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Alain Andreucci
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L'expérience poétique se livre ici sous la multiplicité de moments sensibles que vient recouvrir l'unité du rythme, attentive aux mots et à leurs relations, cherchant à révéler avec force ce qui relève d'un accord profond au coeur de ce que son auteur tente d'évoquer : « ce si vivant présent ... dans ce bruit psaumé du réel, quelque chose qu'un présent ressasse à l'infini » : « tout ce qui se succède avec bonheur / Le jour et la nuit l'infime et l'infini le démembré et l'innombrable / Le dénombré lointain le proche », pour reprendre ses propres mots. Au centre de ces suites poétiques se découvrent les instants les plus délicats, les plus fragiles, mais aussi les plus vifs de la relation à l'autre, relation différée, s'abolissant, se perpétuant, en quelque sorte, puisque touchée par l'exercice de l'imagination mobilisant la mémoire. tout se joue ici dans la relation entre ces réalités diverses et vécues, alors que la recherche verbale s'attache aux états de conscience, et à l'indissociabilité entre le soi et le monde, l'impossibilité de les disjoindre.
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Ce nouveau livre de poésie d'Alain Andreucci, poète discret et profond, et d'une exceptionnelle puissance expressive, emporte le lecteur à la fois par l'originalité et par la présence sensible de ce dont il se saisie à travers la parole poétique. Le poète Yves Bonnefoy aura eu l'occasion de se pencher sur cette poésie lorsqu'il la découvre, et ses propos nous permettent d'apprécier l'importance que cette oeuvre recouvre. Voici ce qu'il en dit : « Et comment lire à travers ces pages ? Comme on écoute la musique, - une certaine musique. Puisque les mots d'Alain Andreucci ne sont pas retenus par leur définition lexicale, puisqu'une indétermination essentielle les fait se retirer de la référence qu'on peut y percevoir, quitte à la renflammer un instant plus loin ; puisqu'ils ne sont ainsi que des évocations partielles, ne donnant à voir que de façon fugitive, les phrases qu'ils constituent, ces poèmes, sont bien un peu comme celles de la musique, par la grâce desquelles il est possible d'entrevoir des objets ou du sentiment, mais en tant que présences plus que figures. On écoute ces poèmes, on écoute à travers eux, c'est en cette écoute que cette réalité se profile, soit par son apparaître comme nature, soit comme fait proprement humain, pulsions, obsessions, passions dont, telle la musique, elle dit l'unité avec le monde physique. » Et il ajoute : « À le lire j'en suis venu à penser que la pratique poétique de l'Occident, écriture et vie à la fois, pourrait s'ouvrir à d'autres recherches que celles qu'elle a remarquées en ce siècle au dehors de sa propre tradition. Nous l'avons vu depuis les années 50 s'intéresser à la poésie d'Extrême-Orient, beaucoup de poètes ont tenté d'intérioriser les intuitions du haïku à leur écriture, mais il serait bien qu'elle écoute d'autres paroles, d'autres musiques, pour une expérience non plus de l'illusoire et du vide mais du temps vécu, pleinement vécu, dont les désirs, les attachements, peuvent se faire des voies vers la vérité, eux aussi, dans le ruissellement sous le ciel. »