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Gallimard
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En Belgique, dans un ministère qui construit des piscines, des stades, des autoroutes, des tunnels. Pour le narrateur, c'est un univers de mort. L'unique obsession de cet homme est le temps. Pourquoi a-t-il survécu à sa naissance ? Pourquoi cette précipitation vers la fin ? Son psychanalyste reste muet à ses inlassables questions. Suspendu à cette énigme, le narrateur ne cesse d'observer méticuleusement son milieu de bureaucrate. Il assiste au rituel quotidien de l'exercice du pouvoir. Il déchiffre les gestes et actes des personnages qui l'entourent. Il les traque dans leurs dialogues. Il les entend rire et pleurer. Il les voit souffrir, s'amuser aussi, obtenir quelques bonheurs vite éteints. Au fond, il n'est pas vraiment malheureux. Avec une patience minutieuse doublée d'un humour décapant, l'auteur parvient à nous construire un univers qui tantôt nous fait éclater de rire et tantôt nous plonge dans un cruel désespoir.
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«L'air frais s'engouffrait dans la pièce glaciale et, m'approchant de la fenêtre, je sentis le vide béant sous mes pieds. Sarajevo plongée dans l'obscurité s'étendait au loin. Comme l'imposait le couvre-feu, on ne distinguait aucune lumière scintillant au coeur de la ville. J'imaginai le cours lent de la rivière et au-delà les cimes des montagnes enneigées. Hormis le souffle timide de la brise, quelques rares tirs de snipers et d'éphémères boules de feu explosant sur la colline, le silence enveloppait la nuit. Je me sentais au coeur des ténèbres l'hôte minuscule d'une planète inhabitée, astre au milieu des astres dont l'unique mouvement était désormais la rotation dans l'infini de l'univers.» Un écrivain séjourne à l'Holiday Inn, l'hôtel où sont regroupés les journalistes du monde entier durant le siège de Sarajevo. Il y retourne vingt-cinq ans plus tard, hanté par le souvenir d'Anna, une anesthésiste romaine rencontrée dans un hôpital.
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«Dans la tradition des Tombeaux, en quelque sorte, le dernier hommage que l'on peut rendre à ceux dont l'heure ultime nous sépare durablement».
J.M.G. Le Clézio.
Autant de manières de célébrer la vie à travers la mort, autant de manières de vivre que de mourir. Jean-Luc Outers renoue donc avec la tradition du Tombeau, tour à tour épitaphe, oraison, pure élégie ou déploration. Se fondant sur des écrits et des témoignages, il donne pourtant le sentiment de raconter des histoires proches de la fiction, dont les héros auront marqué sa vie. Parmi eux, on reconnaîtra les écrivains Henri Michaux, Dominique Rolin, Simon Leys, Hugo Claus...