Je suis née entre le débat constitutionnel et le référendum de 1995 sur l'indépendance du Québec. J'ai grandi avec l'idée que le Québec était une société distincte, libre et capable d'assumer son destin. S'il a toujours été évident, à mes yeux, que le peuple québécois avait une identité forte et un caractère propre, il me semble encore aujourd'hui laborieux de décrire avec précision cette spécificité sans revenir inlassablement aux mêmes lieux communs : la langue française, le statut politique de la province, le Code civil, le passé catholique, l'hiver, le hockey ... Pourtant, la culture québécoise ne recouvre-t-elle pas un nombre extrêmement riche et diversifié de lieux, paroles, images, qui nous fédèrent et nous distinguent comme peuple ? De quoi parle­t-on, au juste, lorsqu'on évoque la « culture québécoise » ? Lire la suite Fermer

«J'hésite entre deux attitudes: considérer la planète comme ma maison un foyer et un jardin, chers et familiers ou comme une dure terre d'exil sur laquelle nous ne serions que des hôtes de passage», écrit Annie Dillard dans Apprendre à parler à une pierre. Entre ces attitudes opposées dont la perception des lieux renvoie aux images bibliques de l'Eden et de la terre de Caïn (la maison ou l'exil, l'enracinement ou l'errance, le familier ou l'hostile), il se pourrait bien que les textes de Dillard, comme ceux de ce numéro d'automne des Écrits, n'invitent pas à choisir. Peut-être s'agit-il en effet plutôt de frayer une troisième voix, celle de l'hésitation, justement, qui rendrait attentif à des manières encore inédites, encore à inventer, de l'habiter? 

En essai, poésie, récit et théâtre, lisez les textes de Élise Turcotte, Sarah-Louise Pelletier-Morin, Geneviève Boudreau, France Mongeau, Éleusis, Gérald Gaudet, Diane Régimbald, Annie Conceicao-Rivet, Sébastien Hamel, Michael Delisle,  Julie Dugal, Gabriel Cholette, Kathleen Laurin-Mc Carthy, Anna Sanchez, Nadine Faraj et Marie-Eve Beaupré. Lire la suite Fermer

L'orgueil et la honte occupent une place de plus en plus grande dans nos sociétés déchirées entre des exigences de réussite et de droiture morale. De la honte de l'échec à la honte de la victime, des rituels de repentance aux pratiques artistiques prônant la vertu, les collaborateurs·rices de ce dossier explorent l'emprise de cette nouvelle dynamique psychologique sur nos vies.

L'Inconvénient lance son numéro 94 | «Peut-on encore voyager ?». Quelque chose semble avoir basculé dans notre rapport au voyage. Prendre l'avion pour un voyage d'affaires ou d'agrément nous donne mauvaise conscience. Certains choisissent ainsi de ne plus changer d'air ou de pratiquer le tourisme local. Serions-nous entrés dans une nouvelle ère où chacun ira plus volontiers vers soi que vers l'Autre ? Que signifie voyager lorsque l'ailleurs est à portée de clic sur nos ordinateurs ? Voit-on émerger de nouvelles façons de voyager ?