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Hervé Gauville
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À propos de son film Lancelot du Lac, Robert Bresson déclarait que c'était « l'aventure intérieure, très particulière, de Lancelot qui [l]'avait frappé, en combinaison avec la violence et le sang versé pendant la quête. » La combinatoire à l'oeuvre assemble et organise des phénomènes où la violence et le sang, justement, concourent à une même visée. Cette ligne de mire met en scène une série de figures.
Guenièvre, Gauvain, Artus, Mordred distribuent les cartes pour un jeu dont Lancelot est l'atout. Et son aventure intérieure si particulière se joue sur l'échiquier où le cheval est roi et la dame à coeur.
Quand le récit commence, tout est fini. Entre le sang versé en incipit et les corps effondrés du finale, la chevalerie fait grand bruit et parcourt toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Mieux qu'aucun autre film de Bresson, Lancelot du Lac blasonne le cinématographe d'un obscur éclat, celui, peut-être, des amours interdites.
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À l'heure où les biographies filmées se multiplient et, en particulier, les biopics de peintres, il est bon de se rappeler que l'un des plus illustres d'entre eux a fait l'objet de centaines d'essais, livresques et cinématographiques. Cinq ans après la mort de Vincent Van Gogh naissait le cinéma. Documentaires et fictions ont, depuis, rivalisé de moyens pour raconter sa vie, approcher son art.
Regarder Van Gogh à travers l'objectif d'une caméra se distingue de l'observation et de l'analyse opérées par l'historien d'art, le critique ou le simple amateur. On ne s'étonnera pas de constater qu'il y a à peu près autant de Van Gogh que de cinéastes l'ayant filmé. Mais, après tout, la quarantaine d'autoportraits du peintre ne révèle-t-elle pas autant de facettes différentes de son visage ? Ainsi l'autoportrait dit au chevalet n'a-t-il pas grand-chose à voir avec celui à l'oreille bandée.
Suivre les aventures de cette vie confinant à la légende est une manière d'accompagner les fluctuations d'un discours sur le peintre et, plus généralement, sur l'art.
Plutôt que d'empiler les titres en mélangeant videos muséographiques et documents pédagogiques, j'ai jugé préférable de choisir neuf films réalisés en l'espace d'un demi-siècle, approximativement depuis le centenaire de la naissance de Van Gogh jusqu'à celui de sa mort. Ces films ont pour point commun d'être d'abord des oeuvres de cinéma. Le peintre est leur prétexte et non leur but. Ce faisant, ils se soucient d'abord d'art cinématographique avant de rendre justice - si tant est qu'il faille le faire - à leur sujet, leur « motif ».
En retour, comme un miroir tendu à la caméra, la figure vangoghienne éclaire le cinéma dans sa recherche d'authenticité et, surtout, d'autonomie. Il s'agit donc de faire oeuvre avec et par l'oeuvre d'un peintre, c'est-à-dire un confrère. Et, dans la multiplication des images, Vincent disparaît peu à peu en persévérant dans son art.
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Ci-gisent
Franck Du Boucher, Hervé Gauville
- Impressions Nouvelles
- Traverses
- 1 Avril 2007
- 9782874490309
Les cimetières sont des territoires sur lesquels se côtoient les sépultures de défunts discrets et celles de personnalités marquantes du monde des arts et des lettres. La nécropole du Père-Lachaise accueille ainsi le tombeau noir de la famille Proust et celui de Paul Eluard, voisin pour l'éternité de Maurice Thorez. À Paris, en proche ou lointaine banlieue et en province, à Montparnasse, Thiais, Rueil-La-Gadelière ou Oloron-Sainte-Marie, des noms illustres couchés sur la pierre ou gravés dans le marbre suscitent la rêverie : Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Paul Celan, Maurice Vlaminck, Jules Supervielle,... Ci-gisent n'est ni un guide ni un recueil de nécrologies. Brèves fictions, dialogues entre les morts, évocations biographiques, les trente chapitres du livre racontent les tombes d'autant de célébrités, à partir d'impressions toujours différentes, souvent surprenantes, provoquées par ces rencontres de part et d'autre du seuil ultime. Pas plus que les vivants de renom, les grands morts ne se ressemblent. En traçant la diversité de leurs dernières demeures, en imaginant un récit particulier pour chaque tombeau, les auteurs se proposent de montrer la singularité posthume de ces disparus.