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Bart Vonck
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"Malfeu" est la traduction française de "Wanvuur", paru en néerlandais en 2008.
Dans cette suite de poèmes en prose, Bart Vonck cherche à pénétrer les mondes multiples, souvent aléatoires, de la vie quotidienne afin de les rejoindre jusque dans l'infime détail. Chaque poème déplace notre regard pour mieux faire voir ce qui généralement se dérobe à notre attention, comme pour nous faire prendre conscience de l'étrangeté du monde qui nous entoure. C'est ainsi que "l'oeil étranger", comme il l'écrit - c'est-à-dire le regard constamment à l'affût qui se tient néanmoins à bonne distance pour ne pas se laisser submerger par les plates évidences -, nous révèle la plus grande clarté des choses et de la vie, puisque "ce qui reste étranger peut seul être appris". C'est ainsi qu'il s'invite comme il convie le lecteur à "s'éloigner au plus vite des chemins préférés des voyageurs". C'est ce "monde réel" qu'il tente de saisir au plus près, dans sa "densité des plus concrètes".
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En perte, délicieusement est, après Malfeu, le second livre de poésie traduit en langue française de cet auteur néerlandophone dont on peut dire déjà que la traduction relève de la plus haute tenue, saisissante même, si ce n'est par la maîtrise des éléments qui circulent d'une langue à l'autre. Ce livre, par son effet de longue portée qui tient à l'ampleur de ce qu'il explore, est appelé à faire événement, au moins dans les milieux poétiques. Cette écriture n'a rien d'une promenade laissée au hasard. L'auteur déploie une langue poétique avec une rigueur et une lucidité qui ne l'engagent pas moins à chaque instant sur cette voie où l'évocation de l'expérience de vie en sa dimension sensible, en sa venue, en ses battements et ses impulsions autant que ses élans, s'accorde à la puissance des formes de son expression sous les coulées de la conscience de soi. Une perspective sensible où tout concourt à sa constitution, y compris à son moment réflexif où est mis en jeu toute la mémoire, avec ses manques et ses oublis, celle du corps, celle de toute expérience conquise, y compris poétique. Cette poésie n'a absolument pas renoncé à la beauté. Mais non une beauté de forme et de surface, de jeu de langue, mais celle, au-delà du plaisant, d'un savoir intuitif en tant que plaisir, mais un plaisir qui engage toutes les dimensions de l'être, mettant en jeu encore une fois tout le corps, avec tous ses désirs, toutes ses blessures, dont la poésie est issue, et tous ses appels. Ce vers ne laisse pas de doute à ce sujet : Et de s'y être également écorché, / l'invité, l'intrus, celui qui ne soufflait mot. Elle s'attache à faire voir, à faire entendre et à faire sentir la profondeur de l'expérience humaine, ses enjeux et ses vérités. Déjà les premiers vers nous placent dans ces contours et échappées : Ce qui toujours a commencé à notre place / sans ressortir à aucune époque... Ou encore : Il nous faut faire avec ce qui a péri / et demeure... Un livre à lire et à méditer.