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Par sa mère, cambyse appartenait à une lignée perse dont les plus lointains ancêtres étaient des lions.
Peut-être des dieux lions, car c'est en eux qu'il se reconnaissait. il avait étendu à tout notre clan ce lien de sang avec les lions. il en avait étrangement transmis, à mon père et à moi, le culte qui faisait horreur à ma mère et à ma soeur aînée. la lutte avec les lions ne durait qu'une partie de l'année et on ne pouvait s'attaquer qu'à un fauve à la fois. une fois par an, avait lieu entre eux et nous une guerre rituelle qui durait deux jours et une nuit.
C'était la plus grande fête de l'année, il y avait toujours plusieurs morts et de nombreux blessés, mais y il n'y avait pas, pour les chasseurs du clan et des tribus voisines, de plus grand honneur que d'y être admis par cambyse. en grandissant, j'éprouvais un désir croissant de participer à cette fête, j'en ai parlé à ma mère, elle m'a suppliée d'y renoncer en me disant que ce n'était pas la place d'une jeune fille et que la tradition ne le permettait pas.
Je pensais au contraire qu'à l'origine de notre clan il y avait eu des déesses lionnes aussi terribles, aussi puissantes que les lions. je descendais sûrement de l'une d'elles et si, pour des raisons évidentes, il était dans notre guerre interdit de tuer les lionnes et leurs lionceaux, elles prenaient au combat une part redoutable et provoquaient parmi nous autant de morts et de blessures que les mâles.
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Paris, 1980. Alors qu'il accompagne sa belle-fille dans sa lutte contre un cancer, le narrateur se souvient de Stéphane, son ami de jeunesse, qui au début de la guerre l'avait initié à l'escalade et au dépassement de la peur. Entré dans la Résistance, puis capturé par un officier nazi le colonel Shadow, il est mort dans des circonstances jamais vraiment élucidées.
Mais Shadow, à la fin de la guerre, s'est fait connaître du narrateur. Son intangible présence demeure en lui, elle laisse affleurer les instants ultimes, la mort courageuse héroïque, peut-être de Stéphane. Et la réalité contemporaine (les visites à l'hôpital, l'anxiété des proches, les minuscules désastres de la vie ordinaire) reçoit de ce passé un écho d'incertitude et pourtant d'espérance
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Dans un petit port du Sud de la France, de nos jours, un cercle d'amitiés s'est formé autour de Florian, peintre vieillissant, iconoclaste, pyromane et réputé fou, qui se lance, avec l'aide de ses compagnons, dans une oeuvre monumentale illustrant le Déluge.
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Il lui aura fallu attendre le très grand âge pour rencontrer enfin en lui-même cet enfant rieur qu'il aurait pu être si les circonstances - deux guerres, et quantité d'incertitudes écrasantes pour sa jeunesse - avaient rendu cela possible. À tant d'années de distance, afin de ne pas imposer au personnage principal son "moi qui depuis lors a tant vécu", il s'agit pour lui de ré-imaginer à partir des souvenirs. Voilà pourquoi ce livre est à lire comme le roman des commencements d'une vie, dans une société désormais lointaine : un monde plus paysan qu'urbain, fait de grandes maisonnées, de vastes parentèles, de fermes et de terres et de chevaux - mais aussi de règles strictes, de droits et devoirs inégalement partagés entre les sexes, de profond respect pour les lois, les hiérarchies... et de tentatives de révolte.
Tout en chapitres courts composés avec vivacité, dans l'écriture si transparente et sereine qui - alors - ne lui était pas encore advenue, Henry Bauchau raconte ici (de 1913 à 1940) une partie importante de "son époque". Et lui qui a longtemps cru qu'il deviendrait un "homme d'action", lui qui a si tardivement rencontré sa vraie vocation d'écrivain puis la notoriété littéraire, lui qui, pour tant de lecteurs, depuis longtemps fait figure de vieux sage, prend un visible et malicieux plaisir à redessiner les péripéties dangereuses et les courants contraires dont a fini par s'affranchir l'enfant rieur.
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Temps du rêve raconte un amour aussi fulgurant qu'insidieusement délétère, par lequel un jeune garçon est ébloui puis désenchanté - et condamné à chercher dans l'imaginaire d'autres illuminations... À quatre-vingts ans de distance, Henry Bauchau relit et préface son tout premier récit publié sous pseudonyme.
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La Reine en amont Au moment où le futur Alexandre le Grand atteint vingt ans, il pense que son père Philippe, âgé de quarante-six ans et lui aussi homme de génie, "ne lui laissera rien de grand à faire". Il écrit et fait représenter devant ses parents une pièce de théâtre où, sous le couvert d'une histoire d'oedipe, il fait voir le drame insoluble entre lui et son père et tente de lui trouver une issue heureuse que la réalité démentira.
Gengis Khan Temoudjin, alias Gengis Khan, une des terreurs et un des génies du XIIIe siècle, l'homme qui construisit un des plus gigantesques empires de l'Histoire. Ses frontières s'étendaient de la mer de Chine à la mer Noire.
Prométhée enchaîné Pour transmettre aux hommes la connaissance de tous les arts, Prométhée a osé enfreindre la volonté de Zeus en dérobant le feu aux Immortels. Pour prix de sa générosité, il se retrouve enchaîné sur un sommet où règne un éternel hiver. Seul à connaître le destin réservé aux dieux, en vain il est interrogé par Hermès sur l'avenir incertain du jeune Zeus. Prométhée résiste aux menaces. Son refus, sa négation, suffisent à affirmer son existence, à l'empêcher de mourir.
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Les cinq récits limpides et lumineux qui composent ce recueil appartiennent au cycle d'oedipe et Antigone.
Dans L'Arbre fou, Henry Bauchau interroge l'acte de création et sa part inévitable de violence. Si Antigone, en partant avec Constantin dans Les Vallées du bonheur profond, échappe un instant à son destin, c'est pour le retrouver aussitôt avec une joie paradoxale. La Femme sans mots incarne la violence de la folie. Le Cri est comme la matrice de la scène fondamentale du roman Antigone. Et le dernier récit donne la parole à Sophocle, L'Enfant de Salamine.
Sous la plume fervente d'Henry Bauchau, le destin tragique d'oedipe et Antigone est une interrogation perpétuellement renouvelée sur la condition humaine, entre liberté et contrainte, ainsi que sur le difficile chemin qui mène à la connaissance et à la réalisation de soi.
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La lumière Antigone ; poème pour le livret de l'opéra de Pierre Bartholomée
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Le Souffle De L'esprit
- 9 Mars 2009
- 9782742782611
La Lumière Antigone est un livret composé par Henry Bauchau sous la forme d'un long poème. L'auteur entreprit ce travail à la demande du compositeur Pierre Bartolomé avec qui il avait déjà collaboré au texte de son précédent opéra oedipe sur la route.
La Lumière Antigone fut créé au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles en 2008. Opéra de chambre, donné par un orchestre de quinze musiciens, cette pièce à deux voix, celles d'Antigone et de Hannah, inspira à Henry Bauchau une écriture poétique dont la métrique est régulière, non pas rimée, mais rythmée pour s'accorder à la musique.
Ecrivain célèbre notamment pour son roman Antigone, Henry Bauchau revient ici à cette figure majeure et archétypale du monde grec. D'une beauté bouleversante, le livret/poème s'ouvre sur un monologue d'Antigone au moment où elle entre en solitude, dans la remémoration, l'interrogation. C'est le premier acte. Le second restitue le dialogue entre Antigone et Hannah, exposé terrible de l'histoire de notre monde. Le troisième acte se constitue du long solo d'Hannah, celle qui a survécu, Antigone ayant disparu.
Henry Bauchau, qui a déjà publié trois recueils de poésie dans la collection "Le Souffle de l'esprit" signe ici un texte d'une haute spiritualité où Antigone, guidée par la fatalité, ne cesse d'éclairer notre propre siècle.
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La grande muraille ; journal de La Déchirure, 1960-1965
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Babel
- 2 Mai 2005
- 9782742754793
«Est-ce qu'il y avait réellement une Muraille ? On peut seulement faire des suppositions. Puisque le temps et le coeur sont séparés, il devait y en avoir une. Elle passait à travers le pays et le séparait en deux parties égales. C'est depuis que tout est si admirablement tranché chez nous, ce qui donne une impression d'ordre. Peut-être étions-nous aussi coupés en deux, mais d'une main si fine que nous ne pouvions pas le savoir.
On ne voit pas arriver la Muraille. C'est tout d'un coup qu'elle est là, non pas devant, mais déjà en nous. Sans qu'on ait eu le temps d'y penser, on est dessus, on est dedans.
On est forcé de se poser la question : Est-ce que la vie est vraiment comme ça ?».
H. B.
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Conversation avec le torrent ; journal (1954-1959)
Henry Bauchau
- Actes Sud
- 21 Février 2018
- 9782330092528
Quand Henry Bauchau, en 1954, entame ce «Journal», il ne soupçonne pas qu'il lui faudra un demi-siècle et près de 3 000 pages pour y préméditer, y interroger et y refléter chaque étape de l'immense oeuvre en cours. Par ce premier volume (le dernier qui restait à paraître de cette édition complète), le lecteur s'aventure dans l'atelier d'un grand artiste en devenir, est témoin de ses tentatives, sa foi, son opiniâtreté dans le combat avec la peur d'échouer.
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Comme toujours j'ouvre ce cahier avec une sorte de joie et d'espoir. Il me semble après tous ces mois si durs que l'année doit être meilleure. Tout est bien sombre pour le moment, si la décision est prise enfi n de tout vendre et de quitter Gstaad, rien n'est vendu encore et le désastre est toujours à la porte. Physiquement je ne vais guère, L. est déprimée, j'ai été atteint par le refus, à cause de mon âge, de pouvoir travailler à l'université de Fribourg. Je sens que je puis être repoussé de partout. Je n'arrive pas à me mettre vraiment au travail, je perds du temps, au lieu d'abattre mes cinq ou six heures d'écriture coûte que coûte. Pourtant il se pourrait qu'après cette longue stagnation, dans quelques mois, une vie nouvelle commence. Je voudrais tant retravailler dans une équipe mais peut-être est-ce l'oeuvre solitaire qui m'attend. Il ne faut pas vouloir et laisser se faire, du fond du coeur, laisser se faire ce qui doit être.
H. B.
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Jour après jour ; journal d'Oedipe sur la route, 1983-1989
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Babel
- 20 Mai 2003
- 9782742742400
"Ce livre reprend les pages du Journal que j'ai tenu en écrivant oedipe sur la route, roman qui raconte les aventures et l'évolution d'oedipe et d'Antigone entre Thèbes, lieu de l'aveuglement d'oedipe, et Colone, où il devient un voyant.
Ce n'est pas seulement le Journal d'un écrivain. Pendant que j'écris le livre, j'exerce un métier, j'ai une famille, je vis et cherche à comprendre les événements, j'écris des poèmes, je fais des rêves et des rencontres. Tout cela agit et se mêle dans la progression du Journal.
C'est l'écriture elle-même qui m'a fait ressentir que la différence entre le monde extérieur et le monde intérieur était moins décisive que je ne l'avais cru. Le voyage accompli dans la vie ordinaire qui est la mienne ressemble à celui de mes personnages vers Colone. C'est le voyage de l'émondeur".
H. B.
Cette publication inaugure la parution en collection de poche Babel de l'ensemble des Journaux d'Henry Bau-chau, dont le corpus complet couvrira quelque cinquante ans de vie intellectuelle et de création.
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désirer d'amour, défricher le corps des saisons manuelles.
labourer le temps de ce monde dans l'année d'un grand rituel. ne plus te vouloir, écouter. ne plus te connaître, te voir. t'éveiller, dormir, oublier et toujours, soleil, te revoir et travailler ton existence dans l'atelier spirituel.
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Ecrits au cours de ces quinze derniers mois - à l'âge de 99 ans -, ces poèmes célèbrent l'espérance obstinée et adressent une louange aux illuminations encore neuves, dans la survivance sereine et dans l'acceptation du déclin.
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Pierre et Blanche ; souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve
Anouck Cape, Henry Bauchau
- Actes Sud
- 19 Octobre 2012
- 9782330012458
Un volume en forme de "dossier", comprenant entretien, souvenirs, articles, lettres, autour de Pierre Jean Jouve et de sa deuxième épouse, Blanche Reverchon-Jouve, figure particulièrement importante de la vie et de l'oeuvre d'Henry Bauchau.
Blanche Reverchon tient dans l'oeuvre d'Henry Bauchau un rôle majeur. Elle est la double initiatrice, celle qui le mène à la psychanalyse et à l'écriture. C'est en 1948 qu'Henry Bauchau, traversant une période de difficultés (il vit avec Laure, mais sa première femme ne consent pas à divorcer ; son affaire d'édition et de distribution de livres périclite), entre en analyse avec elle. Dès La déchirure (1966), elle apparaît sous les traits de la Sybille, deviendra un personnage récurrent de bien des poèmes, et, au moins en partie, inspirera d'autres figures (Diotime, Véronique dans L'enfant bleu.). Au-delà de sa première psychanalyse, Bauchau restera toute sa vie dans une relation d'amitié avec Blanche, et dans une profonde reconnaissance pour son don de l'écoute.
Blanche Reverchon est également la seconde épouse de Pierre Jean Jouve, l'auteur de Paulina 1880, écrivain admiré par Bauchau. Entre 1956 et 1971, le couple Bauchau va à plusieurs reprises retrouver les Jouve pour un séjour d'été à Sils Maria, ou recevoir leur visite à Montesano. En 1971, pour un Cahier de l'Herne, Bauchau consacre un long article à Jouve. Il a par la suite évoqué Jouve ou son oeuvre dans diverses circonstances, mais c'est bien la figure de Blanche qui demeure prépondérante à ses yeux, malgré la discrétion et le silence qui la caractérisent.
Anouck Cape mène ici à bien un projet déjà ancien de Bauchau qui, dès le milieu des années 1980, souhaitait évoquer sa rencontre avec la Sybille, puis les moments où il a côtoyé le couple Jouve.
Le livre débute par un entretien (juin 2011) avec Bauchau, puis propose, dans sa version intégrale inédite (celle du Cahier de l'Herne était incomplète), l'étude consacrée à "Pierre Jean Jouve en Engadine", ainsi que divers documents, souvenirs, notes, interventions, et s'achève par une correspondance. Ces divers éléments composent un "dossier", un ensemble d'archives variées dont Pierre Jean Jouve est le sujet le plus visible, et dont Blanche Reverchon est bien évidemment aux yeux de Bauchau, l'élément le plus essentiel.
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Dernier journal ; 2006-2012
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Memoires, Journaux, Temoignage
- 4 Février 2015
- 9782330027254
Un dernier regard sur l'uvre en cours. Sur le monde qui perdure tandis que la santé chancelle. Sur les romans (Le Boulevard périphérique, Déluge) puis les mémoires (L'Enfant rieur, Chemin sous la neige) qu'il faut tenter d'achever, et sur les illuminations du présent : lectures, visites, amitiés, rêves et poèmes qui traversent ce ciel du quatrième âge.
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Au lendemain de la capitulation de l'armée belge en 1940, c'est en vaincu et sans grandes espérances qu'Henry Bauchau doit affronter l'avenir. La femme aimée, Laure, est en France sur les routes de l'exode. S'ouvre désormais la période étouffante de l'Occupation. Pour tenter de participer au redressement du pays, le combattant démobilisé met son énergie au service du mouvement des Volontaires du Travail. Bientôt la propagande tente de faire dévier les visées de ce projet : l'inévitable rupture mène Bauchau sur le chemin de l'Armée secrète puis au combat pour la Libération - mais une blessure prive "l'enfant rieur" de l'action d'éclat à laquelle il s'imaginait dédié. Sa véritable vocation, l'écriture, ne pourra ressurgir que dix ans plus tard, en 1954, au terme d'un cheminement à travers la psychanalyse, mais aussi maintes péripéties privées et professionnelles (l'édition, l'enseignement...) racontées ici avec une transparente sincérité...
«Chemin sous la neige», qui fait directement suite à L'Enfant rieur (Actes Sud, 2011), est le livre auquel Henry Bauchau a travaillé, à la limite de ses forces, jusqu'aux jours qui ont précédé son décès. Perfectible mais essentiel par le témoignage qu'il contient, ce récit - de longue date prévu pour le centenaire de l'écrivain - lui donnait enfin l'occasion d'évoquer les épisodes les plus difficiles de son existence. -
Coffret Bauchau ; Antigone ; Diotime et les lions ; Oedipe sur la route
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Babel
- 13 Novembre 2001
- 9782742736232
Oeuvre majeure d'Henry Bauchau, le cycle thébain que constituent "Diotime et les lions", "Oedipe sur la route" et "Antigone" offre une réécriture romanesque du mythe pour interroger ce que l'individu a de plus beau à proposer face aux épreuves, au devoir, à la loyauté et à son implacable destin.
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Dialogue avec les montagnes
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Memoires, Journaux, Temoignage
- 26 Février 2011
- 9782742796526
Plusieurs aspects singularisent ce Journal du Régiment noir. Au moment où ce volume s'ouvre, Henry Bauchau suit depuis Montesano (l'institut d'éducation qu'il dirige) l'effervescence puis le rapide déclin du mouvement soixante-huitard. Le retour à l'ordre gaulliste lui rend manifeste l'ambivalence des sentiments que lui inspirent les figures du père et du grand-père. Or le Régiment noir, ce deuxième roman dans lequel il est plongé, engage profondément sa propre relation à l'image paternelle. C'est le livre de la réparation : son propre père aurait voulu être officier et en fut empêché, le jeune Bauchau en éprouva (in)directement le déshonneur ; mais c'est aussi le roman épique dans lequel Bauchau investit sans doute ses propres aspirations (déçues) à l'action héroïque, par conséquent, une oeuvre où se reflète son aventure assez culpabilisante dans le mouvement des Volontaires au Travail. Par ailleurs, c'est aussi le roman «paternel», en écho au précédent, roman «maternel» (La Déchirure), qu'il lui faut franchir (il le ressent et l'exprime) avant d'accéder à ce qu'il nomme «une oeuvre plus personnelle». Manière de dire à quel point il se sent en même temps travaillé par les figurations qu'il travaille en fiction. Autre caractéristique de cette période, le rôle prééminent de la peinture dans son activité de créateur. Comme si la pratique de cet art tenait alors le rôle (de gestation, de jaillissement de l'inconscient dans une forme libre) que prendra quelques années plus tard la poésie. Il est très souvent, dans ce volume, question de tableaux (autant que de rêves) sur lesquels l'auteur sollicite parfois le regard et l'éclairage d'un interlocuteur privilégié, comme s'il était en quête d'élucider une matière vive qui a surgi sans attendre sa propre manifestation dans le langage. Dans ce livre prennent dès lors une grande importance les entretiens de Bauchau (une vingtaine sont retranscrits ou résumés) avec son ami le Dr Robert Dreyfuss qui fait à la fois figure de thérapeute et de post-analyste. Bauchau vient en effet d'achever sa deuxième analyse et assigne à ce «conseiller» (peut-être plus jungien que freudien) une fonction d'accompagnement très importante. Le Journal, on le voit, n'est pas encore devenu ce lieu où l'action du livre se cherche et se réfléchit. C'est par une autre action que ce volume est dominé : celle de l'auteur vers lui-même. Presque pas de poèmes, fort peu de recensions ou de citations d'oeuvres lues. Au contraire, le lecteur est témoin d'un questionnement intime comme si l'auteur avait à mettre en ordre ses propres déterminants psychiques (plus tard, les surprises que lui réservent ses personnages prendront le dessus) et prolongeait son analyse, pour encore mieux les maîtriser.
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nous ne sommes pas séparés de la terre, de la vie et de la mort.
nous ne sommes pas non plus séparés de l'histoire, le crime du 11 septembre 2001 à new york retentit en chacun de nous, de même que la naissance obscure d'un acte juste ou d'un poème. en regardant longuement le jardin de louveciennes, en l'écoutant avec patience, en attendant sa transformation corporelle en mots chargés de sensations, on n'atteint peut-être pas le tout, mais on découvre qu'on est en lui, même si nous ne pouvons le percevoir que par ces brèves intermittences qui sont la fête de l'existence.
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Parce qu'il est le lieu où se reflètent l'élaboration de l'oeuvre mais aussi son contexte, parce qu'il est également, dans les moments d'épreuve, le moyen de reprendre pied dans l'écriture, le Journal constitue un jalon privilégié dans la vie intérieure de Henry Bauchau.
Par la chronologie, ce volume fait suite à Passage de la Bonne-Graine (Actes Sud, 2002). Il accompagne les années 2002 à 2005, qui sont notamment celles du roman L'Enfant bleu (Actes Sud, 2004) et du recueil de poèmes alors en préparation, Nous ne sommes pas séparés (Actes Sud, 2006).
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Chant de la pierre qui s'élève vers Dieu, l'abbaye du Thoronet est l'un des plus parfaits exemples de l'architecture cistercienne.
Les poèmes d'Henry Bauchau nous guident dans cette maison de la prière, " dans la lumière de l'amour ".
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Passage de la bonne-graine - journal (1997-2001)
Henry Bauchau
- Actes Sud
- 10 Septembre 2002
- 9782742734115
" Retour chez nous, dans ce qui était : chez nous et ne le sera jamais plus.
Dans l'appartement du passage de la Bonne-Graine tout rappelle la pensée et la présence de L. Il a été aménagé par elle dans un ancien atelier d'artisan. Elle voulait d'abord en faire un loft, c'était la mode, à laquelle elle n'était pas insensible. Très vite elle s'est rendu compte qu'il nous serait malaisé de travailler tous les deux dans ces conditions. Avec sa ténacité et son sens de l'espace juste, elle a modifié son projet et est arrivée, par approches successives, à cet appartement où nous avons vécu et travaillé ensemble et dans l'indépendance.
Que de plans, de dessins, de mesures, de recherches il lui a fallu pour cela ! (...) C'est un vrai passage entre deux mondes encombrés, où l'on échappe à la domination automobile, à la foule et retrouve l'espace marcheur des passantes et des passants. Le mot "passage" fait penser à la vie, au transitoire, à l'éphémère dans lequel nous avons à vivre et à travailler. La "bonne graine" évoque la perpétuation de l'existence à travers la mort nécessaire du grain pour renaître et porter des fruits.
Passage de la Bonne-Graine évoque des paraboles, des contes, une vie plus naïve, plus tournée vers la nature qui nous parle toujours de l'existence. C'est un nom qui pourrait être donné, qui l'a été peut-être, à quelque passage ignoré de la Chine ou du Japon, ces pays où nous n'avons jamais été, L. et moi, mais que nous avons aimés à travers tant de poèmes et d'admirables peintures ".
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« Qui avait vu dans la chambre surnaturelle ce que les autres n'y voient pas ». Cette phrase de Henry Bauchau donne le ton à la suite de ses poèmes, réunis sous le titre de « Exercice du matin ». Médium, voyant, le poète nous transmet sa vision dans des textes dont chacun est un exercice de spiritualité.