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Dominique Loreau
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Des histoires de couples qui se font et se défont. Souvent les personnages ne comprennent pas très bien ce qui leur arrive. La réalité les dépasse, ils ne la maîtrisent pas. Surtout quand l'irrationnel fait irruption pour prendre possession d'eux et influencer le cours des choses.
L'amour est au centre, parfois le bonheur affleure et pourtant le désastre n'est jamais loin. Ce moment où les choses glissent inexorablement vers un ailleurs confus et inquiétant.
Jalousie, trahison, fuite nourrissent une même angoisse chez ces personnages décalés. Ils se parlent, mais pas toujours dans la même langue. Et c'est cette incompréhension réciproque qui permet à Dominique Loreau de « transformer le drame en récit ». -
L' Ombre dans le Miroir
Dominique Loreau
- Esperluète Éditions
- En Toutes Lettres
- 17 Février 2014
- 9782359840476
A 19 ans, Claire est à la recherche du monde et d'elle-même. En quête d'absolu, elle pense naïvement qu'elle pourra découvrir LA vérité, ou une sorte de formule qui lui permettrait d'appréhender le secret de l'univers. Elle la cherche dans ses rêves, puis dans les livres, puis dans des rencontres de hasard. Dans un bar, elle fait la connaissance de Paul, qui revient transformé d'un pays lointain. Persuadée qu'il a compris des choses essentielles là-bas, elle décide, sur un coup de tête et par amour, de partir pour découvrir ce qu'il a trouvé.
Au cours de son voyage, elle rencontre des hommes et des femmes qui l'accueillent. Elle découvre, apprend, doute de ses références, se dépouille d'elle-même. Comme la vérité recule et se complexifie sans cesse, elle veut aller plus loin : au bout du monde, au bout de ses forces, au bout d'elle-même, jusqu'à accomplir une métamorphose. Quand elle a lieu, ce n'est pas du tout celle qu'elle attendait.
L'écriture de Dominique Loreau nous emmène au plus près des émotions, dans un récit initiatique, une quête de soi et du monde, un parcours métaphysique.
Les dessins de Lionel Vinche y répondent en noir et en couleurs. Les traits esquissent la réalité tout en lui donnant cet étrange flou qui brouille le réel. Les dessins rythment le texte comme autant d'étapes du voyage. -
Loin de Bissau
Lionel Vinche, Dominique Loreau
- Esperluète Éditions
- En Toutes Lettres
- 6 Janvier 2010
- 9782359840056
Dans un village, quelque part en Guinée-Bissau,
impossible d'aller plus loin, il y avait devant moi un fleuve,
et derrière le fleuve, une forêt tropicale.
Assise sur la berge, j'ai regardé des pêcheurs
qui ramenaient tranquillement leurs barques,
en sortaient des filets où s'agitaient quelques poissons.
Un cochon noir reniflait des détritus coincés entre deux racines,
trois poules décharnées picoraient des cailloux.
Et je regardais tout ça comme dans un rêve.
Il régnait une tranquillité pesante, angoissante,
une tranquillité qui efface en un instant l'oubli de soi,
celui que j'étais venue chercher,
une tranquillité qui précipite dans un gouffre intérieur.
Sur une berge africaine, un homme et une femme se reconnaissent. Leur histoire commence là, faite de projets et de rêves d'absolus. De retour en Allemagne, leur vie commune se délite et fait naufrage contre les murs d'une prison bien réelle et contre ceux, invisibles, des rêves qui s'effacent (Philippe Simon).
Dès ce moment-là, ils ne feront plus que se croiser, tentant maladroitement de reconstruire une idée de relation amoureuse ; avec en toile de fond les tensions politiques de l'après-guerre allemande.
Dominique Loreau offre ici un texte fort servi par une prose poétique toute en suggestion. Les images de Lionel Vinche nous parlent du couple tantôt uni, tantôt absent. Il donne, à proprement parler, corps aux personnages par la matière du dessin. -
On sonne.
Hop ! J'attrape mon sac, j'enfile une légère veste de soie, je descends prestement l'escalier et me jette dans l'infini de la nuit étoilée... Je rejoins mes amis qui, tout guillerets, m'emmènent à une petite fête.
A peine arrivés, ils se précipitent vers des connaissances et disparaissent en me laissant seule au milieu d'une foule inconnue.
Dominique Loreau écrit étrangement d'étranges histoires. Elle nous entraîne de l'autre côté du miroir, en des lieux incertains, tissés de songes et d'inquiétudes. Chacun de ses récits est la retranscription d'un rêve où nous perdons progressivement nos repères, comme un piège où nous pouvons nous égarer et disparaître. Il y a dans L'eau du bain une attirance pour ce qui suscite l'effroi qui nous séduit, car l'enjeu de cette mise à l'épreuve est avant tout d'en exorciser les funestes conséquences. Dominique Loreau met en place les éléments qui vont permettre d'enrayer la mécanique de l'effroi jusqu'à la rendre inopérante. Et c'est là où les qualités de son écriture font merveille. Sans avoir l'air d'y toucher, avec une innocence qui est déjà du grand art, Dominique Loreau fait de chacune de ses nouvelles une petite perle d'humour noir et libérateur où s'opère un détournement du conforme, tonique et vivifiant.
Une magie et un charme opèrent entre le sérieux de ce qui se dit, de ce qui se joue, et la fausse désinvolture d¹une écriture sans faille.
Les dessins de Loustal font écho de manière subtile aux textes : les personnages, tout à la fois expressifs et impassibles, semblent traverser une aventure, dont le sens leur échappe, mais qui doit être vécue jusqu'à ce que tout soit consommé... -
L'histoire commence de manière plutôt ordinaire : une jeune fille s'apprête à vivre quelques mois au Brésil pendant ses études supérieures. Ses parents l'accompagnent pour découvrir le pays. Ce qui pourrait être le récit d'un voyage rythmé par les rencontres, la musique et la découverte d'un peuple va rapidement prendre une autre tournure...
C'est pas trop dangereux?? avaient-ils demandé à la patronne de l'auberge. Elle avait répondu, un peu vexée : Non, ici c'est pas comme à la ville, vous ne risquez rien, c'est tranquille. Je vais souvent me promener seule sur la plage le matin et je marche plusieurs kilomètres sans rencontrer personne. Nobody ! No risks !
Ils ne savaient pas s'ils devaient la croire car, dans son regard soudain oblique, ils avaient lu une hésitation affolée. Mais ils avaient décidé de lui faire confiance car ils en avaient envie, et ils avaient relâché leur vigilance.
La promenade tourne au drame lorsque le trio se retrouve face à deux bandits armés. Le temps s'accélère et semble pourtant s'arrêter, dans un double mouvement paradoxal propre aux instants décisifs. Ce qui se joue dans ces secondes est impalpable. Les pensées de chacun se déroulent : contradictions, peurs, désirs, instinct de survie sont convoqués.
Leur compréhension du monde et de ce qui se joue là, dans ce petit théâtre de fortune, va être mis à mal.
Elle se dit aussi, en pensant à mille autres choses à la fois, que c'est étrange de se faire agresser par ceux qu'on a toujours défendu, c'est vraiment trop con. Ces gamins se trompent de cibles, ils ne nous reconnaissent pas. Ils se fichent de notre compassion, de nos bonnes intentions et de nos grandes idées humanistes, ils n'y croient pas ; ils veulent du concret, tout de suite. On dirait que toutes les strates de la violence de l'histoire de ce pays, qui se répète à l'infini, se condensent en eux et s'inscrivent dans leurs corps, dans leurs gestes.
Le texte de Dominique Loreau est éminemment cinématographique : ambiance, sons, couleurs, regards... son écriture entraîne le lecteur au plus près de l'action. Le ton légèrement inquiétant de l'intrigue, la narration palpitante et le rythme du texte donnent à ce court roman des allures de thriller. Dominique Loreau nous entraîne avec elle et ne nous lâche plus jusqu'à la dernière page. Il est finalement question de rencontre, d'altérité, d'humanité, d'humilité, de vulnérabilité, de désespoir, d'injustice sociale... -
Quelques pas de côté
Charley Case, Dominique Loreau
- Esperluète Éditions
- En Toutes Lettres
- 5 Juin 2020
- 9782359841268
Un ton décalé, un regard amusé, une vraie empathie pour le vivant.
Dominique Loreau décrit l'envahissement progressif de notre univers par de minuscules crabes.
Pour cette parabole moderne, elle s'inspire d'un fait divers réel : de retour d'un voyage commercial en Chine, un bateau importe accidentellement des larves de crabes qui se développent à l'insu de tous. Ces crabes clandestins provoquent des dysfonctionnements mais aussi intérêt et répulsion chez les humains...
Un récit métaphorique.
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Elle ne dit rien, couve le mystère. Pourtant il suffirait d'un seul mot pour les précipiter tous deux dans un avenir immense. Mais alors il faudrait agir, prendre des décisions, engendrant une chaîne infinie de conséquences concrètes et d'effrayants engagements. Choir dans un monde convenu et sans ivresse : appartement compte en banque temps morts nettoyage ronflements. Et en même temps poindront les inégalités, les sentiments d'injustice, les reproches.
Il voue un culte à l'ombre, à la dissimulation qui accroît la puissance de l'amour. L'éclat d'un regard, le mouvement furtif d'un corps, le soupir d'une bouche, ne sont-ils pas plus intenses dans l'éternité de la nuit, échappant à l'ordre du monde ?
Des amants pris par un amour qui se veut hors du temps et des contraintes sociales se défient des mots qui engagent. Ils érigent le silence comme barrière protectrice. Mais, enfermés dans le langage des corps et du sexe, ils étouffent, s'affrontent, s'égarent pour finalement se détruire mutuellement.
Dire pour que s'ouvre un futur, une histoire, une singularité. Dire pour se faire reconnaître de l'autre, lui arracher des aveux et trouver l'apaisement. Le veulent-ils vraiment ?
Jouant avec les clichés de l'amour, le récit de Dominique Loreau oscille entre drame et légèreté dans un texte à la fois brut, distancié et très travaillé, qui flirte avec la poésie. Son écriture fragmentée, au plus près des émotions, ne livre que l'essentiel et plonge le lecteur au coeur des non-dits et de l'amour fusion.