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Jean Marc Turine
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5 rue Saint-Benoît 3ème étage gauche : Marguerite Duras
Jean-Marc Turine
- Metropolis
- Metropoche
- 23 Avril 2024
- 9782883402164
Jean Marc Turine n'a pas cherché à écrire une nouvelle biographie de Marguerite Duras, ni un journal de bord relatant vingt-cinq ans d'amitié avec l'une des figures les plus emblématiques de la littérature et du cinéma de la deuxième partie du XXème siècle. Il s'agit d'un texte intimiste, d'un regard de complicité posé sur une amie qu'il sait fort bien distinguer de la Duras, personnage public, mondain, bientôt « mondial », et dont les indiscutables défauts sont évoqués avec une indéfectible tendresse. C'est ainsi que Marguerite nous devient presque familière et que nous lui découvrons d'étonnantes couleurs : d'une avarice devenue légendaire chez ses proches à une folle générosité, de la douleur d'une solitude grandissante à l'humour et aux rires partagés, de ses absences à l'autre de plus en plus fréquentes dans ses dernières années à la plus rayonnante intensité de présence. À travers toutes ces sautes d'humeur et jusque dans l'épreuve de la maladie voire d'accès de folie, Jean Marc Turine restera d'une fidélité qu'aucun vent ne saura plier, d'une amitié « inoxydable », pour le meilleur et pour le pire.
Jean Marc Turine n'a que vingt-quatre ans et toutes les audaces quand il écrit pour la première fois à Marguerite Duras, en 1971. Elle refusera sa proposition de tourner Le Ravissement de Lol V. Stein, l'une de ses grandes oeuvres, mais l'invitera à participer au tournage de Jaune le Soleil. De cette première rencontre naîtra leur amitié. Au fil des récits et des ans, nous faisons connaissance avec le groupe d'amis autour du 5 rue Saint-Benoît, 3ème étage gauche. Edgar Morin, Elio Vittorini, Robert Antelme, François Mitterrand... - des personnalités qui ont fait le XXème siècle.
Pour la première édition (2006), l'auteur a attendu dix ans après la mort de la romancière-cinéaste avant de publier ses souvenirs. Il les complète ici par les événements marquants qui ont entouré la mémoire de Marguerite Duras jusqu'en 2023. -
Un texte comme un cri. Un cri de rage. De colère. D'injustice. Le cri d'un enfant meurtri, qui ose enfin s'exprimer plus de soixante ans après les faits. Douloureusement, Jean Marc Turine remonte le fil de sa mémoire et raconte ce qu'il a tant voulu oublier : les agressions sexuelles répétées, lorsqu'il était jeune garçon, par des membres du clergé. Le texte déroule les faits et navigue entre le récit factuel, cru, et l'émotion intense. Jean Marc Turine réussit à garder cet équilibre précaire, entre le recul nécessaire à l'écriture et la répugnance des souvenirs évoqués ; écoeurement, dégoût, colère ; les émotions remontent.
Depuis toujours, la force du travail de Jean Marc Turine réside dans sa capacité à dénoncer, sans relâche, les horreurs, les injustices, de donner la parole aux sans-voix, aux opprimés de la société. Après trente-cinq ans de travail acharné, de créations radiophoniques, de livres de résistance, il prend la parole pour lui-même et l'enfant qu'il était. Dénoncer les agressions perpétrées par des membres de l'église permet à son enfance meurtrie de trouver les mots de sa blessure.
L'importance de ce texte réside dans son honnêteté, il n'occulte rien, ni la part d'ombre, ni le déni, ni la difficile construction en tant qu'homme adulte. Au-delà de l'horreur, il éclaire également l'oeuvre littéraire d'un homme épris de justice.
Il est des sujets dont on essaie parfois d'oublier qu'ils existent, des souvenirs qu'on préférerait occulter. Mais ce qui s'est passé a existé, et libérer la parole est salvateur, essentiel. Les comportements abusifs sur des jeunes enfants et leurs dénonciations récentes provoquent des haut-le-coeur. La trame en est souvent un rapport d'autorité qui paralyse la victime en protégeant l'abuseur. Le témoignage permet alors, non pas de comprendre, mais simplement d'entendre. Lorsque celui-ci se double d'une écriture ayant la qualité de celle de Jean Marc Turine, le lecteur se laisse happer par ce cri du coeur, véritable claque qui remue et révolte.
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Un livre à quatre voix et peut-être un livre pour quatre voies Quatre voix qui s'entrechoquent, s'entremêlent Quatre voies qui se tissent pour se perdre Quatre voix qui s'étreignent et s'éteignent Chaque voix trace sa voie. Chaque voie porte une voix Chaque voix vibre à l'écoute des vents, des nuages, des pluies Chaque voie s'égare dans la nuit des souvenirs C'est ainsi que l'auteur ébaucherait une présentation de son roman. Comme à bout de souffle devant l'incommensurable silence qui se dégage de son propre ouvrage. Autour du viol d'un enfant, David, à sauver, à aimer. Quatre personnages nous parlent de son histoire. Axel, l'homme qui, le recueillant, va le sauver, au-delà de sa vie. La fille de cet homme, Claire, elle-même survivante, qui, le recueillant, va l'aimer au-delà de sa vie. La meilleure amie de Claire, Palmyre, celle qui est faite pour l'amour, pour la vie, et qui reste, elle, et témoigne. Et lui, David, il l'écrit dans son cahier, son histoire, et peu à peu, on ouvre ce cahier. Toute sa vie, David la dit avec ses mots, avec son orthographe et sa grammaire de dyslexique, à l'encre de ses peurs, de ses incompréhensions, de ses émerveillements, de ses curiosités, de ses joies, de sa détresse d'orphelin, de sa douleur insurmontable, de sa colère aussi. Une sourde colère. Et un amour immense. Mais une immense colère.
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La vieille Théodora ne marche plus, elle ne voit plus. Mais elle se souvient et raconte. Elle nous parle de sa vie, de ses rencontres, ses amours, ses espoirs, mais aussi ses errances, ses drames et ses désillusions.
Théodora est une enfant du fleuve. Née Rom, elle a voyagé au gré des vents. Traversant le temps, elle a vécu plusieurs vies. Née à l'aube du XXe siècle, elle le traverse tout entier. Temps de guerres, de communisme, d'oppressions répétées, l'histoire des Roms se révèle au fil du roman et se confond avec celle du siècle.
Naître femme, c'est s'exposer à la tutelle des pères et des maris, Théodora le comprendra vite. Tout comme elle pressentira aussi que par la lecture et l'écriture, elle échappera à la fatalité. Aladin, le tendre amant, Nahum, le fils d'élection, Joseph, le marin, croiseront sa route.
Personnages lumineux, ils partageront un temps sa vie avant qu'elle ne reprenne la route et construise sa destinée.
La force du travail de Jean Marc Turine, depuis ses premiers textes, réside dans son souci de donner la parole aux sans-voix, aux opprimés, aux victimes et de se dresser, sans relâche, contre la guerre et l'exclusion.
Par une écriture juste et engagée qui donne de la force à ce récit, il dénonce l'exil forcé, les brimades, l'injustice... Les voix du récit s'entremêlent pour nous emporter dans une histoire forte et entière, qui ne laisse pas le lecteur indifférent et le pousse à reconsidérer les questions de l'exil et de l'exclusion à la lumière de l'histoire contemporaine.
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Vivre (si vous sauriez comme j'avions)
Jean-Marc Turine
- Esperluete
- En Toutes Lettres
- 5 Juin 2020
- 9782359841244
Quatre textes sont ici réunis, écrits - ou recueillis - à des époques très différentes. Ils ont en commun d'évoquer des jeunesses vécues dans des géographies sans frontières communes. Des jeunesses étrangères les unes aux autres. Des jeunesses vécues dans une solitude tragique, désespérément inhumaine. Et en cela, elles peuvent se reconnaître. Des jeunesses, par leur proximité, ici, rassemblées, peuvent enfin se lire les yeux dans les yeux.
S'entendre, s'accueillir, je le souhaite, les mains ouvertes dans une empathie d'amitié fraternelle. Moi, Joseph Spira recueille le témoignage d'un rescapé des camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale. Un témoignage de ce qu'est survivre à l'innommable. Un Gaucher dit, avec les mots simples d'un homme-soldat que les événements dépasse, la violence, la déroute et l'impossible reconstruction vécue en Indochine.
Brûlures porte avec empathie la voix des victimes, le plus souvent sur plusieurs générations, des bombardements de dioxine au Viêt Nam. Les Chants d'Anjouan porte la trace d'une enfance heureuse qui ne peut se prolonger face à l'injustice sociale et économique et la misère sur les îles Comores. Des témoignages essentiels, percutants, nécessaires dont Jean Marc Turine se fait le porte-parole et qui viennent enrichir la mémoire collective.
Une écriture portée et habitée par chaque sujet pour transmettre et dire la pulsion nécessaire de la vie.
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L'archipel des comores, des îles situées au nord-ouest de madagascar, fut pendant plus d'un siècle colonie française.
Les îles sont indépendantes depuis 1974, sauf mayotte, toujours rattachée à la france. dans ces îles abandonnées du monde, jean marc turine a fait trois voyages: en 1982, il vivra pendant un an à anjouan en jeune coopérant. en 1998, il retournera pour deux mois, comme journaliste pour france culture. en 2006, il entreprendra un troisième voyage pour réaliser des émissions pour la rtbf. jean marc turine, à peine un pied posé sur le sol comorien, adopte les moeurs des habitants dans un élan d'empathie et pour mieux comprendre.
Ces écrits, qui s'étalent sur près de vingt-cinq ans, à chaque voyage perçoivent les mêmes complaintes, lancinantes, le même désespoir des comoriens dont l'avenir semble définitivement absent et le fatalisme irréversible.
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5, rue Saint-Benoît, 3e étage gauche ; Marguerite Duras
Jean-Marc Turine
- Metropolis
- 8 Mars 2006
- 9782883401648
« Par ces pages, je ne propose pas un journal, je tente plus simplement de raconter une histoire d'amitié : celle qui m'a lié à Marguerite Duras, à son fils, Jean Mascolo, et au père de celuici, Diosnys Mascolo. J'ai, oui, fréquenté les trois membres de cette famille et je me sers de notes prises tout au long des
années passées en leur compagnie pour relater ces amitiés.
(...) Je ne détiens aucune vérité historique, j'offre un regard rétrospectif empreint de subjectivité qui éclaire peut-être la personnalité d'une romancière-cinéaste marquante de son époque. » Jean Marc Turine
Dès les premières phrases, Jean Marc Turine affirme qu'il n'a pas cherché à écrire une autre biographie de Marguerite Duras. Il s'agit d'un texte intimiste, un regard de complicité posé sur une amie de vingt-cinq ans. Jean Marc Turine n'a que 24 ans et toutes les audaces quand il écrit pour la première fois à Marguerite Duras. Certes, il est épris de littérature et de cinéma. On est en 1971. Elle refusera sa proposition de tourner « Le Ravissement de Lol V Stein », mais l'invitera à participer au tournage de « Jaune le Soleil ». En 1984,
avec Marguerite Duras et son fils Jean Mascolo, il sera coauteur du film « Les Enfants ». Grâce à cet éclairage singulier posé sur une des figures emblématiques de la littérature et du cinéma de la deuxième partie du XXe
siècle, nous franchissons le seuil d'une adresse mythique, le 5 rue Saint-Benoît, 3e gauche. Jean Marc Turine vit et travaille à Bruxelles. Il est romancier, cinéaste, essayiste et a été aussi enseignant. Il a attendu dix
ans après la mort de la romancière-cinéaste pour publier ses souvenirs.