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Taillis Pre
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"La lecture de ce nouveau recueil confirme une idée déjà ancienne chez l'auteur à propos des pouvoirs du langage poétique dans ses rapports avec le temps. Il s'agit d'une question fondamentale, car elle sous-tend la problématique de la consolation qui est à l'oeuvre dans Por el gran mar/ Par la vaste mer et qui rapproche le poète de la pensée religieuse, ou à tout le moins, met au premier plan la valeur de l'Esprit qui habite toute conception de l'art. On a souvent dit que l'art tend à éterniser ce qui passe ; de là à dire que l'art console, il n'y a qu'un pas que Andrés Sánchez Robayna se garde de franchir et il établit même une distinction entre l'objet de sa passion, qui a cessé d'être, et la distance que permet l'art face à la passion ordinaire. Cette distance entre l'imaginaire et le concret est féconde puisqu'elle ouvre la possibilité de dégager du réel une forme et une essence. Bien qu'il s'agisse d'une position idéaliste, Andrés Sánchez Robayna adhère à l'idée que la médiation esthétique n'enferme pas dans l'illusoire. »
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Regarde-la.
Sous les méandres des jours, la branche est là, simplement, livrée à la conjugaison des airs, à la métamorphose des cieux. Elle semble avoir jailli en même temps que la montagne de nuit ancienne sur laquelle elle repose, elle semble boire, tranquille, la lumière depuis l'éternité. Il n'est, pour elle, ni cieux sauvages, ni signes dessinant la forme de la stupeur solaire. Elle ignore qu'elle-même est un signe.
Elle tiendrait, insaisissable, dans une main, qui se borne de loin à cerner son contour. Au loin la main se met à frémir.