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Claire Huynen
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Hélène s'apprête à prendre l'habit. Mais, dans une ancienne vie, Hélène s'appelait Hervé. Le " qui que tu sois " de Saint Benoît suffira-t-il à faire taire les peurs et les réticences ?
Le silence bruissait avec douceur.
En apparence rien n'avait changé.
Mais Hélène percevait le tumulte sourd qui bouleversait l'abbaye. C'était un mouvement imperceptible pour qui n'y aurait pris garde, le touriste ou le visiteur, pour qui n'aurait pas su, pour qui n'aurait pas connu le regard de chacune des moniales. Mais Hélène percevait sensiblement le fracas. Ça ne faisait pas de bruit, ça n'avait brisé aucun rythme, c'était comme invisible. Mais pour elle qui connaissait chacune, qui avait pénétré l'harmonie de la communauté, qui en savait la cohérence paisible, pour Hélène qui était presque devenu un élément de cet ensemble, c'était là. Le chaos était comme une vibration, la confusion comme une cacophonie muette.
Hélène, une jeune femme que rien ne destinait à la vie monastique, s'apprête à prendre l'habit. Les vocations se font rares, rien ne devrait faire obstacle à sa prise de voile. Mais la réalité est toujours plus complexe. Venue dans cette abbaye bénédictine pour une simple retraite, elle y est accueillie par les quatorze moniales et presque naturellement se mêle à leur vie de prière, de silence et de joies simples. Elle découvre l'art de l'enluminure, aide au jardin, à la cuisine, approfondit sa foi, se sent pour la première fois à sa place, comme si une paisible évidence lui montrait un nouveau chemin de vie. Mais, dans une ancienne vie, Hélène s'appelait Hervé. Le " qui que tu sois " de Saint Benoît suffira-t-il à faire taire les peurs et les réticences. Confrontée à cette réalité qui la bouscule, la communauté finira par trouver une unanimité. Mais qu'en est-il de l'Institution ?
Claire Huynen, dans un texte bouleversant, nous livre une réflexion profonde sur l'identité, la tolérance et l'importance à trouver sa vraie place en harmonie avec ce que nous sommes vraiment. -
Les vieux m'emmerdent. Ainsi commence Série grise. Le ton est donné. Chronique cynique et acerbe, ce roman décrit, sous le regard d'un vieux, le quotidien d'une maison de retraite. Le narrateur, un vieux cynique, s'exerce à l'observation cruelle de ses contemporains, réunis en un monde uniformément clos, une « maison de repos pour adultes valides ». Petites maniaqueries et décrépitude aigrie ou consentie, il s'offrira les champs d'un univers qui finit. Lucide, son regard sans complaisance sera aussi celui de sa propre dégénérescence, d'une fatale et ultime décroissance. Roman de la vieillesse, abordé sur le ton d'un humour forcément caustique puisqu'il est celui d'un regard aigu sur la sénescence qui nous attend chacun.
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" Pour ne pas me quitter vraiment, il avait pris ma place. " " Ce qui me laissait plantée là, je n'arrivais pas à l'exprimer. Pourtant, j'en comprenais confusément le sens. C'était quelque chose de l'ordre de l'adieu. Pas à la maison. Pas à Franck, non plus. Mais à notre amitié. [...] Je savais que nous ne nous retrouverions pas. Mais je restais fidèle. Pas à lui, mais à mon passé. À ce qui restait de lui en moi. Et, pendant toutes ces années, je n'ai pas voulu voir. Je n'ai pas voulu voir qu'il ne partait pas. Je n'ai pas voulu voir, alors qu'il évitait de me côtoyer, qu'il prenait place dans ma vie. Qu'il se glissait dans ma famille. Qu'il s'enroulait autour des miens. Qu'il occupait mes amis. Qu'il habitait mes engagements. Pour ne pas me quitter vraiment, il avait pris ma place. " C. H.
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Vacances pour tous
" Des centaines de personnes se serraient frileusement autour de leur guide. [...] Des rangs entiers de bateaux de bois jouaient les autobus. Ils embarquaient leurs passagers fébriles à un rythme de marche militaire. Dans toutes les barcasses, ça comptait et ça recomptait. Les guides surveillaient leur formation en ordre serré. [...] La semonce essentielle, répétée inlassablement, était pourtant celle dont le danger la séduisait le plus : ne vous perdez pas. [...] Mais elle savait que tous les passagers avaient un billet de retour. Que le seul vrai danger était d'être en retard pour le dîner. "
Une mère offre à sa fille un voyage. Une croisière sur le Nil à bord du Cleopatra, hôtel flottant affrété par Magic'Vacances. Mais, dès l'arrivée, la mère trébuche et se trouve immobilisée par une entorse. Condamnée à rester sur le bateau, elle attend chaque jour le récit des excursions de sa fille.
Une femme et sa mère, que tout éloigne, se rencontrent à travers l'approche d'un pays qu'elles découvrent d'une manière différente. Quand la première sera entraînée dans le rythme effréné des visites, la seconde, à travers les histoires et les rencontres, prendra le temps lent du voyage.
Néfertiti en bikini dresse avec humour les travers du tourisme moderne et les symptômes du phénomène de groupe qu'il génère. Il sera aussi question d'éblouissement, de résistance et de reddition. -
" C'est en se réveillant à cinq heures du matin que Marie décida que dorénavant sa vie serait exclusivement consacrée au vin et à la solitude.
" Cette première phrase du roman dit bien comment une jeune femme choisit de changer complètement de vie et de se lancer à la découverte du vin dont elle ignorait à peu près tout jusque-là.
Cette découverte est aussi celle de toutes les sensualités : les odeurs, les parfums, les arômes, la musique. Marie, en quête d'univers assortis à ses errances, connaîtra les cafés, les rues et les buveurs.
Peu à peu, Marie se construit une nouvelle mémoire, recrée des souvenirs.
Le vin la mènera, au fil d'un chemin initiatique, vers la découverte du monde et des autres. Tout le livre est une flânerie à la recherche d'un humanisme au quotidien, fait de petites choses simples, de menus plaisirs partagés ou non.
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L'érotisme des mots répond au froissement des peaux.
" On n'a qu'une chose à soi, c'est son désir ", disait Jacques Rigaut. L'héroïne d'Une rencontre est une jeune femme dont la passion de la reliure s'accorde à sa sensualité. Elle se souvient d'une rencontre amoureuse où seul, justement, le désir présidait aux rencontres avec un amant dont elle n'attendait que du plaisir au gré de chambres d'hôtel ou du porche d'un immeuble. L'immédiateté emportait leur gestuel.
L'érotisme des mots répond au froissement des peaux, à l'urgence d'aimer. Claire Huynen confirme son talent de romancière avec ce roman à la fois cru et délicat.