Première bande dessinée synthétique entièrement produite (texte et dessins) par une IA émergente, Fastwalkers est une méditation non linéaire sur le deep learning (apprentissage profond, méthodes d'apprentissage automatique et de modélisation par transformations non linéaires). Fastwalkers déploye la poétique imprévisible de l'informatique générative et explore son potentiel. Inéluctablement, elle engendre de nouvelles potentialités sensorielles chez les lecteurs. Né de l'expérimentation continue de Manouach sur l'abondance informationnelle et les économies affectives de la bande dessinée, Fastwalkers est un livre hallucinogène dans lequel tous les textes et les images ont été produits par l'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle. Depuis son origine, à la fin du XIXe siècle, l'industrie de la bande dessinée s'est développée en symbiose avec le développement des technologies d'impression, de distribution et de communication. En tant que média hautement technologique, avec ses communautés actives en ligne, la bande dessinée se prête aux processus programmatiques de l'apprentissage automatique. Les processus synthétiques de l'IA remodèlent la façon dont nous produisons, consommons, archivons et comprenons tous les médias, y compris la bande dessinée. Cocréé avec les IA de dernière génération (GAN, GPT-3) et développé par une équipe interdisciplinaire d'informaticiens, de codeurs et de designers, Fastwalkers est le résultat de la concaténation d'ensembles de données communautaires, d'algorithmes propriétaires, de régimes d'indexation, de tests bêta et de modèles génératifs, tous entraînés sur des millions d'unités de données et de corpus, spécialement pour réaliser ce livre. Le résultat est un paysage sémantique en mille-feuilles de nappes ambiantes dont les harmonies et les dissonances révèlent la nature composite et conglomérée de la connaissance et de ses échanges. Fastwalkers est un Hentaï méditatif et violent qui questionne les limitations cognitives de l'humain aux prises avec le caractère exponentiel de la cognition machinique, bientôt dépassé par le produit de son propre génie.
La plus vaste opération d'appropriation du comics le plus connu au monde. Peanuts minus Schulz : (Le travail distribué comme pratique organisationnelle) est la plus vaste opération de réécriture de strips issus de la série Peanuts de Charles Schulz. Plus de 30 strips ont été soumis aux imaginaires de plus d'un millier de micro-travailleurs de vingt pays différents par le biais de plates-formes de travail digital avec pour consigne de dessiner le strip à la main en appliquant une variante visant la réappropriation du strip sur le fond et/ou la forme. Le dispositif inédit de fragmentation, d'appropriation, puis de ré-assemblage des références de notre héritage culturel ouvre le champ du story-telling à la vision périphérique d'un précariat interconnecté... et donne des résultats drôles et inattendus.
The Cubicle Island est un projet de bande dessinée post-numérique et conceptuel. Il s'agit d'une expérience sur les ramifications du travail numérique distribué. The Cubicle Island est le fruit d'un travail invisible, produit par une main d'oeuvre de rédacteurs humains sans qualification ou par des algorithmes. Elle embrasse les avancées de l'accélérationisme épistémologique et technologique permises par l'interconnection de la précarité globalisée.
Contexte historique : la plateforme de micro-travail distribué et numérique Amazon Mechanical Turk (AMT) a été pensée et conçue par Amazon en 2007. Elle répondait à la nécessité de développer des moyens informatiques pour résoudre les problèmes techniques insurmontables liés aux nombreux doublons présents dans la liste des produits du site de vente en ligne. Depuis, un large éventail de plateformes de micro-travail en ligne s'est développé, qui permet d'exploiter la force de travail d'un nombre d'ouvriers sans précédent, pour accomplir des tâches informatiques complexes.
Ces services permettent à un candidat travailleur de chercher, sélectionner et remplir des tâches variées, à la demande d'un tiers contractant qui recherche une main-d'oeuvre indépendante, flexible et peu qualifiée. Le travail peut être réalisé chez soi, sans aucune supervision managériale. Il peut s'agir de développer des bases de données, trier des images, s'abonner à des chaines YouTube ou rédiger des commentaires "crédibles" sur Aliexpress ou TripAdvisor.
L'expression "micro-travail" désigne une série de petites tâches remplies par de nombreux travailleurs disséminés sur la toile qui, rassemblées, contribuent à l'élaboration d'un seul et unique chantier. Les micro-travailleurs constituent le plus petit maillon, la plus petite unité de travail, d'une gigantesque chaîne de montage virtuelle. Ils sont le plus souvent utilisés pour des tâches qui requièrent l'intelligence humaine, parce qu'on ne dispose pas (encore) d'algorithme efficace capable de les remplir.
Chaque jour, des dizaines de milliers de micro-travailleurs se connectent sur les multiples marchés du travail en ligne et effectuent des dizaines ou parfois des centaines de tâches. Les micro-travailleurs se trouvent à un moment clé de l'Histoire du travail, un seuil dans l'accélération exponentielle des technologies de l'intelligence artificielle forte (IAF/AGI) qui "augurent d'une nouvelle ère d'abondance sociale et économique".
Le micro-travail, dont le déploiement (humain) distribué, externalisé dans les BRICS, sur plateforme, en régime contractuel zéro heure, avec tous les avantages que présentent les micro-transactions financières et le contournement absolu des lois sur le salaire minimum, est une forme d'Intelligence artificielle à bon-marché. On l'a rebaptisé "Intelligence artificielle artificielle" (IAA). Mais il y a plus : certains de ces micro-travailleurs sont des programmeurs.
Ils conçoivent des bots capables de répondre automatiquement aux tâches les plus courantes publiées sur les plateformes de travail en ligne. Il y a des bots capables de trier des images par OpenCV (Open Computer Vision), d'autres qui sont capables de compiler des bases de données ou qui excellent à saturer les serveurs de requêtes ou même à s'en prendre au DDOS. Ces bots scannent les plateformes de travail en ligne mal sécurisées, à la recherche des tâches pour lesquelles ils ont été conçus.
On les appelle "chasseurs aveugles" : chacun d'eux transporte une arme spécifique, qui ne peut tuer qu'une seule espèce dans un vaste écosystème, avec de maigres chances de succès. Les spambots imitent les micro-travailleurs humains, qui imitent eux-mêmes l'Intelligence Artificielle. The Cubicle Island est un projet constitué de quelques centaines de dessins d'humour de naufragé sur une île déserte, dont la légende a été effacée, pour lesquels j'ai commandé, sur l'interface des plateformes de travail digital les plus populaires, quelques 17.
000 contributions écrites. En variant la formulation des demandes, j'ai demandé explicitement aux micro-travailleurs de fournir un texte drôle de 50 à 70 mots pour chaque dessin, avec des résultats mitigés. Pour l'entièreté de la production, j'ai procédé à la sélection des bons et mauvais contributeurs et blacklisté ces derniers. Afin d'écarter les spams et les bots, j'ai patiemment consigné les centaines de codes alphanumériques identifiant chaque micro-travailleur sur les plateformes.
Les premiers mois ont été pénibles. Aucune contribution n'était, fût-ce même un peu, drôle. J'apprenais ainsi qu'être un auteur de blagues au New-Yorker n'est pas une tâche si facile. Un jour, j'ai reçu un texte qui se distinguait de tous les autres : à la place de ces légendes de 70 mots que je m'étais habitué à copier, coller, imprimer, découper et punaiser sur un tableau recouvrant tout un mur de mon appartement d'Athènes, j'ai reçu une transcription de plusieurs pages, 2275 mots d'une interview de Captain Beefheart.
C'est là que j'ai décidé de troquer mes listes de bons et mauvais contributeurs. En acceptant les contributions des algorithmes les plus courants, qui hantaient ce projet depuis sa conception, The Cubicle Island occupe un champ sémantique textuel, une vallée de l'étrange de l'Intelligence artificielle artificielle artificielle (IAAA). Sans délaisser la complexité sémantique et l'engagement du lecteur des dessins d'humour, The Cubicle Island met en évidence la conception (numérique) partiellement humaine distribuée.
Le sort des dessins, après leur passage à travers l'essaim des lecteurs des usines numériques ou leurs substituts algorithmiques, remet en question la primauté de la légende et du dessin en tant que facteurs caractéristiques et déterminants du format cartoon et de l'industrie de la bande dessinée. A l'ère du contrôle et de la transparence sélective du capitalisme, The Cubicle Island met en scène les nouvelles configurations de la répartition travail/loisir (le néologisme playbor, contraction de labour et play).
The Cubicle Island est une performance au long cours, fondée sur un demi-siècle de dessins d'humour d'île déserte, qui souligne l'isolement extrême produit par les nouveaux régimes de travail, dans la formation d'une nouvelle classe mondiale de travailleurs cognitifs précaires. Ilan Manouach
Dans la version images de Limbo, Ilan Manouach et le collectif d'auteurs participant nous délivrent une véritable palette d'émotions à travers un trait qui sait se faire net, alambiqué, complexe, informatisé...
Par ces dessins transpire toute un éventail de sentiments qui nous plonge dans un univers désolé, froid, déstabilisant. Le lecteur vogue d'un univers au confort faussement gai à un univers végétal apocalyptique avant d'explorer les contraintes explosées de l'outer-space.
Le mieux est encore de se plonger dans ce livre d'images qui nous apportent bien plus que des images...
Frag est une expérience limite. Ses personnages évoluent dans le théâtre du monde comme sur les niveaux d'un jeu de plateforme, sous le regard d'un Dieu indifférent et muet, figuré par un coq étêté. Trois hommes sont sur un bateau. Trois squelettes sur un autre. Un coq tombe dans l'eau. Qu'est-ce qui reste ? Au gré des courants, ces marins malgré eux subissent le monde, les vagues, les nuages, puisqu'ils ne peuvent être ailleurs. Ils ont faim parfois. Ils pêchent et s'ils ne pêchent rien, mangent la jambe de l'un d'entre eux. C'est un jeu de plateforme à trois niveaux : dans l'eau, à sa surface, et dans le ciel. Les interactions, dans ce microcosme, ne peuvent que nous en rappeler d'autres...
On ne présente plus l'oeuvre singulière et exigeante d'Ilan Manouach.
Après Les Lieux et les choses qui entouraient les gens, désormais, La Mort du Cycliste et Arbres en plastique, feuilles en papier... et les paysages sans ciel d'Ilan Manouach, on attendait impatiemment une expérience narrative et séquentielle qui promettait d'être radicale. Frag est cette expérience limite. Ses personnages évoluent dans le théâtre du monde comme sur les niveaux d'un jeu de plateforme, sous le regard d'un Dieu indifférent et muet figuré par un coq étêté, tantôt tête, tantôt corps.
Le récit est d'une narration fluide et musicale, avec un thème central : un tigre tueur d'hommes terrorise un petit village. Mais qu'est-ce que ce tigreoe un démiurge, un tyran, un fantôme ou simplement une métaphore de la peur ? Les hachures et griffes qu'il laisse dans la forêt pour cer-ner son territoire ne sont pas sans rappeler l'écriture et le dessin de l'auteur. C 'est un dessin léger, qui se contente de peu d 'effets, qui conjugue justesse et maladresse, force et finesse, un dessin qui tou-che au symbole et un récit qui touche au mythe. Il y a chez Ilan Manouach un grand souci de respiration, de circulation. Il laisse du temps au lecteur, qui navigue sur des petites parcelles de récits, qui vit les ellipses com-me des bouffées d'air qu'on respire. C'est cette grande liberté de ton qui nous as donné envie de publier ce récit atypique et nous vous invitons à le lire et à le relire, car dans cet espace ouvert bien des choses apparaissent après plus d'une lecture... Un petit portfolio énigmatique ("La mort du cycliste") nous a poussés à rencontrer ce jeune auteur grec. Intrigués, nous voulions en savoir plus et il nous a confié ce premier long récit dont la maturité nous a immédiatement séduit.
Lorsqu'il publie, en 2007, son album Frag, Ilan Manouach propose une rupture fondamentale dans la relation du récit et du dessin. La pièce présentée à la biennale d'art contemporain du Havre en 2010, Éther, est une fresque composée de 7 panneaux d'aluminium de dessins sur papier, réalisés à l'encre et au crayon matérialisant ainsi la rapport que les auteurs issus de la nouvelle scène de la bande dessinée entretiennent avec l'espace autant qu'avec le récit. Il s'agit selon Ilan Manouach de l'application en art séquentiel de son intérêt sur les théories de conspiration. « L'Éther, d'après le nom d'un dieu de la mythologie grecque, propageait la lumière dans le monde. On avait, là, affaire à la forme la plus scientifique que pouvait trouver la foi. Les théories du complot sont peut-être le nouveau substitut de l'éther. Les choses, aussi déconnectées qu'elles puissent paraître, font alors partie, même avec les plus grandes pressions et en dépit de toute logique, d'un large ensemble qui les dépasse toujours. Les mégathéories de conspiration (conspirer = respirer ensemble) mettent en relation un marché illicite de diamants, des transmetteurs radio silencieux, les dollars maçonniques et des complots sionistes afin d'assassiner les Noirs en inventant le SIDA (...) "Je m'intéresse à la forme que prennent les conspirations, elles sont un monument du langage, une ode à l'abstraction et a l'artificialité de tout espace naturel. J'ai envie de construire un espace absolument artificiel, où une unité est donnée aux éléments hétérogènes, par contiguïté physique, puisque les liens de proximité sont les plus forts dialectiquement et les forcent ainsi à faire partie d'un large ensemble. Si ce travail est perçu comme ésotérique, c'est parce qu'il incarne une foi, celle de l'appartenance sans condition à quelque chose de plus large. " Ouvrage publié dans le cadre de la biennale d'art contemporain du Havre 2010.
Un dirigeable est poussé par le vent, des paysages de montagnes et de cyprès, une route tourne au bord d'un ravin, les arbres penchent, un homme joue au piano, un homme ramasse de menus objets trouvés entre les cheminées, du linge pend aux cheminées, l'homme trouve une minuscule chaussure de sport, des hommes courent... Il ne s'agit pas d'un livre qu'on résume.
Partant d'une célèbre série danoise pour la jeunesse, l'auteur détourne images et dialogues pour créer un nouvel objet, qui n'est pas que plastique. La trame narrative est la même que la série originale : au cours de leur tour du monde en bateau, Riki et ses amis s'arrêtent dans une petite clairière au coeur de laquelle trône une grange à l'aspect fort hospitalier. Ils sont bien évidemment accueillis par le propriétaire des lieux, Pierre Ducros. Devenant fermiers le temps de l'escale, la joyeuse bande d'amis va découvrir les secrets de la terre et de la maçonnerie... Mais ici, les aventures de Riki n'ont plus leur simplicité d'antan. Manouach évince tous les personnages de ses planches, excepté Riki le pélican. Les seules traces restant de ceux-ci sont leurs paroles et leurs actions. De ce fait, des bulles flottent sans locuteur, des objets se meuvent sans force motrice. Ce procédé narratif induit un malaise. On ne sait à qui s'adresse réellement Riki, et même s'il s'adresse bien à quelqu'un. Il ne reste que lui face à l'histoire qui doit être racontée. Expérience narrative limite, Vivre ensemble est la forme la plus accomplie de la désolation et de la solitude.
D'origine grecque, Ilan Manouach, né en 1980, est diplômé de l'Institut Saint-Luc de Bruxelles. Egalement musicien, il pratique le jazz, des répercussions singulières et des connexions entre les structures, les rythmes, les narrations, les lignes, les vides et les pleins, les ellipses... modulent ses formes narratives.
Cette publication est parue dans un premier temps à l'occasion de l'exposition Apostilles inaugurée lors du festival Sismic en juin 2011 à Sierre, en Suisse. Cette exposition présentait face à face le travail de Judith Forest et celui d'Ilan Manouach. Les Deux Côtés d'un Mur est à Limbo ce que Momon est à 1h25 : il constitue l'apostille du double livre Limbo (textbook) et Limbo (sketchbook). Le texte et les images y sont dans un rapport si étroit qu'il a fallu les séparer.
Cette nouvelle tentative de narration abstraite est aussi un projet sonore invitant le lecteur à écouter la bande originale sur : www.ilanmanouach.com/bothsidesofawall.
Ce projet rassemble des collaborations d'auteurs du monde entier. Au départ d'une proposition narrative intenable : des paysages narratifs préhumains, La 5ème Couche propose un livre sans l'ombre d'un homme, tout dévoué à la terre vierge. Telle était l'ambition d'Ilan Manouach, qui a choisi, organisé, lacéré ou simplement placé ses propres visions tout au long de ce magnifique livre de dessins séquentiels. Au détour de ces paysages édéniques ou infernaux, une réflexion s'amorce sur les potentialités d'autres articulations narratives.
Plus de deux mille films pour adultes ont été téléchargés aléatoirement en p2p sur un serveur dédié. Deux scripts distincts ont conservé les dix premières minutes de chaque film, puis les ont découpées en milliers de captures d'écran JPG, afin de constituer la base de données brute qu'il ne restait plus qu'à trier. La banque d'images ainsi créée a été soumise à des services de crowdsourcing. Des équipes de micro-travailleurs ont été affectées au tri de ces milliers d'images selon un critère délibérément vague : présentent-elles, ou non, de l'art contemporain.
Harvested présente 500 oeuvres trouvées dans des maisons, des chambres à louer et d'autres hétérotopies de l'industrie du film X. Cette anthologie met en lumière la nécessité d'une histoire de l'art spécifique au contexte industriel ; d'autre part, elle atteste la nécessité du recours prépondérant à la vision périphérique lors des pratiques scopophiliques. Si les peintures de type Ikea sont majoritaires, on retrouve également des travaux de maîtres modernistes, des plagiats de Fernand Léger, des Joan Miro inconnus, Château fort au soleil couchant de Paul Klee, mais aussi des oeuvres plus contemporains, tels Quote, 1964, une sérigraphie reproduite en poster de Robert Rauschenberg, une série de toiles de Mark Rothko, L'école de Fontainebleau de Cy Twombly et même quelques reproductions de Frank Stella et Lucio Fontana.
Dans le jargon de l'édition, 48CC désigne une bande dessinée de tradition franco-belge, de 48 pages, en format A4, cartonnée et en couleur.
Le 48CC est la pagination la plus économique, devenue la norme parce qu'elle est réputée plaire aux enfants. Ilan Manouach achète, dans le marché de seconde main, quarante-huit albums 48CC appartenant aux séries les plus populaires de la bande dessinée franco-belge, suivant le guide Moliterni. Les albums sont soigneusement scannés et chacune de leurs 2.034 pages au total est numérisée et nommée selon une classification simple où le numéro de page est suivi du titre de l'album. Par exemple : 34_La Horde du Corbeau. Toutes les pages de tous les albums portant le même numéro sont transférées dans un dossier spécifique.
Ainsi, dans le dossier 34, on trouvera rassemblées toutes les trente-quatrièmes pages des quarante-huit albums scannés. Un total de quarantehuit nouveaux dossiers représenteront les quarante-huit pages de notre livre final. Le contenu de chacune des pages du livre final sera le produit de manipulations entamées sur les quarante-huit pages des albums scannées portant le même numéro. Les livres sont lus attentivement.
Le chant de Pedro Moura décrit le panthéon des anges, une description pour chaque ange. Il s'en dégage une description de l'homme, de tous ses carac-tères. Une description fabuleuse et poétique de la créature dans la dévastation du monde, le vent dans les ruines. Il y a là du La Bruyère et quelque chose d'Aristophane (Contes démoniaques).
Le texte est mis en images par Ilan Manouach (Limbo, Frag, Les lieux et les choses...) dont les illustrations brillantes et violentes amplifient la scansion du poème.
"VSAdH/EdWB/IpAN" signifie "Variations Sur l'Ange de l'Histoire / Essai de Walter Benjamin / Inspiré par Angelus Novus, (un Dessin de Paul Klee)".
"Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble avoir dessein de s'éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que, jusqu'au ciel, devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès." Walter Benjamin, Thèses sur la philosophie de l'histoire. Le chant de Pedro Moura décrit le panthéon des anges, une description pour chaque ange. Il s'en dégage une description de l'homme, de tous ses caractères. Une description fabuleuse et poétique de la créature dans la dévastation du monde, le vent dans les ruines. Le texte est mis en images par Ilan Manouach (Katz, Limbo, Frag, Les Lieux et les Choses...) dont les illustrations brillantes et violentes amplifient la scansion du poème.