Filtrer
Rayons
Support
Langues
Prix
Diane Meur
-
Rien ne semble pouvoir troubler le calme du grand-duché d'Éponne. Les accords financiers y décident de la marche du monde, tout y est à sa place, et il est particulièrement difficile pour un étranger récemment arrivé de s'en faire une. Accueillir chez lui un migrant, et rendre compte de cette expérience, le journaliste vedette Jean-Marc Féron en voit bien l'intérêt : il ne lui reste qu'à choisir le candidat idéal pour que le livre se vende. Ailleurs en ville, quelques amis se retrouvent pour une nouvelle séance d'écriture collective : le titre, Remonter le courant, critique de la déraison capitaliste, sonne comme un pavé dans la mare endormie qu'est le micro-État. Petit à petit se dévoile la vérité de ces personnages, liés par des affinités que, parfois, ils ignorent eux-mêmes.
-
1821.
En galicie, alors rattachée à l'empire habsbourgeois, l'obscure famille zemka reconquiert le domaine fondé par un ancêtre issu de la noblesse et s'engage fiévreusement dans la lutte d'indépendance de la pologne. pour retracer son ascension puis sa décadence, diane meur convoque une singulière narratrice : la maison elle-même qui, derrière sa façade blanche et son fronton néoclassique, épie ses habitants.
Indiscrète et manipulatrice, elle attise les passions, entremêle les destins, guette l'écho des événements qui, des révolutions de 1848 aux tensions annonciatrices du désastre de 1914, font l'histoire de l'europe. les femmes surtout, condamnées à la réclusion dans la sphère domestique, la fascinent. l'une d'elles, enfin, va réussir à s'en aller. prix rossel 2007, prix du meilleur roman adaptable au cinéma 2008, prix du roman historique 2008.
-
Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n'en ai pas pensé grand-chose. Un jour pourtant, j'ai pensé à l'homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m'étais-je dit alors.
D. M.
S'interrogeant sur l'un des membres de la famille Mendelssohn, Diane Meur se lance dans une ambitieuse enquête, une quête des origines et des filiations. Happée par son sujet, et mêlant sa propre vie à la matière de son livre, elle nous entraîne avec elle et nous enchante par ses libres variations sur les figures rencontrées au fil des siècles. Et peu à peu l'arbre généalogique se transforme en une vaste carte, qui couvre quatre des cinq continents : La Carte des Mendelssohn.
Un roman qui défie toute idée de déterminisme. Un vrai hymne à la liberté. Jeanne de Ménibus, Elle.
Une folle entreprise, un livre-monde. Claire Julliard, L'Obs. -
Dans une civilisation antique imaginaire, mais qui éveille en nous un curieux sentiment de familiarité, le scribe Asral se voit chargé de produire une copie neuve des lois. Grâce aux questions naïves de son garde Ordjéneb, il s'avise bientôt que la langue sacrée qu'il transcrit est vieillie et que la vraie fidélité à l'esprit du texte consisterait à le reformuler, afin qu'il soit à nouveau compris tel qu'il avait été pensé quatre ou cinq siècles plus tôt. Peu à peu, cependant, le doute s'installe. Qui était Anouher, législateur mythique dont on a presque fait un dieu ? Ces lois qui soumettent à un contrôle de chaque instant la vie publique, les relations privées et jusqu'au corps des femmes, sont-elles toutes de sa main ? Et Asral a-t-il plus de chances de le savoir un jour que de se faire aimer de Djinnet, un jeune chanteur du faubourg des vanniers ?
-
En matière de traduction, on peut légitimement s' inquiéter de ce que deviendraient les cultures humaines et la pensée humaine, le jour où tout échange inter-linguistique serait confié à une intelligence artificielle. Il s' ensuivrait un cloisonnement et un repli sans précédent dans l' histoire, une histoire qui, aussi loin que remonte la mémoire écrite, est faite de migrations d' idées, d' usages et d' hommes, de fécondation du même par l' autre, de transferts, de réinterprétations et de réappropriations.
[...] La traduction n' est pas seulement mon travail alimentaire.
C' est mon métier, et je suis attachée à ce mot avec tout ce qu' il connote de soin, de savoir-faire, de travail minutieux sur la trame de l' écrit. La traduction est mon métier, elle a forgé ma personnalité, y compris en tant qu' autrice : j' écrirais sans doute autre chose, et autrement, si je ne passais pas une partie de mon temps à traduire depuis deux langues étrangères, si j' étais ancrée dans une seule langue, une seule culture, un seul territoire. Cesser de traduire, ce serait renoncer à ce qui m' a faite telle que je suis.
Voilà pourquoi je n' ai pas hésité à accepter la proposition de mes collègues. Dans ce volume qu' on m' offrait de rédiger, je matérialiserais mon bilan, j' explorerais les liens entre la traduction qui (je le maintiens) est une écriture, et l' écriture qui, à mes yeux, est un peu une traduction. J' y évoquerais mon sentiment d' être toujours « entre les rives » - je pense moins ici à l' image désormais classique du traducteur comme passeur, qu' au voyageur qui a quitté les eaux territoriales de son continent d' origine, n' est pas encore entré dans celles du continent d' en face et n' a peut-être même pas l' intention d' y pénétrer un jour. Préférant la pleine mer, là où les eaux appartiennent à tous et n' appartiennent à personne.
-
La vie de Mardochée de Lowenfels écrite par lui-même
Diane Meur
- Sabine Wespieser Éditeur
- Litterature Etrangere
- 26 Août 2002
- 9782848050027
De Gênes où sévit la grande peste, alors que ses forces déclinent et qu'il attend un improbable bateau, Mardochée se souvient.
Héritier du nom juif d'un vieux talmudiste qui sauva la vie d'un de ses ancêtres lors de la troisième croisade, Mardochée reçoit l'éducation d'un jeune garcon voué au destin d'évêque. Mais voici que Rodolphe, son frère aîné, disparaît, vraisemblablement enlevé par les Tatars, et que le duché familial devra échoir au jeune garçon. Quelques revers du destin plus tard - son frère a reparu -, il n'est plus ni évêque ni duc. À la suite d'un combat singulier, où il croit avoir tué Rodolphe, Mardochée doit fuir, ses illusions envolées.
Il mène alors une vie d'errance, avec quelques compagnons de hasard : un moine débauché, un truand au grand coeur, une fille de menuisier aux moeurs légères. Mais son précepteur vénéré Venetius, théologien de haut vol, le retrouve et l'entraîne alors sur d'autres routes, celles du savoir, avec en toile de fond les controverses entre les trois religions du Livre. Après avoir pendant de longs mois de pénitence recopié la Bible dans le monastère d'Ulm, Mardochée rencontre la Rabbi Meïr ben Yehuda à Spire, puis fréquente le cercle de Marsile de Padoue à Munich. Un autre personnage croise alors sa route : Conradino, flamboyant petit-fils de Frédéric de Hohenstaufen, décidé à reprendre le pouvoir en Sicile pour y instituer une république. Mardochée le suivra sur les chemins tortueux de la politique, où querelles entre guelfes et gibelins alimentent un quotidien d'invraisemblables rebondissements.
Admirablement maîtrisé, ce premier roman nous entraîne sur les terres peu connues du Saint-Empire germanique au quatorzième siècle. En forme de faux mémoires d'un narrateur à la mélancolie narquoise, à laquelle se superpose l'ironie de l'Histoire, le récit joue magnifiquement avec les conventions du roman historique. Roman initiatique, roman philosophique, La vie de Mardochée de Löwenfels, écrite par lui-même est aussi un formidable roman d'aventures dont pas un instant la tension ne nous lâche.
-
Paris vers 1840.
Martin est à la recherche de son père. Au détour des ruelles, il rencontre une bande de gamins qui vivent de petits vols et de débrouilles en tous genres. Martin est admis comme l'un des leurs et découvre que leur fief, sur lequel la prison de Sainte-Pélagie jette son ombre, a encore bien des secrets à livrer.
-
Paris, milieu xix.
Dans les rues tortueuses et mal éclairées du quartier de la bièvre, la terreur s'immisce dans tous les foyers. depuis plusieurs nuits, une femme vêtue de blanc, pâle comme une morte, apparaît à minuit sur les berges de la rivière. à chacune de ses visites, un meurtre est commis. les enragés, guidés par leur chef clovis, vont remonter le cours de l'histoire, réunir les indices pour découvrir la véritable et tragique histoire de la dame blanche.
La dame blanche de la bièvre, deuxième épisode des aventures des enragés, plonge le jeune lecteur dans un monde de légendes urbaines, de brumes épaisses et de secrets enfouis. un véritable cadeau pour l'imaginaire !.
-
Raptus prolonge certains des thèmes de La Vie de Mardochée de Löwenfels, écrite par lui-même, le premier roman remarqué de Diane Meur, paru pour la rentrée littéraire 2002 : la filiation, historique et familiale, les liens entre politique et religion, la question de la double vérité. Pour autant, le cadre et l'argument en sont radicalement autres : nul exotisme géographique ou temporel, mais la scène française.
Reprenant (très librement) la figure du militant révolutionnaire chargé d'infiltrer un parti réformiste et finissant par y dissoudre son idéalisme radical, l'histoire retrace le parcours moral du fils de cet homme, fils unique, dont la mère est morte en lui donnant le jour. Toute son enfance, bercée par les confidences de son père, il a partagé le secret de Jean-Claude Wirth : l'évolution vers une gauche de gouvernement est vécue par lui comme une trahison. Trahison à sa mère, jeune et ardente militante dont il ne cesse de se demander comment aujourd'hui elle jugerait son compagnon d'alors. Trahison à son enfance et aux refrains révolutionnaires chantés à tue-tête avec un père enthousiaste et chevelu devenu un triste et terne hiérarque de parti.
Le roman suit le progressif développement, chez ce fils déchiré, d'une folie mystique dans laquelle tous ces éléments politiques et familiaux retrouvent sens au sein d'un délire théologique de plus en plus cohérent. La narration, menée à la troisième personne mais en point de vue subjectif, s'astreint à un grand réalisme de détail, de façon que le lecteur puisse s'identifier au personnage et être lui-même gagné par son angoisse, à mesure que ce monde, qui semble pourtant toujours le nôtre, se teinte d'une inquiétante étrangeté.
La dimension pathologique de la première scène, par exemple - où l'on voit Mathieu faire irruption dans une réunion politique tenue à huis clos dans l'appartement familial, revêtu de la vieille robe de pasteur de son grand-père protestant et jetant l'anathème - n'apparaît qu'a posteriori, au moment où les indices d'une paranoïa religieuse chez ce fils perturbé s'accumulent : au premier abord, l'effet comique est saisissant, et ce n'est pas là une des moindres qualités de ce roman dont la tonalité générale est pourtant grave.
Car c'est bien d'une plongée dans la folie qu'il s'agit, traitée par Diane Meur non sans humour, mais avec une véritable compassion pour son personnage. La fin du livre notamment est saisissante, sorte d'apothéose dans un paysage grandiose de montagne. On sent chez l'auteur une grande familiarité avec les textes phares de la littérature psychiatrique, en particulier les lettres d'Artaud et les mémoires du Président Schreber.
Partant de l'analyse caustique d'une déception politique, déterminante pour ce fils qui a cru aux rêves de son père, Diane Meur a aussi posé un personnage extrêmement contemporain dans son choix confus du religieux comme ultime recours. Et c'est là le véritable tour de force de ce roman : sa valeur universelle.