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Jean Michel Aubevert
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Le poème qui fait chanter les mots sur le thème des Je t'aime fait les enchantés sur les ailes du coeur. C'est un bonheur qui nous est conté, dont reposent les heures au puits des regards qui ont vu se féconder leurs eaux, de vive voix, la résonance des peaux au lit des beaux yeux.
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Journal d'un départ : photographies de Bretagne
Jean-Michel Aubevert, Joëlle Aubevert
- LE COUDRIER
- Sortileges
- 29 Avril 2024
- 9782390520627
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Les entrelus de Jean-Michel Aubevert ; de la rose au calame
Collectif
- LE COUDRIER
- A Coeur D'ecrits
- 30 Septembre 2020
- 9782390520177
Dans ce premier volume de la collection «À coeur d'écrits», 18 auteurs, confirmés ou débutants, sont présentés brièvement en parallèle de 25 textes écrits par Jean-Michel Aubevert.
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Lyrique et incisif, ce recueil se déplie comme une feuille perlée de rosée, touchée par la lumière. A travers la mélodie des images, se révèle la parole d'un poète.
S'il évoque la rose, il s'inquiète de son nom, questionne les tours que nous joue le langage à l'aune des manipulations.
Écoutons-le :
« Ô la rose d'un véritable amour, et la rose de son vocable ! Et comment relancer le dé bleu cher au poète pour tirer le chiffre du ciel au sept des Pléiades? Je dirai que la poésie creuse le réel pour nous rappeler que nous vivons à l'horizon d'un ciel, pour aérer les mots dans une respiration de l'esprit. J'ai revisité mon tarot d'images, mon parolier d'assonances, en y introduisant un jeu de roses et tant de pétales en ont volé que j'en ai gardé un sentier de pages. Certes, ce ne fut pas sans qu'en chemin des roses, resurgissent les épines qu'on nous promet pour rançon de la fleur sur la foi des lauriers d'un Sauveur, sans en passer par l'étranglement des sanglots. Je me divertis d'entendre aujourd'hui qu'il faut apprendre aux enfants à penser par eux-mêmes pour les prévenir contre les intégrismes. Ma mère avait une expression bien sentie pour qualifier une telle prétention à penser : un âne qui veut en faire à sa tête. Elle en avait une autre : comprendre de travers. Ses suppliques ne supportaient pas de réplique. Elle requit un psy pour me persuader de me laisser raisonner. Je fusse né musulman, puisque la foi descend d'une naissance, qu'on m'eût convaincu d'apostasie au risque de ma vie plutôt que de psychiatrie. Qu'un jeune veuille se différencier de son milieu, il sera retourné à sa banlieue. Il est bien temps de crier qu'on assassine la liberté ! Je fus Charlie. Les djihadistes n'ont pas tué l'hebdomadaire; ils l'ont sauvé d'une asphyxie économique par le traumatisme qu'ils ont causé. L'économie est une politique, le choix des démocraties de marché. Pour ainsi dire, elle transcende nos vies. Je garde pour sauvegarde la rose, poète d'entre les têtes pensantes. Je rends au monde ce qui appartient au monde. Galilée eût pu en dire autant : ce n'était pas en son nom que tournait la Terre. Sans doute y eut-il du poète, une tête en l'air, dans cette lunette au travers de laquelle il crut pouvoir examiner les cieux à l'envers de son temps. Conscient et responsable, le savant se dédit. La poésie désarme les larmes en se changeant les yeux. En chaque rose, se joue le jour de mémoire de poète. Et c'est une barque d'étoiles où se surprend une âme d'enfant à exister par-devers les grands de ce monde.
(Préface de Jean-Michel Aubevert)
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Journal d'un départ ; photographies de Bretagne
Jean-Michel Aubevert
- LE COUDRIER
- 3 Mars 2016
- 9782930498621
L'humaine créature évolue entre deux chaises, entre l'immersion des sens et la représentation mentale. Comme le notait l'ethnologue Claude Lévi-Strauss, il ne suffit pas que l'aliment soit bon à manger; encore faut-il qu'il soit bon à penser. Ainsi louvoyons-nous entre le réel et le vrai, entre ce que nous vivons et ce que nous en concevons.
Ainsi en est-il de ces « Photographies de Bretagne » où se love le poème. Recueil nostalgique, entre deux départs et deux retours de Bretagne, plus voyage dans le temps que dans l'espace, retour sur une mythique Brocéliande traversée de présences, où le gui se rappelle encore aux druides.
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La jeunesse, non celle, rêvée, qui fut la nostalgie de mon existence, la bienheureuse qu'ont bercée les marraines, qu'ont bénie les fées, mais la réelle, l'atroce adolescence sous des auspices féroces, me revint à l'esprit. Ce fut comme un tapis de mémoire où je dérapai, à moins qu'il ne fût tapis rouge dérobé sous mes pieds. J'en vis se dérouler le tapis devant moi comme des marches en bas desquelles j'étais ramené à mesure que je tentais de les gravir, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que cendres de ces espérances qu'on place dans l'enfance. Les évènements s'enchaînèrent dans mon esprit comme le deuil d'une jeunesse retrouvée, peut-être mort-née. Avais-je la moindre chance d'entrer dans la danse de l'existence comme au don d'une vie? Pour peu que j'entre dans l'espérance, on m'en ôterait la présomption, en sorte que je fus précipité dans l'exclusion et la négation...
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L'enfant poète - le poète enfant - vit dans un monde d'avant le monde, d'avant les désillusions, d'avant les meurtrissures inévitables, un temps de « chair », un temps qui ne fait que s'écouler. Ainsi « Sans doute n'aimais-je rien tant que le temps qui s'écoulait, le vent qui dans mes cheveux me renouvelait la promesse des instants, la grâce d'un moment où le monde nous fait vibrer de son onde, matière dont l'être nous remplit, lumière à notre esprit ».
L'enfant était heureux, vivant, ne connaissant du réel que ce qu'il percevait de ses propres yeux, en quête pourtant d'étoiles comme l'homme de la Mancha projette le « pari de l'étoile ». Et pour vivre, la poésie, tout autant que la peinture, donne accès à un réel plus lumineux - différent selon qui le perçoit - à défaut, comme les hirondelles, de pouvoir ressentir « la légèreté de vivre ».
Il y a du Kundera de « L'Insoutenable légèreté de l'être » dans le poète enfant Aubevert, qui évolue dans cette époque bénie où le pays nageait dans la prospérité et dans la liberté... , liberté toute relative, car « penser de travers » n'avait guère droit de cité sous l'égide de L'Église et de ses croyants zélés. Et le poète aujourd'hui, en mémoire de l' enfant heureux mais aussi coquille de noix sans foi ni loi, se doit de croire en la vie en cette époque de retour des confessions , mais aussi de croire encore à cet enfant dont les yeux se dessillent.
Aubevert le poète livre ici un livre magique, solaire, où la poésie partout présente se met au service du temps, du monde, du sens profond de la vie.
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Vendémiaire, an 424.
Bretagne rase campagne : au pic des caps, l'arbre a perdu pied. Il a rendu les armes, ras la bruyère violette et ras l'ajonc, à l'éclat un peu sale. Le chêne a courbé l'échine, laissé le terrain aux épines. Terre extrême, Finistère sous les vents rugissants, entrecoupée par les vallées noyées, comme aux appels d'une Ys, j'épelle vos combes à l'étiage d'une tombe.
Au reflux de la mer, d'aventure, des vestiges ressurgissent d'un temps si révolu que j'en conçois le vertige. Tant de bateaux se sont échoués. Leur cage thoracique repose dans l'eau.
Pays d'Armor, je vous sais terre des morts au cap des naufrageurs. Sur la mémoire de leurs feux, semble veiller un phare, épaulé par un contrefort de rochers, tandis que sur le plateau pelé, la cuscute parasite ébouriffe la lande d'une rousseur insolite. On dit qu'elle a tôt fait de couvrir un site et de le dépayser, si vite qu'on croirait un tour de magie.
Bretagne coupe rase des arbres sous la tempête, aux feux follets dont le vent ranime la brande, sous le remembrement qui, tel un agent Orange, un défoliant, balaya les haies, repoussant les voies de l'étrange au maquis des halliers. Ultime coupe-vent, un paraphe de chèvrefeuilles sépare le jardin du champ voisin.
Traquant la ronce des mûriers, les glands de chêne, il me semble repousser du jardin domestiqué la nostalgie envahissante des sauvageries, le geai et le sanglier qui nu, se vit cochon. Moi qui me prétendais coureur des bois, annonciateur des ménades sur des pistes nomades, j'hérite d'un improbable pré à vache pour terre arable.
Je me vois logé au rang de sédentaire, habitant d'un rêve arrêté, Merlin dans la maison de verre de sa légende, cultivant ses songes pour rançon de ses changes. Faut-il, pour qu'en fleurisse le nom, consentir aux roses le sacrifice d'un sang que la ronce prélève de force? Je m'égratigne à tourner autour, sans doute indigne de leurs atours. La cétoine dorée, qui leur est dédiée, les dévore de baisers. Dois-je les en épouiller, ou en est-ce la dernière touche comme d'un supplément d'âme, le camée idoine?
J'émargeais jadis, obsolète poète, à l'ordre des arbres et des bêtes auxquelles leur robe suffit de peau. Aussi je me sentais dépourvu de ne plus aller nu, consigné au rebut d'une fière tribu. J'empruntais à l'adamite sa bure; mon corps identifiait mon humanité, sans qu'aucune pudeur ne puisse me la contester.
Le verbe m'habillait de son tissu.
Ainsi qu'un coeur bat au rythme d'un sang, que Marianne se lève pour brandir un poing, Fabre d'Églantine soustrait aux Saints le calendrier romain pour le restituer au rythme des saisons.
On ne sait, au sortir de l'hiver, bourgeon ou bouton, l'éveil révolutionne le monde pour autant qu'un coeur s'élance à la poursuite des soleils.
Un vent transporte le monde et c'est aux lèvres toute la puissance des ondes que traduit le poète.
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A l'origine de ce recueil, un projet bibliophile de L'Âne Qui Butine, éditeur basé à Mouscron, d'après une idée de Christoph Bruneel : il fut demandé à Jean-Michel Aubevert de composer des textes à partir d'une série de gravures authentiques du 19ème siècle, coloriées à la main. Il en est résulté 22 exemplaires uniques regroupant chacun 3 gravures et les textes correspondants, manuscrits par Jean-Michel Aubevert et signés. Séduite par cette démarche, l'éditrice du Coudrier a souhaité réunir l'ensemble des textes et, suivant une voie inverse, a demandé au collagiste Philippe Lemaire de se laisser inspirer par eux et de donner libre cours à sa fantaisie.
« Qu'est-ce qu'un bestiaire ? Je ne répondrai pas à cette question. Je dirai simplement qu'il faut lire ce bestiaire ornithorynque sans idées préconçues, sans vouloir suivre un chemin tracé d'avance. Dans ces quelques pages "succulentes", le lecteur ira de surprise en surprise et perdra son latin.
Jean-Michel Aubevert a l'art d'étonner sans cesse et de ne jamais dormir sur ses lauriers giboyeux. Si toutes les bêtes du monde voulaient se donner la patte, elles feraient une ronde autour de l'univers.
Ici, les histoires de bêtes ne sont jamais des histoires bêtes. L'auteur fait constamment la preuve d'une invention permanente où s'allient anecdotes, récits raisonnés, folies outrancières. L'homme y est souvent dénoncé comme le pire des conquistadors.
Et foin de condors!
Multiples sont les "formules" qui font mouche (c'est le cas de le dire dans un bestiaire à bestioles). Qu'on ne s'y trompe pas cependant : d'une certaine façon, ici, rien n'est gratuit; lisons entre les lignes. Mais, avant tout, savourons cette langue très langagière et qui peut devenir parfois mauvaise langue! Et c'est vrai que ce poète-ci nous livre toujours, et avec malice, le goulu des mots. Vous découvrirez la morale immorale de l'histoire.
Et ne peut que me plaire "un hommage au hérisson inconnu"!
Ou la rouerie malicieuse de certaines questions : "Quelle mouche a piqué l'oiseau-mouche ?".
Loin du bestiaire de La Fontaine, plus proche de celui de Michaux et de celui de Borgès, voici celui d'Aubevert. En toute vivante poésie animale. En toute poésie tout court.» (Extrait de la préface de Jacques Izoard)
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