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Chantal Deltenre
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Camp est : journal d'une ethnologue dans une prison de Kanaky-Nouvelle-Calédonie
Chantal Deltenre
- Anacharsis
- Les Ethnographiques
- 22 Septembre 2022
- 9791027904440
En 2016, Chantal Deltenre se voit confier une mission d'observation ethnographique par l'administration pénitentiaire française au « Camp Est », la prison de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Elle y est demeurée un mois. Étrangère à l'univers carcéral tout autant qu'au monde calédonien, elle en rapporte un récit qui plonge le lecteur de plain-pied dans un centre de détention directement hérité de la colonisation - et peuplé à 90 % de détenus kanak.
Son témoignage interroge alors avec acuité les impasses d'une justice pénale trop facilement conçue au prisme des « différences culturelles ».
Car c'est surtout la prison dans son ensemble, ici ou ailleurs, que questionne cet ouvrage. -
"Il arrive qu'un enfant s'émerveille d'une chose que personne d'autre que lui ne peut voir. Avec ses mots d'enfant, il tente de la décrire, mais personne ne l'écoute : les grands, c'est bien connu, ne croient que ce qu'ils voient. On l'accuse même de mentir. Alors l'enfant se tait et finit par douter de son regard. Ce doute peut persister longtemps, parfois une vie entière, sauf si l'enfant devenu grand découvre qu'il a vu vrai. Il se passe alors quelque chose d'étrange : son regard redevient aussitôt celui de l'enfant qu'il était."
Le regard, c'est le vrai héros de ce récit. Il apparaît d'emblée comme un personnage que l'on pourrait appeler Regard avec un R majuscule et qui aurait une vie parallèle à celle de la narratrice. Une vie avec sa propre histoire, mais comment la retrouver??
Et qui est-il, ce partenaire immatériel, muet et pourtant omniprésent?? Comment est-il né?? Quelle a été son enfance?? Les premières images qu'il a aimées comptent-elles encore, maintenant qu'il a grandi??
Chantal Deltenre recompose, à partir de souvenirs, de sensations et d'images, l'origine de ce compagnon de route. Elle nous emmène au coeur de cette enquête personnelle : une recherche qui invite tout un chacun à s'interroger sur son propre regard et sa construction ; avec, comme mantra, qu'il faut toujours croire aux regards d'enfants.
"C'est un livre qui tente de retracer la vie d'un regard. Je l'ai écrit en pensant à cette phrase de Georges Pérec: Il faut savoir questionner ses petites cuillères, ce qui invite à se pencher sur les petites choses qui font notre quotidien. Nous vivons dans un monde saturé d'images que nos regards ne cessent de capter, créer, enregistrer, collectionner, archiver. Chaque regard chemine à sa manière et nous prenons rarement le temps de nous interroger sur les raisons qui le font s'arrêter sur une image et pas une autre, mémoriser l'une et oublier l'autre... J'ai voulu chercher la réponse dans l'enfance d'un regard, à ses premiers pas dans le monde des images. C'est une exploration à la fois imaginaire et très concrète parce qu'elle s'appuie sur une enquête ethnographique parmi des images personnelles : photographies, cartes postales, chromos, films, planches illustrées d'un dictionnaire, etc ; l'enquête laisse entrevoir une continuité entre les images d'enfance et la façon dont un regard chemine plus tard dans le monde des images. C'est un récit personnel, mais toute personne peut se l'approprier. Il suffit de se poser ces questions : Comment est né mon regard ? Comment a-t-il appris à voir ? On oublie trop souvent cette présence immatérielle à nos côtés, comme si elle se confondait avec nous. Est-ce si sûr ? Je pense que se poser ces questions, c'est se donner ou se redonner une capacité d'émerveillement."
Chantal Deltenre, automne 2023 -
« C'est à l'âge de vingt ans que j'ai commencé à écrire en marchant, puis en mouvement, dans les transports en commun, le bus, le métro, le train. Je ne parviens pas à écrire en avion. L'avion me transporte au sens où il ravive chez moi un enchantement enfantin qui me ramène à un âge avant l'écriture. Je reste le nez collé au hublot ou les yeux rivés à la carte du suivi de vol en temps réel où l'appareil minuscule progresse à l'allure d'un escargot. Parfois je note l'apparition d'une île au milieu d'un océan, le dessin de ses contours. Je n'écris jamais rien de plus que ce qui se donne à voir, quelques pensées parfois. » En racontant la première fois où elle est partie écrire en marchant, Chantal Deltenre, ethonologue et écrivain, partage une naissance à l'écriture et comment elle a changé son rapport au monde. Avec des photos de l'auteur.
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Voyage ; miscellanées
Chantal Deltenre-de bruycker, Daniel De bruycker
- Nevicata
- 6 Octobre 2014
- 9782875230669
Voici 150 façons de goûter l'expérience du voyage, savourer ses émotions multiples et se laisser émerveiller par l'effervescence d'un départ, le charme d'une rencontre, l'étonnement d'une découverte, le bonheur d'un retour...
Des petits textes à lire au hasard de vos envies, à poser puis à reprendre, pour entrer en voyage par la littérature ou la poésie, l'histoire ou la mythologie, le cinéma ou la peinture, l'ethnologie ou l'aventure, les croyances et les rêves...
Cet ouvrage est comme un cabinet de curiosités, qui séduira tant l'intrépide explorateur du bout du monde que le contemplatif plongé dans ses livres.
Un vade mecum pour une suite de périples réels ou imaginaires. Et pour comprendre ce qui pousse depuis toujours voyageuses et voyageurs à prendre la route.
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Japon ; miscellanées
Chantal Deltenre-de bruycker, Maximilien Dauber
- Pocket Documents Et Essais
- 27 Février 2014
- 9782266244909
Geisha et cosplay, haïku et manga, art du thé et voie du sabre, bentô et MacDo, sumo et base-ball, kimono et bondage... Au Pays du Soleil levant, l'harmonie naît des contraires et les paradoxes conduisent à la voie du zen.
Le Japon se visite au gré du vent dans les cerisiers en fleur. Il se découvre dans des instantanés, des estampes délicates. Il ne s'explique pas, il se donne dans une multitude de détails. Il ne se comprend pas, il se ressent au fil de pérégrinations sans but, l'esprit ouvert à mille particularités.
" Un magnifique vade-mecum en vue de tout voyage réel ou imaginaire. " La Libre Belgique " -
L'Inde ? Mais quelle Inde ? L'Inde n'est pas un pays, c'est un continent, à peine moins vaste que l'Europe et tramé d'au moins autant de diversités que du Cap Nord à Palerme ou de Lisbonne à Moscou :
Paysages, langues, modes de vie, histoires, saveurs, couleurs.
Reste cette ferveur spirituelle qui émaille la vie quotidienne dans les villes comme dans les villages. Reste cette touffeur moite du début de mousson ou la fournaise de la saison sèche. Reste surtout cette énigme qu'incarne chaque Indien : de quelle caste, de quelle croyance, de quel monde ? Reste enfin tout ce qui tisse les liens entre l'Inde et l'Occident, les gourous, les héros politiques, les stars de Bollywood et de l'économie planétaire.
Les Miscellanées de l'Inde tentent quelques pistes non pas érudites mais sensibles pour rêver l'Inde, la comprendre ou l'arpenter.
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Qu'est-ce qui sépare une journaliste radio à Paris, spécialiste des conflits en Afrique, et un jeune ethnologue roumain ? Suffisamment de choses pour que Claire, dans un premier temps, décline poliment l'invitation de l'énigmatique Stefan M. à venir réaliser un reportage sur la Roumanie de l'après Ceausescu.
Et qu'est-ce qui, mystérieusement, les relie pour qu'elle se ravise et rejoigne l'ethnologue qui ne la connaissait jusque là que par sa voix ?
La voix, c'est tout le thème de ce roman que l'on sent de bout en bout adressé.
Dans le petit village de Snagov, Claire découvre la chape de silence par-dessus les tensions, amertumes et violences d'autant plus sensibles un an à peine après la révolution de 1989 qu'au bord de ce lac renommé les victimes du pouvoir côtoient encore leurs bourreaux.
Peu à peu elle donne la parole à ceux qui se désignent eux-mêmes comme «démolis» de l'ancien régime, victimes d'un Plan parmi d'autres, où ils ont été forcés de détruire leur maison et d'habiter des immeubles construits par le pouvoir. Son intention pourtant n'est pas de réaliser un reportage...
Dans ce village meurtri, la journaliste et l'ethnologue s'attendent, se cherchent et se perdent, chacun prisonnier de ses hantises. Ils n'ont que quelques jours pour accomplir le rituel qui seul peut les sauver...
À la fois livre de l'intime et livre d'enquête, ce roman clôture une trilogie commencée par l'auteur avec La Plus que Mère et La Cérémonie des Poupées, tous deux parus chez maelstrÖm et traversés par cette même obsession du non-dit et de la prise de parole, du rituel et de la catharsis.
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À l'aube d'un voyage au bout du monde, une jeune femme fait halte dans son pays natal, tressaillant d'avance au choc des souvenirs qui l'y attendent. Cette enfance qu'elle se rappelle avoir vécue n'a ni le goût du sucre, ni la douceur de l'amour.
Par impatience de vivre ou par indifférence, sa mère l'a abandonnée, la confiant aux soins de grands-parents trop âgés pour oser jouer, trop fanés pour insuffler l'élan vital de la tendresse.
L'enfant grandit avec son chagrin, sa mélancolie et sa colère. La maison des grands-parents leur ressemble. Tout y est austère. L'enfant impuissante à changer le cours des choses, n'a qu'un espoir : au-delà des vallons de ce pays ouvrier qui ronge ses hommes et les abat d'un seul coup, quelque chose existe. Le monde. Un jour, elle partira. Et la musique de la vie la remplira.
Le récit de Chantal Deltenre est de ceux qu'on n'oublie pas.
Bouleversant et pudique, il explore les méandres de l'attente, du désir de la mère, de la peur de la mort.
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Pierre sent qu'un danger nous frôle ici, quelque chose qu'il ne maîtrise pas. Il a peur. Et même cette peur-là, il ne peut la dire. Glissant sa main sur ma nuque, il soulève mes cheveux, les tourne autour de sa main sans s'apercevoir qu'il tire trop fort et me fait mal, et souffle doucement dans mon cou pour me rafraîchir. «Ainsi tu veux rentrer en France ?» J'ai posé la question sans le regarder. Il lâche d'un coup mes cheveux qui se déploient dans mon dos avec une sauvagerie électrique. «Je préférerais rester ici. J'adore ce pays, mon travail, cet appartement...» «Alors pourquoi ?» «Je suis inquiet.» «Inquiet ?...» Ton léger malgré ma gorge nouée et la braise prête à jaillir. Pierre devine ma comédie, son visage se durcit, il accepte tout de moi sauf que je lui mente. Il ravale sa colère et d'une voix où ne perce plus que le désarroi : «Ici, je te perds et je ne comprends pas pourquoi.» Je me blottis contre lui, lui caresse le dos, éprouve son désir, le mien. Et je lui réponds : «Je n'ai que toi, tu le sais bien. Que toi et... ici.» Un jeune couple - il est français et elle est japonaise, mais a toujours vécu à Paris - s'installe à Tokyo pour deux ans. Peu à peu, un malaise s'installe dans leur relation jusque-là fusionnelle. Sous son apparente sérénité, la jeune femme cache une blessure dont la brûlure s'est ravivée au premier contact avec le pays des origines....
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« À la première lettre de mon patronyme, ma main s'arrête, le feutre tombe. Ce nom que je m'apprête à écrire, n'est pas le mien. Il est aussi lourd à porter que la valise pleine de grands bocaux remplis des humeurs maladives de mon père que j'essaie d'enterrer en vain. » Une femme apprend la mort de son père qu'elle n'a presque pas connu. Mais plutôt que sceller l'oubli, cette disparition ravive les rares souvenirs de lui. Dans la forêt-mémoire qu'elle s'était inventée enfant, ce père jusque-là absent occupe peu à peu toute la place.
Sur le temps d'un atelier des patrimoines qu'elle anime avec des enfants migrants, elle arpente la forêt, marche sur les traces de la perte, de l'égarement. Les patrimoines ne sont que leurs propres histoires, les jalons de la mémoire, qui s'écrivent du pays d'enfance au pays d'accueil. C'est en les aidant à poser leurs repères qu'elle retrouve peu à peu les siens.
Par-delà le deuil, La Forêt-Mémoire est le récit onirique et réel d'une redécouverte de soi, des autres, au travers de parcours singuliers qui, tous, s'entremêlent.