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"Ce livre n'est ni une biographie au sens strict de Mussolini ni une histoire du fascisme italien mais la première tentative - et pas seulement en France - d'essayer de dévoiler le "mystère" d'un personnage qui ne ressemble véritablement à aucun des dictateurs, de droite ou de gauche, au XXe siècle mais qui, d'une certaine mesure, les résume tous, de Lénine à Castro." (M. Serra)
Homme et leader politique extrêmement complexe, pétri de contradictions, puisant ses modèles chez Napoléon puis César avant d'être fasciné par Hitler, le Duce peut donner l'image d'un comédien tragique au sens nietzschéen du terme, et d'un révolutionnaire manqué. Il a pourtant modernisé son pays et fasciné l'Europe avant de sombrer dans la déchéance et les haines d'une guerre civile prenant la relève de la guerre mondiale.
Maurizio Serra raconte ce destin sinueux et passionnant sur la base d'une documentation impeccable, dans un style fluide qui s'inscrit dans la filiation d'Italo Svevo et a fait la réputation de ses magistrales biographies de Malaparte ou d'Annunzio. Un très grand livre appelé à faire date.
Grand Prix de la Biographie Politique 2021 - Prix du Nouveau Cercle de l'Union 2022 - Liste des 30 livres de l'année 2021 du Point -
Discours de réception à l'Académie française et réponse de Xavier Darcos
Maurizio Serra
- Grasset
- Littérature Française
- 14 Septembre 2022
- 9782246832836
Ce volume reprend le discours de réception à l'Académie française de Maurizio Serra, prononcé le 31 mars 2022, suivi de la réponse de Monsieur Xavier Darcos.
Comme le veut la tradition, ces deux textes sont suivis du discours de remise de l'épée, prononcé par Andreï Makine et des interventions lors de la cérémonie de remise de l'épée. -
« Ce roman en trois mouvements fait suite aux Amours Diplomatiques, qu'il complète et termine. Les deux livres et les six récits qui les composent n'en constituent, idéalement, qu'un seul. Dans L'Exilé de la costiera, j'ai souhaité mettre un Jacques le fataliste de nos jours face aux deux pôles, positif et négatif, qui dominent une existence volontairement en marge. Terminus Phnom Penh ? a été conçu bien avant la pandémie, que les hallucinations du protagoniste semblent, hélas, annoncer. Suleika et le Gouverneur est avant tout un exercice de style en hommage aux classiques français et européens de la nouvelle : car, en littérature, j'admire surtout ce qui est ramassé. Le congé « gothique » représente une modeste tentative de payer ma dette.
Ces pages sont volontiers fragmentaires, pointillistes, en pizzicato, comme la vie l'est à mes yeux. La nature des personnages qu'elles évoquent m'intéresse moins que le mouvement qui les porte. Certaines touches y sont fortement relevées, d'autres allusives ou effacées. S'il existe entre elles une unité secrète, une affinité intime, il appartient désormais au lecteur de les découvrir. »MS -
Une génération perdue ; les poètes guerriers dans l'Europe des années 1930
Maurizio Serra
- Seuil
- Histoire (H.C.)
- 10 Septembre 2015
- 9782021170139
Fascinés par le mythe et par l'action, ils étaient les enfants de D'Annunzio, de Barrès, de Jünger et de T. E. Lawrence. Ils avaient le goût de l'utopie, le culte de la jeunesse et celui de la belle mort. Ils se nommaient René Crevel, Klaus Mann, W. H. Auden, Stephen Spender ou Lauro de Bosis. Trop jeunes pour avoir connu l'épreuve des tranchées et hantés par le sentiment d'avoir manqué la grande occasion de leur vie, ils ont espéré rendre leur existence " inimitable ".
À ces esthètes armés, poètes guerriers en mal d'héroïsme, l'ère des totalitarismes montants a offert une chance inespérée de se faire entendre. La guerre d'Espagne a été leur moment. Ils ont succombé à la tentation marxiste ou fasciste, ils sont tombés les armes à la main, aux commandes d'un avion ou d'une balle dans la tempe, ils ont parfois glissé vers l'autodestruction : nulle cohérence idéologique n'unifie leur groupe, mais la rupture avec le monde des pères, la révolte des sens, la tentation de l'absolu.
C'est tout l'esprit de cette jeunesse que fait revivre ici Maurizio Serra, et la richesse de ses paradoxes.
Traduit de l'italien par Carole Cavallera.
Écrivain et diplomate, Maurizio Serra est l'auteur de nombreux essais, parmi lesquels Les Frères séparés. Drieu la Rochelle, Aragon, Malraux face à l'histoire (La Table ronde, " La petite Vermillon ", 2011) et de deux biographies : Malaparte, vies et légendes (Grasset, prix Goncourt de la biographie, 2011) et Italo Svevo ou l'antivie (Grasset, 2013).
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On a du mal à concevoir aujourd'hui que Gabriele D'Annunzio (1863-1938) fut l'écrivain-personnage le plus entouré, le plus imité, le plus jalousé de son temps. Henry James, Shaw, Stefan George, Heinrich et Thomas Mann, Karl Kraus, Hofmannsthal, Kipling, Musil, Joyce, Lawrence, Pound, Hemingway, Brecht, Borges et tous les Français - de Remy de Gourmont jusqu'à Cocteau, Morand, Yourcenar - trois générations d'intellectuels l'ont lu, étudié et copié, quitte à le renier ou l'oublier par la suite.
Une légende, noire et rose à la fois, a fleuri abusivement autour d'un homme hors norme, dont le talent protéiforme, l'exceptionnelle vitalité et le courage physique, le goût de se dépasser en tout domaine, évoquent irrésistiblement le Minotaure de Picasso. Ce livre se propose de le faire redécouvrir tel qu'il fut.
D'Annunzio n'a pas été tour à tour poète, romancier, auteur dramatique, séducteur qui défraya la chronique de son temps, aviateur, héros de la guerre, condottiere, Comandante à Fiume, jusqu'aux dix-sept dernières années de repli volontaire dans son palais du Vittoriale sur le lac de Garde, souvent revêtu d'un froc de bure. Il fut, du début à la fin, un poète de l'action, composé de tous ces éléments divers, un barde que le mouvement soulève, que le repli paralyse et que l'inertie tue. Non pas un aventurier, mais un véritable prince de l'aventure, précurseur des Lawrence d'Arabie, Saint-Exupéry, Malraux, et Romain Gary, qui se sont inspirés de lui.
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Un ambassadeur exilé d'un lointain pays en proie à la guerre civile revit les espoirs et les illusions d'une existence balayée par l'histoire, comme son grand amour d'antan. Un attaché culturel japonais poursuit la femme de ses rêves, de Rome à la veille de la guerre jusqu'à Tokyo vingt ans plus tard et à Denver de nos jours. Une belle femme alcoolique conduit son Alfa Romeo le long du lac de Genève, en quête de l'homme de sa vie qui vient de s'éteindre- ce qu'elle feint d'ignorer.
Trois histoires éblouissantes et drôles, qui composent un seul roman, empreint d'une mélancolie glaçante et d'une parodie douloureuse. -
Protagoniste incontournable de la modernité, lu et traduit dans le monde entier, Ettore Schmitz, en art Italo Svevo (1861 - 1928), demeure un inconnu. Il est vrai que l'homme pratiquait tous les paradoxes. Cosmopolite, né à Trieste, sujet de l'Empire pendant les trois quarts de son existence, « il préféra écrire mal en italien, ce qu'il aurait pu bien écrire en allemand », selon le mot perfide de son antagoniste, le poète Umberto Saba. Commerçant avisé, industriel prospère dans l'usine de vernis de sa belle-famille, il « entra à la Trappe » et s'éloigna de la littérature pendant un quart de siècle. Juif converti au catholicisme lors de son mariage, il resta agnostique et réclama des obsèques « sans prêtre ni rabbin ». Epoux et père irréprochable, il rêvait de couper les femmes en morceaux et de manger leurs bottines. Foncièrement apolitique, il accueillit sans enthousiasme l'embrasement de 1914. Italien de coeur et de conviction, il comprit tôt que les troubles de l'après-guerre conduiraient à l'ère des fascismes. Très méfiant à l'égard de la psychanalyse, il a écrit pourtant le premier roman psychanalytique avec La conscience de Zeno (1923). Découvert par les élites européennes, grâce à l'amitié de Joyce et de Larbaud, il eut à peine le temps de savourer cette reconnaissance tardive, et s'éteignit en laissant inachevé son dernier chef-d'oeuvre, les Confessions d'un vieillard. Bref, Svevo reste largement un énigme. Un homme qui a fait de son oeuvre le siège de sa vie, mais dont l'« antivie », qu'il voulait faire oublier, est encore plus révélatrice.
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Curzio Suckert dit Malaparte (1898-1957), écrivain italien de père allemand à vocation cosmopolite, a défié toutes les conventions de son temps, dans une épopée flamboyante où se mêlent d'un bout à l'autre vies et légendes multiples. Talent précoce, à la sensibilité éveillée par les carnages de 1914, dont il fit l'expérience comme volontaire en France, conspirateur roué, envoyé spécial sur tous les fronts de guerre, capable de passer des salons aux tranchées, des usines aux longues marches, des bûchers aux bénitiers, de Lénine à Hitler, de Mussolini à Mao, des anarchistes au Pape, militant de toutes les causes et de leur contraire, Malaparte fut un précurseur incontournable de l'intellectuel engagé.
Mythomane, exhibitionniste, séducteur invétéré, "caméléon" prêt à servir tous les pouvoirs et à s'en servir, l'auteur mondialement célèbre de Technique du coup d'Etat, de Kaputt et de La peau aura tout fait pour cacher son vrai visage. Prophète de la décadence de l'Europe face aux puissances globales (URSS, Etats-Unis, Chine) et aux idéologues de masse (fascisme, communisme, tiers-mondisme), il demeure le grand inconnu parmi les interprètes majeurs du XXe siècle. Cette biographie écrite spécialement pour le public français, se propose, à partir d'un immense matériel souvent inédit, d'offrir le portrait de celui qui voulut "perdre à Austerlitz et vaincre à Waterloo".