveau dans la douceur du nid retrouvé s'il ne sentait partout la menace d'un sortilège. Qui donc est cette jeune fille qu'il semble être le seul à rencontrer, aux abords de la demeure familiale ? Comment M. Delaccour, qui détestait les voyages, a-t-il pu disparaître dans une catastrophe aérienne aux antipodes ? Avec Marcel Schneider, on n'est jamais sûr de rien jusqu'au dernier mot de la dernière page ; c'est le talent des romanciers fantastiques d'égarer le soupçon pour mieux nous apprendre l'envers des choses, les vérités cachées.
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Le Prieuré est une maison hantée. Elle porte malheur. La malédiction vient des atrocités qui se sont déroulées là en 1794, quand la Convention faisait rôtir la Vendée. Elle frappe les propriétaires du lieu, ou leurs enfants.
La dernière victime, et la plus inattendue, est Edouard, jeune Parisien venu passer l'été pour servir de précepteur au neveu du maître de céans, le comte de Saint-Aignan, infirme disgracié qui expie on ne sait quelle faute... Sa monstruosité le dénature et il exerce sur tous un pouvoir étrange et pervers. Edouard, imaginatif et rêveur, subit une double tentation, celle de l'amour et de la mort. Ceux qui habitent le Prieuré l'aident à surmonter cette épreuve et le salut lui viendra de celui qui ose en détruire la partie maudite. Sur le lac désormais purifié, Edouard n'aura passé qu'un seul été. -
"L'amour des lettres m'a protégé et aussi condamné. Il m'a servi de bouclier contre les duretés de la vie et la méchanceté des hommes, mais il a fait de moi le prisonnier de l'imaginaire. Dans la longue quête de moi-même, durant les cinquante ans d'amitié avec Georges Dumézil qui fut mon sage Mentor et mon malicieux Merlin, s'est confirmé en moi l'amour pour les mythes, les contes de fées, la musique et la poésie. La mythologie m'a tenu lieu de Freud et de Marx. Ce livre raconte quelles furent mes lectures et mes expériences, ce que je dois à André Gide, à André Breton, à Ernst Jünger... Quand j'ai commencé à écrire, je me suis senti très isolé : c'était le grand engouement pour l'existentialisme et Sartre incarnait tout ce que je fuyais. Mais il y avait encore une vie littéraire en France en 1950, je me sentais soutenu. Ce livre s'achève en 1939, date qui mit fin à ma jeunesse et à mon bonheur. D'autres volumes raconteront comment on survit à sa jeunesse et comment l'état d'écrivain vous apporte une sorte de bonheur."M.S.
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L'éternité fragile Tome 2 ; innocence et vérité
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature
- 10 Janvier 1991
- 9782246442394
Ce deuxième tome des Mémoires de Marcel Schneider couvre la période 1940-1955 : il s'ouvre sur la défaite de la France et s'achève par une saisissante et très personnelle évocation de François Mauriac à qui l'oeuvre est dédiée. La drôle de guerre, l'Occupation, la Gestapo, la victoire. Après la Libération, nous entrons en littérature : avec Sartre au temps de la Nausée, Erté quand il n'était pas encore l'idole du monde entier, Cocteau dont Marcel Schneider voit l'oeuvre littéraire et graphique comme un grand opéra mythologique, avec, enfin, royale, incomparable, Marie-Laure de Noailles. Scènes de la vie mondaine, scènes d'intimité, amours graves, paysages d'Alsace, premier voyage en Espagne : quand Marcel Schneider conte son passé et se raconte, nos yeux s'agrandissent, notre intelligence s'aiguise... Bonheur.
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L'éternité fragile Tome 3 ; le palais des mirages
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature
- 8 Avril 1992
- 9782246442493
Fidèle à son propos de tout dire au risque d'impudeur, l'auteur raconte ce qu'il doit à l'opéra, au ballet, aux séductions de la mondanité découverte à Venise ; il décrit un certain art de vivre à la française et donne des portraits pris sur le vif d'écrivains et de célébrités de notre temps, Paul Morand (à qui le livre est dédié), Jacques Chardonne, Poulenc, Rubinstein, Nancy Mitford, Denise Bourdet, Karen Blixen... L'ombre de Proust évoqué dans la personne de sa nièce Suzy Mante compose des pages superbes. La fête, aussi, chez Elie et Liliane de Rothschild pour Madame Simone et le duc de Parme. Voici, de 1950 à 1970, le portrait d'une époque par un intellectuel avide de la vie vécue comme un art.
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L'éternité fragile Tome 4 ; le goût de l'absolu
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature
- 10 Mars 1993
- 9782246461494
Nous voici en plein dans les contemporains : Marguerite Yourcenar, André Fraigneau, Marcel Jouhandeau, le "cher Dumézil", Bernard Privat, Henri Sauguet, Pierre Boulez, Alain Robbe-Grillet, Roger Vailland, Jean Genet, Raymond Queneau... Les uns savoureux, les autres drôles, certains acerbes. Outre les portraits, ce que le lecteur retiendra, c'est l'éloge de la mondanité, la définition d'un art de vivre et la célébration de l'imaginaire. Voici un livre d'émotions et de culture. Entre un grand éloge de Thomas Mann et des considérations sur le sacré et l'éternité, on sera sensible à une inspiration cosmique qui va de pair avec le goût intimiste. Rien, en outre, qui ne soit exprimé avec une grande pudeur de sentiment. Tome I : L'Eternité fragile. Tome II : Innocence et vérité. Tome III : Le Palais des mirages.
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Divinités du Styx ; contes fantastiques
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature Française
- 13 Mai 1998
- 9782246584599
Depuis 1951, l'auteur de l'Histoire de la littérature fantastique en France poursuit une oeuvre en marge des modes, louée par des écrivains aussi peu semblables que Jean Cocteau ou Julien Gracq. " Marcel Schneider n'a jamais cessé d'appeler de ses voeux un envers du monde, un hors du monde ", dit Georges-Olivier Châteaureynaud dans son texte de présentation. On a voulu ici, en empruntant, entre autres, les meilleurs contes de Déjà la neige ou de La Lumière du Nord, augmentés de nouvelles inédites, redire au lecteur quel maître du fantastique se cache chez ce misanthrope courtois. Le recueil suit un ordre chronologique qui n'oublie aucun des thèmes chers à ce rêveur de destins : la trahison, l'amour incompris, l'innocence perdue, etc. En Alsace, à Venise, dans la lumière du Nord ou à l'ombre des châteaux de granit, les personnages de Marcel Schneider ont en commun d'aspirer à l'ailleurs.
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Au dix-huitième siècle, le Carnaval à Venise durait six mois par an et la Piazza était le premier salon d'Europe : courtisanes, tripots, excès, folies. Patriciens et menu peuple concouraient à faire de Venise un théâtre permanent. Avant la chute, quelle magnificence ! Vivaldi, Marcello, Gozzi, Casanova, les Tiepolo, Goethe, et tous les voyageurs prestigieux. Mais arriva l'année 1797 et Bonaparte mit fin à la féerie. Désormais, les morts de Venise prennent la relève et montent la garde sur la splendeur du passé. Le Carnaval est fini, commencent la nostalgie et le souvenir.
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Histoires à mourir debout est un recueil de quelques dix nouvelles dont les trois sujets sont la guerre, le mal et la folie. Des nouvelles noires. Dans la France du XVIIIe siècle, et surtout en Alsace, mais aussi en Languedoc, en Provence, en Europe centrale, voici des hommes qui sont la cruauté même et mènent des vies que fondent le crime et l'horreur. Ce sont des nouvelles de cape et d'épée, pleines de chevauchées terribles et d'actes sanguinaires : sombres tableaux que viennent heureusement adoucir, par le biais de l'humour et de la féerie, des jeunes filles. Elles ont toutes de treize à quinze ans, elles sont toutes merveilleuses et renvoient à un autre monde que celui des spadassins, des fanatiques et des sacrilèges qui traversent le livre en lettres de feu et de sang.
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"Ce grand pays, notre voisin, qui s'appelle l'Allemagne, reste un inconnu, une énigme en tout cas. Nous inventons l'Italie à travers Stendhal, l'Espagne à travers Mérimée et Bizet. Rien de tel avec l'Allemagne qui n'évoque pour nous que des champs de bataille, Sedan, Verdun et l'Occupation de 1940.
Cela suffit-il pour l'éliminer de notre univers imaginaire ? Nous lui devons plus que nous ne pensons. Le Moyen Age doit son premier éclat au Saint Empire romain germanique. Puis, il y a eu Goethe et Schiller, Hlderlin et Nietzsche : mais une nation ne saurait vivre de nostalgie.
Faut-il encore avoir peur de l'Allemagne ? Est-ce une raison pour refuser toute existence à une pathétique allemande ? Je ne le pense pas. Les thèmes de cette poétique sont ceux qui, depuis des siècles, ont imposé à l'humanité leur universalité.
C'est avec les yeux des poètes qu'il faut regarder l'horizon de l'Allemagne.". -
Le fantastique, pour Marcel Schneider, est une irruption de l'irrationnel dans la vie la plus quotidienne, une déchirure qui permet d'entrevoir " l'espace du dedans ". Né de l'inquiétude, il est un remède à l'inquiétude, peut-être un moyen de capter ingénument l'invisible et d'approcher le sacré dans une période littéraire de plus en plus encombrée par le réalisme ou l'abstraction théorique des professeurs.
Dans le bref essai qui ouvre ce volume, Marcel Schneider démontre brillamment que les visionnaires sont parfois plus proches des lois naturelles que les savants, de même que Balzac est un peintre plus vrai que Saint-Simon. En vérité, de l'Enéide à Faust, les grandes oeuvres sont toujours fantastiques, et créatrices de mythes. Toutefois c'est le modeste Hoffmann qu'on peut considérer comme le père de la littérature fantastique, genre nouveau, dont l'importance n'a fait que croître depuis le XIXe siècle. À mi-chemin de la poésie et de la vérité, c'est une échappée libre et solitaire dans un monde engagé, un moyen de " connaissance par les gouffres " où doivent s'aventurer par élection les esprits que tentent la découverte et l'absolu.
Comme pour nous en donner le go-t, l'auteur nous propose trois nouvelles, parmi les plus belles qu'il ait jamais écrites. De la tendre et fugitive " Dame de Noël ", avec sa couronne de bougies, messagère de l'inconnaissable, au couple tragique du Granit et l'Absence qui nous entraîne vers le " tramonde " auquel aspirent les condamnés d'ici-bas, sans oublier le conte étrange de ce roi maudit qui semble surgi des légendes germaniques, c'est la même approche des mystères, le sang qui coule sur la neige, une commune richesse des images et des couleurs dans l'harmonie inspirée. C'est aussi la même " déchirure " soudaine, qui laisse deviner l'angoisse, le vertige de la mort désirée, le secret des révélations essentielles, l'âme des choses.
Héritier d'une tradition qu'il connaît mieux que personne, Marcel Schneider ne cesse de la renouveler, de l'approfondir, avec un art de livre en livre affirmé qui a fait de lui un maître du fantastique, et l'un des tout premiers écrivains de sa génération, bien qu'à nul autre comparable. -
Si l'on se souvient qu'on appelle " vanités " les peintures qui représentent symboliquement, par des emblèmes ou des allégories, la fuite du temps et la brièveté sans recours de la vie, on comprend aussitôt le sens du titre et le propos du livre de Marcel Schneider, tel qu'il nous l'explique lui-même : " Je vis entre deux vanités, suspendues aux murs de ma chambre, de l'un et l'autre côté de mon lit ; elles figurent mon ermitage dans le désert. L'une, dans le go-t espagnol, suggère le parfait désenchantement ; sur le mur opposé, l'autre, d'une inspiration mondaine, et qui provient du nord de la France, énumère les plaisirs des sens. Je passe d'une vanité à l'autre, et c'est passer d'un monastère castillan dans un salon parisien : deux ordres de pensée, deux styles de vie, deux façons d'aimer. Mais c'est en moi que je me promène, dans des régions de mon esprit où tour à tour, et quelques fois en même temps, m'attirent des aimants auxquels je ne cherche pas à résister. Je vais ici et là, selon l'heure et l'occasion, et quel mal de céder à ses penchants qui ne se contredisent que pour un esprit borné ? "
Du côté de l'Estramadure, avec Zurbaran, le Greco, sainte Thérèse d'Avila, Charles-Quint, Don Juan, ou du côté de chez Proust, après Nerval et Delacroix, l'auteur traque une certaine idée de l'éternité qui le hante, où se mêlent symboles et fantasmes. Partout et toujours, les mystiques aussi bien que les poètes ou les peintres tirent leur gloire du mépris d'autrui. Ils apportent d'ailleurs leurs certitudes et leur génie.
Avec cette provocante limpidité qui lui est coutumière, Marcel Schneider nous introduit dans son univers, où la morale commune et les préjugés à la mode n'ont pas plus cours que la vanité.
En forme de méditation, coupé de nouvelles et de brèves études, cet ouvrage profond et surprenant est un voyage au-delà des apparences, dans le merveilleux quotidien d'un esprit rare, qui sait être grave sans jamais peser. -
Le guerrier de pierre
Marcel Schneider
- Grasset
- Littérature Française
- 11 Septembre 1969
- 9782246163190
Des statues géantes, d'aspect terrifiant, montent la garde à la frontière. Au-delà s'étendent des forêts pleines de silence et d'horreur, où nul n'a pénétré et qu'on croit habitées par des démons. On appelle ces statues les guerriers de pierre, on craint qu'elles n'envahissent le pays comme elles l'ont fait dans des temps reculés. L'action du roman se passe dans un Moyen Âge légendaire, dans un pays brumeux et nordique, aux confins de la civilisation chrétienne.
Kuno le chasseur a d- passer trop près d'un de ces guerriers, on le retrouve écrasé sous le pied de la statue. Une enquête est ouverte et c'est un ami d'enfance de Kuno, le chroniqueur de la frontière, qui est chargé de recueillir les renseignements. Il n'en recueille aucun auprès de Giva, la femme de Kuno, qui a des raisons personnelles de le haïr, ni auprès des parents et des compagnons du chasseur. Tout le monde ayant intérêt à se taire, le narrateur en est réduit à ses propres conjectures. Il rappelle ses souvenirs, souvenirs douloureux puisque, dans son enfance comme dans son adolescence, il servait de souffre-douleur et que plus tard il est devenu malgré lui son homme lige, son âme damnée. Ainsi il a pris le go-t de la servitude et de l'humiliation.
L'enquête fait un pas en avant quand le prince régnant, accompagné d'un savant bénédictin, vient sur les lieux et conduit lui-même l'interrogatoire. On découvre qu'il s'agit d'un meurtre rituel et que les croyances aux anciens dieux de la région subsistent encore dans cette province perdue. La femme de Kuno pourrait bien être la prêtresse du culte interdit : c'est elle qui inciterait les chasseurs à se vouer à cette religion barbare qui promet à ses initiés la vie éternelle en devenant rochers et statues de pierre. Les démons qui règnent de l'autre côté se servent des guerriers monstrueux pour combattre la religion du Christ et la civilisation qu'il a apportée.
Le narrateur apprend à ses dépens la toute-puissance de Giva, sa ruse, sa perfidie et son appétit de vengeance. Elle se sert de sa naïveté et de sa soumission passionnée à Kuno pour le perdre comme elle a perdu son mari en le vouant aux divinités infernales. À la suite de péripéties où règne la poésie du fantastique (talisman, apparitions, visions, vampirisme, nécromancie), le narrateur s'offre à la mort pour sauver Kuno et lui permettre de devenir un des guerriers de pierre. -
Tout en jouant au jeu de l'oie, Marcel Schneider raconte les moments décisifs de sa vie. Les obstacles majeurs fixés par la tradition : le pont, le château, l'auberge, le puits, le labyrinthe, la mort et le lac sacré servent à relier confidences, récits et réflexions. Ce jeu intéresse chacun de nous. On avance, on marque le pas, on revient en arrière, on passe son tour : n'est-ce pas là le rythme de toute vie ? Le jeu de l'oie qui tient de la confession, de l'essai et du recueil de nouvelles, ne rentre dans aucun genre défini. En cela, il reflète fidèlement l'auteur qui ne se range dans aucun parti, n'adhère à aucun groupe, pas même à une école littéraire et qui ne s'en porte que mieux, bien que faire cavalier seul ait toujours été une attitude téméraire. En marge de la littérature actuelle. Le jeu de l'oie diffère de tout et ne ressemble qu'à lui-même. On goûtera la singularité de la pensée et la concision élégante du style : les lecteurs raffinés attachent encore de l'importance à ces qualités-là. C'est à eux que Marcel Schneider son Jeu de l'oie.
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Au temps des guerres de Napoléon, un officier autrichien, perdu dans les Alpes de Carniole. Seul et blessé, parmi les montagnes où il vient d'enterrer son ordonnance, Franz-Sylvius von Willersdorf ne peut plus attendre qu'une mort prochaine ; les Français ont exterminé ses compagnons d'armes, et les partisans slovènes, cachés dans les forêts, passent pour impitoyables et sanguinaires...
On dirait le début d'un conte romantique, mais c'est un tour surréaliste que prend l'aventure du jeune homme. Quand il se réveille, dans une caverne, il se demande pourquoi les hors-la-loi l'ont épargné et quel est l'avenir qu'ils lui réservent. Dans son délire, le lieutenant assiste à des scènes singulières, presque barbares ; est-ce une vision née de sa fièvre, une réalité ?
Il vivra désormais dans un monde à part. Il ne s'étonnera pas d'être enfermé dans un château, à la merci d'une princesse patriote et passionnée, dont il reste " la prise de guerre ". Qui est cette Bogomila ? Quelle raison a-t-elle de lui sauver la vie ? Un simple caprice ? Mais peut-elle être à la fois sa maîtresse et son ennemie ?
Quel est le sens des noces wagnériennes auxquelles on le conviera plus tard ? Serait-ce une initiation ? Et comment se retrouvera-t-il, après un an de captivité, devant un conseil de guerre qui l'accuse d'espionnage et de trahison ?...
Il ne faudra pas moins d'un secours surnaturel pour tirer Willersdorf de ce mauvais pas et lui permettre de revoir une dernière fois, en Slovénie, une Bogomila toujours aussi mystérieuse, malgré la défaite de sa cause et l'écroulement de ses illusions.
Comme souvent chez Marcel Schneider, la poésie nous emporte. Une sorte de logique onirique rend nécessaires les péripéties les plus inattendues, parce que la puissance d'évocation d'un maître du fantastique suffit à leur donner la vérité de l'évidence.
Tout intérieure, cette évidence, mais Marcel Schneider compte parmi ces rares auteurs qui savent nous faire pénétrer dans leur rêve, au point que ses songes nous habitent, et bientôt nous appartiennent. -
Un homme se débat dans sa nuit intérieure. Il rêve, il est rendu au temps sans durée : il navigue dans l'arche avec Noé, il polit l'émeraude du Graal, il connaît la forêt médiévale et ses animaux héraldiques, il fuit le tyran colossal et se réfugie dans les grottes de la mémoire. Le rêve nous donne le fil de l'histoire universelle et nous permet de la lire à l'envers. La nuit fait de chacun de nous un être qui revit toutes les aventures de l'humanité, ses désirs, ses terreurs et ses mythes.
Au cours de cette nuit de longtemps où tout recommence sans s'achever jamais, Arno médite sur le mal, la grâce et la souveraineté : ces trois motifs conducteurs se tiennent et ne font qu'un, le mal étant corrigé par la grâce et la grâce donnant la souveraineté.
Fidèle à lui-même, Marcel Schneider explore le domaine de la littérature irrationnelle, qu'elle soit le fantastique ou le merveilleux. Dans la Sibylle de Cumes, il avait tenté d'expliquer un rêve unique, privilégié. Dans la Nuit de longtemps, il approfondit son dessein et va plus loin encore dans la connaissance de lui-même, c'est-à-dire de tous. C'est une clé des songes à l'usage de ceux qui, pareils à Marcel Schneider, ne vivent ni dans le passé ni dans l'avenir, mais dans ce qui est perdu.