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À l'aube d'un voyage au bout du monde, une jeune femme fait halte dans son pays natal, tressaillant d'avance au choc des souvenirs qui l'y attendent. Cette enfance qu'elle se rappelle avoir vécue n'a ni le goût du sucre, ni la douceur de l'amour.
Par impatience de vivre ou par indifférence, sa mère l'a abandonnée, la confiant aux soins de grands-parents trop âgés pour oser jouer, trop fanés pour insuffler l'élan vital de la tendresse.
L'enfant grandit avec son chagrin, sa mélancolie et sa colère. La maison des grands-parents leur ressemble. Tout y est austère. L'enfant impuissante à changer le cours des choses, n'a qu'un espoir : au-delà des vallons de ce pays ouvrier qui ronge ses hommes et les abat d'un seul coup, quelque chose existe. Le monde. Un jour, elle partira. Et la musique de la vie la remplira.
Le récit de Chantal Deltenre est de ceux qu'on n'oublie pas.
Bouleversant et pudique, il explore les méandres de l'attente, du désir de la mère, de la peur de la mort.
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Qu'est-ce qui sépare une journaliste radio à Paris, spécialiste des conflits en Afrique, et un jeune ethnologue roumain ? Suffisamment de choses pour que Claire, dans un premier temps, décline poliment l'invitation de l'énigmatique Stefan M. à venir réaliser un reportage sur la Roumanie de l'après Ceausescu.
Et qu'est-ce qui, mystérieusement, les relie pour qu'elle se ravise et rejoigne l'ethnologue qui ne la connaissait jusque là que par sa voix ?
La voix, c'est tout le thème de ce roman que l'on sent de bout en bout adressé.
Dans le petit village de Snagov, Claire découvre la chape de silence par-dessus les tensions, amertumes et violences d'autant plus sensibles un an à peine après la révolution de 1989 qu'au bord de ce lac renommé les victimes du pouvoir côtoient encore leurs bourreaux.
Peu à peu elle donne la parole à ceux qui se désignent eux-mêmes comme «démolis» de l'ancien régime, victimes d'un Plan parmi d'autres, où ils ont été forcés de détruire leur maison et d'habiter des immeubles construits par le pouvoir. Son intention pourtant n'est pas de réaliser un reportage...
Dans ce village meurtri, la journaliste et l'ethnologue s'attendent, se cherchent et se perdent, chacun prisonnier de ses hantises. Ils n'ont que quelques jours pour accomplir le rituel qui seul peut les sauver...
À la fois livre de l'intime et livre d'enquête, ce roman clôture une trilogie commencée par l'auteur avec La Plus que Mère et La Cérémonie des Poupées, tous deux parus chez maelstrÖm et traversés par cette même obsession du non-dit et de la prise de parole, du rituel et de la catharsis.
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La cérémonie des poupées
Chantal Deltenre-de bruycker
- MaelstrÖm reÉvolution
- 2 Février 2005
- 9782930355399
Pierre sent qu'un danger nous frôle ici, quelque chose qu'il ne maîtrise pas. Il a peur. Et même cette peur-là, il ne peut la dire. Glissant sa main sur ma nuque, il soulève mes cheveux, les tourne autour de sa main sans s'apercevoir qu'il tire trop fort et me fait mal, et souffle doucement dans mon cou pour me rafraîchir. «Ainsi tu veux rentrer en France ?» J'ai posé la question sans le regarder. Il lâche d'un coup mes cheveux qui se déploient dans mon dos avec une sauvagerie électrique. «Je préférerais rester ici. J'adore ce pays, mon travail, cet appartement...» «Alors pourquoi ?» «Je suis inquiet.» «Inquiet ?...» Ton léger malgré ma gorge nouée et la braise prête à jaillir. Pierre devine ma comédie, son visage se durcit, il accepte tout de moi sauf que je lui mente. Il ravale sa colère et d'une voix où ne perce plus que le désarroi : «Ici, je te perds et je ne comprends pas pourquoi.» Je me blottis contre lui, lui caresse le dos, éprouve son désir, le mien. Et je lui réponds : «Je n'ai que toi, tu le sais bien. Que toi et... ici.» Un jeune couple - il est français et elle est japonaise, mais a toujours vécu à Paris - s'installe à Tokyo pour deux ans. Peu à peu, un malaise s'installe dans leur relation jusque-là fusionnelle. Sous son apparente sérénité, la jeune femme cache une blessure dont la brûlure s'est ravivée au premier contact avec le pays des origines....
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« À la première lettre de mon patronyme, ma main s'arrête, le feutre tombe. Ce nom que je m'apprête à écrire, n'est pas le mien. Il est aussi lourd à porter que la valise pleine de grands bocaux remplis des humeurs maladives de mon père que j'essaie d'enterrer en vain. » Une femme apprend la mort de son père qu'elle n'a presque pas connu. Mais plutôt que sceller l'oubli, cette disparition ravive les rares souvenirs de lui. Dans la forêt-mémoire qu'elle s'était inventée enfant, ce père jusque-là absent occupe peu à peu toute la place.
Sur le temps d'un atelier des patrimoines qu'elle anime avec des enfants migrants, elle arpente la forêt, marche sur les traces de la perte, de l'égarement. Les patrimoines ne sont que leurs propres histoires, les jalons de la mémoire, qui s'écrivent du pays d'enfance au pays d'accueil. C'est en les aidant à poser leurs repères qu'elle retrouve peu à peu les siens.
Par-delà le deuil, La Forêt-Mémoire est le récit onirique et réel d'une redécouverte de soi, des autres, au travers de parcours singuliers qui, tous, s'entremêlent.