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Karel Logist
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Soixante-neuf selfies flous dans un miroir fêlé
Karel Logist
- L'Arbre A Paroles
- 26 Avril 2021
- 9782874067075
Ce recueil, c'est de la poésie contemporaine, mais moins dans la forme que dans le choix des sujets et la façon de les traiter. Par exemple, Karel Logist écrit directement sur son smartphone. Comme pour s'assurer que dans leur saisie même, ses mots parlent du monde tel qu'il est, tel qu'on l'habite. Mais surtout tel que lui l'habite. Car c'est bien un autoportrait qu'il nous offre, le portrait de quelqu'un qui a voué sa vie aux mots et qui regarde le monde depuis un étonnement jamais passé. Certes, on sent de la lassitude et de la tristesse. Certes, bien des choses emmerdent le poète. Mais la grande force de ces 69 selfies flous est de ne jamais verser dans la désespérance. Au contraire, ils nous rappellent que la vie a «besoin d'être aimée et envie d'être désirée, de prendre le vent de face, de sentir et de consentir, de se savoir surprise». En ces temps incertains, qui n'y souscrirait pas?
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Je vous salue / mes compagnons de route et de déroute / passants d'anonymes partages de mon voyage sans boussole / frères obscurs des passages secrets / Qu'on ne me cherche plus de ce côté de l'eau / dans un rang sur une scène ou dans la loge sept / Je me mets entre parenthèses / je prends le large / je déserte ma rue / ma cour ma demeure ma chambre / ma femme mon enfant et mes bêtes / pour donner corps aux quelques rêves / que je perds trop souvent de vue / pour un autre versant du monde / plus juste plus honnête / plus transparent sans doute / où j'apprends à me supporter...
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Tout est près, tout est loin : les vestiges de l'enfance, l'amitié, les amours difficiles, la mémoire et l'oubli, la solitude et l'ombre de la mort, la grâce furtive de la vie ordinaire, la mer atteinte au bout du train, les autres observés de biais, soi-même aperçu dans la glace. Funambule sur la corde du temps, Karel Logist cultive une sorte de distraction méthodique - mais méfiez-vous des distraits : rien ne leur échappe.
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Les trois plaquettes heureusement regroupées ici, Ciseaux carrés, Une quarantaine et Un danseur évident, ont été publiées pour la première fois, à l'enseigne de l'Arbre à paroles, respectivement en 1995, 1997 et 2004. Aussi l'encre des poèmes qu'ils contiennent ne vient-elle pas de sécher : les moins neufs ont plus de seize ans et les plus récents moins de huit. En outre, si les deux premiers recueils se suivent d'assez près, le dernier est paru presque dix ans après le premier et sept ans après le second... Cette ronde de chiffres est riche de deux enseignements.
D'abord, elle nous prouve avec éclat que la poésie de Karel Logist ne vieillit pas. Le temps est en effet passé en vain sur ces trois recueils. Malgré la quarantaine éponyme de l'un d'eux, les poèmes qu'ils contiennent n'ont pas pris une ride. Ils demeurent pareils à eux-mêmes, légers, lumineux, insaisissables, ni jeunes, ni vieux, sans âge, inaltérables et aériens. Ils pourraient avoir été écrits hier ou l'être demain.
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Depuis quelques années, entre deux courts poèmes, pour se rincer l'esprit, Karel Logist écrit de petites phrases, de brèves réflexions sur le monde qui l'entoure, sur ses contemporains, des fragments empreints d'humour, de philosophie, d'amertume, parfois. Ces textes rencontrent un indéniable succès sur les réseaux sociaux. Aux aguets, l'éditeur d'aphorismes propose alors au poète de le publier... Avant-goût : Il nous manque la clé pour ouvrir le silence. J'adore avouer mes mensonges. Pour qu'ils deviennent des vérités. Je ne travaille pas. Plusieurs métiers m'exercent. On a beau accuser son âge ; le vrai coupable court toujours. Narguons les lunes et les amarres. Larguons les nuls et les amers. Les écrivains heureux jardinent leurs paysages. Mon pire cauchemar serait de laisser à d'autres le soin de réaliser mes rêves !
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Montagne de Bueren, un matin de septembre / tu te souviens d'avoir été ce lent grimpeur / combien de fois déjà dans l'ombre ou la lumière / seul ou accompagné du fantôme / d'un poète qui boite / et te parle de Liège en rêve et en ivresse : / « Mis bout à bout tous les escaliers de Liège / conduiraient à la lune ou au centre de la terre / L'entrée des escaliers souterrains se trouve / au pied des remparts d'Hocheporte / Porte secrète dissimulée sous les fleurs » / Il est encore là et te parle à l'oreille / de sa voix précise, sinueuse et insinuante / interrogeant ta vie et ses envies muettes / cette vie aujourd'hui à / l'image de quoi ? / de quel piètre gâchis ? / Tu t'es trompé Tu as trompé / Tu t'es trahi Tu as trahi / Tu as plongé et nagé en eaux troubles / Tu as élevé le mensonge en principe vital / et tu es encore là / Tu as abandonné On t'a abandonné / Tout le monde te manque / Où dorment tes amis ?
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Et pendant nos silences des souvenirs s'écrivent ; textes du spectacle Si tu me disais viens
Karel Logist
- Maelstrom
- 4 Juillet 2017
- 9782875052223
Karel Logist est un voyageur au long cours. Il a pris soin de tout emporter sous d'autres tropiques, sans oublier son séismographe du coeur humain et des vicissitudes de l'existence. Comme il a le don d'ubiquité et maîtrise l'uchronie, vous le rencontrerez ici ou là, hier et demain, toujours dans le présent. Il mise sur l'écriture, sachant pertinemment qu'un coup de « Dés d'enfance » jamais n'abolira le hasard. Mais par quel subterfuge cet habile faiseur de merveilles langagières pouvait-il insuffler plus de vie encore à son univers poétique ?
Et voilà que soudain cela se produisit, comme par enchantement, mais surtout grâce à l'inventivité de Jean-Yves Picalausa et de Michaël Clukers, qui, tels d'antiques aèdes ou de très glorieux trouvères, se mirent à jongler avec la phrase logistienne ainsi que les otaries au cirque vous pointent le ballon du bout du nez. Dès lors, de poésie lue à voix silencieuse, la poésie de ce Karel aimé des dieux prit la voie de l'art tragi-comique et de la profération.
La Compagnie du Caniveau + Karel Logist = cocktail détonant, explosions de rires ou sanglots longs, émotions, charmes, fables de voleurs de talent ; vous vous enivrerez bien baudelairement, sans jamais être tout à fait rassasié ; n'hésitez pas à en redemander, ils se feront tous trois un plaisir...
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Soixante poèmes pour se prendre au jeu des habitudes, de leurs déclinaisons, celles-là qui nous peuplent et qui nous rythment afin de conjurer le temps qui passe et nous rendre insaisissable la singularité des expériences. Karel Logist s'approprie ici le genre du sonnet, et c'est une poétique d'un radical ordinaire qui emboîte le pas de cette rencontre, où l' enjeu consiste moins à éterniser l'instant et les désirs qui le supportent qu'à rendre chacun à son irréductible fugacité.
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Un coeur lent se déploie comme tétraptyque poétique. Moderne, mais parfois classique, la poétique du recueil épouse de multiples formes, fixes ou libres. Parfois métapoétique, le propos du recueil se laisse à lire comme des fragments des instants, de vie. Le narrateur questionne le monde proche qui l'entoure, avec la justesse, voire la sagesse du spectateur. Lucide, il ne s'empêche pas pour autant d'exploiter, par touche, une certaine sensualité descriptive. Dès lors, Un coeur lent se donne à nous comme une vision, personnelle, mais multiple d'une société perçue par le prisme de la poésie. Les textes sont accompagnés de photos de Serge Delaive.
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Parfois on croit qu'il n'y a rien à voir... rien ne se passe, rien à dire. Mais laissez les choses changer, tolérez qu'elles vous soient ôtées, et vous vous rendrez compte de ce que vous avez perdu. Un être, une paix, une parole, une image même, et tout bascule. Certes, nous avons appris à vivre dans un présent que l'avenir menace... mais si tout est menacé (et l'inquiétude ne devient-elle pas une stratégie politique?), finalement rien ne semble l'être. Or le Ry-Ponet, lui, l'est. Petit paysage fragile qui est avant tout un paysage d'images. Et si ténu qu'il pourrait passer inaperçu.
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