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Myriam Mallié
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Ici, on est loin des paillettes, du bal, du prince charmant et de la vie de château où tout coule de source, où tout - l'argent?/?la gloire?/?l'amant évidemment parfait, la triade adulée des plus irréfléchies d'entre nous - où ce «?tout?» vous serait donné par le plus chanceux des hasards.
Il faut avoir pris un peu d'âge pour se rendre compte qu'un conte c'est l'histoire tourmentée de l'éveil d'une conscience peu à peu dépouillée de ses illusions, dont on finit par faire une belle et forte histoire de désir.
Un mouvement vers une alliance souple plutôt que vers l'acquisition stable d'un tout. Le chemin autant que le but. Le chemin et une certaine pratique de la marche devenant le but.
Les premiers mots du Cercueil de verre des frères Grimm, «?Que nul ne dise qu'un pauvre tailleur ne saurait aller loin et parvenir aux grands honneurs ! Il lui suffit de...?» suscitent l'étonnement de la conteuse : un conte, ça peut commencer par la morale?? ça peut encourager une poursuite de notoriété??
Ces questions amorcent une réflexion sur ce conte-là en particulier et les contes qui habitent notre imaginaire. Formes, codes, valeurs véhiculées, Myriam Mallié déroule sa pensée en mettant en scène une conversation entre deux conteuses.
En parallèle, il y a le conte, raconté, avec son rythme, ses silences, et tout ce qu'il contient en termes de messages, d'arrière-plans, de symboles et de poésie : la forêt, le chêne, le cerf, le frère et la soeur, la jeune fille endormie, l'inconnu maléfique, le tailleur qui cherche la lumière...
Et le récit glisse dans sa trame les questions de notre temps sur l'avidité, le pouvoir, la soif de reconnaissance, la place des femmes, la place que nous laissons à nos rêves qui se débattent inlassablement entre avoir et être.
Myriam Mallié plante les graines d'une réflexion globale sur l'imaginaire, la tradition des contes et l'importance du choix des mots. Lire un conte avec elle revient à en percer l'intelligence tout en glanant des clefs pour grandir.
Tout se tient dans ces histoires, dit-elle, de l'une à l'autre, on tourne autour des mêmes questions depuis toujours. -
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Tout le monde connaît le Petit Chaperon Rouge, et son histoire.
Ce que l'on connaît, en réalité, c'est la version de Charles Perrault, celle qui se termine en substance par : «Gardez vos filles chez vous, surtout si elles sont jeunes et jolies. Le monde est plein de loups.»
Mais comment les filles pourraient-elles apprendre à vivre selon ce qu'elles savent de leurs propres forces, si «on» élimine autour d'elles toute occasion de désir et de peur?
C'est cette interrogation qui soutient la réécriture du conte par Myriam Mallié. Comment les limites nous apprennent à vivre et comment leur transgression nous font, souvent, grandir.
C'est avant tout une histoire de femmes : grand-mère, mère, fille font et défont les liens qui les unissent. Seul le loup est seulement le loup dira l'auteur qui nous livre son analyse au départ d'une ancienne version nivernaise du conte. Car il ne s'agit pas de donner la nième version de l'histoire, mais bien de planter le décor, de décrire les protagonistes pour que, une fois chacun et chacunes à sa place, le fil du récit se dévide d'une manière naturelle et surprenante.
C'est tout l'art du conteur qui est alors dévoilé lorsque qu'il nous entraîne hors des sentiers battus.
Et l'on saura ainsi comment Chaperon Rouge s'est sentie devenir grande... -
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Gilgamesh, le puissant roi d'uruk, est mourant.
A son chevet, deux personnes : le scribe sînleqe' unnennî et shamat, la prêtresse, la femme aimée. la mort proche fouette les mémoires et pose de terribles questions. elle révèle le difficile retour à soi et à la vie qu'exigent les départs et les séparations. en donnant suite, par cette fiction, au texte traditionnel de l'épopée de gilgamesh, qu'en tant que conteuse, elle raconta maintes fois, myriam mallié prolonge par l'écriture sa réflexion méditative sur la présence vivante des figures du mythe dans nos vies.
Elle témoigne ainsi de la force agissante de ces présences dans l'âme contemporaine. " tant la mise en perspective que l'extraordinaire oralité de ce texte, sa part épique, sa force d'appel, de profération, en font une oeuvre puissante qui redonne vie au mythe sans jamais le dénaturer, et nous émeut autant qu'il nous donne à méditer sur les grandes questions de l'humanité. ", françois emmanuel.