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Aden Belgique
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Une fois que j'aurai disparu, qui peut attester que ceux-là sur la photo sont mes parents ? Personne. Personne qui le sache de première main. Qui regardera cette photo pourra dire ce qu'il voit et pas davantage : une femme, un homme, deux personnes autour de la quarantaine, des inconnus dans un jardin à qui on peut prêter le destin qu'on veut. Deux êtres vous fixent. Qui sont-ils ? On ne sait pas. Et dans le silence de la photo vous laissez filer votre désir. Ils étaient ceci et cela. Ils vivaient comme ceci et comme cela. Une fois que je ne serai plus là pour attester leur existence, ceux-là basculeront dans l'univers des fictions possibles. Par exemple : l'homme est né à Saint-Pétersbourg, la femme à la frontière de la Pologne. Ils sont soviétiques, astrophysiciens l'un et l'autre. La conception du Spoutnik les a réunis. Ils se sont aimés. L'Union soviétique pesait sur eux, ils ont profité de leur présence à l'expo de Bruxelles pour passer à l'Ouest. C'est pour cette raison que j'écris en français. Voilà un schéma possible, que je pourrais déployer, m'inventant par la même occasion une autre biographie où ma petite enfance s'écoulerait entre Baïkonour et la datcha de la mer noire. Pourquoi pas ? Le récit que j'ai entrepris ne vient-il pas de transformer deux êtres de chair et de sang en personnages de roman ? Et si les vies que je leur ai faites n'étaient en définitive que pure invention ? Et si tout était inventé, qu'est-ce que ça changerait ?
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Rien d'officiel est fait de cinq récits. Chaque récit s'adosse à une grande figure shakespearienne. Inutile pourtant de connaître Shakespeare pour lire Rien d'officiel : ce qu'il faut savoir, on vous le dit. De quoi est-il question alors ? De notre époque, de ce que nous rapportent les télés et les journaux, des visages multiples du pouvoir, du chaos du monde, sa futilité, son tragique, sa violence. On y croise la rolex d'un mentor de la communication, la destinée tragique de la princesse Diana, le romancier japonais Murakami, et on y croise bien d'autres choses encore.
On vous le disait: c'est comme dans les médias, mais tout autrement que les médias. Rien d'officiel, ce sont les bruits d'hier et d'aujourd'hui qui viennent vous échauffer les oreilles. Deux hommes, trois femmes prennent successivement la parole pour raconter leur histoire, dire leur colère. Leurs récits toniques nous appellent à résister. Si on veut vivre tout simplement, il faut garder l'oeil ouvert et n'avoir pas sa langue en poche.