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Marc Dachy
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- Archives Dada offre enfin la publication de référence désormais incontournable sur l?'histoire de ce mouvement déterminant pour l?'évolution de l?'art au XXe siècle.
Résultat de plus de vingt ans de recherches et de collationnement de documents en langue allemande, anglaise, italienne, néerlandaise, française, voire japonaise, le présent ouvrage se présente comme un somme sur Dada, des origines à nos jours, développée en deux volumes.
Dans une première partie, Archives Dada, rassemble en un gros volume l'essentiel des textes, témoignages, communiqués, affiches, programmes, correspondances, écrits, déclarations théoriques, interviews relatifs à l'histoire de Dada de 1916 à 1924 : période d'activité du mouvement Dada. L'articulation de cette masse de documents est répartie par foyer artistique, Zurich, Paris, Berlin, Hanovre, Pays-Bas, New York, etc, à l'exception des textes traitant des prémices et des prolongements du mouvement. Dans ces sections, l'ordre des textes est regroupé autour de « noeuds » : événements, enjeux, expositions ou manifestations. Chaque texte fait l'objet d'une présentation et d'annotations par l'auteur. L'intérêt capital de cette publication réside dans l'élaboration de cet ensemble de textes inédits ou ignorés (de textes majeurs connus mais trop souvent hors d'atteinte et non traduite jusqu'ici) au travers desquels les artistes dadaïstes témoignent eux-mêmes de ce que fut ce mouvement international. Dans une seconde partie une Chroniques de Dada restitue mois par mois, avec une précision extraordinaire, la trame chronologique de l'aventure Dada, ceci de ses origines en 1916 aux années 60. Ces faits, ainsi relatés et remis dans la perspective du temps, du rythme parfois frénétique des manifestations et des rencontres souvent violentes comme dans celui du temps de la création, sont non seulement rapportés avec un luxe de détails, historiquement vérifiés, mais commentés de manière critique : éclairage qui nous en fait apprécier le juste poids et la véritable incidence. Les événements ou oeuvres les plus importants font l'objet en outre d'un développement plus approfondi, en marge de la trame chronologique. Celle-ci est divisée par années, mois et centres artistiques. -
Mot choisi au hasard d'un dictionnaire au Cabaret Voltaire à Zurich en 1916, « Dada » désigne une diaspora de jeunes artistes insurgés et utopistes. De 1915 à 1925, entre Zurich, Berlin, New York, Barcelone et Paris, les Dadas - poètes, peintres, photographes, théoriciens - ont renversé les canons esthétiques, changé l'art et redéfini le rapport de l'individu à la communauté des hommes. Arp, Baader, Ball, Cravan, Duchamp, Hausmann, Janco, Man Ray, Picabia, Schwitters, Sophie Taeuber, Tzara ressentirent à tel point l'urgence à se défaire des mécanismes d'aliénation qu'ils refusèrent de les combattre dans des formes usées et compromises. Ils réinventèrent donc les langages mêlés de l'art et de la vie dans l'expectative d'une nouvelle intégrité de l'être contre la déraison du temps. Marc Dachy, en découvreur passionné, retrace l'histoire de ce mouvement encore mal connu, qui revendiquait des « oeuvres fortes, droites, précises et à jamais incomprises ».
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Hausmann : « Dada est plus de Dada » Raoul Hausmann, artiste central de Dada Berlin, ne fut pas seulement l'auteur des photomontages cinglants que l'on sait, l'agitateur culturel sans pareil que l'on commence à connaître ; il fut encore l'auteur du livre démesuré Hyle (la « matière », en grec), un penseur de l'architecture à l'érudition baroque, un anthropologue et un photographe de la culture populaire espagnole, un historien de l'art unique en son genre. Cet homme indépendant, vivant et dissident, estima, tout du long, que Dada se continuait en lui. Son trajet demeuré mystérieux au travers du siècle écoulé en fait une manière de clandestin primordial dont l'oeuvre fut, un peu vite, emportée dans le remous des temps. Il fallait restituer le parcours jugé si souvent inextricable de celui qui déclara de bonne heure, et une fois pour toutes, que « Dada est plus de Dada ».
Exilé à Ibiza Persécuté, chassé de l'Allemagne nazie où il fut dès 1933 classé parmi les artistes dits « dégénérés », Raoul Hausmann quitta précipitamment le pays au lendemain de l'incendie du Reichstag. Le hasard le conduisit à Ibiza, où il resta, contre toute attente, trois ans. Là, commença le roman d'un exil oublié : celui de « l'odeur noire de la croix gammée », flottant au-dessus des villages soudain peuplés d'émigrés allemands, celui, surtout, d'un artiste parti seul, plus loin dans les terre à la rencontre de son paradis solaire.
Éblouis par les maisons paysannes en forme de cubes blancs, Hausmann en publia les plans et les images dans L'Architecture d'aujourd'hui, des études dans A.C. et la Revue anthropologique.
Résistant farouche à la fiction raciste d'une essence « méditerranéenne », ou « nordique », de l'architecture populaire et a fortiori moderne, il écrivit, en creux, l'histoire des peurs et des passions de la discipline dans les années 1930. Plus, Hausmann partit de ces constructions parfaitement achevées d'un monde finissant pour mettre à mal ce que l'on nomme ordinairement le « primitivisme » en le déplaçant ici et maintenant. Sa volonté de formuler une « nouvelle histoire de l'art » faisant la part belle aux objets et réalisations populaires le conduisit à interroger la notion de spontanéité, et jusqu'aux conditions de l'existence en société patriarcale. Le livre le replace en dialogue avec ses contemporains, Jean Arp, Tristan Tzara, Carl Einstein, Otto Gross, Leo Frobenius, ou encore Walter Benjamin qui se trouvait à Ibiza au même moment que lui.
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