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Du romantisme au symbolisme, la « poésie pure », formule de combat contre toute soumission du langage poétique à des fins instrumentales, tend à s'imposer en valeur directrice au sein du microcosme des poètes : « La poésie n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même », affirme Baudelaire en 1857.
Pascal Durand s'attache à montrer que cette poésie de plus en plus repliée à l'intérieur de ses propres signes revêt des dimensions sociales spécifiques. Suivant une démarche nourrie de sociologie de la littérature et de rhétorique des textes, il y procède à deux échelles. Tantôt par l'examen de configurations répondant aux dynamiques de différenciation et de coalition du champ littéraire moderne : l'offensive des romantiques contre le formalisme, la doctrine de combat de Leconte de Lisle, le rapport officiel de Gautier sur les « Progrès de la poésie » en 1867, ou le Tombeau à la mémoire du même Gautier orchestré par les parnassiens. Tantôt par des lectures rapprochées, mettant en relief les opérations qui assurent, au coeur des textes, diverses médiations du social : transposition des structures du système poétique chez Mallarmé, mécanisme parodique des « beau comme » chez Lautréamont ou poétique du décor chez Laforgue.
De la « forme idée » portée par Hugo à « l'initiative aux mots » chez Mallarmé, en passant par la prose furieuse des Chants de Maldoror, réflexivité faite oeuvre, une troisième perspective se dessine : celle de théories proprement poétiques de la signification dont certains principes continuent de régir notre conception de la poésie. -
"Nouveaux réactionnaires" : surgie à l'orée des années 2000, cette appellation à haute intensité polémique n'en finit pas d'alimenter notre débat intellectuel. Mais qu'y a-t-il de commun entre la pensée philosophique de Marcel Gauchet, les interventions à chaud d'Alexandre Adler, la phraséologie aristocratique de Renaud Camus et les best-sellers d'Eric Zemmour ? Entre la fermeté républicaine de Régis Debray et le "parler peuple" de Robert Ménard ? Entre le chevènementisme de Natacha Polony et la nostalgie des provinces françaises convoquée par Denis Tillinac ? Le spectre est large, regroupant des écrivains, des philosophes, des intellectuels dits "médiatiques", des historiens, des journalistes...
Au risque de la confusion et de l'amalgame. Les auteurs réunis dans cet ouvrage proposent pour la première fois un décryptage dépassionné de cette nébuleuse, soulignant la diversité des champs, des horizons d'appartenance et des registres d'expression qui façonnent l'identité mouvante des "néo-réacs". Un certain nombre d'options idéologiques sont néanmoins partagées par la plupart d'entre eux, sur fond de désenchantement démocratique et de hantise du déclin : critique de Mai 68, de la libération des moeurs et d'un féminisme institué en dogme ; rejet du relativisme culturel, du "droit-de-l'hommisme" et du primat accordé aux minorités ; refus d'une société "métissée" et de l'"antiracisme institutionnel"...
Une étude stimulante et argumentée des transgressions conservatrices qui ont fait des "néo-réacs" le brandon de discorde des joutes intellectuelles franco-françaises.