Lorenzo Cecchi
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Quels sont ces êtres « dans l'enclos » ? Des bovins, des ovins, des animaux de cirque ? Non, des humains comme vous et moi. Ils tournent en rond, confinés, prisonniers de leurs fantasmes, de leurs destins. Car on ne s'évade pas de l'enclos.
Gordon malade de frustration, Jean-Jacques qui se mutile pour nourrir sa compagne, Willy le député féminicide... Et Jacqueline, Napoléon, Adèle, Petula, Théo, les prénoms défilent. C'est que, derrière l'arbre de chaque prénom se cache la forêt intérieure des sentiments et des actes...
Dans ce mélange de nouvelles et de textes brefs, chaque histoire, chaque tranche de vie, chaque élucubration mentale, traumatisme, fantasme d'adolescent, désir inassouvi exprime avec une économie de mots ce qui crucifie des personnages finalement proches de nous. Tenus en haleine par ce tourbillon, nous nous cramponnons à l'auteur qui nous emmène là où nous ne l'attendions pas.
Né et vivant à Charleroi, agrégé en sociologie Lorenzo Cecch a été animateur de maison de jeunes, promoteur des spectacles au National, administrateur de sociétés, ou encore commissaire d'exposition avant de terminer sa carrière en tant que commercial dans une société privée. Pendant dix ans, il a également enseigné la philosophie de l'art à l'académie des Beaux-arts de Mons.
Son premier roman, Nature morte aux papillons, paru en 2012, a été sélectionné pour le prix Première de la RTBF, le prix Alain-Fournier, le prix Saga Café et le prix des lecteurs du magazine Notre Temps. Dans l'enclos est son onzième ouvrage. -
Neuf contes drôles, exquis, intelligents !
Dans L'Andalouse, avec un petit a, un homme amateur de sauce andalouse se plaît à croire que la compagne d'un ami (il reçoit le couple chez lui) qui le soigne d'une blessure à l'arcade sourcilière causée par une prise de bec avec cet ami est espagnole parce qu'elle s'appelle Conchita...
La femme de la nouvelle suivante, une Espagnole de souche, elle, se dispute avec son mari lors du vernissage d'une expo de Bram Bogart à Bruxelles où elle est venue le rejoindre avant que le narrateur, en habile séducteur, ne parvienne à approcher la bouillante épouse humiliée qui ne pensera qu'à se venger...
La Chevrolet mêle un souvenir d'enfance et un différend entre deux voisins, un Italien sans voiture et un Espagnol ayant troqué sa vieille Skoda contre une rutilante Chevrolet.
La Der des ders, peut-être la nouvelle la plus originale de l'ensemble, par sa forme épistolaire, met en scène une ultime discussion vive et virtuelle entre deux hommes aux egos surdimensionnés qu'une relation amicale ancienne unit par-delà la distance qui les sépare.
Le Gastronome est un régal de mots et de mets qui pose un questionnement sur l'inclination à la nourriture quand elle prend certaines proportions...
Les deux nouvelles suivantes, au-delà des anecdotes rapportées, dressent un parallèle entre le monde de l'entreprise d'hier (dans VRP), fonctionnant sur le mode du paternalisme, et d'aujourd'hui (dans Drink d'adieu), basé sur le combat économique sans merci et le manque de considération dont sont l'objet les employés. On retrouve là la veine autobiographique de Cecchi à l'oeuvre depuis Nature morte aux papillons, son premier roman paru au Castor astral, qui sait si bien s'appuyer sur ses expériences personnelles pour en tirer des histoires fortes emplies d'humanité et d'autodérision.
Les deux dernières nouvelles, Spanish Jazz Project et Gesualdo, rendent hommage à leur façon à deux musiciens, Carlo Gesualdo et Michel Mainil, un musicien de la fin de la Renaissance et un saxophoniste de jazz belge toujours bien vivant.
L'ultime nouvelle du recueil, dans une merveille d'écriture concise et raffinée, raconte le premier mariage de Carlo Gesualdo da Venosa, noble napolitain de la fin du XVIe siècle, par ailleurs compositeur de madrigaux et de musique religieuse alors que Naples est dirigée par un vice-roi nomme par le roi d'Espagne. Le prince se montrera d'une cruauté sans égale quand il devra laver son honneur sali par l'adultère de son épouse commis avec un duc espagnol. Dans la quatrième de couve, il est justement conseillé d'écouter, pour l'apprécier autrement, la musique de Gesualdo pendant et après lecture de la nouvelle.
Les allusions à la culture ibérique sont toujours subtiles, c'est la cerise sur le gâteau de ce repas littéraire en neuf plats, goûteux et délicats à souhait, pour palais fins, exclusivement.
Ce bouquet de nouvelles est remarquablement illustré par Jean-Marie Molle, fondateur du groupe Maka, dans des tableaux judicieusement composés des éléments cruciaux de chaque récit.
- Éric Allard
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"On entre dans ce livre comme on se rend à un concert de blues...
Une fois la porte poussée, on est envahi par les notes de musique, on n'entend plus que ça, on est pris dans une ambiance où se mêlent l'énergie des instruments, la nostalgie des mélodies et la voix rauque d'un chanteur qui se vide les tripes.
Ainsi sont faites ces sept nouvelles de Lorenzo Cecchi : les mots sont les arpèges, la note bleue s'installe et les histoires commencent lentement, montent crescendo, atteignent une puissante intensité avant de se terminer pas toujours comme on l'aurait imaginé.
Il y aura un éditeur véreux, des musiciens déjantés, un romancier contrarié par son insuccès, l'unique client d'un bistrot, un chat dans la gorge et un mystérieux porteur de sac à dos qui n'est peut-être pas un terroriste..."
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« Je m'appelle Paul », ce sont les seuls mots que prononce l'enfant res- cape´ d'une trage´die dans laquelle ses parents et ses soeurs ont pe´ri. Le monoxyde de carbone a tue´.
Adopte´ aussito^t par «tante Armelle», soeur de sa me`re, qu'il ne connais- sait pas. Il sera e´leve´, rue Varin, pre`s de la gare des Guillemins a` Lie`ge, une rue e´claire´e aux ne´ons de la prostitution. Ensuite viendra l'appren- tissage a` la boucherie ou` Le´a, sa patronne, nouera avec lui une relation sentimentale qui durera toute sa vie.
Oui, ce Paul est inspire´ d'un homme politique qui a re´ellement existe´ dans la Belgique des anne´es 60-70.
Si la ressemblance est grande, elle n'est que pre´texte a` e´crire une biogra- phie comple`tement fantasme´e du personnage, sans grand rapport avec l'original.
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Ce troisième recueil de nouvelles, comme les précédents, porte sa marque : humour caustique, noir même, mais empli de tendresse pour les bousillés de la vie qui constituent sa galerie de personnages.
Couverture et illustrations du cahier central : Michel Jamsin.
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Petite fleur de java. suivi de deux migrations
Lorenzo Cecchi
- Onlit editions
- 19 Février 2015
- 9782875600615
Deux verres de trop, un virage mal négocié, une voiture dans le décor et la vie de Léo bascule. Le visage fracassé, le beau Léo devient bientôt gargouille déplumée, obèse et grimaçante. Mais c'est à l'intérieur surtout que la transformation s'opère jour après jour. Et sa femme, Lucienne, la famille d´Omar, son voisin marocain, et tout le petit monde du quartier ne peuvent qu'être les témoins malgré eux d'une lente et terrible métamorphose. Lorenzo Cecchi démontre une fois de plus son talent de conteur dans ce roman poignant.
Petite Fleur de Java est suivi de Deux migrations, deux nouvelles qui abordent avec tendresse et ironie les destins de deux déplacés économiques dans l'Europe d'aujourd'hui, un thème cher à l'auteur.
Lorenzo Cecchi est l'auteur de Faux Témoignages, paru chez ONLIT Éditions en 2014. Un roman qui, selon Patrick Delperdange, place son auteur dans la foulée d'un John Fante.
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Un verger sous les étoiles est un roman envoûtant fait de rencontres imprévisibles entre femmes et hommes, mais aussi entre vivants et morts. Un écrivain, célèbre auteur d'un best-seller mais désormais vide d'inspiration, est au coeur de ces rencontres. Il en écrira le récit, destiné à demeurer secret, et qui s'éparpillera dans l'éternité d'un grand feu rédempteur, sous les étoiles. Lorenzo Cecchi a déjà publié Nature morte aux papillons, Faux Témoignages et Petite fleur de Java.
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"Dans l'Italie d'après guerre durement frappée par le chômage, le jeune Osvaldo, pour s'être rebellé contre un père violent, se voit contraint de quitter Morovalle, un petit village des Marches noyé de soleil. Le jeune homme prend le train pour Charleroi où l'on engage dans les charbonnages. Ainsi débute Faux Témoignages, le nouveau roman de Lorenzo Cecchi, une éblouissante chronique qui retrace cinquante années d'immigration italienne, à travers le prisme d'une bouillonnante histoire familiale.
À cheval entre ici et là-bas, entre hier et aujourd'hui, le souvenir, soudain, sublime l'Histoire : comme on avance tout en reculant ! C'est l'heure du retour dans le paradis perdu, celui de l'enfance, des rires, des dîners en famille, de l'adolescence, des maisons qui se remplissent d'enfants, puis peu à peu se vident et finissent enfin par disparaître. N'y voyez cependant rien de triste ou de mélancolique car c'est partout la joie de vivre qui anime les hommes et les femmes de Lorenzo Cecchi !"
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Nature morte aux papillons
Lorenzo Cecchi
- Castor astral
- Escales Des Lettres
- 23 Août 2012
- 9782859209070
Coincé entre l'affection de ses parents et le confort un peu étouffant de sa relation avec sa petite amie, Vincent, étudiant en sociologie, éprouve le besoin de respirer. Nous sommes à Bruxelles dans les années 1970. Peu enclin à se lier, il ne fréquente que Nedad, un Yougoslave solitaire qui se destine à la sculpture et partage avec lui de redoutables parties d'échecs. Mais voilà qu'il rencontre Suzanne, une jeune femme libérée qui a l'air de savoir ce qu'elle veut. Lorsqu'il découvre à quel point elle se joue de lui, il la quitte et s'éloigne de Nedad, en qui il a découvert un rival. Une dizaine d'années plus tard, le sculpteur et la séductrice font un retour saisissant dans la vie de Vincent. Assistant en coulisses au dénouement d'un drame passionnel, il va se découvrir plus fragile qu'il ne croyait...
Variation amère mais teintée d'humour sur la peur d'aimer, ce roman mêle avec ironie les grandes idées et les petits riens d'une génération désorientée. La thématique sociale constitue l'un des attraits du roman. Les lecteurs qui ont eu vingt ans dans les années 1970 se reconnaîtront dans les portraits de Vincent, Suzanne, Carine et Nedad, ces jeunes Bruxellois pris entre l'idéalisme ambiant et les souffrances de leurs parents prolétaires, petits commerçants, immigrés ou réfugiés. Ils n'adhèrent ni au fanatisme de leurs contemporains, ni aux valeurs traditionnelles, avec lesquelles leurs familles respectives ont d'ailleurs déjà pris quelque distance. Les lecteurs plus jeunes s'étonneront de voir combien ce tableau préfigure étonnamment notre époque.
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