En dépit de l'admiration qu'on porte depuis toujours au conquérant des Gaules, au vainqueur de la guerre civile, à l'amant de Cléopâtre et au bâtisseur d'empire, on a trop longtemps méconnu la singularité de César. On en a fait souvent, à la suite de ses détracteurs, un patricien soucieux de sauvegarder les positions de l'aristocratie, un soldat heureux mais surtout habile propagandiste, un autocrate aspirant à la tyrannie et peu regardant sur les moyens.
C'est mal mesurer la part prise par son génie propre dans sa destinée : il ne s'est ni servi ni prévalu de sa naissance, comptant plutôt sur sa force de séduction et son charisme de chef. Refondateur des institutions d'une République à bout de souffle, architecte d'une nouvelle société faisant leur place à des couches nouvelles, unificateur et organisateur des conquêtes de Rome, et même réformateur de la religion, cet homme quasi invaincu n'échoua qu'en un seul domaine : se constituer un parti assez solide pour asseoir durablement sa domination sur l'Etat, et pour imposer de lui-même l'image de père de la patrie. Les conjurés des ides de mars (44 av. J.-C.), unis par la seule détestation des nouveautés introduites par un homme qui les dépassait infiniment, l'assassinèrent sans profit réel. Car son oeuvre répondait à une telle nécessité
historique qu'elle devait lui survivre des siècles : en peu d'années, son fils (adoptif) put faire fructifier un héritage qui était au fondement de l'exceptionnel rayonnement qu'eut le « siècle d'Auguste ».
Professeur émérite de l'université de Bordeaux-III, historien et archéologue, président de la Fédération historique du Sud-Ouest, correspondant de l'Institut, Robert Etienne est l'un des meilleurs historiens de la Rome antique. A côté de livres et d'articles savants, il a publié une célèbre Vie quotidienne à Pompéi.
Pompéi attire chaque année des millions de touristes ; trop souvent pressés ou mal informés, ils risquent de méconnaître son vrai visage. Eblouis par la splendeur de ses peintures murales, ils oublient le destin misérable de cette petite ville de province ravagée par le tremblement de terre du 5 février 62 et qui, partiellement reconstruite, entra dans l'éternité sous un linceul de cendres le 24 août 79.
Robert Etienne, exploitant les résultats de fouilles déjà séculaires, mettant en oeuvre plus de onze mille inscriptions, cherche à donner une vision totale de l'histoire de la cité ; il retrace la vie quotidienne d'une population où se mêlent les races, où s'opposent les classes sociales et où chacun jouit des bienfaits de la civilisation romaine. Il prend la mesure d'un monde des affaires où l'échelle des fortunes reste modeste et ne cache pas les misères d'un monde du travail auquel tout espoir d'ascension sociale n'est cependant pas enlevé. Il suit les riches et les pauvres dans leurs maisons ou dans leurs soupentes, il les accompagne aux temples ou aux thermes et les retrouve sur les gradins des théâtres et de l'amphithéâtre. Pompéi apparaît alors comme une ville de piété autant que d'exubérance, une ville où l'on sait se moquer de son prochain, de l'empereur et même des dieux.
5e édition mise à jour.
ROBERT ETIENNE
Né en 1921, Robert Etienne, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, ancien membre de l'Ecole française de Rome, est agrégé d'histoire et docteur ès lettres. Archéologue, il a effectué de nombreuses fouilles au Maroc, en Libye et au Portugal. Il a fondé et dirigé (1974-1988) le centre Pierre Paris qui affirma la vocation hispanique de Bordeaux.
Philosophy of Leadership has been written to arouse curiosity, not to satisfy it. The authors point out ideas about leadership which draw upon both ancient and modern wisdom. This book develops a philosophy of leadership by tracing the evolution of Western ideas from philosophical perspectives, ancient and modern.
C'est il y a 10 ans exactement que le virage numérique de la direction photo s'est complété. En 2013, pour la première fois, la majorité des 200 films les plus populaires de l'année avaient été tournés en numérique. Une décennie plus tard, quel portrait pouvons-nous dresser des tendances de la direction photo contemporaine ? Ou plus précisément, quel est l'impact que les outils disponibles actuellement (de la HD au 16mm en passant par le 35mm, le Imax - pour les plus nantis - et même les anciens format vidéo) ont sur la vision du monde qu'offrent les films contemporains ? Le cinéma a-t-il changé sa façon de "cadrer le monde" ? À travers plusieurs entretiens avec des artistes de l'image et des réflexions sur les grandes tendances contemporaines, 24 images fait le point sur les enjeux de la direction photo contemporaine dans son 208e numéro.
Les images de ce dossier troublent, retiennent l'attention, intensifient le regard. Ce qui est donné à voir est clair et précis, mais il y subsiste quelque chose qui incite à regarder plus attentivement. Ce qui se donne ainsi à voir, dans les portfolios de Nicolas Baier, Thomas Demand et Adad Hannah, c'est le mode de fabrication de l'image et le façonnement du monde par la culture.
