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Les Éditions Québec Amérique
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Roman des années 80, Les Faux Fuyants de Monique LaRue n'en demeure pas moins actuel par les thématiques qu'il exploite : l'éclatement de la famille, le désespoir causé par l'absence presque totale de communication et la fuite vers l'avant. Voici donc un «road-livre» intense. Tout est dit avec le langage des tripes, de l'implacable vérité et des illusions perdues. À travers leur violence autodestructrice, les personnages de ce roman trahissent leur profonde insécurité. À lire ou à relire, pour le plaisir d'être secoué par une écriture qui va au fond des choses.
Klaus et Élodie, jumeaux complémentaires, partent à la dérive sur les routes du Québec, dans le vague même de leurs destins, à la poursuite d'un rêve - ou d'une autre face de la réalité. Animus et anima flottant dans leur innocence (ou dans le vide laissé par la fuite du père et l'alcoolisme de la mère) jusqu'à ce que la vie s'empare d'eux et les entraîne chacun de leur côté.
Dans ce roman hanté par la bisexualité et par la figure du double, les personnages, fuyant leur ombre pour mieux l'embrasser sans doute, agissent sans comprendre, tenus à distance d'eux-mêmes, à distance aussi de la mort et de la folie, qui les menacent à chaque page. Ils «ont perdu le nord», et pourtant c'est vers le Nord qu'ils se dirigent pour tenter de conjurer la malédiction du chiffre deux, chiffre du couple. Les mots qui les font apparaître sur la page chevauchent les «deux langues», grincent et sonnent rauque, en écho au vaste nowhere qu'est cette vie de «faux fuyant» que nous propose la société moderne.