La transition écologique, qu'appellent de tous leurs voeux de nombreuses figures publiques, s'impose dans la discussion collective. Cet ensemble d'entretiens, rencontres, débats, analyses littéraires et odes à la vie permet de transformer notre rapport à la nature. Qu'ils soient agroécologistes, ethnologues, journalistes, philosophes, auteurs, écoculteurs, gestionnaires de forêt, ingénieurs..., ou un peu de tout ça à la fois, chacun raconte l'interdépendance entre les espèces et dit l'espoir de la connexion au vivant. Ce corpus lumineux, aux tons très différents - il en faut pour tous les goûts, répare les angoisses et le lien rompu avec la nature.
La modernité a transformé la nature en objet de domination et a défait les liens émotionnels et merveilleux qu'entretenaient avec elle les Occidentaux. Mais aujourd'hui, face aux crises liées à la destruction des écosystèmes, il semble urgent de renouer ces liens et de modifier notre rapport au vivant. Dans une discussion polyphonique mêlant des voix bien connues, la nature étire ses branches pour s'imposer non plus comme l'altérité mais comme un tout dont les hommes et les femmes font partie. Le message est multiple et puissant : nous devons apprendre à vivre en harmonie avec notre environnement, nous insérer dans le cycle du vivant, arrêter de nous surestimer, réapprendre à réparent entraider, semer le trouble, nous inspirer de la nature et repenser nos structures politiques. Interrogés ou racontés, ces penseurs-chercheurs du vivant avec leurs différentes sensibilités les angoisses et le lien rompu avec la nature.
Glenn Albrecht, Étienne Bimbenet, Lionel Daudet, Philippe Descola, Marc Dufumier, Vinciane Despret, Dian Fossey, Jean-Baptiste Fressoz, Yuval Noah Harari, Donna Haraway, Éric Karsenti, Alexandre Lacroix, Bruno Latour, Erri de Luca, Virginie Maris, Baptiste Morizot, Corine Pelluchon, James Scott, Pablo Servigne, Vandana Shiva, Anna Tsing, Frans de Waal.
Sélectionnés par la rédaction de Philosophie magazine, voici les meilleurs textes d'idées parus dans la presse internationale - The Guardian, The Intercept, The New York Times, Le Monde, La Vanguardia... Cette année, ce sont 23 textes de femmes philosophes, écrivaines et essayistes que nous avons choisi de sélectionner et de réunir. Uniquement des textes de femmes pour donner à entendre des voix plus rares et se demander comment ces voix infléchissent la pensée. Des textes percutants et accessibles qui éclairent à chaque fois une question précise de notre temps.
Ce best of des idées donne la parole à de grandes figures comme Naomi Klein sur la guerre en Ukraine ou Rebecca Solnit sur les armes à feu aux Etats-Unis et à la jeune génération comme Manon Garcia sur l'avortement ou Lauren Holt sur la nature et l'environnement, ainsi qu'à des intellectuelles du monde entier comme Ruth Chang ou Ashwini Vasanthakumar.
Le colonialisme suscite aujourd'hui bon nombre de discussions dans la société. Ces débats, souvent passionnés, sont marqués par leur méconnaissance des faits et du contexte. C'est pourquoi Le Congo colonial souhaite présenter les résultats de la recherche actuelle et les connaissances scientifiques d'aujourd'hui à un large public, et développer ainsi une nouvelle vision globale de la question. À l'aide de questions concrètes, des historiens belges, mais aussi étrangers, offrent un aperçu unique sur l'histoire du colonialisme belge. Par exemple : Comment l'administration autocratique de Léopold II a-t-elle fonctionné et que savons-nous des victimes ? Combien de profits ont été réalisés au Congo et à qui ont-ils été versés ? Comment les Congolais(es) ont-t-ils vécu la colonisation ? Comment ont-ils résisté ? Quel fut l'impact du colonialisme sur la nature ? ...
Comment la pensée humaine appréhende-t-elle la diversité des mondes et la discontinuité de l'expérience sensible ? Dans un univers où le lointain est devenu étrangement proche, où la nature se voit démystifiée ou menacée, les leçons lévi-straussiennes évoquent un pari qui n'a jamais cessé d'être moderne, celui de la condition humaine. Ce volume d'hommage à Claude Lévi-Strauss, explore les voies multiples frayées par le fondateur de l'anthropologie dans le domaine de la mythologie, des échanges au fondement des sociétés humaines, de la cuisine ou de la poétique. Anthropologues et historiens y dévoilent comment, dans l'arc-en-ciel des cultures humaines, de l'Amazonie à l'Amérique du Nord en passant par le Mexique, l'Europe ou la Grèce ancienne, il est possible de penser le monde «autre-ment» en ordonnant de façon singulière les données de l'expérience sensible. La mythologie comparée, monument de l'oeuvre colossale de Claude Lévi-Strauss, cède la place à une pratique moderne de la comparaison en anthropologie, faisant surgir les variations entre les manières d'être-au-monde, de sentir, de croire, par-delà les frontières culturelles ou biologiques. Ce volume témoigne de la vitalité de la pensée de Claude Lévi-Strauss et de l'influence que celle-ci continue d'exercer sur les sciences humaines au XXIe siècle.
L'âge d'or : sans doute le mythe antique qui a le plus inspiré philosophes, poètes et artistes. Relaté par Hésiode et Ovide, iI raconte ce moment suspendu, à l'aube de l'humanité, quand les humains vivaient en paix avec eux-mêmes, en parfaite harmonie avec les dieux et la nature. Une nature encore bienfaisante et abondante. Ce rêve de bonheur s'incarne différemment selon les époques et les sociétés. Après sa pleine vitalité durant l'Antiquité, le mythe traverse le Moyen Âge. Puis, à partir de la fin du XVe siècle jusqu'au XVIIe siècle, il connaît un véritable retour en grâce : invoqué par les princes, représenté par les artistes, il est cité à profusion dans les textes tant poétiques qu'apologétiques. Mais à partir du XVIIIe siècle, le mythe de l'âge d'or va connaître une sorte de déclin. De cet « appauvrissement », qui pouvait laisser craindre un abandon de toute référence à ce récit antique et mythologique, va ressurgir au XIXe siècle une véritable réappropriation. Ce mythe des origines de l'humanité va présenter cependant un nouveau visage, ouvrant une nouvelle tradition de figuration. Le mythe se transforme : de projet théogonique et poétique - avec Hésiode et Ovide, célébrés par Ingres ou Maurice Denis - il devient projet politique, social, voire utopique. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il va cristalliser les espoirs d'un monde meilleur en réponse directe aux difficultés, crises et bouleversements que connaît l'Europe à cette époque.
Puisque notre impasse politique et économique est aussi une panne intellectuelle, Socialter entend proposer des idées d'avant-garde, des réflexions stratégiques et des prises de position fortes avec Bascules. Pensé comme un OVNI éditorial à l'intersection de l'essai et de la revue, Bascules rassemble huit textes inédits de philosophes, chercheurs et écrivains, tous artisans de la pensée de demain. Après le succès d'une première édition qui rassemblait notamment des textes de Bruno Latour, Annie Le Brun et Anselm Jappe, Bascules #2 se fait à nouveau le porte-voix de ces figures qui détonnent dans le paysage intellectuel et médiatique, et qui vont nourrir les luttes et les alternatives à venir.
Bien que le baratin fasse partie de la vie quotidienne et que les philosophes s'y soient intéressés, sa réception (critique ou naïve) n'a pas - à notre connaissance - fait l'objet d'un examen empirique. Nous nous attachons, pour notre part, au baratin pseudo-profond, à ce baratin constitué de déclarations de prime abord imposantes qui, données pour vraies et présumées sensées, ne détiennent en réalité aucun sens. Ainsi avons-nous présenté à des participants des énoncés fumeux, établis librement à partir de mots en vogue et agencés dans des déclarations qui, pour respecter la syntaxe, ne permettent pas de discerner un quelconque sens (ainsi de « la complétude apaise les phénomènes infinis »). Dans nombre de cas, la propension à juger le baratin de profond s'accompagnait de plusieurs variables conceptuellement pertinentes (comme le style cognitif intuitif ou la croyance surnaturelle). D'autres associations, moins évidentes, accompagnaient l'appréciation d'énoncés à la profondeur plus conventionnelle (« quelqu'un de mouillé ne craint pas la pluie ») voire banale (« les nouveaux nés requièrent une constante attention »). Ces résultats viennent appuyer l'idée que des personnes sont plus réceptives que d'autres à ce type de baratin, et que sa détection n'est pas tant affaire de scepticisme systématique que de discernement des approximations fallacieuses que renferment ces assertions autrement imposantes. Nos résultats suggèrent également que la tendance à accepter des déclarations comme vraies peut jouer un rôle déterminant dans la réception du baratin pseudo-profond.
Il est impossible de déterminer le nombre d'armes à feu qui circulent dans le monde mais une chose est certaine : il n'y en a jamais eu autant ! Selon des estimations récentes, il y en aurait aujourd'hui plus d'un milliard. Et si l'on considère les quantités qui sortent des arsenaux chaque année, ce flux n'est pas près de diminuer. Lorsqu'on parle du commerce des armes, on imagine souvent des deals entre des types louches au fond de parkings sombres, avec des valises qui transitent d'un coffre à l'autre et des billets qui changent de mains.Bien entendu, cela existe mais cela reste plutôt marginal, la majorité du commerce des armes étant bel et bien légale. On distingue trois types de commerce : le légal (qu'on imagine blanc comme neige), l'illégal (le marché noir) et entre les deux, on pourrait dire qu'il y a cinquante nuances de gris. Ce secteur opaque, qui brasse des sommes colossales et où règne le culte du secret (défense), pose beaucoup de questions. Car oui, les armes produites ici tuent parfois des gens de l'autre côté du globe en dépit des règles de droit. Et oui, dans certains cas, les exportations vers des « pays sensibles » se font en connaissance de cause. Entre préservation d'intérêts économiques et respect des droits humains ; entre les engagements pris au niveau international et la réalité dans la pratique, il y a des marges et des contradictions. Face à cette complexité, le GRIP a jugé important que les citoyens en découvrent quelques rouages, pour leur permettre de mieux comprendre et peut-être d'influer sur les décisions, parfois discutables, que prennent les autorités en la matière. Nous vous invitons à plonger dans ce monde assez mal connu du commerce des armes. Suivez le guide !
Papier Machine n°12 portera sur le mot GRUE et flambe avec ses 112 pages coupées découpées colorées.
Au sommaire de ce numéro : Des mikados conspirateurs, les ravages du Kung Fu sur un Bruxellois, de la peinture shiny bright, une sombre histoire de rue et de miroir, une bibliothèque aux fondations rhizomatiques, un tableau Excel qui parle et qui chante, les pensées d'un kiné, des jambes dans le vide, de la colère au bord des lèvres, la peur des comètes, des containers et des oiseaux, une balade en musanthropie, une plante qu'on appelle Robert, du sucre imbibé de tristesse, du cul - mais romancé, les p'tits trucs bien-être d'une ingénieure des ponts et chaussées, la lutte de PLU et bien d'autres choses encore.
Avec les contributions de Christine Aventin, Jayashree Stella, Axel Houillier, Mamoste Dîn, Keridwen François-Merlet, Clara Nizzoli, Norma Berardi, Arthur Lacomme, Juliette Volcler, Aldwin Raoul, Mabeye Deme, Olivia Molnár, Vitalia Samuilova, Mélina Ghorafi, Valentine Bonomo, Marc Rillet, Kaoutar Chaqchaq, Aliette Griz, Antonin Crenn, Anne Penders, Marie-Ange Tincelin, Chloé Plassart, Gyula Molnár, Lucie Combes, Leslie Doumerx, Lola Massinon, Aurélien Caillaux, Aggelos Detsis, Adrien Lafille, La bibliothèque la Grue, Étienne Joanny.
Quatorze récits de vie au Congo belge, entre 1945 et 1960, la dernière période de la colonie. Des témoignages de Congolais et de Belges du Congo : la qualité des témoins est saisissante, et leurs récits intéressants et attachants ! [...] Des témoignages justes, parfois durs, et toujours nuancés. Avec une grande première, me semble-t-il : la grande convergence de vue des Congolais et des Belges du Congo, qui dressent de part et d'autre un bilan lucide et sans concession sur cette période. Tout est dit, et souvent dans les mêmes mots : le racisme de certains, le paternalisme humiliant de beaucoup, la séparation érigée en système, et surtout, la distance mise par la plupart des Blancs entre eux et les Noirs. [...] Tout est dit, comme si nous pouvions commencer à esquisser une histoire partagée, échapper à la gêne et assumer le passé, commencer à sortir des dénis mutuels, des autojustifications et des accusations. [...] Voilà un livre salutaire, loin des stéréotypes. François Ryckmans Recueil d'histoires vivantes, reflet d'une pluralité de mémoires, cet ouvrage porté par l'asbl Âges & Transmissions rassemble quatorze récits de témoins directs aux profils les plus divers, qu'ils soient d'origine congolaise ou anciens coloniaux.
Dossier : la Belgique autrichienne.
« Le barbare est celui qui ne s'oppose pas à la barbarie », disait Claude Lévi-Strauss. Au Rwanda, en ce sinistre printemps 1994, l'équation est certainement plus complexe pour celui qui se trouve au coeur de la tempête. Car résister, ce n'est pas seulement écouter sa conscience, faire preuve de courage, c'est aussi aller à contre-courant de certaines traditions, comme l'obéissance aux autorités. Quoi qu'il en soit, les paysans des collines sont nombreux à rejoindre le camp des tueurs... Un an après les faits, c'est ce pays traumatisé aux tombes encore fraîches que découvre Damien Vandermeersch. Juge d'instruction, il s'est vu confier les « affaires Rwanda » en Belgique et vient enquêter sur place. Il écoute des victimes, interroge les bourreaux.La noirceur de l'âme humaine, il veut la comprendre,l'éclaircir...
Aujourd'hui nous savons que lire est un acte global et ne se confond pas avec le déchi?rement des lettres. Et c'est ainsi que, tous sens en éveil, le bébé absorbe la vie, la langue, la culture qui l'entoure. Les albums lui donnent matière à découvrir, « lire et créer du sens, lire avant que de parler ».
Cette publication interroge la manière dont les livres que l'on lit aux enfants enrichissent leur accès au monde, l'intime et le social, comment ils concourent à élaborer chez le jeune lecteur le rapport à l'autre, participent à construire leur pensée, à ouvrir des perspectives. Scientifiques, psychanalystes, spécialistes de la petite enfance et de la littérature pour la jeunesse, auteurs, éditeurs, libraires et médiateurs livrent leur enthousiasme, leurs savoirs, leurs points de vue.
Depuis plus de trente ans, des lecteurs itinérants vont à la rencontre de tout-petits enfants de moins de moins de trois ans et de leurs familles avec des albums de littérature jeunesse choisis pour leurs qualités littéraires et artistiques pour lire, jouer, parler, rire, mâchouiller, réfléchir, rêver, habiter le monde, se le représenter... Depuis plus de trente ans un mouvement est en marche !
Nous savons désormais qu'un tout-petit s'intéresse aux livres et aux histoires dès sa venue au monde. Nous savons aussi que les adultes présents - parents, personnels de la petite enfance, professionnels du livre, des arts ou de la culture - s'émerveillent de cet intérêt et qu'ils s'interrogent sur les bébés, sur les albums, sur la lecture, sur le langage, sur la langue et les langues... Nous savons que dès sa venue au monde, un bébé, tous les sens en éveil, « lit » le monde qui l'entoure. Mais comment des albums de jeunesse peuvent-ils contribuer à nourrir et développer ces capacités de lectures des tout-petits ? Comment, pourquoi et dans quelles conditions enrichissent-ils les représentations de soi, des autres, du monde ?
Depuis trois ans, les bénévoles du Collectif Citoyens Solidaires de Namur accompagnent les demandeurs d'asile qui sont accueillis à Belgrade (Namur). Cet ouvrage réunit une vingtaine de récits. Des confidences déposées pour nous aider à mieux comprendre ce que vivent les réfugiés. Au fil des témoignages, le livre aide à comprendre pourquoi certains décident un jour de tout quitter, comment ils arrivent jusqu'ici, à quoi ressemble la vie en centre, ce qu'est la procédure de demande d'asile, ce qui se passe « après »...
Ce livre, c'est... des faits, des ressentis, des témoignages d'enfants, de jeunes et de moins jeunes, d'hommes et femmes d'origines diverses, de la souffrance, des doutes, mais aussi beaucoup de courage, de détermination, d'espoir...
Ce livre, c'est aussi... le travail magnifique de plus de 40 bénévoles (illustrateurs, rédactrices, photographes) qui ont mis leur talent au service de ces demandeurs d'asile, réfugiés, migrants...
Aux États-Unis, lors de la guerre froide (soit entre la fin de la Seconde guerre mondiale et le début des années 1980), le concept de « rationalité » attira l'attention des politiciens et des militaires qui demandèrent à divers chercheurs en sciences humaines (psychologie, sociologie, sciences politiques, économie, algorithmie, etc.) de reconfigurer la rationalité pour mieux en déployer les ressorts dans un univers politique et scientifique coupé en deux. Quand la raison faillit perdre l'esprit redonne vie à ces scientifiques de haut niveau - Herbert Simon, Oskar Morgenstern, Herman Kahn, Anatol Rapoport, Thomas Schelling et bien d'autres -, qui ont remodelé les manières de penser les rapports politiques et sociaux à l'aide d'outils intellectuels venus des mathématiques ou de la physique. Désormais, les transactions économiques, l'évolution biologique, les élections politiques, les stratégies militaires voire même les relations internationales sont envisagés comme des phénomènes où les prises de décisions relèvent de l'optimisation mathématique ou de la programmation algorithmique. Véritable livre collectif écrit par six chercheurs aux compétences diverses, Quand la raison faillit perdre l'esprit retrace l'histoire récente de la « mécanisation » / « mathématisation » de la rationalité humaine qui mena petit à petit au monde algorithmique que nous connaissons aujourd'hui.
Les différents théoriciens, conseillers politiques et autres personnalités que l'on croise au fil des pages de ce livre s'engagèrent dans une campagne intellectuelle pour définir la rationalité et la manière de la déployer dans un monde confronté à une menace sans précédent. Cet ouvrage s'intéresse autant aux débats qui occupèrent ces figures que les doctrines qu'elles pronèrent : où tracer la frontière qui sépare la rationalité de l'irrationalité ? Entre la rationalité et la raison ? Qui était le représentant idéal de la rationalité : l'individu ou le groupe ? S'agissait-il d'agents non humains, tels que les animaux ou les ordinateurs ? L'empathie et l'émotion étaient-elles les amies ou les ennemies à la rationalité ?
Pouvait-on fabriquer des situations pour influencer le degré de rationalité d'un être humain ? Quelles méthodologies employées en sciences humaines permettaient d'accéder à la rationalité ? Et surtout, comment garantir une prise de décision rationnelle face à des enjeux considérables, dans un climat de tension entravant toute réflexion sereine, à la limite d'une guerre nucléaire ? Basées sur la prudence, l'expérience, la délibération et la consultation, la raison pratique et l'habileté politique traditionnelles paraissaient inadaptées à un tel défi, et aussi anachroniques que des armes conventionnelles face à un arsenal nucléaire. Malgré le niveau d'abstraction et de technicité des débats sur les matrices des gains ou le traitement de données, les dilemmes de l'ère nucléaire demeuraient omniprésents, comme en attestent les exemples présentés dans cet ouvrage. Les discussions sur la rationalité de Guerre froide se différenciaient de débats similaires, passés ou à venir, par le sentiment d'urgence qui les animait : pour les participants, l'enjeu de ces questions n'était rien de moins que le sort de l'humanité.
Si la rationalité de la Guerre froide a peut-être perdu sa cohérence, et pour certains sa crédibilité, ses composantes continuent de prospérer au sein d'une multitudes de disciplines. Mais quelque vingt-cinq ans plus tard, comme l'illustrent sa réduction obsessionnelle du champ d'investigation, ses hypothèses hautement improbables, sa vénération de la méthode aux dépens du contenu, et surtout ses ambitions démesurées, l'étrangeté de la rationalité de la Guerre froide est aujourd'hui manifeste. Une intelligence éclatante, aussi concentrée qu'intense, s'alliait à une extrême gravité vis-à-vis de la tâche à accomplir. Ces deux traits se étaient magnifiés par l'exaltation du travail d'équipe et l'urgence du défi à relever. L'objectif n'était rien de moins que de sauver le monde. Face à ces pressions exacerbées, les débats sur la rationalité de la Guerre froide prirent la forme de programmes, de visions du monde, voire même de croisades. Avec le recul, cette mégalomanie frise parfois le ridicule, et s'avère complètement disproportionnée par rapport à des attentes raisonnables. Et pourtant, ces échanges intenses cherchant à définir comment et pourquoi être rationnel in extremis demeurent l'un des épisodes les plus haletants de l'histoire des idées au 20e siècle.
Les ouvrages consacrés au génocide des Juifs en Belgique sont généralement des publications scientifiques. Désormais, l'ouvrage Shoah et droits humains - la caserne Dossin met ce sujet à la portée de tous. Ce livre richement illustré reprend la grande histoire telle qu'elle est présentée au musée Kazerne Dossin à Malines. Près de 700 photographies et documents et le résultat d'années de recherche sont regroupés dans cet impressionnant ouvrage de référence. Le cas belge de la Shoah y est examiné en détail. La persécution raciale des Juifs et des Roms, le rôle de tous les protagonistes ainsi que les processus sous-jacents de radicalisation et de polarisation sociale cumulées sont au centre de notre approche. Ce livre traite de la montée de la dictature nazie en Allemagne, de l'antisémitisme, de la vie des Juifs et des Roms en Belgique avant la guerre, de l'invasion allemande, de la répression, de la spoliation et de la déportation génocidaire. Des récits de vie poignants de victimes, d'auteurs et de spectateurs sont au coeur de ce projet. Ils rendent l'horrible réalité du génocide douloureusement tangible. En outre, un dialogue s'établit entre le parcours historique de l'exposition et la problématique des droits humains et de leurs violations. Centrée sur l'histoire du judéocide, cette publication explore les mécanismes séculaires de la pression du groupe et de la violence collective qui, dans certaines circonstances, peuvent conduire à des meurtres de masse ou à des génocides. Ainsi, ce livre vise à mieux comprendre le monde d'hier et d'aujourd'hui et à donner un sens concret aux droits humains, à la citoyenneté et à la démocratie. De la réflexion à l'action.
Inspiré par l'Histoire mondiale de la France, parue au Seuil sous la direction de Patrick Boucheron, cet ouvrage fait découvrir une Flandre à l'identité plurielle et aux multiples facettes. Loin de se contenter d'être un livre d'histoire militaire, politique ou institutionnelle, le lecteur y trouve des petites histoires qui racontent en quelques pages accessibles la naissance de l'industrie de la bière dans le Brabant, une maladie des pommes de terre assassine ou encore la visite de l'Empire mongol par un certain Guillaume de Rubrouck.
Le réseau « Chromatiques whiteheadiennes » a pour objectif premier de fédérer les recherches sur les différents aspects, nuances et implications de la pensée du philosophe et algébriste britannique Alfred North Whitehead (1861-1947). C'est dans ce cadre qu'ont été créés en 2002 à l'Université Paris-1 Panthéon- Sorbonne des séminaires de recherche sur la philosophie organique whiteheadienne. Ils se réunissent à présent à la Fondation Biermans-Lapôtre. Les Annales de la philosophie en procès publient les principaux résultats de ces travaux et offrent complémentairement des études critiques et des comptes rendus récents dans les domaines whiteheadiens et connexes.
Ce manuel d'introduction à la linguistique romane est destiné aux étudiants de premier cycle en langues et littératures romanes et a été conçu pour un module didactique d'une trentaine d'heures d'enseignement, à savoir plus ou moins quatre crédits. L'auteur s'est efforcé d'expliquer la matière de la manière la plus simple possible à l'intention d'étudiants n'ayant aucune connaissance préalable du sujet et n'ayant pas nécessairement étudié le latin auparavant. Le choix et l'ordre des thèmes traités ont été dictés par la volonté de fournir aux étudiants un aperçu à la fois synthétique et systématique des problèmes posés par l'étude des langues romanes - européennes et extra-européennes, dans leurs variétés aussi bien médiévales que modernes - en rapport avec les différentes méthodologies développées par la linguistique générale moderne.
Comment s'ouvrir à la complexité du langage ? Comment interroger réciproquement ses mots et ses maux, dans une perspective clinique ? Comment tenter de distinguer les multiples déterminations sous-jacentes à ce phénomène qui engage tout ce qui nous fait humains ?
L'objectif de ce document audiovisuel et du livret qui l'accompagne est d'initier à une démarche d'observation et de questionnement cliniques sur le langage en sciences de l'homme.
Le dispositif didactique proposé implique de la part des étudiants un travail progressif de repérage et de questionnements, à partir de séquences choisies de personnes atteintes diversement dans leurs capacités de parole et de langage. Composé en 8 modules, le film est progressif, conviant, pas à pas, son spectateur-auditeur-acteur à participer à l'élaboration de l'intrigue, à sa remise en cause, à ses développements. L'étudiant est mis et accompagné sur la piste de ce que peut être une construction clinique en sciences de l'homme.
Livret et document s'adressent aux formateurs oeuvrant dans des domaines de la clinique ou s'intéressant d'une manière ou d'une autre au langage. Sont ainsi concernés aussi bien les psychologues, psychiatres, neurologues, médecins généralistes, que les linguistes ou les orthophonistes.
L'ensemble du travail ici présenté provient de la collaboration entre un linguiste (Jean Giot), un psychologue clinicien (Jean-Luc Brackelaire), professeurs à l'Université de Namur (Belgique), une linguiste clinicienne (Attie Duval), professeur en sciences du langage à l'Université de Haute-Bretagne (Rennes 2 - France), et une orthophoniste (Christine Le Gac) du Centre Hospitalier Universitaire de Rennes, membres du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur le Langage (Lirl, Rennes 2). Au travail de réalisation du présent livret d'accompagnement s'est jointe Laurence Meurant, assistante en linguistique à l'Université de Namur.
Le film a été réalisé par Baudouin Lotin et l'équipe du SAVé de l'Université de Namur.
Les migrations font aujourd'hui partie du quotidien de toutes les grandes métropoles. Par les mouvements qu'elles impriment, elles rapprochent des territoires éloignés et finissent par former des espaces sociaux transnationaux connectant pays d'origine et de destination. Les villes post-migratoires sont à bien des égards des lieux de connexion et d'expérimentation. Elles sont le lieu où se tissent des liens complexes entre acteurs et territoires en apparence éloignés. Les pratiques sociales liées à la mobilité humaine s'inscrivent dans la ville, la modifient et façonnent les contours d'une globalisation par le bas.
Cet ouvrage rassemble une série de contributions scientifiques originales qui visent à mieux comprendre comment les migrations internationales transforment tant les sociétés d'origine au Sud que les sociétés d'arrivée au Nord. Les différentes recherches présentées ici invitent à se prémunir contre une idée reçue : celle selon laquelle le contact interculturel que produisent la rencontre et la coexistence de populations migrantes et non-migrantes se jouerait uniformément sur le mode de la conflictualité et du rejet. À bien des égards, il se joue aussi sur le mode de la création et du partage, du rapprochement et de l'éloignement. C'est précisément l'une des originalités de cette publication que de considérer les migrants comme des acteurs inventifs et créatifs. En ouvrant une perspective large sur les migrations, le transnationalisme et les identités, l'ouvrage apporte un regard original et ouvre la voie à une meilleure compréhension de ce phénomène contemporain qu'est la construction d'une urbanité transnationale, mobile et diverse.