Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
-
En s'intéressant à Souffle, pièce la plus courte (une page) et la plus brève (35 secondes) de samuel Beckett, Marc Blanchet étudie en trois temps une oeuvre sous-titrée « intermède » où Beckett, sous couvert d'ironie, livre une (petite) merveille cristallisant son art. Souffle est approché d'abord comme une partition, aux temps d'écriture et de didascalies égaux, à déchiffrer sans référence aux autres pièces ou proses (première partie : « une oeuvre en miroir »). Puis, dans une deuxième partie, Marc Blanchet traverse les livres de Beckett pour mettre en écho cette pièce sans comédien à travers l'ensemble des écrits, théâtre comme proses, de Beckett, voyant dans les ordures sur scène qui remplacent toute incarnation humaine « une exaspération du personnage comédien ». Une troisième partie, « Du berceau jusqu'au tombeau », interroge de manière plus vaste l'écriture beckettienne... non sans placer un « interlude » avant celle-ci pour raconter la mise en scène « loupée » et reçue avec colère par l'auteur irlandais en 1969. Ainsi se dessine un « souffle de Beckett » pour parler d'une écriture qui n'a cessé de dessiner un territoire cohérent dont l'essai de l'écrivain Marc Blanchet montre la vitalité toujours forte en y apportant un nouveau regard.
-
Méditations et autres brièvetés : proses fantasmatiques
Marc Blanchet
- Lettre Volee
- 13 Septembre 2013
- 9782873172954
Composé de 124 fragments, et d'un long texte intitulé « Nous sommes notre propre imitation », cette « prose fantasmatique » poursuit un travail amorcé avec la publication L'Éducation des monstres à La Lettre volée en 2009. En numérotant ses fragments, en les regroupant sous certaines thématiques sans les nommer (l'enfance ; l'écriture ; la féminité ou la narration de « caractères », par exemple), Marc Blanchet joue avec la notion de savoir. Cette prose dès lors fait alterner divagations, écrites avec ironie et vivacité, et de plus sérieuses pensées, proches parfois de l'aphorisme. On la peut décrire comme « nietzchéenne », dans son utilisation du fragment tel qu'il fut pratiqué par le romantisme allemand puis plus spécifiquement par le philosophe lui-même. Cette indication ne vaut que par le refus de l'auteur de toute affirmation, une défiance amusée devant tout épanchement ou tout didactisme. Alors même que la figure de l'auteur est ici le personnage principal. Les fragments peuvent ainsi s'ouvrir en fictions avortées, se changer en essais, se diviser en nuances ou considérations. Peut-être cette prose tout en variations s'essaie-t-elle à une forme d'humanité nouvelle, où l'auteur joue de ses créations comme il espère que le lecteur le fera à son tour. Seulement cela s'enracine ici, malgré la légèreté apparente, avec une profondeur qui fait de ces « petits écrits » un ouvrage de pensée où prédomine, avec ce refus de toute autorité, une importance du fantasme comme condition de connaissance du monde.
-
Du dessein au dessin Dans le cadre de leur centenaire, les Instituts Saint-Luc de Bruxelles ont organisé, en novembre 2004, un colloque pluridisciplinaire sur le thème du dessin au studio du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Le dessin y fut évoqué en tant qu'instrument et capteur du réel, actualisation d'une potentialité ou d'une latence, mais encore en tant que projet, le disegno que le français traduit par le terme de " dessein ", expression visible d'une idée, d'une représentation mentale où sont convoqués le langage, le corps, l'espace et le temps. Le dessin fut encore envisagé en tant qu'écriture vectorisant l'espace de la feuille, de la toile, du lieu où et d'où l'on écrit.
Et puis il y eut l'irrépressible plaisir du trait, le vibrato de l'émotion, la légèreté d'horizons insoupçonnés et tant d'autres signes à venir.
-
L'ambition de Marc Blanchet est présente dans chacun de ces vingt-trois courts récits qualifiés par l'auteur de "proses fantasmatiques" : un auteur n'est que la somme de ses obsessions. Aussi, à travers critiques et fantasmes, inventions et défiance devant le charme de l'imagination, l'auteur ne cherche pas à faire d'un "travail sur le langage" une fin en soi. Une telle indication n'a d'intérêt que si cela ouvre un monde. L'ouvrage malgré ses sections demeure indivisible : c'est une progression, où le poète tente de faire entrer le romancier en lui, n'y parvient jamais vraiment, tant surgissent personnages, situations, envies, attentes ou espérances pour devenir lematériau même de l'écriture. De la venue d'un jeune prince autrichien en exil à la révélation sur "les vertes vallées" à l'aube de tout texte ou la nécessité de l'auteur d'être aumieux avec autrui sans rien sacrifier de ses peurs ou désirs, Marc Blanchet construit un monde, le détruit pour le pur bonheur d'une théorie dont l'acceptation est avant tout un consentement demandé au lecteur. L'ouvrage, véritable théâtre de marionnettes, marque une nouvelle étape dans un parcours singulier commencé avec la poésie et poursuivi par des récits et des essais sur la peinture, la musique et la littérature.
-
Xavier Noiret-Thomé est un jeune artiste peintre né à Charleville-Mézières en 1971. Après des études à l'école des Beaux-Arts de Rennes et un Master à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam, il a bénéficié de résidences au centre d'art contemporain du Domaine de Kerguehennec (1995) et à Pont-Aven (1999) qui lui ont permis d'acquérir un maturité dans son travail pictural. Il fut lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Amsterdam (1996) et a obtenu en novembre 2001 le prix de la Jeune Peinture Belge au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Depuis 1991, il a participé à plus d'une vingtaine expositions collectives et individuelles et prépare sa prochaine exposition personnelle à la Galerie Jennifer Flay à Paris pour juin 2002.
-
Récit autobiographique, impressionniste et analytique, écrit à la troisième personne du singulier, ponction d'épisodes d'une durée variable dans le premier tiers d'une existence, Lots communs est d'abord le livre d'un auteur qui n'a pas voulu se résoudre à ne pas écrire sous prétexte de manque d'imagination, ni sous celui des résultats auxquels aboutissent la plupart des ouvrages écrits sur le principe de l'autofiction. Passant du « je » au « il », et au-delà de telle ou telle catégorie, c'est en Littérature qu'il a voulu essayer d'entrer par ce renoncement, au risque que cela comporte de seulement y penser, et avec l'idée, à la faveur de cette dissolution de son individu dans le cours d'un projet anti-romanesque, de proposer au lecteur, moins ce qui le distingue et l'en sépare, que ce qui dans leur vie peut les renvoyer l'un et l'autre, à une expérience commune.
-
Le puzzle postmétaphysique de habermas ; la trajectoire philosophique de la théorie de l'agir communicationnel
Jean-Marc Durand-Gasselin
- Lettre Volee
- Essais
- 18 Octobre 2016
- 9782873174682
Le refus des formes allemandes de pensée autoritaire et élitiste ainsi que la volonté de jouer le jeu d'une pensée faillible et modeste ont incité Habermas à penser son entreprise de renouvellement de la « théorie critique » comme un puzzle postmétaphysique. Les perspectives nouvelles de la publicité et de la délibération démocratiques vont ainsi recevoir une assise théorique inédite sous la forme d'une combinaison singulière de traditions intellectuelles considérées comme concurrentes ou antagonistes, combinaison produite comme un puzzle de manière méthodique et originale.
« Jean-Marc Durand-Gasselin a su trouver le fil conducteur d'une reconstruction aussi exhaustive que brillante de l'unité et de la cohérence interne d'une démarche intellectuelle complexe. Peut-être fallait-il l'acuité d'esprit bien informée et la sensibilité politique d'un jeune collègue français pour dépister l'arrière-plan spécifiquement allemand de mes motifs tout en atteignant le noyau objectif de ma théorie. » (Jürgen Habermas)
-
Dans la continuité de L'Éducation des monstres et Méditations et autres brièvetés, Marc Blanchet poursuit la publication de ses « proses fantasmatiques ». Valses et enterrements se présente comme une suite de courtes proses narratives articulées autour de la figure d'un écrivain solitaire. Désireux d'écrire un vaste roman qui le ferait reconnaître de ses contemporains et signerait une vision unique de son temps, un auteur s'inscrit en parallèle à des cours de danse, avec une préférence pour la valse. Tout s'effondre : le roman s'effrite en de petites proses qui paraissent plus vraies que toute prétention romanesque pendant qu'une douzaine de danseuses meurent aux côtés du narrateur. Ensemble de proses rêveuses et sensuelles, Valses et enterrements est un récit morcelé fait d'ironie et d'apartés, et s'avère une méditation sur l'écriture à travers la création de figures amoureuses insaisissables.
-
Un livre de poésie où toute l'ironie d'une parole au présent est traversée par une lucidité et une hardiesse confondantes. S'il ne s'en tenait qu'au titre, le lecteur se tromperait sans doute d'entrée. Il ne s'agit ni d'une évocation consensuelle ni d'un chant évoquant le pays d'origine. Cette suite poétique cherche moins à mettre de l'ordre qu'à saisir le désordre de la vie telle qu'elle peut se vivre à notre époque. En arrière-plan de cette analyse des jeux et des enjeux du monde, la dimension autobiographique dissimule une ironie lucide et sans complaisance. Plus encore, ce qui devrait retenir au plus haut point le lecteur est l'exigence de devoir s'arrêter longuement sur chaque poème, aussi bref soit-il, enfin d'en explorer les diverses coutures, car l'art de Marc Blanchet est bien de révéler un monde que l'on ne peut décliner en quelques formules : « Temps nouveaux, écrit-il. La faim n'a plus de quoi mordre. / Quelle leçon pour la moindre révolte ! / Bouche close / Abandonnez-vous à cette vérité : / La colère ne nourrit plus son homme. »