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Editions Boréal
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Voici le roman de Marquise Simon, née Cardinal. Sa naissance entre deux frères ennemis, envers qui elle se sent également liée et étrangère, sa jeunesse dans le Montréal des années 1960, son expérience de l'amitié et de l'amour, ses rencontres et ses réflexions ont fait d'elle une femme à l'identité partagée, un être de la lucidité et de l'interrogation, de la distance et de l'empathie. Voici, également, le roman du monde où nous vivons : situé au Québec, à Montréal, dans les années qui vont de ce que Marquise appelle le DRIPQ (Deuxième référendum sur l'indépendance politique du Québec) à aujourd'hui. Voici le tableau le plus précis, le plus coloré et le plus juste de l'extraordinaire métamorphose par laquelle une société jadis si tranquille et si homogène s'est transformée en cette vaste tour de Babel où les langues, les cultures, les moeurs, les valeurs se mêlent, se heurtent, se défont et se refont pour composer cette humanité nouvelle, pleine de surprises, de conflits et de synthèses inattendues. Voici, en somme, un roman d'amour qui est en même temps un roman familial, un roman d'aventures qui est en même temps un roman social, un roman de l'existence qui est en même temps un roman de l'époque. Bref, voici un roman d'une richesse, d'une diversité et d'une beauté telles qu'il ne s'en écrit que quelques-uns au cours d'une décennie.
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Le 6 juillet 2013, Monique LaRue assiste à une projection du film de Margarethe von Trotta, « Hannah Arendt », centré sur la controverse suscitée par le livre « Eichmann à Jérusalem », rapport sur la banalité du mal. Elle en sort métamorphosée. Elle qui résistait depuis des années à se pencher sur une controverse dans laquelle elle avait été impliquée - la fameuse « affaire LaRue », où l'un de ses textes avait fait l'objet d'une lecture aberrante - retrouve sa liberté de parole. « Je suis infiniment reconnaissante à Margarethe von Trotta et à son film d'avoir fait en sorte que soit un jour représentée sous mes yeux [...] la mésaventure intellectuelle d'une femme intelligente et imparfaite, qui se sert de son intuition, se fie à son jugement, développe sa réflexion et dit ce qu'elle pense dans sa langue naturelle et avec confiance, en se plaçant dans les conditions du dialogue cohérent et de la liberté de pensée. »
Cette « leçon de Jérusalem » n'est que le point de départ d'un propos beaucoup plus vaste. Monique LaRue se demande pourquoi elle a eu tant de difficultés à mener ce qu'elle appelle « une authentique vie de l'esprit ». Cela l'amène d'abord à s'interroger sur le rapport complexe qu'entretiennent les Québécois avec la langue. En outre, sa pensée prend continuellement en compte les conditions concrètes dans lesquelles une femme qui a choisi la maternité mène une carrière intellectuelle.
Mariant réflexion et fiction, faisant éclater à chaque phrase le plaisir de penser et d'écrire, voici un livre hors norme qui est une véritable fête de l'intelligence. -
Peinture saisissante du milieu collégial et de la vie littéraire contemporaine, tableau moral et intellectuel de ce qu'on pourrait appeler le désarroi moderne, ce livre est avant tout un grand roman. Fortement construit, fourmillant de personnages et d'intrigues, il est éclairé de part en part par cette fascination pour la vie concrète et par cette perplexité, cette réserve, ce refus de juger, c'est-à-dire par ce mélange indiscernable d'ironie et de compassion qui constitue le regard unique de la littérature.
« Monique LaRue nous offre un regard pénétrant sur le monde de l'éducation. Son roman, d'un style éblouissant, est une fête de l'esprit. » Réginald Martel, La Presse -
Même si ses romans occupent le centre de son oeuvre, Monique LaRue se consacre aussi, depuis de nombreuses années, à cet autre art de la prose qu'est l'essai, occasion pour elle de méditer sur son travail de romancière, de réfléchir sur le monde qui l'entoure, d'approfondir ses expériences de lectrice et ses découvertes de voyageuse, bref, de garder en éveil cette attention au monde et cette conscience critique qui, à ses yeux, sont indissociables de la pratique littéraire et en font tout le prix. Écrits « de fil en aiguille » au cours des dix ou douze dernières années, les essais rassemblés ici composent le portrait d'une romancière profondément attachée à son art, aux grandes valeurs qui le définissent (les mots, la langue, la liberté, le privilège de la distance et du doute, la compassion), aux oeuvres et aux auteurs qui l'illustrent de manière exemplaire, et aux défis inédits que lui pose le temps présent. Car ces textes sont aussi un tableau du monde où nous vivons et dans lequel chacun, à commencer par l'écrivain, doit trouver sa juste place et le moyen de demeurer humain, ne serait-ce qu'en refusant d'éluder les difficultés nouvelles qui se présentent à lui sous diverses formes, tantôt sociales ou politiques (la question de l'engagement de l'écrivain, la littérature dite migrante), tantôt culturelles (les transformations de l'enseignement, la marginalisation de la littérature), tantôt technologiques (l'informatique, le Web). Or, devant toutes ces situations, comme au milieu des pays étrangers qu'elle visite (Japon, Flandre, Égypte), Monique LaRue cherche constamment un regard et une pensée où se font équilibre l'accueil et la réserve, l'ouverture et la lucidité, la curiosité avide du navigateur et la sage prudence de l'arpenteur. Ainsi, entre la romancière, qui invente des mondes fictifs pour saisir ce qui du monde réel ne se laisse saisir que par la fiction, et l'essayiste, qui réfléchit au monde réel pour en éprouver les résistances et le mystère, la collaboration est parfaite. C'est que toutes deux jouent du même instrument : cette prose déliée, rigoureuse et souple à la fois, saturée de pensée et de sensibilité, qui est la voix propre de Monique LaRue.