Né en 1913, Henry Bauchau a traversé le siècle. Il ne publie son premier recueil poétique qu'en 1958. Pourtant, il y a un poète qui s'ignore dans le chroniqueur d'avant-guerre, dans le combattant de 1940, dans le citoyen engagé dans l'action sociale sous l'Occupation ; il y a un être d'action dissimulé dans l'écrivain. Ce sont ces deux pans de la vie de Bauchau qui sont abordés dans ce travail, fruit des efforts conjugués de deux historiens et d'une spécialiste de la littérature contemporaine. Le travail des premiers, - bâti sur la base d'archives pour une bonne part inédites -, trouve son prolongement naturel dans l'analyse de la seconde : aucun des deux objets, historique et imaginaire, n'est indépendant, et leur corrélation permet d'éclairer un parcours certes singulier, mais inscrit dans une dynamique générationnelle.
Nous ne connaissons pas vraiment l'Angleterre.
Nous ne la connaissons pas parce que nous ne connaissons pas sa poésie. Dire cela peut paraître prétentieux pour la poésie. Nous admettons en revanche les prétentions qu'a le roman de nous informer sur la nature d'une société. Le roman nous semble traduire ce qu'une société pense de l'amour et de l'argent - les deux sujets majeurs du roman. La poésie, au mieux, nous renseigne sur l'état du langage. Cela intéresse les spécialistes que sont les linguistes, s'ils s'avisent de lire la poésie.
Alors que pour savoir si les facultés d'invention d'une nation sont vives, si la proximité à la langue y est superficielle ou profonde, si la rue entre dans l'académisme et en sort sans aucun conflit, il n'y arien de mieux que de lire attentivement le poème. Constater, par exemple, que le fossé de la Manche ou Channel, selon la rive où l'on se place, sépare plus profondément que jamais les traditions poétiques française et anglaise est une indication politique de premier ordre.
Alors que le roman anglais passe facilement le détroit, quasiment à la vitesse de l 'Eurostar, le poème de même nationalité met des siècles à parcourir la distance. La résistance anglaise à se rapprocher du Continent se dénote là bien plus sûrement que dans aucun simulacre de traité ou figure de ballet du corps diplomatique. Il n'en sera peut-être pas toujours ainsi mais nul ne peut le prédire avec certitude...
Il n'est pas d'art plus subordonné à la mémoire que le théâtre.
Et pas seulement parce que les acteurs sont censés connaître leur texte " par coeur ", ce qui fascine le profane et est en réalité le cadet de leurs soucis. Si le théâtre dépend d'une mémoire, c'est de celle de ses spectateurs. On ne rappellera jamais assez que tout un chacun, grâce aux techniques d'archivage modernes, peut se doter d'une culture littéraire, musicale, cinématographique, plastique au prix d'une immersion dans un musée imaginaire rendu possible par le développement des supports mécaniques.
Dans le théâtre, rien de pareil, parce que rien ne permet de conserver une représentation à l'identique, qui suppose la coïncidence de deux consciences en action, celle de l'acteur et celle du spectateur, et puis la décantation, dans le souvenir de ce dernier, de ce qu'il a vu, capté, éprouvé, éléments singuliers, au surplus, liés à sa propre subjectivité, à sa propre réserve d'expérience et de culture qui lui font enregistrer certaines choses et pas d'autres, différentes de celles que ses voisins ont, pour leur part, retenues.
On peut en conclure un peu vite que faire dès lors l'histoire du théâtre est chose impossible. Il se trouve que l'on ne se résout pas à cette amnésie, que l'amour du théâtre est le plus fort, que le désir de le prémunir de l'oubli l'emporte sur le constat de carence. Cette contradiction est la base de notre entreprise : retracer cent ans de théâtre en Belgique francophone, ces cent années qui constituent l'essentiel de cette activité dans nos contrées.
« Il faut faire bouger les lignes », disait François Mitterrand. Telle était bien l'ambition des Etats généraux de Bruxelles : dresser un état des lieux scientifique de la situation de notre Ville-Région, autour de seize thématiques-clés ; présenter ces résultats aux citoyens lors de grandes conférences-débats ; recueillir leurs réactions et propositions ; formuler des conclusions et les adresser au monde politique, afin d'influencer l'avenir de tous les Bruxellois de souche ou d'adoption.
Mais qui donc a instigué cette mobilisation citoyenne ? La Plateforme de la société civile, qui rassemble de manière totalement inédite, par-delà les barrières habituelles et notamment linguistiques, des associations bruxelloises (Aula Magna, bruXsel forum*, Manifesto), des syndicats (CSC et FGTB Bruxelles), le patronat (Brussels Enterprises, Commerce & Industry), le secteur culturel (Réseau des Arts à Bruxelles & Brussels Kunstenoverleg) et celui de l'environnement (Inter-Environnement Bruxelles et BRAL).
Rapidement, la Plateforme s'est dotée d'un Comité scientifique (ULB, VUB, Facultés universitaires Saint-Louis, et la revue électronique Brussels Studies) et a invité des centaines d'associations de tous secteurs à participer à sa démarche.
Mobilité - Sécurité - Population - Développement durable - Enseignement - Logement - Economie - Culture - Jeunesses - Zone métropolitaine - Qualité de vie - Pôle de connaissance - Internationalisation - Institutions - Inégalités sociales - Finances publiques : seize études de fond et non partisanes ont ainsi été conduites par une centaine de chercheurs.
Vous trouverez leur texte intégral ici, complété par les propositions des deux mille participants aux seize conférences-débats qui s'en sont ensuivi, et par les conclusions présentées à plus de sept cent personnes, dont une large représentation du monde politique, le 25 avril 2009.
La dynamique des Etats généraux représente une lame de fond : ils ont déjà porté certains fruits, et continueront d'en porter tout au long des années à venir. Puisse ce livre y contribuer !
The English versions of introductions to, and conclusions from the Citizens' Forum of Brussels, also appear in this book.