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Franz Bartelt
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«Il était là, le con ! Rond comme un bidon. Entouré d'une flopée d'ivrognes encore plus saouls que lui. Je ne l'avais jamais vu en ville. J'ai demandé au Gus qui c'était. Il n'en savait rien. J'ai recommandé une bière. Le type se vantait. Il ne parlait que de son pognon. Il en avait, puisqu'il payait les tournées en sortant de sa poche des poignées de billets. Il refusait la monnaie. Il s'y croyait. Le con. Ah, le con ! Le Gus m'a dit qu'il était déjà saoul en arrivant. Il avait touché la paie ou quoi ? Il buvait du blanc limé. De temps en temps, il se levait et chantait une connerie. Il y a connerie et connerie. Les siennes, c'était des conneries de l'ancien temps. On n'y comprenait rien. Des histoires de drap du dessous, que c'est celui qui prend tout. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il retombait sur sa chaise, comme un sac. Il se remettait à parler de son pognon. Il en avait des tas. Stocké dans le tiroir de la salle à manger. Tout en liquide. - T'as pas peur de te faire attaquer ? a demandé un des gars.»
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«Guy Vouine était mou de naissance. Il avait coulé de sa mère, comme d'un pot de confiture renversé. L'accouchement n'avait requis aucun effort, aucune poussée. L'enfant faisait un petit tas sur les linges et le cri qu'il exhala pour manifester qu'il était vivant montait de lui avec la légèreté d'une vapeur. La sage-femme, qui en avait vu de toute sorte, se dit seulement qu'elle n'en avait encore jamais vu de si mou. Plus tard, il s'avéra que l'enfant physiquement mou était également mou à l'intérieur...» Au fil de ces seize brefs récits, Franz Bartelt raconte des destinées exemplaires, dans un registre tour à tour goguenard et tendre, loufoque et cruel.
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Camina est née avec ce caractère infâme. Issue d'une famille de grands déprimés. Tous pensionnés, incapables d'un travail régulier, toujours à pleurnicher, à se plaindre, à courir les médecins, à se bourrer de cachets. Incroyable. Le père s'est flingué. Il était contrôleur des trains. La mère continue de verser des larmes. Les frères et les soeurs ont leurs habitudes à l'asile. L'aîné palpe une pension d'invalidité, tant il se fabrique des idées sombres reconnues par la médecine. Il pense tellement à mal qu'il ne peut même pas éplucher une pomme de terre sans formuler le voeu de tomber, carotide en avant, sur la pointe du couteau. Les grands-parents ne valaient pas mieux. Ils sont toutefois morts de vieillesse. Comme bien des incurables.
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Depuis qu'elle est morte elle va beaucoup mieux
Franz Bartelt
- Editions Du Sonneur
- Ce Que La Vie Signifie Pour Moi
- 24 Septembre 2015
- 9782916136882
Savoir que l'on va mourir, savoir accompagner ceux qui vont mourir, savoir mourir en somme, avec humour et élégance, avec obstination et détermination : voilà ce que la vie signifie pour Franz Bartelt.
" Mettez-moi à la poubelle ! Je vous dis de me mettre à la poubelle ! Comme ça, vous serez débarrassés ! À la pou belle?! Quand ça ne va plus, c'est direct à la poubelle ! Perdez pas votre temps ! " C'est long de mourir. C'est long de voir mourir. Surtout celle qui vous a donné le jour et l'amour du livre, des histoires qui racontent la vie. À 92 ans, le temps a perdu le Nord. La boussole est déréglée, on dit que c'est le grand âge, celui où l'on se souvient de choses dans le désordre, celui où on se souvient de rien parfois, celui où on réinvente souvent. Franz Bartelt, comme toujours entre dérision et tendresse, doutes et drôleries, écrit ce temps qui s'effiloche, cette mère qui fait semblant de continuer de lire encore, cette mère qui s'accroche et finit par s'en aller.
Savoir que l'on va mourir, savoir accompagner ceux qui vont mourir, savoir mourir en somme, avec humour et élégance, avec obstination et détermination : voilà ce que la vie signifie pour Franz Bartelt. -
Le narrateur est correspondant local d'un journal de «l'Est pluvieux». Quand son meilleur ami, Basile, magasinier, lui annonce qu'il vient de tromper sa femme, Rose, avec une jeune stagiaire de l'usine, il lui conseille de persévérer dans l'adultère. Mais Basile se sent coupable, car Rose, ayant découvert sa liaison, a sombré dans une profonde dépression. Le roman raconte la longue et héroïque reconquête de Rose par son mari, qui n'ira pas sans drames et sans péripéties. Basile se fait une haute idée de sa mission de magasinier, du bonheur conjugal et de la bière belge. Le narrateur, dès lors, n'a plus qu'une hâte : quitter le village pour s'installer dans une région où il ne se passe vraiment rien. Il pourra enfin se livrer à son occupation favorite, l'épluchage des pommes de terre...Les lecteurs de Franz Bartelt retrouveront ici l'univers à la fois noir et hilarant des romans précédents, leur cocasserie, leur lucidité cinglante. Il y a là une mélancolie fraternelle dont la saveur amère persiste après lecture - éclairée de sourires tristes ou de franches rigolades.
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" belles têtes d'irlandais dans les rues de killarney.
D'un certain âge. des têtes conformes à la tradition et qui, au-delà du folklore touristique, donneraient à n'importe qui manie vaguement le crayon l'envie d'écrire et de conserver ces personnages dans les mots. on ne s'attache pas à repérer d'abord les faces qui affichent leur alcoolisme. ici, c'est un penchant qui ne s'avoue pas, mais se clame et se trompette. il met tant de sincérité dans la laideur que là encore, parce qu'on est en irlande, on se sent en confiance.
Des trognes aussi évidentes et qui témoignent d'une impeccable assiduité au pub ne savent plus mentir. la caricature est une innocence brute. " dans ce récit de voyage fort peu héroïque - camping et vélo -, l'auteur s'attache à montrer des spectacles qui n'ont pas lieu et des êtres sans grandeur dont, en amoureux comblé de la langue, il sait faire une véritable matière littéraire.
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franz bartelt est né au bord de la seine de maupassant, a grandi au bord de la vence de rené daumal et vit au bord de la meuse d'arthur rimbaud. sans doute est-ce pourquoi il a développé un certain respect pour l'eau qui coule, le goût de la littérature qui en découle et le regret, à mesure qu'il prend de la bouteille, de n'avoir pas vu le jour dans des régions viticoles.
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Il s'agit d'une série de textes courts, qui évoquent fortement l'univers cocasse et absurde de Dubillard. Dialogues « philosophiques » qui virent au délire linguistique, considérations sur la littérature, la poésie, l'art de la nouvelle, les feuilles d'automne, l'espèce humaine... Ces pages, nourries au bon sens le plus terre à terre, dérivent insensiblement vers la déraison, la mauvaise foi, le comique clownesque ou métaphysique.
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On retrouve dans ces neuf nouvelles la verve tour ´r tour truculente, sarcastique ou philosophique de Bartelt, son attention trcs fine aux etres et ´r leurs miscres. On y danse sur des musiques tristes La Samba des otaries ou le Quadrille des déménageurs trapus, on se suicide comme on plaisante, on reve qu'on est ressuscité mais on meurt en se réveillant... Une fille parfaitement chaste a une réputation de lubricité qui enflamme tous les mâles du pays, un romancier se met ´r l'épreuve du réel en livrant sa femme ´r la débauche pour écrire un roman érotique (elle y prendra go"ut, hélas)... L'univers de Bartelt puise sa force dans un style remarquable d'inventivité roublarde, avec un sens exceptionnel de la formule et du dialogue comique.
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Micheline Bénaise, veuve de fraîche date, s'est débarrassée des vêtements de son mari, y compris du costume en tweed que le défunt savait porter mieux qu'un lord anglais. Un jour, en pleine rue, lui apparaît Augustin Benoît Cheurte, vêtu dudit costume. C'est un jeune statisticien au chômage, qui a entrepris de réorganiser le monde et la vie selon l'ordre alphabétique. Micheline et Augustin Benoît sont dès lors entraînés dans un essai de passion amoureuse où les caprices du coeur, les réquisitions du corps et les prérogatives de l'alphabet ne se combinent que pour mieux se contrarier, et acheminer les protagonistes vers un drame où la continuité de la condition humaine se manifeste dans sa dimension vestimentaire.
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Les meilleures intentions du monde ont quelquefois des conséquences tragiques. Les Capouilles, seuls pauvres authentiques de la petite ville, vont pâtir des bienfaits dont les comblent les autres habitants, lesquels ne comprendront pas à temps que ce n'est pas parce qu'on n'a rien qu'on n'a rien à cacher.
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Dans le quartier des Becs, où grouillent les humains comme autant de vermine, Félicien Querque erre. Il a une idée fixe : aller en prison. Pour être reconnu, sortir de son anonymat et avoir une place dans la société, enfin. Au fil de cette étrange quête, il rencontrera Zurpath et Truniek, anges déchus, renvoyés sur terre pour cause de surpopulation des cieux. Il se liera également d'amitié - si une amitié semble réellement possible entre eux - avec Jéronimo, journaliste à scandale, traqué par les tueurs à gages du conseil général...
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Voici un an que Le Poulpe reçoit de mystérieux courriers provenant de Painrupt, un petit village en plein coeur des Ardennes, écrits par un vieil homme cherchant à l'intéresser à une affaire de femme assassinée, soi-disant par son mari, un richissime exploitant forestier. Cc vieil anar, Versus Bellum, parait avoir tout prévu pour faire tomber ce "gros". Mais pour mettre son plan machiavélique à exécution, il a besoin du Poulpe.
Sa mission; approcher la bonne au service du couple - dont le témoignage a innocenté le riche entrepreneur -, sous une fausse identité, pour lui faire cracher le morceau, C'est donc moyennement convaincu de la santé mentale du bonhomme que Gabriel va se laisser tenter par le voyage "dans ce pays où les virages secouaient les autobus plus durement que les vagues de la mer font tanguer les bateaux".
Mais, qui sait ? Les forêts ardennaises recèlent peut-être d'autres mystères ?
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" C'est parce que je devais parler que j'ai passé une semaine difficile.
A cause de l'angoisse de parler. Je devais parler le dimanche suivant. A la radio. Peu importe de quoi. Je devais parler, c'est tout. Comment avais-je pu me laisser tomber dans ce piège ? Peut-être parce qu'il est plus simple de consentir. Il faut moins de mots pour un consentement que pour un refus. Refuser c'est parler. Je ne sais plus parler. " Franz Bartelt évoque avec tendresse un écrivain qui n'aime pas parler, un alter ego silencieux qui préfère l'écriture pour régler ses comptes avec le passé.
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Terrine rimbaud
Franz Bartelt, Johan de Moor
- Estuaire Belgique
- Carnets Litteraires
- 14 Octobre 2004
- 9782874430015
Jovedi Merdouilla n'était pas un poète
comme les autres. D'abord, il s'appelait
Merdouilla, qui est plutôt un nom de
peintre. Ensuite, il n'avait pas de chance.
C'était certainement un des êtres les
plus calamiteux de sa génération.