Serge Meurant
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EXTRAIT :
La parole n'est promesse de rien :
Elle naît.
On ne peut rien en dire.
Elle éloigne la tristesse de mourir.
Ce poème, qui introduit Une saison en éclats, donne toute la mesure des textes qui vont suivre, et de l'écriture de Serge Meurant. Dépouillés et méditatifs, les vers suggèrent la fugacité du temps qui passe et la vie qui l'accompagne.
Les images de Kikie Crêvecoeur égrènent les saisons et en suggèrent le cycle. Saturées de couleurs, elles font à la fois écho au foisonnement et à la générosité de la nature.
Linéaires et cycliques, les instants d'Une saison en éclats invitent à la retenue, à la transparence et à la méditation.
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Dans l'odeur des livres et le parfum du papier d'Arménie
Frédérique Bianchi, Jean-Pierre Canon, Serge Meurant
- Les Carnets Du Dessert De Lune
- Pleine Lune
- 20 Décembre 2018
- 9782930607948
«Face à face, sans parler, Nulle parole, un sentiment immense, Le sac de livres est ouvert sur le lit, La pluie tape sur le prunier en face du store».
Ce poème de Ryokan exprime parfaitement les moments vécus avec Jean-Pierre pendant les mois qu'il passa à l'hôpital et où nous lui rendîmes visite avec l'espoir qu'il puisse retrouver ses amis, ses livres et sa librairie.
Il nous fit don à travers nos conversations d'un héritage infiniment précieux, d'une parole vive, celle d'un résistant. Il nous raconta, au fil des jours, l'histoire de ses librairies, sa passion pour les livres, ses rencontres, ses amitiés.
Et je relis avec plaisir et gratitude ces pages qui en rendent compte et que nous offrons en partage au lecteur.
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L' orient des chemins
Serge Meurant, Jacques Villet
- Esperluète Éditions
- L'Estran
- 1 Février 2012
- 9782359840254
Dans ce livre de poèmes et de photographies deux univers entrent en résonance en un subtil jeu d'échanges.
Serge Meurant et Jacques Vilet ont recherché une lumière commune, un accord entre les mots et les images. Leur dialogue s'articule autour de cinq moments : Les enfants, les portraits intitulés Silences, les natures mortes ou Paysages domestiques, les paysages titrés Traversées et Panorama.
Un va-et-vient fécond s'installe entre mots et images. La pensée du lecteur chemine de l'un à l'autre. Un mur, surface marquée par le temps, introduit le livre. Il pose un temps d'arrêt et invite le lecteur à s'interroger sur le présent qui donne à voir, sur le chemin qui est rarement en ligne droite, sur l'éternité des instants quotidiens. -
Dixième recueil de Serge Meurant publié au Cormier, "Célébration" porte bien son titre. La poésie de Serge Meurant est bel et bien célébration fidèle des proches, vivants ou disparus, et ce nouveau recueil, qui fait suite à "Vulnéraire" paru voici vingt ans, le rappelle d'un timbre murmuré, comme à voix basse. À l'émotion tenue à juste distance répond une prosodie dont la simplicité repose sur un travail attentif au rythme interne du vers, à la pesée exacte de chaque mot.
Depuis son premier recueil, "Le Sentiment étranger", en 1970, Meurant a toujours fait preuve d'une même démarche, marquée par une quête permanente du dépouillement et du dessaisissement, comme l'écrivait à son propos Pierre Chappuis dans la "Nouvelle Revue française". Chez lui règne une atmosphère particulière, comme si l'on baignait dans un clair-obscur, entre le proche et le lointain des choses, entre dit et non-dit. "Célébration" témoigne à nouveau de cette poésie du murmure, sinon de l'effacement, bien qu'elle soit évocation d'une expérience de la vie dans ses aspects les plus concrets. Conscient de la précarité de toute chose, et de la légèreté de l'être qu'il ne tient pas pour insoutenable parce qu'une sagesse très ancienne l'y a initié de longue date, l'auteur charge quelques mots d'être des fétus sur le cours du temps. Ses poèmes semblent fragiles, mais ils sont de l'ordre des roseaux qui ne se rompent pas. Meurant est de ces poètes qui engagent le lecteur à une écoute à ras des mots, mais qui propulsent vers d'insoupçonnables contrées.
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Ce nouveau livre de poésie de Serge Meurant se décline en six suites formant un tout cohérent. Sous ce titre, Empreintes, nous pouvons aussi bien lire, dès l'ouverture, les moulages de la vie, déceler leurs lignes de forces, celles des résistances ouvertes sur cette confrontation manifeste aux angles morts du vivant, en évitant de s'enfermer dans quelque nostalgie.
Ces suites, tout en délicatesse, témoignent aussi bien de ce qui, du monde, affleure, comme de ce qui, de l'autre rencontré et tenu au plus près de soi, peu à peu s'écarte, tout en retenant cependant la trace, tel le froissement de l'invisible pareil à un drap qu'on déplie, pour reprendre les vers de l'un de ses poèmes.
Ainsi se rattache-t-il à la mémoire comme à la conscience de temps qu'elle rappelle à chaque instant. Les mots sont ajustés les uns aux autres avec une extrême précision, selon une langue magnifiquement maîtrisée, à la fois simple et complexe. L'auteur nous offre chaque fois un miroir à plusieurs faces où les figures évoquées relancent la subjectivité qui les porte.
Dès lors, cette poésie n'hésite pas à afficher un caractère personnel. Soutenue par une puissance d'évocation singulière, originale, elle condense des moments d'existence dans lesquels le lecteur peut parfaitement s'introduire afin de partager l'expérience saisie et ravivée par une langue poétique, dépouillée, elle attrape et retient jusqu'à bouleverser.
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Visites à l'atelier du peintre Arié Mandelbaum
Serge Meurant, Arié Mandelbaum, Marc Trivier, Bérengère Gimenez, Philippe Vindal, Elie Gross
- Esperluète Éditions
- L'Estran
- 8 Décembre 2016
- 9782359840728
J'ai rassemblé les textes que j'avais écrits sur le travail d'Arié Mandelbaum depuis 1977. Ces visites à l'atelier du peintre reconstituent chacune un décor, presque immuable, mais dont l'éclairage à chaque fois varie. Elles restituent une époque, les figures d'un théâtre, les peintures dans leur évolution. Paysages d'après la chute, portraits palimpsestes de la mère du peintre et de ses contemporains, ces textes témoignent des variations infinies d'un travail dans la durée, de gestes de commencement et d'effacement.
Les photographies de Philippe Vindal, de Marc Trivier, d'Elie Gross et de Bérengère Gimenez en constituent les archives, dans la singularité des regards.
Serge Meurant
Issu d'un long compagnonnage entre le peintre Arié Mandelbaum et l'écrivain Serge Meurant, ce livre fait état des visites de l'un dans l'atelier de l'autre. Ces visites, commencées dans les années '70, se poursuivent encore aujourd'hui, et les textes qui chaque fois en sont issus sont tout à la fois un constat à un moment donné, le reflet de cette relation et la perception sensible du travail en mouvement. -
Au coeur du livre, il y a l'expérience de l'auteur en salle de réveil - expérience passée au tamis d'une parole économe et précise, filtrée de toute anecdote pour mieux atteindre à l'essentiel. La « chambre d'éveil » est ce lieu où l'on revient à soi et où se confrontent le réel et les images dynamisées, dopées, du corps abîmé, de paysages anciens, d'ascensions dans le brouillard, entre veille et sommeil. On pourrait rapprocher cette chambre de celle de Joë Bousquet. Il s'opère un retournement des choses où alors qu'on allait vers elles, elles viennent à vous et se condensent, en ce moment d'immobilité contrainte, en images mémorielles, où perce une douleur. C'est au chevet de cette mémoire que se trouvent soudain convoquées les figures des disparus et de ceux qui s'éloignent aujourd'hui. Ils constituent une fratrie. Chaque être évoqué vit enfermé dans une chambre forte, un mutisme, ou l'éclair d'une mort imminente. Le poète aimerait parcourir d'un seul regard l'espace entre naissance et mort. Le temps de la généalogie s'abolit alors, les visages s'imposent en retrait et paradoxalement présents. L'impression nous vient qu'ils sont « au secret » de la mémoire mais que la main pourrait les toucher en rêve. La langue, sa naissance et sa perte, constitue une autre voie de lecture du livre : du mutisme de l'enfant métamorphosé par l'accès à la langue au terrible silence de l'agonie. Le livre est une sorte de veille, un état second, où tous les sens sont convoqués, pour rappeler à soi ceux qui s'éloignent, comme les braises du souvenir raniment la présence.
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