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Paris, 1980. Alors qu'il " accompagne " sa belle-fille dans sa lutte contre un cancer, le narrateur se souvient de Stéphane, son ami de jeunesse. Au début de la guerre, cet homme l'a initié à l'escalade et au dépassement de la peur, avant d'entrer dans la Résistance puis, capturé par un officier nazi - le colonel Shadow -, de mourir dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Mais Shadow, à la fin de la guerre, s'est fait connaître du narrateur. Son intangible présence demeure en lui, elle laisse affleurer les instants ultimes, la mort courageuse - héroïque, peut-être - de Stéphane. Et la réalité contemporaine (l'hôpital, les soignés et les soignants, les visites, l'anxiété des proches, les minuscules désastres de la vie ordinaire, tout ce que représentent les quotidiens trajets sur le boulevard périphérique) reçoit de ce passé un écho d'incertitude et pourtant d'espérance... L'ombre portée de la mort en soi, telle est sans doute l'énigme dont Henry Bauchau interroge les manifestations conscientes et inconscientes, dans ce captivant roman qui semble défier les lois de la pesanteur littéraire et affirmer, jusqu'à sa plus ultime mise à nu, l'amour de la vie mystérieusement éveillée à sa condition mortelle.
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C'est dans un petit port du Sud de la France, où elle s'est installée pour raisons de santé, que Florence fait la connaissance de Florian. Peintre vieillissant, instable, réputé fou et pyromane, il n'aime rien tant que brûler et voir se consumer ses propres dessins. Encouragée par la psychiatre qui le «suit» de loin, Florence accepte de se mettre à son service. Et bientôt se forme autour d'eux, et de l'atelier aménagé pour l'artiste, un petit cercle d'amitié.
Peindre le Déluge - et peut-être le livrer aux flammes -, tel est le grand oeuvre que projette désormais Florian. De jour en jour, de mois en mois, il entraîne ses compagnons dans la folle entreprise de ce tableau démesuré qui les requiert corps et âme, qui les épuise et pourtant les transcende. Car cette oeuvre est, comme notre monde, traversée par la violence des siècles, par le désastre et la splendeur d'une humanité toujours renaissante.
L'art et la folie, le rêve et le délire, la vulnérabilité et l'inépuisable nécessité de créer, tels sont quelques-uns des chemins qu'Henry Bauchau propose à notre réflexion, et qu'il illumine d'une écriture aussi profonde que d'une magnifique fluidité...
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Des lendemains de l'incendie de Louvain aux années de la montée du nazisme, Henry Bauchau raconte une enfance et une adolescence qui pourraient être siennes, marquées par le sentiment de l'étrange défaite, prélude à la disparition d'un mode de vie qui, aujourd'hui, semble inconcevablement éloigné.
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Temps du rêve raconte un amour aussi fulgurant qu'insidieusement délétère, par lequel un jeune garçon est ébloui puis désenchanté - et condamné à chercher dans l'imaginaire d'autres illuminations. A quatre-vingts ans de distance, Henry Bauchau relit et préface son tout premier récit publié sous pseudonyme. Un événement dans la collection "un endroit où aller".
Un jour d'été Billy, onze ans, venu jouer avec ses cousins chez les de Rouvres, dans une maisonnée pleine d'enfants, y fait la connaissance de la petite Inngué. Dans la grande partie de poursuite et de cache-cache qui s'organise, il fait alliance avec la fillette. Inngué est belle, rieuse, intrépide et garçonne. Tous deux se charment, s'éclipsent, s'aventurent jusqu'à l'étang des carrières où, dit-on, un jeune paysan s'est noyé, happé par le tourbillon.
Lorsque les deux enfants rejoignent les autres, Billy est exalté. A la balançoire, au trapèze il se dépasse. Le soir arrive, il faut se séparer. Billy emporte et cache maladroitement le merveilleux bonheur de cette rencontre. Les adultes ont dit que les enfants de Rouvres viendraient bientôt leur rendre visite. Billy est tout entier dans cette attente. Le jour suivant, les oncles ont organisé des petites olympiades. Billy fait mieux que ses aînés au saut en longueur, mais son exploit passe presque inaperçu. Inngué saura-t-elle ? Inngué ne viendra pas, en définitive il ne la reverra que des semaines plus tard, au sortir de l'église. Mais le charme est rompu. Inngué et lui se serrent la main, du bout des doigts.
Temps du rêve est, à double titre, une oeuvre "de jeunesse". Si l'enfance (ou son "deuil") en est le thème majeur, le récit lui-même a été publié en 1936 sous pseudonyme. L'identité familiale des lieux et (probablement) des personnages incitait l'auteur à prendre cette précaution. Par ailleurs, de son propre aveu, Bauchau doutait alors de ses possibilités dans le registre de l'écriture et, particulièrement, de la fiction. Or l'intérêt de ce petit livre est multiple et, s'agissant d'un texte précoce, évidemment riche des développements à venir. Sur un plan purement narratif, il constitue une splendide peinture de la "vibration" réel/imaginaire propre à l'exaltation enfantine, avec tout ce qu'elle peut contenir d'éphémère et donc de douloureux. Tour à tour transcendé et meurtri, Billy se referme sur son secret, mais aussi sur la honte d'avoir cru. Il est durablement redevenu un "petit liseur, blotti dans un coin sombre, en marge de la vie". Mais celui qui (avant de connaître Inngué) s'évadait par la fiction et trouvait dans ses lectures de quoi enchanter son réel, est désormais conscient que "(s)a vie, plus tard, ne fera que poursuivre inlassablement les mêmes désirs".
Ce bref amour dès lors n'en finit plus de résonner sur la suite de l'oeuvre qui, en quelque sorte, l'écrira pour le dire en cachette. Douze ans plus tard (car il publie ce texte aux environs de ses vingt-trois ans) le personnage narrateur de Billy semble devenu cet auteur qui s'aventure timidement, sous pseudonyme, dans une fiction plaçant le rapport à l'amour et au rêve dans une configuration complexe de plaisir, d'indicible, de déception et de mort. On notera à cet égard combien le jeune Billy ressent peu à peu en lui la présence de l'étang funèbre. Or le lecteur du Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008 ; Babel n° 972) reconnaîtra probablement un topos romanesque obsédant. Et précisément (comme l'a remarqué l'universitaire Myriam Warhhée-Delmotte, auteure de remarquables études sur l'oeuvre de Bauchau), dans son journal des années quatre-vingts qui relate l'écriture de la première version du Boulevard périphérique, Henry Bauchau évoque tout à la fois la mort de "Stéphane" et un amour d'enfance, Paul : "J'étais envahi, submergé par une lumière merveilleuse que je n'ai jamais cessé de poursuivre, Puis je retombais dans l'état où nous étions de petits garçons qui n'avions ni gestes ni mots pour nous aimer." (Années difficiles, 13 juin 1980).
Sur cet amour-là l'Enfant rieur n'apporte nul éclairage complémentaire, et on s'étonnera, au passage, de n'y trouver nulle allusion à l'écriture et la publication de Temps du rêve : c'est probablement que le pseudonyme de Jean Remoire est aussi celui qu'utilisait Bauchau pour des textes plus politiques, avec lesquels, après guerre, il ne s'est plus vraiment senti en accord.
Mais sous d'autres aspects encore, il est passionnant de pouvoir lire aujourd'hui Temps du rêve. D'une part s'y préfigure (bien sûr) l'attention extrême que l'analyste Bauchau, plus tard, portera aux enfants, à la souffrance psychique, aux manifestations de l'inconscient et, plus largement, au matériau de ses propres rêves. D'autre part, il n'est pas commun, dans l'histoire littéraire, qu'à près de quatre-vingts ans de distance un auteur puisse relire et republier sa première fiction avec le double regard de l'homme âgé et du grand écrivain qu'il est devenu. Il était donc naturel de demander à Henry Bauchau ce que lui inspirait cette relecture. Tel est l'objet de la préface qu'il a bien voulu écrire pour cette réédition "à visage découvert" dans la collection "un endroit où aller ".
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" faire n'est rien, a dit le grand sculpteur brancusi, il faut se mettre en état de faire.
" a partir de treize ans, c'est par un long travail psychologique, avec l'aide d'henry bauchau, c'est aussi par l'amitié, l'imagination du travail, que lionel d. s'est mis en état de faire. il est devenu dessinateur, peintre, graveur et sculpteur, il vit dans une remarquable proximité des matières qu'il emploie et particulièrement dans l'amour du bois qui ne connaît pas l'angoisse et s'éclaire de patience.
Après quinze ans de travail en commun, henri bauchau et lionel d.
Sont devenus amis, malgré la différence d'âge, et demeurent très liés. c'est lionel d. qui a inspiré à henry bauchau de nombreux épisodes de son dernier roman, l'enfant bleu. en noir et blanc poursuit leur dialogue ininterrompu et leur permet, pour la première fois, de réunir leurs oeuvres dans un même ouvrage. les gravures et dessins de lionel d. répondent ici à quatre nouvelles d'henry bauchau.
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La Reine en amont Au moment où le futur Alexandre le Grand atteint vingt ans, il pense que son père Philippe, âgé de quarante-six ans et lui aussi homme de génie, "ne lui laissera rien de grand à faire". Il écrit et fait représenter devant ses parents une pièce de théâtre où, sous le couvert d'une histoire d'oedipe, il fait voir le drame insoluble entre lui et son père et tente de lui trouver une issue heureuse que la réalité démentira.
Gengis Khan Temoudjin, alias Gengis Khan, une des terreurs et un des génies du XIIIe siècle, l'homme qui construisit un des plus gigantesques empires de l'Histoire. Ses frontières s'étendaient de la mer de Chine à la mer Noire.
Prométhée enchaîné Pour transmettre aux hommes la connaissance de tous les arts, Prométhée a osé enfreindre la volonté de Zeus en dérobant le feu aux Immortels. Pour prix de sa générosité, il se retrouve enchaîné sur un sommet où règne un éternel hiver. Seul à connaître le destin réservé aux dieux, en vain il est interrogé par Hermès sur l'avenir incertain du jeune Zeus. Prométhée résiste aux menaces. Son refus, sa négation, suffisent à affirmer son existence, à l'empêcher de mourir.
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Conversation avec le torrent ; journal (1954-1959)
Henry Bauchau
- Actes Sud
- 21 Février 2018
- 9782330092528
Quand Henry Bauchau, en 1954, entame ce «Journal», il ne soupçonne pas qu'il lui faudra un demi-siècle et près de 3 000 pages pour y préméditer, y interroger et y refléter chaque étape de l'immense oeuvre en cours. Par ce premier volume (le dernier qui restait à paraître de cette édition complète), le lecteur s'aventure dans l'atelier d'un grand artiste en devenir, est témoin de ses tentatives, sa foi, son opiniâtreté dans le combat avec la peur d'échouer.
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La lumière Antigone ; poème pour le livret de l'opéra de Pierre Bartholomée
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Le Souffle De L'esprit
- 9 Mars 2009
- 9782742782611
La Lumière Antigone est un livret composé par Henry Bauchau sous la forme d'un long poème. L'auteur entreprit ce travail à la demande du compositeur Pierre Bartolomé avec qui il avait déjà collaboré au texte de son précédent opéra oedipe sur la route.
La Lumière Antigone fut créé au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles en 2008. Opéra de chambre, donné par un orchestre de quinze musiciens, cette pièce à deux voix, celles d'Antigone et de Hannah, inspira à Henry Bauchau une écriture poétique dont la métrique est régulière, non pas rimée, mais rythmée pour s'accorder à la musique.
Ecrivain célèbre notamment pour son roman Antigone, Henry Bauchau revient ici à cette figure majeure et archétypale du monde grec. D'une beauté bouleversante, le livret/poème s'ouvre sur un monologue d'Antigone au moment où elle entre en solitude, dans la remémoration, l'interrogation. C'est le premier acte. Le second restitue le dialogue entre Antigone et Hannah, exposé terrible de l'histoire de notre monde. Le troisième acte se constitue du long solo d'Hannah, celle qui a survécu, Antigone ayant disparu.
Henry Bauchau, qui a déjà publié trois recueils de poésie dans la collection "Le Souffle de l'esprit" signe ici un texte d'une haute spiritualité où Antigone, guidée par la fatalité, ne cesse d'éclairer notre propre siècle.
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Comme toujours j'ouvre ce cahier avec une sorte de joie et d'espoir. Il me semble après tous ces mois si durs que l'année doit être meilleure. Tout est bien sombre pour le moment, si la décision est prise enfi n de tout vendre et de quitter Gstaad, rien n'est vendu encore et le désastre est toujours à la porte. Physiquement je ne vais guère, L. est déprimée, j'ai été atteint par le refus, à cause de mon âge, de pouvoir travailler à l'université de Fribourg. Je sens que je puis être repoussé de partout. Je n'arrive pas à me mettre vraiment au travail, je perds du temps, au lieu d'abattre mes cinq ou six heures d'écriture coûte que coûte. Pourtant il se pourrait qu'après cette longue stagnation, dans quelques mois, une vie nouvelle commence. Je voudrais tant retravailler dans une équipe mais peut-être est-ce l'oeuvre solitaire qui m'attend. Il ne faut pas vouloir et laisser se faire, du fond du coeur, laisser se faire ce qui doit être.
H. B.
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Ecrits au cours de ces quinze derniers mois - à l'âge de 99 ans -, ces poèmes célèbrent l'espérance obstinée et adressent une louange aux illuminations encore neuves, dans la survivance sereine et dans l'acceptation du déclin.
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Un arbre de mots ; entretien avec Indira De Bie
Henry Bauchau
- Corlevour
- 21 Janvier 2008
- 9782915831153
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Pierre et Blanche ; souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve
Anouck Cape, Henry Bauchau
- Actes Sud
- 19 Octobre 2012
- 9782330012458
Un volume en forme de "dossier", comprenant entretien, souvenirs, articles, lettres, autour de Pierre Jean Jouve et de sa deuxième épouse, Blanche Reverchon-Jouve, figure particulièrement importante de la vie et de l'oeuvre d'Henry Bauchau.
Blanche Reverchon tient dans l'oeuvre d'Henry Bauchau un rôle majeur. Elle est la double initiatrice, celle qui le mène à la psychanalyse et à l'écriture. C'est en 1948 qu'Henry Bauchau, traversant une période de difficultés (il vit avec Laure, mais sa première femme ne consent pas à divorcer ; son affaire d'édition et de distribution de livres périclite), entre en analyse avec elle. Dès La déchirure (1966), elle apparaît sous les traits de la Sybille, deviendra un personnage récurrent de bien des poèmes, et, au moins en partie, inspirera d'autres figures (Diotime, Véronique dans L'enfant bleu.). Au-delà de sa première psychanalyse, Bauchau restera toute sa vie dans une relation d'amitié avec Blanche, et dans une profonde reconnaissance pour son don de l'écoute.
Blanche Reverchon est également la seconde épouse de Pierre Jean Jouve, l'auteur de Paulina 1880, écrivain admiré par Bauchau. Entre 1956 et 1971, le couple Bauchau va à plusieurs reprises retrouver les Jouve pour un séjour d'été à Sils Maria, ou recevoir leur visite à Montesano. En 1971, pour un Cahier de l'Herne, Bauchau consacre un long article à Jouve. Il a par la suite évoqué Jouve ou son oeuvre dans diverses circonstances, mais c'est bien la figure de Blanche qui demeure prépondérante à ses yeux, malgré la discrétion et le silence qui la caractérisent.
Anouck Cape mène ici à bien un projet déjà ancien de Bauchau qui, dès le milieu des années 1980, souhaitait évoquer sa rencontre avec la Sybille, puis les moments où il a côtoyé le couple Jouve.
Le livre débute par un entretien (juin 2011) avec Bauchau, puis propose, dans sa version intégrale inédite (celle du Cahier de l'Herne était incomplète), l'étude consacrée à "Pierre Jean Jouve en Engadine", ainsi que divers documents, souvenirs, notes, interventions, et s'achève par une correspondance. Ces divers éléments composent un "dossier", un ensemble d'archives variées dont Pierre Jean Jouve est le sujet le plus visible, et dont Blanche Reverchon est bien évidemment aux yeux de Bauchau, l'élément le plus essentiel.
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Au lendemain de la capitulation de l'armée belge en 1940, c'est en vaincu et sans grandes espérances qu'Henry Bauchau doit affronter l'avenir. La femme aimée, Laure, est en France sur les routes de l'exode. S'ouvre désormais la période étouffante de l'Occupation. Pour tenter de participer au redressement du pays, le combattant démobilisé met son énergie au service du mouvement des Volontaires du Travail. Bientôt la propagande tente de faire dévier les visées de ce projet : l'inévitable rupture mène Bauchau sur le chemin de l'Armée secrète puis au combat pour la Libération - mais une blessure prive "l'enfant rieur" de l'action d'éclat à laquelle il s'imaginait dédié. Sa véritable vocation, l'écriture, ne pourra ressurgir que dix ans plus tard, en 1954, au terme d'un cheminement à travers la psychanalyse, mais aussi maintes péripéties privées et professionnelles (l'édition, l'enseignement...) racontées ici avec une transparente sincérité...
«Chemin sous la neige», qui fait directement suite à L'Enfant rieur (Actes Sud, 2011), est le livre auquel Henry Bauchau a travaillé, à la limite de ses forces, jusqu'aux jours qui ont précédé son décès. Perfectible mais essentiel par le témoignage qu'il contient, ce récit - de longue date prévu pour le centenaire de l'écrivain - lui donnait enfin l'occasion d'évoquer les épisodes les plus difficiles de son existence. -
Dernier journal ; 2006-2012
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Memoires, Journaux, Temoignage
- 4 Février 2015
- 9782330027254
Un dernier regard sur l'uvre en cours. Sur le monde qui perdure tandis que la santé chancelle. Sur les romans (Le Boulevard périphérique, Déluge) puis les mémoires (L'Enfant rieur, Chemin sous la neige) qu'il faut tenter d'achever, et sur les illuminations du présent : lectures, visites, amitiés, rêves et poèmes qui traversent ce ciel du quatrième âge.
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Dialogue avec les montagnes
Henry Bauchau
- Actes Sud
- Memoires, Journaux, Temoignage
- 26 Février 2011
- 9782742796526
Plusieurs aspects singularisent ce Journal du Régiment noir. Au moment où ce volume s'ouvre, Henry Bauchau suit depuis Montesano (l'institut d'éducation qu'il dirige) l'effervescence puis le rapide déclin du mouvement soixante-huitard. Le retour à l'ordre gaulliste lui rend manifeste l'ambivalence des sentiments que lui inspirent les figures du père et du grand-père. Or le Régiment noir, ce deuxième roman dans lequel il est plongé, engage profondément sa propre relation à l'image paternelle. C'est le livre de la réparation : son propre père aurait voulu être officier et en fut empêché, le jeune Bauchau en éprouva (in)directement le déshonneur ; mais c'est aussi le roman épique dans lequel Bauchau investit sans doute ses propres aspirations (déçues) à l'action héroïque, par conséquent, une oeuvre où se reflète son aventure assez culpabilisante dans le mouvement des Volontaires au Travail. Par ailleurs, c'est aussi le roman «paternel», en écho au précédent, roman «maternel» (La Déchirure), qu'il lui faut franchir (il le ressent et l'exprime) avant d'accéder à ce qu'il nomme «une oeuvre plus personnelle». Manière de dire à quel point il se sent en même temps travaillé par les figurations qu'il travaille en fiction. Autre caractéristique de cette période, le rôle prééminent de la peinture dans son activité de créateur. Comme si la pratique de cet art tenait alors le rôle (de gestation, de jaillissement de l'inconscient dans une forme libre) que prendra quelques années plus tard la poésie. Il est très souvent, dans ce volume, question de tableaux (autant que de rêves) sur lesquels l'auteur sollicite parfois le regard et l'éclairage d'un interlocuteur privilégié, comme s'il était en quête d'élucider une matière vive qui a surgi sans attendre sa propre manifestation dans le langage. Dans ce livre prennent dès lors une grande importance les entretiens de Bauchau (une vingtaine sont retranscrits ou résumés) avec son ami le Dr Robert Dreyfuss qui fait à la fois figure de thérapeute et de post-analyste. Bauchau vient en effet d'achever sa deuxième analyse et assigne à ce «conseiller» (peut-être plus jungien que freudien) une fonction d'accompagnement très importante. Le Journal, on le voit, n'est pas encore devenu ce lieu où l'action du livre se cherche et se réfléchit. C'est par une autre action que ce volume est dominé : celle de l'auteur vers lui-même. Presque pas de poèmes, fort peu de recensions ou de citations d'oeuvres lues. Au contraire, le lecteur est témoin d'un questionnement intime comme si l'auteur avait à mettre en ordre ses propres déterminants psychiques (plus tard, les surprises que lui réservent ses personnages prendront le dessus) et prolongeait son analyse, pour encore mieux les maîtriser.
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«L'Escalier bleu a été composé au cours de plusieurs années passées à la montagne, au bord d'un torrent. Là s'impose le dialogue de l'eau qui s'en va et de l'eau qui vient. Est-ce un seul poème? Sans doute. Plusieurs? Certainement, qui ne sont que débris et tessons d'une vision plénière dont il faut refuser la fausse perfection sans femme et sans matière. Dans un quatrain final se fondent les contradictions et les intentions du poème:Pour les floraisons de l'hiver Pour la chute de l'assomption Pour la sainte unification Et pour les bouquets du divers». Henry Bauchau.
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«Je vis le long des jours très lents. Un torrent coule.
Il va du temps à l'autre dimension du coeur où s'en vont ceux qui ont suivi la profondeur.
Car le fond seul est véritable à notre attente.
Là couchent les anciens trésors, dans des dortoirs d'algues, des reposoirs où l'Atlante prépare leur émersion, par les obscurs chemins dormants de ses immenses théologies sous-marines.
C'est là que, revenant de la nuit, mon scaphandre a retrouvé l'inconnue folle des coquilles.
Visions des mondes engloutis, débris cruels vont animer nos feux de forge et de pulsion.»
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Passage de la bonne-graine - journal (1997-2001)
Henry Bauchau
- Actes Sud
- 10 Septembre 2002
- 9782742734115
" Retour chez nous, dans ce qui était : chez nous et ne le sera jamais plus.
Dans l'appartement du passage de la Bonne-Graine tout rappelle la pensée et la présence de L. Il a été aménagé par elle dans un ancien atelier d'artisan. Elle voulait d'abord en faire un loft, c'était la mode, à laquelle elle n'était pas insensible. Très vite elle s'est rendu compte qu'il nous serait malaisé de travailler tous les deux dans ces conditions. Avec sa ténacité et son sens de l'espace juste, elle a modifié son projet et est arrivée, par approches successives, à cet appartement où nous avons vécu et travaillé ensemble et dans l'indépendance.
Que de plans, de dessins, de mesures, de recherches il lui a fallu pour cela ! (...) C'est un vrai passage entre deux mondes encombrés, où l'on échappe à la domination automobile, à la foule et retrouve l'espace marcheur des passantes et des passants. Le mot "passage" fait penser à la vie, au transitoire, à l'éphémère dans lequel nous avons à vivre et à travailler. La "bonne graine" évoque la perpétuation de l'existence à travers la mort nécessaire du grain pour renaître et porter des fruits.
Passage de la Bonne-Graine évoque des paraboles, des contes, une vie plus naïve, plus tournée vers la nature qui nous parle toujours de l'existence. C'est un nom qui pourrait être donné, qui l'a été peut-être, à quelque passage ignoré de la Chine ou du Japon, ces pays où nous n'avons jamais été, L. et moi, mais que nous avons aimés à travers tant de poèmes et d'admirables peintures ".
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nous ne sommes pas séparés de la terre, de la vie et de la mort.
nous ne sommes pas non plus séparés de l'histoire, le crime du 11 septembre 2001 à new york retentit en chacun de nous, de même que la naissance obscure d'un acte juste ou d'un poème. en regardant longuement le jardin de louveciennes, en l'écoutant avec patience, en attendant sa transformation corporelle en mots chargés de sensations, on n'atteint peut-être pas le tout, mais on découvre qu'on est en lui, même si nous ne pouvons le percevoir que par ces brèves intermittences qui sont la fête de l'existence.
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Parce qu'il est le lieu où se reflètent l'élaboration de l'oeuvre mais aussi son contexte, parce qu'il est également, dans les moments d'épreuve, le moyen de reprendre pied dans l'écriture, le Journal constitue un jalon privilégié dans la vie intérieure de Henry Bauchau.
Par la chronologie, ce volume fait suite à Passage de la Bonne-Graine (Actes Sud, 2002). Il accompagne les années 2002 à 2005, qui sont notamment celles du roman L'Enfant bleu (Actes Sud, 2004) et du recueil de poèmes alors en préparation, Nous ne sommes pas séparés (Actes Sud, 2006).
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Réunissant toute la poésie publiée d'Henry Bauchau ainsi que ses dernières compositions, l'édition complète, revue et corrigée, et aussi définitive que possible de son oeuvre poétique.
La première publication d'Henry Bauchau chez Actes Sud qui date de 1986, avait pris la forme d'une anthologie personnelle aujourd'hui largement obsolète. D'une part chaque roman paru depuis lors s'est élaboré ou reflété (comme les Journaux) dans un dialogue avec le travail poétique ; d'autre part plusieurs recueils isolés ont ces dernières années vu le jour ; enfin l'auteur a achevé récemment un nombre assez conséquent de poèmes inédits que le moment est venu de faire paraître. Nous proposons donc maintenant aux lecteurs une édition complète, revue et corrigée, et aussi définitive que possible de son oeuvre poétique.
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Poesie geologie - l'escalier bleu - celebration - la chine
Henry Bauchau
- Actes Sud
- 16 Avril 1992
- 9782868691125