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Sylvie Steinberg
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Accessible et riche, inventive sur le plan de la recherche documentaire comme dans la réflexion, cette histoire des sexualités propose de retracer les grandes étapes et les évolutions des normes et des mentalités. C'est à partir du croisement des recherches récentes que se dessine cette nouvelle histoire, prenant en compte aussi bien l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, que la légitimité des partenaires et le contexte général. Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, la sexualité y est présentée comme un fait éminemment culturel, sensible aux évolutions économiques, religieuses et scientifiques, qui structure les cadres mentaux et nourrit l'imaginaire. Plus que jamais, la sexualité est devenue un domaine incontournable en histoire, en s'emparant du vocabulaire politique : égalité, domination, discrimination, liberté, libération, révolution.
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Une tache au front ; la bâtardise aux XVIe et XVIIe siècles
Sylvie Steinberg
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 3 Novembre 2016
- 9782226421999
De nos jours, le vieux mot « bâtard » reste une insulte cuisante, comme pour rappeler ce qu'il y a d'essentiel dans l'appartenance familiale et la filiation. Sujet anthropologique ou sociologique, la bâtardise est aussi objet d'histoire. Confrontant études de cas, réflexions juridiques et représentations littéraires, Sylvie Steinberg montre de façon saisissante qu'elle fut paradoxalement un pivot de l'ordre absolutiste. Mais comment une société fondée sur le mariage chrétien, monogame et indissoluble, fit-elle une place, au sein de l'institution familiale, à des individus dont l'identité témoignait de l'inconduite de leurs géniteurs ?
Les bâtards, qu'ils soient issus de la paysannerie ou de l'aristocratie, furent au centre de débats juridiques et moraux, portant sur les comportements des individus et des groupes, et se trouvèrent à partir de la fin du XVIe siècle au coeur du dispositif de mise en discipline de la société. La loi de 1600, qui exigeait une naissance légitime ou légitimée de tout membre de la noblesse, faisait entrer en conflit règles de filiations et conditions sociales. Elle donna à l'état un droit de regard sur des questions qui relevaient auparavant de l'ordre privé.
Par-delà droit et théologie, cette histoire de la filiation aborde enfin la dimension vécue des liens entre enfants et parents, qui ne se réduisaient pas aux problèmes de nom et de patrimoine. Entre les « sans-familles » et leurs parents, l'amour, l'attachement, les sentiments de possession ou d'exclusion composaient un tableau changeant des normes et des comportements. Sommes-nous étrangers à cette histoire ?