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Bernard Marie Koltès
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La nuit juste avant les forêts
Bernard-Marie Koltès
- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Février 1988
- 9782707311634
« Le jeune homme que fait parler Koltès, jeune frère de Rimbaud et de Genet, tente de retenir, en usant de tous les mots dont il dispose, un inconnu qu'il a abordé dans la rue un soir où il était seul, seul à en mourir. Il parle, il parle aussi frénétiquement qu'il ferait l'amour, il crie son univers : ces banlieues où l'on traîne sans travailler et où pourtant l'usine guette, ces rues où l'on cherche un être ou une chambre pour une nuit, ou un fragment de nuit, où l'on se cogne à des loubards partant à la chasse aux ratons, aux pédés, un univers nocturne où il est l'étranger, l'orphelin, et qu'il fuit en se cognant partout dans sa difficulté d'être et sa fureur de vivre. » (Gilles Sandier, Le Matin) La Nuit juste avant les forêts est paru aux Éditions de Minuit en 1988.
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Un homme voudrait mourir.
Il prévoit de se jeter dans le fleuve, dans un endroit désert, et, parce qu'il craint de flotter, il dit : " je mettrai deux lourdes pierres dans les poches de ma veste ; ainsi, mon corps collera au fond comme un pneu dégonflé de camion, personne n'y verra rien. " il se fait conduire (dans sa jaguar, qu'il ne sait pas conduire lui-même), sur l'autre rive du fleuve, dans un quartier abandonné, près d'un hangar abandonné, dans une nuit plus noire qu'une nuit ordinaire, et il dit à celle qui l'a conduit : " voilà, c'est ici, vous pouvez rentrer chez vous.
" il traverse le hangar, avance sur la jetée, met deux pierres dans les poches de sa veste, se jette à l'eau en disant : " et voilà " ; et, avec de l'eau sale et des coquillages plein la bouche, il disparaît au fond du fleuve comme le pneu dégonflé d'un camion.
Quelqu'un, qu'il ne connaît pas, plonge derrière lui et le repêche. trempé, grelottant, il se fâche et dit : " qui vous a autorisé à me repêcher ? " puis, en regardant autour de lui, il se met à avoir peur : " qu'est-ce que vous me voulez ? " en voulant repartir, il s'aperçoit que sa voiture est toujours là, qu'on a mis le moteur hors d'usage, qu'on a crevé les pneus.
Il dit : " qu'est-ce que vous me voulez, exactement ? "